Chapitre 28
Diane, une nouvelle fois, rentrait dans la nuit. Elle était trempée, grelottante. Elle ne fut pas assez discrète, Astrid la remarqua :
-Tu viens d'où ? lui demanda-t-elle, d'une voix endormie.
-Je n'arrivais pas à dormir.
-mmmh...
La tressée ne chercha pas plus loin, et se retourna dans son lit, pour se rendormir. Diane l'imita, enfilant avec un délice un pyjama sec et se glissa sous ses draps.
Le lendemain matin, Astrid l'interpella alors qu'elle sortait de la salle de bain :
-Diane, il pleuvait hier non ?
-Oui, peut-être, pourquoi ?
-Sympa ta ballade ?
Diane leva les yeux au ciel, et se retourna vers sa coloc :
-Ca ne me dérange pas plus que ça non, j'ai une chose qu'on appelle capuche, dit-elle avec nonchalance.
Astrid l'observa avec attention, mais répliqua simplement :
-T'es chelou comme fille.
-Tu n'avais pas encore remarqué ?
-Tu vas tomber malade surtout !
-Relax maman, répliqua la blonde.
Elle eut cependant le déplaisir, quelques jours plus tard, de donner raison à Astrid : elle tomba malade. Un bon rhume, couplé à un mal de gorge. Sa voix était completement partie, et Zed s'en donnait à cœur joie.
Elle remontait dans sa chambre, pour prendre ses affaires de piscine. Le cycle de sport avait changé, à sa grande joie. Elle avait toujours aimé nager, y allant régulièrement lorsqu'elle habitait encore en France.
Astrid était déjà dans la chambre, et l'avertit :
-T'es dingue d'y aller, ça ne va pas t'aider à guérir !
-Une chose à savoir : il faudrait que je sois mourante pour louper le sport.
-Ou que tu aies une bonne raison...
Astrid faisait allusion à la fois où Diane avait volontairement séché le sport pour voler le pantalon de Nate.
La blonde lui avait raconté, et cela avait bien fait rire la jeune fille. Mais là, elle fit la grimace, tout en s'activant pour retrouver ses affaires.
-Il l'avait mérité. Mais c'était vraiment le seul créneau, sinon je n'aurais jamais séché.
-D'ailleurs, il faudrait que je t'accompagne courir un jour !
Diane eut un sourire crispé, acquiesça mollement, et partit rapidement. La voix de la tressé retentit alors qu'elle avait la main sur la poignée :
-A des horaires normaux par contre !
Diane eut un vague rire, et partit pour de bon. Si elle devait en plus caser de vraies séances de sport avec Astrid, son emploi du temps aller devenir impossible. Elle allait devoir dire adieu au sommeil. Déjà que Zed la harcelait, à propos de son indisponibilité chronique. Il allait pouvoir ajouter ses cernes à sa liste de moquerie. Elle n'allait pas pouvoir tout supporter. Elle devrait tout lui avouer. Elle était en pleine réflexion sur cette idée, quand elle rentra dans quelqu'un.
-Regarde où tu marches Delcourt, s'exclama une voix trainante.
Diane le reconnut avant même de lever la tête. Cameron.
-Si t'étais pas au milieu du chemin aussi.
-Pardon ? On ne comprend rien avec ta voix d'homme.
-Et celui-là, tu le comprends ? répliqua avec hargne la jeune fille, en levant son majeur.
-Très féminin Delcourt, c'est bien on dirait vraiment un mec.
- Tu devrais prendre exemple, je cherche toujours ta virilité !
Diane, sur ces paroles, le dépassa, et continua son chemin.
La jeune fille arriva rapidement à la piscine, et rejoignit les vestiaires. Elle s'y changea rapidement, enfila son maillot et son bonnet de bain. Elle le remplissait très peu, elle ne pouvait pas leur donner tort. Avec son bonnet, de dos, on ne pouvait pas dire qui elle était.
Cependant, ce ne la complexait pas. Elle assumait complètement, et c'était même un atout pour la danse. Quand elle espérait encore en faire son métier, elle en était fière, et plaignait celles que la nature avait doté plus généreusement.
Comme souvent, elle était la première des filles à être prête, et elle partit rejoindre le bassin. Elle en fit le tour, pour retrouver le groupe qui s'était formé autour du professeur. Elle resta cependant un peu à l'écart, s'asseyant au bord du bassin. Les pieds dans l'eau, elle observait le mur face à elle, aussi ne remarqua-t-elle pas tout de suite Nate qui s'était approché d'elle.
-Toujours à faire l'intéressante Barbie.
-Je ne t'ai rien demandé Kingsley.
-Cameron avait raison, c'est plus Barbie qu'il faut t'appeler, mais Ken.
