5. Epilogue : MA MEUTE

Il m'a laissé monter à l'avant de sa planche, malgré les vagues. Nous avançons maintenant vers les barres d'eau qui déferlent sur le côté et rejoignons ma maîtresse qui nous attend assise sur son surf. Il prend son temps, me caresse et s'élance en ramant à toute vitesse. Je glisse, la truffe en avant, les oreilles mouillées, ballottant dans le vent, descendant la pente. Il est à moitié allongé derrière moi, les pieds palmés dans du plastique bleu, repliés en l'air. J'aboie de joie. Arrivés au bord, je me jette sur lui, pour le récompenser d'une léchouille magistrale. Dans un grand rire, le voilà qui s'ébroue les cheveux : des gouttes perlent sur mon museau de ses boucles mouillées. Hey, mais en cette saison, l'eau est encore froide !


Je les regarde tous les deux, fines silhouettes marchant l'un après l'autre sur ce fil tendu entre les deux rochers roses bien hauts. Ils ont planté le camp au bord de la cascade qui se jette dans une grande vasque d'eau bien fraîche, de laquelle je sors à l'instant. Après m'être roulé dans de la mousse pour sécher mon pelage, je me sèche sous le soleil et sur le matelas moelleux. Il fait tellement chaud que j'hésite à retourner à l'eau. Mais il faut que je reste vigilant, s'il lui reprend l'envie de faire des voltiges à cette hauteur. Tiens, ce saucisson posé dans la grande boite bleue, ils l'ont laissé pour moi ?


Les jours commencent à raccourcir, mais les matins sont toujours aussi calmes. Nous avançons silencieusement sur l'eau plate et limpide. Seul le bruit de la pagaie trahit notre présence. Les cormorans ne m'ont pas vu, assis à l'avant de la grosse planche de ma maîtresse. Une aubaine, je vais pouvoir les surprendre. A trois, je saute. Une (ma maîtresse est tellement forte, quelle ne va même pas tomber, vous allez voir), deux (une fois ma mission accomplie, je jappe deux coups, je sais qu'il viendra me chercher. Je n'aurai qu'à fixer ses yeux marron clairs et je sauterai sur sa planche. Il sera fier de moi), tr... Plouf ! Ah c'est malin, elle a sauté avant moi et m'a fait tomber ! J'ai les oreilles mouillées maintenant ! Et les cormorans ont déguerpi sous l'eau !


Je fais la course avec ma maîtresse et son mâle en sautant au dessus de cette fine pellicule aussi blanche que moi qui recouvre la montagne. J'évite le rouler-bouler grâce à ma queue en gouvernail. C'est grisant ! Je suis tout recouvert de cette substance froide et qui mouille, mais j'adore cette sensation ! Ça valait le coup de monter lentement derrière eux et leurs planches fines et longues qui glissent sous leurs pieds. C'est sûr, maintenant que c'est la descente, ils vont beaucoup plus vite, mais pas assez pour moi. Surtout qu'ils font des courbes ! Pour gagner, c'est tout droit qu'il faut aller ! Bah, je vais être sympa, je les attends pour m'ébrouer auprès d'eux, je sais qu'ils aiment ça !


Il me lance le bout de bois qu'on vient de trouver sur la plage. Je m'amuse avec, avant de revenir vers lui. Après une lutte acharnée, je lui cède le bâton, lui faisant croire à sa force et sa tactique à toute épreuve, avant qu'il ne me le relance. Quand je reviens vers lui, ma maîtresse l'a rejoint. Elle enlève sa veste et la noue autour de la taille, parce que le soleil commence à chauffer avec le retour des beaux jours et que vous les humains, vous n'avez pas une poilaire comme nous, collection unique printemps-été/automne-hiver. Elle s'accroupit à ma hauteur, me fait une longue caresse, me regarde bien droit dans les yeux et dépose un bisou sur mon front, avant de me chiper le bout de bois (la garce !) et de le lancer très loin. Je détale à la vitesse de l'éclair et saisis le bâton que je ronge vaillamment. Ils viennent vers moi main dans la main, le bonheur et la sérénité rayonnant sur leur visage. Ma maîtresse, de son pas souple, et son amoureux, clopinant.

Elle, petite aux yeux verts avec de grands cheveux longs et bruns, lui, des yeux bruns clairs entourés de boucles brunes sur sa peau dorée, moi, tout blanc aux yeux marrons, presque comme un Jack Russel, mais en plus joli m'a dit ma maîtresse, parce que je n'ai pas de tâche autour de l'œil.

On forme une jolie meute tous les trois : Gaëtane ma maîtresse alpha, Timo son mâle et moi, Réglisse. Réglisse parce que je suis tout blanc, comme le réglisse il parait.

Manque plus qu'une petite chienne, pour me tenir compagnie quand ils se câlinent. Rousse ? Feu ? Ou noire, avec le poitrail blanc ? Si vous connaissez une femelle qui correspond à ce signalement, dites-lui de me contacter : à gauche après les poubelles, boite aux lettres rouge à côté du grand pin ; japper deux fois dans les aiguës à une seconde d'intervalle. Je suis aussi sur Tindog et Mi-tique (#Ray-Glisse).

A bientôt ?


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