Chapitre 5
— Dites-moi, mh... La cliente déchiffra le nom écrit sur mon badge. Jungkook ? Jungkook. J'ai besoin d'un cadeau pour ma nièce, elle va avoir 18 ans le 14 du mois prochain. Quelle pierre me conseillez-vous ? J'hésite avec un diamant, un saphir ou un rubis.
— Vos premières préférences peuvent être la forme et la couleur du bijou. Vous m'avez dit que vous aimeriez un ensemble, donc collier, boucle d'oreille et bracelet ?
— Oui, oui, c'est ça. J'aimerais qu'elle soit une vraie femme vous savez, coquette. Elle gloussa. Ma nièce a de beaux cheveux noirs, ils sont courts, ils arrivent juste au-dessus de ses épaules. Elle mimait avec ses mains.
— Sa couleur de cheveux se mariera bien avec le rubis dans ce cas. S'habille-t-elle en noir ?
— Oui, beaucoup. Elle a un style plutôt moderne.
— D'accord. Je vais vous montrer ce qui peut lui convenir.
Je me dirigeai vers la catégorie des pierres précieuses de couleur, sur la gauche du magasin. M'avançant entre les nombreux blocs en verre, j'avais fini par arriver quelques secondes plus tard devant la vitrine désirée, accompagné de la dame.
— Ce genre de bijoux lui conviendrait-elle ?
— Hum... Elle observa un instant la panoplie de pierres précieuses qui brillaient sous les leds du meuble. Oh, ceux-là sont jolis.
— Le rubis. Avais-je souri.
— J'ai oublié de vous préciser que ma nièce adore le rouge !
— Il fallait me le dire plus tôt ! M'exclamai-je, ce qui la fit immédiatement rire.
— Oups... Ricana-t-elle.
Avec la petite clé, j'ouvris la porte de mon côté pour montrer du doigt l'ensemble visiblement choisi.
— Vous m'avez bien dit ceux-ci ? Demandai-je pour être sûr.
— Oui, ils sont sublimes.
Je tirai donc sur le meuble pour sortir l'ensemble. Je le posai sur le morceau de tissu préalablement déposé sur la vitre, au-dessus. Les pierres brillaient sous les lumières vives du magasin, reflétant ainsi leur couleur pourpre foncée sur nos vêtements.
— C'est magnifique. C'est de l'argent à côté ?
— Non, il s'agit d'or rose, qui se marie avec la couleur rouge. Les petites pierres que vous voyez ici et qui entourent le rubis sont du diamant. Il s'agit du même schéma pour les boucles d'oreilles et le bracelet.
— Oui, je vois.
— La chaîne en revanche, s'agit d'argent 925, celui principalement utilisé pour renvoyer la couleur des pierres.
— Oui, c'est vraiment beau. L'ensemble est à combien ?
— 4 579,99€. Je peux vous l'arrondir à 4 570€ si vous le souhaitez.
— Oh, pour 10€ ça ne changera pas grand-chose...
Nous rions quelques secondes ensemble.
— Je vais vous le réserver. Précisa-t-elle. Il y a des frais ?
— Oui, 60€ de réservation en principe. Mais je vous l'offre, ne vous en faites pas.
— Oh, merci beaucoup Jungkook. Sourit-elle, les doigts entrecroisés devant son menton. Vous êtes un ange.
— Ce n'est pas grand chose. Assurai-je, les coins des lèvres étirés. Cependant, il nous faut un acompte du tiers du montant total, donc... environ 1 530€. Vous souhaitez payer par carte bancaire ou par chèque ?
— Oui attendez, je vais sortir mon chéquier. Vous avez un stylo ?
— Je vais chercher ça.
Je repartais calmement vers le comptoir au fond de la boutique après avoir soigneusement pris les bijoux avec moi. Mes yeux croisèrent ceux de Jimin qui discutait lui aussi avec une cliente, plus âgée, habillée dans des habits dont je reconnus le luxe. Louis Vuitton. Silhouette fine et cheveux blonds courts, son sac à main portait les symboles de la marque. Mon collègue semblait plutôt confiant dans ses paroles, après tout il travaillait ici plus longtemps.
