Chapitre 1

– Tiens, Jungkook, tu peux me passer le dossier bleu juste à ta gauche ?

Je vins chercher du regard la jeune femme qui m'appelait.

– Oui, bien sûr.

Mes doigts attrapèrent alors le dossier pour le lui donner. Elle me remercia silencieusement en levant son pouce avec un léger sourire sur ses lèvres. Puis, Eun Ri soupira bruyamment en retombant sur le dossier de son siège, tandis que mes yeux s'étaient déjà replacés sur l'ordinateur. Je fermai le logiciel puis retirai ma clé USB à la suite.

– Plus qu'une heure... Elle souffla. Je ne saurais donc jamais pourquoi tu voulais venir travailler dans une banque ?

– Je te l'ai déjà dit. J'aime la finance. Avais-je répondu.

– Ouais, c'est ce que tout le monde dit.

Un silence, pendant lequel mon regard remonta se placer sur la grande horloge placée sur le mur de l'entrée, qui indiquait les trois heures de l'après-midi passées.

J'avais commencé à travailler il y a quelques jours déjà. Cela faisait plus d'une semaine que j'étais officiellement inscrit en tant que salarié dans une banque de Séoul, j'avais fait une journée de période d'essai pour voir mes compétences face aux clients ainsi que face à un ordinateur. Je m'étais essentiellement occupé de la gestion des comptes en banque de nombreuses personnes. Ma collègue, Eun Ri, s'occupait plutôt de l'accueil clientèle.

Je ne la trouvais pas spécialement douée. Elle ne faisait que se plaindre à longueur de journée, en parlant sur le dos des clients qui partaient bien souvent énervés après être venus à son guichet. Ça, et ses manières irritantes de mâcher son chewing-gum la bouche grande ouverte, ou de faire attendre les clients le temps qu'elle ne remette du rouge-à-lèvres.

En fait, je ne l'appréciais pas. Elle était très jolie, certes, mais son comportement était franchement agaçant. J'avais compris qu'elle travaillait ici depuis plusieurs mois, elle s'énervait souvent auprès du PDG de la banque parce qu'il ne lui avait toujours pas donné de primes, ni le code de la chambre forte.

Cela m'avait fortement titillé de lui dire qu'il me l'avait transmis, mais je m'étais retenu.

Je ne pensais pas être une personne désagréable, simplement, j'étais venu ici pour gagner de l'argent. Me faire des amis ne me servait à rien, j'étais trop occupé à connaître l'entreprise afin de bien réussir.

– Putain, mon tel a planté !

Je l'observais silencieusement s'agiter sur son portable du coin de l'œil, et fuyais son regard lorsqu'elle se tourna vers moi.

– Jungkook, qu'est-ce que je dois faire... Elle feula d'une voix aiguë.

Un silence.

– Commence peut-être par travailler.

Oh, si seulement je pouvais me permettre de dire cette phrase. L'heure qui restait était sincèrement très longue, il ne restait que quelques personnes sur les autres guichets, les vigiles à l'entrée discutaient entre eux et quelques enfants s'amusaient sur les murets de la fontaine.

Pour résumer, l'ambiance de l'entreprise était plutôt décontractée. Il fallait dire que les employés rigolaient fort avec les clients, certains s'étaient même levés pour parler totalement en face à face. J'espérais que quelque chose se passe, n'importe quoi, une dispute, la chute d'un enfant pour avoir quelque chose sur quoi se concentrer d'autre que sur la personne à ma droite.

J'avais fini mon travail depuis plus d'une heure. Je m'étais même avancé sur demain, j'attendais simplement le bruit de l'horloge résonner dans le hall pour pouvoir rentrer chez moi. D'autant plus que ma collègue s'énervait toute seule, à taper sur son téléphone.

– Donne-le-moi, je vais essayer d'arranger ça. Avais-je fini par dire.

Elle me le tendit sans broncher. Après quelques manipulations faciles et habituelles, je lui redonnais avec un léger sourire.

– Tiens.

– Wow, t'es trop fort ! S'exclama-t-elle. Merci Jungkook, je te revaudrais ça. Avait-elle gloussé.

Je n'étais pas si stupide pour comprendre ce qu'elle insinuait, que ce soit le ton qu'elle avait employé ou même les traits de son visage qui s'étaient creusés dans un air aguicheur. Elle reposa son menton dans le creux de sa main, la tête inclinée vers moi, un sourire décorant ses lèvres brillantes d'un rouge vif.

