Chapitre 3

Diane n'écoutait jamais sa mère. C'était devenu une question de principe. Mais là, elle songeait au bien-fondé de sa recommandation du matin, et l'aurait bien suivi. Elle n'avait jamais eu l'intention de faire une rentrée remarquée. Son but n'avait jamais été de se faire des amis, mais se faire une telle réputation, à peine arrivée, relevait de l'exploit.

Il y avait un début à tout se dit-elle amèrement. Marchant au hasard, ses pas l'avaient menée près d'un terrain de foot. Un ballon gisait en son centre, vestige d'un match disputé peu de temps auparavant.

Diane était énervée, elle avait besoin d'évacuer toute l'énergie accumulée depuis le début de la journée. Sans plus réfléchir, elle sauta par-dessus la barrière et s'avança sur le terrain. Elle fit quelque jongles, avant d'envoyer le ballon en direction des buts. Son tir était parfaitement ajusté et la balle s'arrêta dans le filet. Elle enchaina les tirs de façon mécanique, sans penser à rien d'autre que mettre le ballon dans la cage.

Un tir manqué vient atterrir aux pieds d'un jeune homme au teint mat, dont les longs cheveux sombres encadraient le visage. Il la dévisageait, sans qu'elle n'arrive à interpréter son regard.

-Jolie façon de couvrir mon mensonge ! Lança-t-il à son intention, shootant dans la balle.

Elle l'intercepta sans problèmes.

- Je n'ai pas besoin d'aide. Qu'est-ce que tu fais ici ?

Le nouvel arrivant éclata de rire, un rire frais et sonore.

- C'est toi la nouvelle ici blondie, je ne pense pas avoir de compte à te rendre.

Diane le détailla. Il portait l'uniforme, mais pas à la manière réglementaire de Nate et ses amis : son pantalon tombait bas sur ses hanches, sa chemise n'était pas rentrée et il avait laissé les premiers boutons ouvert. Il ne portait pas non plus de cravate.

- Ce que tu vois te plait ? Ricana le jeune homme.

Dans ses yeux s'était allumée une étincelle malicieuse, et Diane décida qu'il lui plaisait. Ainsi, elle lui répondit ironiquement :

-On ne peut pas dire que le spectacle soit de qualité.

-Touché, dit-il en portant les mains à son cœur.

Diane se mit à rire, s'attirant un regard étonné du basané :

-Mais tu sais rire !

La regard noir que lui lança la blonde le fit redevenir sérieux. Il lui tendit la main.

- Je m'appelle Zachary Zlotowsky, mais tu peux m'appeler Zed, conclut-il dans un clin d'œil.

-Très bien Zed, moi c'est Diane Delcourt, dit-elle en lui serrant la main, mais on en restera à Diane.

Zed rit, avant de continuer : Viens, le terrain de foot n'est vraiment pas un endroit discret pour sécher. Je vais te faire visiter.

Ils explorèrent les alentours, riant et bavardant à bâtons rompus. La sonnerie retentit, faisant grimacer Diane. Elle n'avait aucune envie de retourner en cours.

-Désole blondie, je ne peux pas me permettre de louper la prochaine heure. Mais ne t'inquiète pas, ils ne sont pas tous aussi con que la bande du « Prince », répondit Zed à sa demande silencieuse

Ils cheminèrent en silence jusqu'au bâtiment abritant les salles de classes, et Zed promit à Diane qu'il l'attendrait pour aller manger, car ils ne suivaient pas le même cours.

Diane était seule pour cette heure, et en fut ravie quand le professeur l'invita à se présenter devant toute la classe. Elle détestait cet exercice, qu'elle considérait comme un moyen d'être stigmatisé comme « la nouvelle ». Elle n'avait aucune envie d'exposer sa vie et ses passions à des inconnus.

Quand elle put enfin rejoindre sa place, elle s'affala sur sa chaise, sortit une trousse et une feuille par acquis de conscience et passa le reste du cours dans ses pensées. Elle ne se réveilla qu'à la sonnerie, et rangeant rapidement ses affaires, elle sortit.

Zed l'attendait devant la porte, arborant un sourire en coin. Rassérénée, Diane lui prit le bras et l'entraina dans le flot des élèves se dirigeant vers les escaliers.

- J'espère que la cantine est bonne, je meurs de faim ! S'exclama la blonde.

Zed éclata de rire, et lui dit, l'air faussement désolé que ses espoirs seraient vite déçus.

Dans le réfectoire, Diane se rendit effectivement compte que la nourriture n'était pas forcément appétissante, et elle cherchait ce qui pourrait être comestible en suivant Zed, qui semblait à la recherche de quelque chose dans la cantine bondée.

Il s'arrêta finalement devant une table pleine et son visage s'éclaira. Déposant son plateau, il fit le tour de la table, saluant chacun de ses membres.