Cela faisait déjà quelques jours que je travaillais ici, j'avais acquis la confiance du directeur en vendant quelques bijoux à des clients réguliers. Avec eux, j'avais discuté quelques bonnes minutes et ils m'avaient remercié de ma gentillesse et mon professionnalisme.
J'étais doué en relation clientèle, après tout. Je savais facilement avoir la confiance des personnes si ce n'est qu'en posant de simple question, sur leur vie principalement, en faussant un intérêt pour leur occupation principale.
— Oh, vous aimez la musique. Je suppose que vous jouez d'un instrument ?
— Oui, le piano. Cela fait qu'un an que j'en fais mais je me débrouille plutôt bien.
— Oh, vous devez avoir une sacrée motivation et une bonne mémoire !
En général, il fallait paraître moins connaisseur qu'eux pour valoriser leur besoin d'estime. La plupart des gens adoraient expliquer et apprendre aux autres des informations sur leur centre d'intérêt. Je faisais tout mon possible pour éviter que ce soit le contraire, parfois. Lorsqu'ils se trompaient sur certains sujets, j'utilisais la méthode de l'anguille, à savoir :
— Ah oui ? J'avais vu quelque part qu'il s'agissait du contraire. Enfin, entre vous et moi, je pense que vous avez raison.
Cela leur mettait le doute, mais ils acquiesçaient sans rien ajouter d'autre. Ils changeaient de sujet aussi vite pour éviter les coquilles supplémentaires. Le plus dur était de rester impassible face aux erreurs qu'ils commettaient sur les sujets que je maîtrisais plus qu'eux, en l'occurrence les pierres précieuses. Par exemple lorsqu'un client m'avait assuré que le diamant était plus rare que l'émeraude, ou bien que le rubis rose s'agissait d'une autre pierre, d'une concentration plus intense que l'améthyste ou quelque chose comme ça.
Ce n'était jamais évident puisqu'il ne fallait jamais froisser les clients. J'avais bien dit qu'il fallait toujours aller dans leur sens, et qu'il ne fallait jamais, jamais, contrer leur propos sans voile de douceur. La gêne occasionnée allait leur donner l'envie de partir au plus vite et par conséquent, c'était mauvais pour le commerce et le chiffre d'affaires.
Un client restait toujours un client, qu'il soit prospect ou habitué.
Enfin, pour ma part, j'étais sûr de moi. J'avais rencontré durant ces quelques jours des couples de différentes nationalités : coréen, japonais, américain et vietnamien. Je me débrouillais bien en français, mais parler les langues étrangères que je connaissais mieux était une vraie bouffée d'air frais.
Jimin m'avait épaulé quelques fois au début. Désormais je m'en sortais à merveille. Le directeur m'avait aussi félicité pour mes premières ventes, en vantant à mon collègue que j'étais l'un des meilleurs employés qu'il avait connu à ce jour. Certainement parce que j'avais pu renseigner des clients et leur vendre des bijoux dès le deuxième jour de mon contrat.
J'attrapai le stylo sur le comptoir de la vente. Puis, en remarquant que la cliente venait lentement vers la caisse tout en observant les autres bijoux, je me permettais de ranger l'ensemble de rubis dans une petite boîte.
— Madame. Fis-je pour attirer son attention. Pourrais-je avoir votre nom pour la réservation ?
— Oh oui, bien sûr. Roussel. Roussel Bérénice.
— Merci. Voici le stylo.
— Merci.
Elle attrapa de ses doigts le stylo à plume Mont Blanc. Elle haussa les sourcils en reconnaissant, sans doute, la marque luxueuse.
— Vous m'avez dit combien ?
— 1 530€, s'il-vous-plaît. Je vous garde la boîte en arrière boutique. Avez-vous une date ?
— Merci. Oui, je viendrai le chercher en fin de semaine avec mon mari.
