Chapitre 29

-Calme toi Hélène, incita le père de Nate à sa femme, avant de reprendre. Il faut cependant bien comprendre que mon épouse a raison. Mon fils souffre d'une fragilité au genou, depuis son accident. Il a été de nouveau blessé, à cause de cette jeune fille, et j'exige réparation.

Diane décrocha de la discussion. C'était elle qui était en jeu, mais elle ne parvenait pas à y prendre part. Elle était perdue d'avance, son père avait tous les pouvoirs face au directeur. Tout chez lui indiquait sa supériorité, son assurance. Il avait une haute stature, un visage carré et des yeux clairs, durs et froids. C'était lui qui décidait, les autres n'avaient qu'à appliquer. Elle n'aurait qu'à subir ce qu'ils décideraient.

-Enfin, les circonstances sont floues...

- Il y a un résultat, qui nous coutera cher. Elle est responsable, poursuivait Mr Kingsley. Les soins couteront cher, il faudra une assistance pour aider Nate au quotidien...

Diane eut un sursaut de révolte, ainsi tout n'était qu'une question d'argent.

Nate lui aussi s'agitait sur son fauteuil. Il n'aimait pas le tour que prenait la conversation, il savait, lui, que Diane n'était que partiellement responsable, il avait fait le premier geste. Il ne pouvait supporter qu'on fasse porter le chapeau à la jeune fille, qu'on fasse de lui la victime.

Il allait rétablir la vérité, ouvrit la bouche, mais la mère de Diane le coupa :

-Je ne nie pas le fait que votre fils soit blessé, et que Diane fut impliquée. Cependant, vous soulevez un point intéressant en disant que votre fils aura besoin d'aide. Dans des circonstances aussi floues, pourquoi ne pas simplement régler ce problème en demandant à Diane d'être l'aide de votre fils durant le temps qu'il lui faudra pour guérir ?

La jeune fille était abasourdie. Jamais elle n'aurait pu imaginer cela, et était totalement contre. Elle se prit à espérer que les parents de Nate refusent.

Le directeur hocha la tête :

-Tu voulais dire quelque chose Nathanaël ?

Le jeune homme, aussi surpris que la jeune fille, secoua cependant négativement la tête. Non, cette idée était bien meilleure. Elle lui offrait la vengeance qu'il espérait et cherchait depuis quelque temps sur un plateau. Offerte par sa mère en plus ! Il n'aurait pas pu espère mieux.

-Je pense simplement que c'est une bonne idée.

Diane, à côté de lui, serra les dents. Bien sûr que lui acceptait.

-Réparation sera faite, réfléchit à voix haute Mr Kingsley. J'accepte cette idée Madame.

Le directeur sembla soulagé.

-Cela me semble également la meilleure solution, pour tout le monde.

Diane n'avait même pas la force de contester, d'exprimer son avis. Elle savait que ce serait en vain. On décidait toujours pour elle.

Nate souriait en voyant son visage défait. La jeune fille lui était attaché pour une durée indéterminée.

Seule sa mère semblait réticente à l'idée de confier son fils à la jeune fille.

-Ne t'inquiète pas, on a souvent des cours en commun, Diane ne sera pas trop embêtée.

La blonde, à ces mots, lui jeta un regard noir. Elle savait qu'il en rajoutait exprès. Elle aurait préféré n'importe quoi d'autres, être viré, plutôt que cette humiliation.

-Très bien, le problème est donc réglé, intervint le directeur. Mr Kingsley, Mlle Delcourt, je mettrais les professeurs au courant de la situation. Messieurs, Mesdames, merci de votre présence. J'autorise vos enfants à ne pas se rendre en cours, pour les quelques heures qui restent avant le week-end. Vous pourrez rentrer chez vous.

Ils restèrent encore un peu, le temps de régler les détails administratifs. Diane bouillait, pas loin d'exploser.

Enfin, ils purent prendre congé. Elle sortit, sur les pas de sa mère :

-C'était quoi cette idée ?

-Estime toi heureuse que je t'ai sauvé la mise !

-Mais rien du tout, c'est le pire !