Diane comprit que c'était ses amis. Ceux-ci se tournèrent vers elle, l'air méfiant, mais Zed la tira de l'embarras :

- C'est ma nouvelle pote, Diane. Je pense qu'elle en a marre de se présenter à tout bout de champs, du coup je suggère qu'on passe directement au festin !

Un concert de grognements se fit entendre à ce terme, faisant sourire Diane. Les occupants de la table se décalèrent pour leur faire une place, et tous acceptèrent la blonde avec une facilité déconcertante. Celle-ci s'en étonna, mais ne chercha pas plus loin. Elle appréciait le fait qu'ils ne cherchaient pas à en savoir plus sur elle. Diane les écouta pendant le repas, essayant de mémoriser leur prénoms, de savoir qui ils étaient.

***

L'après-midi s'annonçait calme, la blonde n'avait que deux heures de cours, avec Zed. Le basané lui avait assuré qu'ils n'étaient pas avec Nate et ses potes. Diane en avait été soulagé, mais en même temps agacée de vouloir déjà les éviter. Elle n'avait pas peur d'eux, et elle ne se laisserait jamais intimider par eux.

Elle fut plus attentive que le matin, prenant quelques notes. Elle n'avait pas l'intention de se mettre les profs, en plus des élèves à dos.

Quand la sonnerie retentit, pour la dernière fois aujourd'hui, la blonde était exténuée. La journée lui avait paru durer une semaine.

Diane n'aurait jamais cru être aussi heureuse de retrouver sa chambre d'internat. Elle tomba sur son lit, et resta allongée, un long moment. Un rapide coup à sa porte la sortit de sa torpeur. Se relevant rapidement, elle alla ouvrir. Zed se tenait appuyé au chambranle.

- Yo Blondie, tu dormais ?

-J'allais, avant que tu ne m'interrompes, répondit la jeune fille.

-Excuse-moi la belle au bois dormant, je ne savais pas que votre sommeil était sacré.

-Arrêtes ton char, qu'est-ce que tu veux ?

-Je voulais te proposer de descendre trainer un peu avec nous, de toute façon, on mange bientôt, tu ne pourras pas te rendormir, conclut-il d'un ton moqueur.

La blonde fit une grimace, mais accepta, lui demandant deux minutes pour se changer. Elle n'avait pas enlevé son uniforme, et voir Zed en habit normal le lui rendait insupportable.

Elle remit donc son jean troué, enfila un T-shirt et sa veste en jean, trop grande pour elle, mais à laquelle elle était attachée.

La bande était posée dehors, sur un banc, profitant des derniers rayons du soleil. Ils trainèrent encore un peu, avant de prendre le chemin du réfectoire.

Une vibration dans sa poche la fit ralentir: son frère venait aux nouvelles et elle voulait lui répondre immédiatement. La bande avait continué à avancer et Diane s'était laissée distancer. S'en rendant compte, elle jura et se dépêcha d'entrer dans la cantine.

Une fois son plateau plein, elle se mit à la recherche de Zed et les autres. Elle passait devant la table de Nate et Cameron, absorbée par sa recherche, lorsqu'elle buta contre quelque chose. Elle faillit perdre l'équilibre, se rattrapa in extrémis, mais ne put empêcher le contenu de son assiette de se déverser sur elle. Elle se retourna, furieuse, vers Nate, qui remettait nonchalamment sa jambe sous la table. Bien évidemment, c'était son pied. Son sourire innocent, les rires de ses amis, les regards de tout le réfectoire pesant sur elle, tout cela la firent sortir de ses gonds. Sans plus réfléchir, elle attrapa son verre, et le renversa sur le brun, incrédule, qui n'avait pas prévu une telle réaction. Le liquide se déversa lentement sur lui, dévalant son beau visage, éclaboussant sa chemise, la faisant se coller à sa peau.

Diane fit volte-face sans plus attendre, et sortit en trombe, ses longs cheveux blonds flottant derrière elle. Elle laissa derrière elle un chahut phénoménal, chacun commentant ce qui venait de se produire. Le prince venait se faire ridiculiser par une nouvelle, une inconnue. Les rumeurs allaient bon train.

Eux seuls savaient que c'était déjà la seconde fois, mais Diane savait que c'était deja deux fois de trop.

Ce fut Zed qui lui raconta lorsqu'il vint la rejoindre dans sa chambre comment Nate avait quitté la cantine à sa suite, rouge de colère, et encore sous le choc. Il faisait moins le fier, tout dégoulinant lui rapporta le basané, en riant. Il avait perdu toute sa superbe.

Diane rit avec lui, mais une fois seule dans son lit, même si elle ne regrettait en aucun cas son acte, elle savait que la guerre était déclarée.

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