— Dois-je vous faire un emballage cadeau ?
— Volontiers ! S'exclama-t-elle en me tendant le chèque. Je vous laisse remplir l'ordre.
— Merci beaucoup Madame Roussel. Je vous souhaite une agréable fin d'après-midi.
— Oh merci. Vous aussi Jungkook. Bon courage !
Elle fit volte-face en souriant, la main levée pour me faire signe d'au-revoir. Je me courbais respectueusement en la regardant partir, avant de tourner mon regard sur la droite pour voir le même schéma du côté de mon collègue. La dame, en revanche, n'accorda pas un seul regard en quittant le magasin.
Lorsque la porte se referma derrière elle, Jimin soupira.
— Putain, quelle vieille garce... Râla-t-il. Elle est mal baisée, celle-là.
Après quelques clics sur la tablette tactile de la caisse, je l'ouvris pour glisser le chèque dans la partie réservée à cela, avant de la refermer.
— Ma cliente était sympa. Ricanai-je pour me moquer.
— En crush total, ouais. J'te jure, elle était prête à te sauter dessus.
Je levai les yeux au ciel. Mes mains attrapèrent la petite boîte et je me dirigeai dans l'arrière boutique, passant à gauche du grand rideau bordeaux, pour la poser à côté d'une autre.
Je revins dans la boutique sans perdre de temps.
— Mais bon, tu préfères te foutre à genoux devant Tae. Dit-il en haussant les épaules. Tu devrais baiser une vieille, ça te changera.
Je ne pris même pas la peine de répondre puisqu'un client entra dans le magasin.
— J'le prends. Lança-t-il. Bonjour Monsieur, je peux vous renseigner ?
— Oui, je cherche une bague pour ma femme. Elle a perdu la sienne en vacances à Tahiti.
Un soupir silencieux de ma part. Lorsque j'inclinai la tête pour regarder l'heure sur l'horloge accrochée en haut d'un mur, mes yeux se posèrent sur la silhouette de mon patron qui venait par là. Mon visage s'illumina instantanément d'un sourire, auquel il répondit aussitôt.
— Rebonjour Jungkook. Alors, combien de ventes aujourd'hui ?
— Trois, dont un acompte.
— Bien, bien. Acquiesça-t-il d'un mouvement de tête. Non, c'est très bien. Vous vous débrouillez à merveille. Si seulement tous mes employés étaient comme vous...
— Je ne suis certainement pas le meilleur. Contestai-je en agitant mes mains. Mais vos compliments me vont droit au cœur. Merci beaucoup.
— Oui enfin, ne prenez pas la grosse tête. Ricana-t-il un peu fort, le client avait tourné la tête vers nous. Oh, Monsieur Robert ! Comment allez-vous ?
— Bonjour Charles ! Sourit l'homme en face de Jimin. Eh bien, je vais plutôt bien et vous ?
— Bien, bien, merci. Que faites-vous ici ? Vous êtes revenu de Tahiti ? Votre voyage s'est bien passé ? Vous avez pris des couleurs !
— Oui, très bien. Je repasse chercher une bague pour mon épouse qui l'a perdu dans le sable. Souffla-t-il.
— Oh, mince. Vous ne l'avez pas retrouvé ?
— Malheureusement non. Même les employés n'ont rien trouvé pour vous dire ! Rose a beaucoup pleuré, mais je lui ai assuré que j'allais lui racheter une autre en revenant en France.
— Vous avez bien fait.
Le son de l'ouverture de la porte.
— Je vous laisse le prendre, Jungkook.
— Bien sûr.
Je tournai la tête, près à accueillir le nouveau venu, mais me figeai instantanément en remarquant qu'il s'agissait de lui, accompagné de Miko et Ji Hyun. Je faussai soudainement un sourire en me replaçant correctement derrière le comptoir.
— Bonjour, je peux vous renseigner ?