-Ecoute Diane, je suis seule. Je n'ai pas les moyens de payer les soins de quelqu'un, en plus d'un loyer, ton lycée, les études de ton frère... Donc tu vas me faire le plaisir de ne pas remettre en cause ma proposition. Et tu n'as pas intérêt à saboter ta punition.

-Mais tu ne m'as même pas demandé mon avis !

Sans s'inquiéter davantage, sa mère pressa le pas :

-Dépêche-toi, on a encore de la route.

-Juste toi. Tu ne crois quand même pas que je vais rentrer avec toi !

-Pardon ?

-Je reste ici, je ne voudrais pas te faire payer pour rien le lycée.

Sa mère s'arrêta, exaspérée :

-Très bien, fais ce que tu veux, je n'ai pas le temps d'argumenter avec toi !

Et sans rien ajouter, elle tourna les talons, laissant Diane seule au milieu du couloir.

La jeune fille, loin d'être soulagée, se sentit seulement vide. Elle se laissa glisser le long d'un mur, et enfouit sa tête dans ses coudes. Elle n'avait jamais imaginé que sa mère pouvait travailler autant dans le but de leur permettre de conserver le train de vie qui avait été le leur. Elle ne décolérait pas, mais à sa colère s'ajoutait un sentiment de culpabilité. Trop de choses tournaient dans sa tête, elle resta un long moment assise, avant de se sentir suffisamment calmée pour sortir.

Les cours n'étaient pas encore terminés, le lycée était donc vide, ce qui arrangeait la jeune fille. Elle n'avait envie de voir personne. Cependant, en sortant, elle vit que Zed l'attendait, appuyé contre le mur. Ses cheveux sombres tombaient sur son visage, de sorte qu'elle ne pouvait pas voir son expression. Il releva la tête lorsqu'il entendit la porte se refermer derrière elle, et il vint à sa rencontre.

-Tu m'as fait trop peur Blondie, sérieux !

-Zed...

-Attends, je sors des vestiaires, tranquille, et là, c'est le gros bordel, tout le monde est en panique. Forcément, fallait que tu sois liée à ça, conclut-il, son sourire perceptible dans sa voix. Qu'est-ce qu'ils t'ont dit ?

Diane n'avait aucune envie de rire à propos de ce qu'il s'était passé, et la réaction du basané lui montrait que tout le monde allait être au courant, et qu'elle allait de nouveau se retrouver au centre de l'attention. Elle n'avait qu'une envie, partir se réfugier dans sa chambre, mais elle devait une explication au jeune homme. Il l'avait attendu, et malgré son apparente décontraction, elle le sentait inquiet. Il cherchait juste à la faire relativiser, en plaisantant.

-Pour ses parents, c'était forcément ma faute, ils n'ont pas cherché à savoir. Nate a dû leur raconter sa propre version des faits, commença Diane, amère. Mais le mieux, c'était ma mère.

Diane lui raconta alors la solution trouvée par sa mère, extériorisant sa colère.

Zed siffla quand elle eut finit, et entoura de ses bras les épaules de la blonde, en silence.

Ils marchèrent quelques pas ainsi, mais il reprit la parole :

-Du coup, t'es l'infirmière du Prince ?

-Je suis ravie du titre, c'est exactement ça.

-Il va en baver, c'est génial !

-Mais non, c'est tout le problème ! Si je ne fais pas correctement mon job, déjà, ça va me retomber dessus, pour tout le monde je suis la méchante de l'histoire, et en plus, il aura une autre infirmière, payée par ma mère. Qui m'a bien fait comprendre qu'elle n'avait pas vraiment les moyens. Je ne peux qu'obéir.

-C'est chaud, commenta Zed. Je suis désolé, on t'aidera, ne t'en fais pas !

-C'est gentil.

-En se moquant pas trop trop, compléta le basané, en se mettant à rire.

Diane sourit aussi, mais ça allait être pour elle un cauchemar.

Ils étaient arrivés devant l'internat, et se quittèrent.

-T'es sûre que tu ne veux pas que je reste ?

-Non, c'est bon, je gère, assura la blonde.

Elle n'aspiraitqu'à être seule, et se morfondre sur son sort.

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