-Appelle moi comme tu veux, mais dégage.
-La voix, le corps... Manque plus qu'une paire de couilles en fait, continua-t-il, sans prendre en compte ce qu'elle venait de dire.
-Dommage que tu n'en aies pas, je ne pourrais pas te les prendre, répliqua la jeune fille, d'une voix lasse.
Le brun ne fut pas véritablement touché, mais répondit à sa provocation. Il s'approcha un peu plus, et du pied, appuya sur son dos, la faisant tomber dans l'eau. La jeune fille, n'avait pas vu venir ce coup là, et surprise, elle n'eut que le temps d'attraper son pied, l'entrainant dans sa chute.
Cela aurait dû être sans conséquences autre que les remontrances du prof de sport. Mais Nate percuta avec son genou le bord du bassin, et poussa un grand cri avant que sa voix ne fût engloutie par l'eau.
***
Diane attendait, les cheveux encore humides, assise sur une chaise devant le bureau du directeur. Nate était encore à l'infirmerie. Encore sous l'eau, elle avait vu l'expression de douleur intense exprimée par le préfet, et surtout, remarqué son incapacité à nager. Elle l'avait donc remonté. On s'était tout de suite occupé de lui, et elle, on l'avait envoyé chez le directeur, le professeur n'ayant pas cherché à comprendre.
Sa mère avait été prévenue, elle allait arriver. Diane savait que pour sa mère, ce n'était pas tant la convocation chez le directeur qui l'embêtait que de devoir se déplacer jusqu'au lycée. Aussi n'était-elle pas trop inquiète.
Elle attendait déjà depuis une heure, quand elle vit arriver Nate, et ses parents. Le brun était en fauteuil roulant, et Diane haussa un sourcil. Un frisson lui parcourut l'échine. Cela ne pouvait être si grave.
Ils s'assirent en face d'elle, elle sentait le poids de leur regard, qu'elle assuma courageusement, relevant la tête pour croiser leur regard. Les prunelles de sa mère surtout, étincelaient d'une colère contenue. Diane n'eut pas l'impertinence de soutenir son regard, mais elle ne se sentait pas coupable. C'était un accident, dont il était responsable au départ.
Sa mère arriva peu de temps après, au téléphone. Elle marchait rapidement, comme toujours, mais coupa sa conversation en arrivant à leur hauteur. Elle s'assit à côté de sa fille, sans lui adresser un mot, et sortant un deuxième portable, se mit à pianoter à toute vitesse.
-Bonjour quand même, marmonna Diane, révoltée.
-Je ne suis pas d'humeur jeune fille, répliqua sa mère, sans lever les yeux.
Diane sentit son sang bouillir. Le directeur arriva sur ces entrefaites, et tous se levèrent pour rentrer dans son bureau.
Il parut plus petit à la jeune fille, parce qu'ils étaient plus nombreux, et aussi parce qu'elle se sentait coincée, piégée au milieu de personnes hostiles.
-Merci d'avoir fait le déplacement aussi rapidement, messieurs dames, commença le proviseur. Je vous ai convoqué suite à un regrettable incident qui s'est produit à la piscine un peu plus tôt cette après-midi. Je n'accuse personne, ajouta-t-il en direction de Diane. Il nous faut éclaircir les choses.
Diane était étonnée, c'était la première fois qu'il paraissait vouloir être juste avec elle. Les parents présents dans la pièce devaient jouer, se dit-elle cyniquement.
Cependant, les parents de Nate semblaient eux décider à lui faire porter le chapeau.
-Je pense que les faits se présentant clairement, commença le père du jeune homme. Quelles que soient les circonstances, mon fils est blessé.
-Enfin, vous voyez bien, mon pauvre petit est en fauteuil roulant ! Il doit tellement souffrir, l'interrompit la mère de Nate, pleine de compassion.
-C'est bon maman, c'est rien.
-Rien ? Tu appelles rien de perdre ta liberté de marcher ? Surtout qu'il va te falloir des soins, retourner à l'hôpital...
-Mais non, tu t'inquiètes pour rien.
-Ton genou est fragile Nathanaël ! Il n'a été que réparer, le moindre choc est dangereux. Il faut les éviter, tu te souviens du temps qu'il a fallu pour que tu puisses remarcher normalement la dernière fois ? Et là, tout recommence, conclut-elle, avec un regard meurtrier en direction de la jeune fille.
Celle-ci soutint son regard, assez abasourdi par la scène qui se déroulait devant ses yeux. Sa mère semblait réellement penser que son fils était à l'article de la mort. Cependant, ses paroles avaient permis à Diane de comprendre, enfin, ce qui l'intriguait tant chez le jeune homme. Sa démarche singulière, son absence de l'équipe de foot... Il avait été blessé.
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