Taehyung ne portait pas de masque, il était habillé d'une chemise blanche et d'un pantalon noir fluide, avec un long manteau beige. Miko s'était vêtue d'une robe noire moulante et des talons hauts, un gros manteau en fourrure couvrait ses épaules. Ji Hyun était tout en noir.
Il leva le regard, plantant ses yeux gris dans les miens.
— Monsieur ? Je peux vous renseigner ?
Merde.
Trop tôt.
J'avais prononcé la phrase un peu trop tôt, ce qui avait suscité l'intérêt de mon directeur, qui s'était tourné pour les observer du coin de l'œil. Taehyung m'avait lancé un léger sourire avant de marcher un peu plus rapidement, ce qui calma l'ambiance aussitôt. Le directeur s'était retourné.
— Bonjour. Lança-t-il.
Mes yeux se déplacèrent sur Miko, qui observait les pierres précieuses de couleur à gauche, munie d'un léger sourire en coin. Ses doigts parcouraient la vitrine, tapotant dessus en faisant le tour de celle-ci.
— Vous êtes sexy, Monsieur.
Je fis les gros yeux. Par chance, par miracle, le directeur et le client n'avaient pas entendu. Mais je m'étais légèrement reculé lorsque sa main se faufila derrière son manteau, dans son dos.
— Je souhaiterais...
En même temps qu'il commençait à sortir son arme, Taehyung plissa les yeux. Ji Hyun se dirigeait vers le directeur et Jimin.
— J'aimerais qu-
Le son de la porte qui s'ouvrit.
— Bonjour, Police.
La voix avait résonné dans l'entièreté de la boutique. Taehyung se redressa progressivement, un peu surpris, sans pour autant se tourner face au nouveau venu. Aux nouveaux venus.
— Bonjour. Une femme.
— Bonjour, entrez ! S'exclama le directeur. Je peux vous renseigner ?
— Oui, est-ce qu'un certain Jeon Jungkook est là ?
Un choc. Mes yeux, plantés dans ceux de Taehyung, s'étaient écarquillés en même temps que les siens.
— Oui, il est là. C'est à quel sujet ?
— On souhaiterait lui poser quelques questions.
Je me penchai sur le côté pour que mes yeux se plantent sur leur silhouette.
— Bonjour. Je suis Jeon Jungkook. Lançai-je dans un léger sourire.
— Oui, bonjour. Il sortit son badge que je pouvais voir d'ici. Min Yoongi de la police coréenne. Est-ce que je peux vous interroger à l'écart ?
— Bien sûr.
— Vous êtes avec un client ? Je peux attendre si vous le souhaitez.
Taehyung se tourna dans l'autre sens, avant de lancer en anglais.
— Non, je peux attendre. Je souhaitais aussi des renseignements, mais ils sont certainement moins importants que les vôtres.
L'homme, Min Yoongi, avait calmement hoché la tête.
— Bien, merci. Pouvons-nous emprunter votre bureau ?
— Bien sûr ! S'exclama le directeur. Je vous y emmène.
Il salua d'un coup de tête le client avec lequel il discutait avant de marcher d'un pas rapide vers l'arrière de la boutique. Les trois flics le suivirent et je fis de même sans jeter un regard à Taehyung pour ne pas paraître suspect.
A l'arrière du petit groupe, j'avais entendu la voix du directeur s'élever, certainement pour leur présenter la petite pièce qu'était son bureau. Après cela, il vint vers moi, vaguement inquiet, discrètement caché par un léger sourire.
— Je vous laisse.
— Merci.
J'entrais dans le bureau après les trois policiers, deux d'entre eux observaient les nombreuses feuilles sur la table, l'autre, la jeune femme, s'occupait à regarder les livres des collections de bijoux de luxe, rangés dans la grande bibliothèque.
— Monsieur Jeon. Lança Min Yoongi. Je vous prie de nous excuser d'être venus à l'improviste pour vous voir.
— Non, il n'y a aucun problème. En quoi puis-je vous renseigner ?
Il s'installa sans gêne sur la chaise du directeur, et m'incita d'un coup de tête à m'asseoir sur celle en face du bureau.
— Nous enquêtons actuellement sur les braquages faits par un petit groupe qui nous passe entre les doigts à chaque fois.
— Oui ?
— Votre dossier a retenu notre attention.
Un silence.
— Dois-je comprendre que vous me suspectez ?
Il sourit.
— Ne vous inquiétez pas. Nous sommes venus pour vous poser de simples questions. Mon équipe est impliquée, comme je vous l'ai dit, dans les braquages et autres actes criminels.
— Je vous écoute.
— Vous avez fait de grandes écoles et de belles études. Je pense que votre honnêteté sera la clé de votre innocence.
J'acquiesçai de la tête.
— Nous nous sommes penchés sur votre sujet car un détail, vous voyez, m'a fait tilte.
Sa collègue lui tendit le dossier qu'elle tenait dans ses mains. Min Yoongi l'attrapa pour le feuilleter, et il posa plusieurs photos sur le bureau. Je me penchai en avant pour mieux les observer.
— Bien sûr, vous avez droit de garder le silence.
Mes yeux jonglèrent entre les photos et son regard pendant un silence, puis j'avais acquiescé pour lui faire comprendre que j'allais répondre à ses questions.
— Ce détail, en l'occurrence, est votre présence à chaque braquage. La banque de Bangkok, en Thaïlande. La banque MUFG au Japon, à Tokyo. La banque de Wall Street, aux Etats-Unis, et celle de Séoul, en Corée du Sud. Expliqua-t-il en pointant chaque photos. Bien sûr, entre-temps vous avez fait quelques petits métiers et étudié certains sujets que vous aimez, sans doute.
Je ne répondis rien, trop concentré sur les images.
— Je pense que vous comprenez où je veux en venir.
— Bien sûr.
— Soit, vous avez une malchance incomparable, soit, et ce pourquoi nous sommes venus ici, vous n'êtes pas celui que nous pensons.
Il se pencha pour poser ses deux coudes sur le bois de la table, entrecroisant ses doigts, et posa son menton dessus.
— Expliquez-nous, Monsieur Jeon. Quelles sont vos chances de faire partie de ce groupe ?
Un silence, à nouveau. Les yeux plissés, son collègue s'approcha doucement à gauche, les doigts posés sur son arme.
J'avais lâché un rire dans un souffle.
Flics de merde. Quels étaient leur foutu principe de se la péter autant ?
— Je comprends parfaitement ce pourquoi vous êtes venus. En revanche, vous vous adressez à la mauvaise personne. Je n'ai rien à voir avec ces criminels. Assurai-je déterminé. J'ai passé ma vie à étudier des sujets qui m'intéressent, en l'occurrence la finance et la comptabilité, malheureusement et je pense que vous le savez, ce sont aussi des métiers à risque. Je ne suis certainement pas la seule personne à avoir vécu ce même schéma, mais je conçois vos inquiétudes.
Il lâcha un léger soupir.
— Non, non. Monsieur Jeon.
Il ouvrit ses yeux, plantant son regard noir dans le mien.
— Je sais que vous faites partie du groupe.
J'avais senti, au fond de moi, mon corps entier être pris dans une sueur froide. Les deux autres flics s'étaient aussi légèrement tournés vers moi, pour me surveiller du coin de l'œil.
— Vous n'avez qu'à m'arrêter si vous êtes aussi sûr de vous. Fis-je en haussant les épaules. Je n'ai rien à cacher. Un léger soupir. J'ai de la famille à Reims si vous souhaitez les interroger. Ils habitent en face de Pommery, une maison de champagne. Ils pourront vous dire tout ce que j'ai étudié, vous apprendrez ainsi que je n'ai jamais menti au sujet de mes études.
Je relevai mes yeux dans les siens.
— Vous savez, ce qui démarque un bon policier des autres, c'est son humilité. En l'occurrence, vous, vous ne l'êtes pas. Vous prétendez avoir trouvé celui que vous cherchez d'un groupe que vous n'avez jamais réussi à avoir, ni même aperçu. Vous vous hâtez de retrouver ceux qui vous font comprendre de votre incapacité professionnelle, sans doute par besoin d'estime.
Je reproduis la même posture, à savoir, le menton posé sur mes doigts entrecroisés.
— Vous savez, Min Yoongi, vous n'êtes pas le premier policier à m'interroger au sujet des braquages. Si vous étiez aussi bon que vous le pensiez, vous auriez questionné les flics qui m'ont eux-mêmes interroger au sujet de ce putain de braquage dont j'ai été l'une des principales victimes.
Il plissa les yeux.
— En revanche, si vous vous permettez de penser que je suis suivi par cette bande de braqueurs, vous auriez assuré de m'offrir une protection 24h/24. Dans ce cas, je n'aurais pas forcément pensé que vous me considérez coupable.
Il fulminait de rage.
— N'avez-vous donc jamais fait de GRC ?
Je n'avais pas même pris la peine de sursauter lorsqu'il claqua sévèrement son poing sur la table.
— Vous vous foutez de ma gueule ? Prononça-t-il.
— Parce que j'ai raison, pensez-vous ainsi ?
Un rire grossier.
— Vous êtes le premier suspect et vous garderez cette place.
— Comme vous le souhaitez. Je n'ai plus rien à dire. Fis-je en me levant. Et si vous souhaitez à nouveau m'interroger, la prochaine fois, faites-vous plus modeste et plus discret.
Passant à côté de la jeune femme, j'ouvris la porte lorsqu'il prononça.
— Connaissez-vous un certain Kim Taehyung ?
J'avais eu un léger mouvement de recul avant de me tourner.
— Qui ?
— Kim Taehyung. Répéta le flic sans me jeter un regard. Une sale pédale qui fait partie de ce groupe. Avec sa bande, il aurait piraté chaque système des caméras des banques grâce à un virus.
Je pris une grande respiration.
— Ce nom ne me dit rien.
— Forcément... Soupira-t-il.
Sa collègue me tendit une petite carte.
— Si vous avez des informations, je serais infiniment reconnaissant que vous m'appeliez sur ce numéro.
J'attrapai la carte avec ma main droite, l'autre déjà serrée autour de la poignée de la porte.
— D'accord. Je n'y manquerai pas.
— Merci, Monsieur Jeon.
Je sortis aussitôt, pour refermer calmement la porte derrière moi.
Un silence, pendant lequel je pris le temps de calmer les battements rapides de mon cœur.
Ce fils de chien a essayé de me faire réagir en l'insultant. Il suspecte aussi mes liens avec Taehyung.
Putain. Je n'aurais pas dû autant m'enflammer. J'ai presque prouvé ma culpabilité dans cette merde.
Mes yeux remontèrent se placer sur la grande salle du magasin.
C'était mauvais.
Je repartis sans plus tarder dans la salle, remarquant au passage que Taehyung était déjà parti. Jimin s'avança vers moi tandis que le directeur discutait encore avec son ami.
— C'était pour quoi ?
— On me suspecte. Ils sont partis ?
— Ouais. Ils ont discrètement filé après que tu sois parti avec les flics.
— Je leur ai rentré dedans, Jimin. Murmurai-je.
— Tu veux que j'aille leur parler ? Fit-il aussitôt.
— Non, ne t'en mêle pas. Soufflai-je. Tu vas aussi être suspecté.
Il hocha la tête.
— On en reparlera dans tous les cas.
— Ouais.
On s'éclipsa en entendant encore le son de la porte s'ouvrir, nous obligeant ainsi à revenir à notre statut d'employé.
[...]
— Il t'a quoi ?!
Un soupir.
— Calme-toi, Tae. C'est ma faute.
Un silence.
— Je pense qu'on devrait tirer une croix sur le braquage.
— Tu rigoles ? S'exclama Miko. T'as vu ces paires de bijoux ? On pourrait en tirer des millions rien qu'avec une seule vitrine !
— Je suis suspecté, Miko. Ça tournera au vinaigre si vous braquez le magasin. Déjà que vous ne m'avez même pas prévenu que vous alliez le faire aujourd'hui !
Un autre soupir, plus bruyant. Taehyung avait reposé sa tête sur le dossier du canapé en cuir, les paupières fermées.
— Quelle bande de chieurs, putain. Marmonna-t-il. Ils peuvent pas nous laisser profiter deux minutes, ces flics de merde ?
— Dans tous les cas je vais arrêter ces conneries. C'est d'autant plus dangereux si je vous mêle à la police maintenant.
— Tu vas arrêter ?! T'es pas sérieux, Kook !
Je levai le regard dans celui de Miko.
— Si c'est pour que vous vous fassiez arrêter après moi, ouais. Et puis j'en ai marre. Je n'ai jamais aimé ça.
Un long silence, pendant lequel résonnaient les murmures de la circulation.
— Et si on les tuait ?
Mes paupières s'écarquillèrent soudainement.
— T'es pas sérieux, Ji Hyun ?
— Pas de flics, pas de problèmes. On a qu'à demander à la mafia d'ici, ils nous feront un prix si on leur montre ce qu'on a déjà fait.
— Tu veux tuer des putains de flics ? Lançai-je, la voix forte. T'imagines les conséquences de ça, au moins ?
— T'es trop sérieux, Kook ! Râla Miko. On veut juste s'éclater, nous.
— Commencez pas à gueuler. Reprit Taehyung. Jungkook a raison, c'est mort pour ce braquage. Si on le fait, cela nous apportera que des mauvaises merdes. Autant réfléchir à un autre plan pour plus tard.
— Putain, Tae ! Pourquoi tu... Vous êtes vraiment nuls, je voulais avoir ces bijoux moi !
— On est une équipe. Répliqua-t-il. Si tu veux tes bijoux, t'as qu'à te les payer. On a assez de frics.
Elle souffla bruyamment, les bras croisés.
— J'me casse.
— Miko... Soupira Ji Hyun. Allez, fais pas la gueule.
— De toute façon c'est parti en couilles depuis que Yi Seul est morte.
Un choc. Mes yeux fusèrent dans ceux de Taehyung, qui se releva froidement du canapé.
— Pardon ?
— Taehyung, calme-toi. C'est ma fa-
— Toi ta gueule ! Coupa Tae. Ecoute, Miko. Si t'es pas contente t'as qu'à aller voir d'autres mecs qui te donneront ces putains de bijoux après t'avoir violée cent fois. Ne reviens pas après en te rendant compte qu'on est les moins cinglés de ce monde de merde ! Cracha-t-il.
Le bruit d'un claquement de porte soudain.
— C'était vraiment pas cool, Tae. Reprit Ji Hyun.
— Elle reviendra. Je la connais.
Mon regard remonta se placer sur la vitre, pour observer la Tour Eiffel qui brillait au loin.
— On fait quoi, du coup ?
Un silence.
— On change nos plans. Souffla Taehyung.
Quel fut mon choc en entendant sa réponse.
— On tue les flics.
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Bonsoir ! J'espère que votre semaine s'est bien passée.
Avant toute chose, j'aimerais préciser que cette histoire est fictive et que mes propos ne se tiennent sur aucune vérité, simplement mon expérience (pas dans les braquages de banque évidemment, mais dans les études). Jungkook a la même perception des choses que moi, alors ne vous fiez pas entièrement à ce qu'il dit. Après tout, personne n'a jamais totalement raison !
Pour la suite, je comptais accélérer les publications. Cette histoire ne sera pas très longue, avoisinant les 20-30 chapitres ou peut-être même un peu moins.
Pour en revenir à la dernière phrase, qu'en pensez-vous ?
Taehyung est le fou, n'oubliez pas.
Si vous avez des questions, remarques ou hypothèses, n'hésitez pas à les écrire. J'y répondrai avec grand plaisir !
Sur ce, je vous dis à très bientôt pour la suite. Prenez soin de vous d'ici là !
<3
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