– Dis, t'as une copine ?

Je lui jetai un regard furtif.

– Cela ne te regarde pas.

– Oh, ça va ! On s'ennuie, il faut bien trouver des sujets de conversations !

– Et toi, tu as un petit-copain ? Avais-je lancé pour éviter sa question dérangeante.

– Non, je l'ai quitté.

Je secouai lentement la tête en guise d'acquiescement, et soupirai discrètement lorsqu'elle se mit à raconter l'histoire de sa mise en couple et de sa rupture. J'avais perçu qu'elle mentait sur cette relation qui n'avait certainement jamais existé.

Eun Ri n'avait sans aucun doute jamais eu de relation avec quelqu'un en vue de sa personne et de ses manies. Je l'avais presque déduit ; elle n'avait pas de bijoux si ce n'était qu'une bague offerte par sa mère ou sa grand-mère, ses habits lui allaient parfaitement bien, et j'avais aussi remarqué qu'elle ne parlait à personne sur son téléphone.

Je ne m'intéressais pas spécialement en relation humaine, mais il demeurait toujours facile de deviner quelques informations sur une personne juste en l'observant. Les principes d'une vie, en résumé.

– Tu sais, il ne m'a jamais dit qu'il m'aima-...

– Il s'appelait comment ?

Un court silence, une hésitation.

– Ji Hyun.

– Oh, je connais un Ji Hyun. Tu connais son nom de famille ?

– H-Hum... Lee, je crois. Répliqua-t-elle aussitôt avec un sourire maladroit. Mais tu ne dois pas le connaître, et puis il est parti en France il y a quelques mois.

J'arquai un sourcil.

– Mais tu m'as dit que tu l'avais quitté il y a deux semaines ?

Un silence, à nouveau.

– O-Oui, mais il était déjà parti. Eun Ri ricana en tournant la tête vers le dossier que je lui avais donné.

Elle l'ouvrit pour fouiller inutilement les centaines de pages, en faisait mine de chercher quelque chose. Après un court instant, je revins à placer mon regard sur la grande horloge pour observer que seules dix petites minutes s'étaient écoulées depuis.

Pourquoi est-ce que les dernières heures de la journée sont toujours les plus longues ? C'est tout de même incroyable d'avoir mis des termes sur quelque chose pour s'en plaindre à longueur de journée : le temps, les heures, les minutes, les secondes. Ce que l'on peut appeler « intelligence humaine » m'étonnera toujours autant.

Créer des trucs pour s'en plaindre, c'est tout de même assez idiot.

J'avais l'habitude de me poser des questions aussi stupides lorsque je n'avais plus rien à faire, en général. Des questions existentielles -certains les nommaient ainsi-, sur l'être humain et ce qu'il pouvait créer. Sur l'univers en me rendant à l'évidence que l'on n'était certainement pas les seuls, ou bien sur les moyens de communications que l'humanité avait mis en place -le langage-.

Je me demandais parfois si la Tour de Babel avait réellement existé pour que personne n'ait eu l'idée de faire une réunion pour se baser sur une seule langue universelle. Bien qu'une avait finalement été décidée, elle n'avait jamais vue le jour. C'était triste.

Oh, et peut-être même créer une langue pour parler avec les animaux, ou simplement pour savoir ce qu'ils voulaient dire : « miaou miaou » paraissait toujours moins bien élaboré que nos langages à nous. « Ouaf ouaf » non plus, alors peut-être les animaux se disaient-ils toujours la même chose ?

Je levais les yeux en réfléchissant.

Leurs discussions devaient être si ennuyantes. « Bonjour, ça va ? » et « oui et toi ? » pour répondre « oui et toi ? » et continuer par « oui et toi ? ». Se disaient-ils merci ? Je n'avais jamais vu un chien tenir la porte à une chienne dans tous les cas.

Tu t'égares, Jungkook.

Un soupir, à nouveau.

Mon regard revint se placer sur les feuilles rangées, formant un tas sur mon bureau. Quelques relevés, des chiffres, beaucoup de chiffres.

Puis, celui-ci remonta pour remarquer que les vigiles n'étaient plus là.

Tiens ?

Je lâchais un soupir en me levant.

– Je vais voir le directeur.

– Ne me laisse pas toute seule ! Je m'ennuie ici. Oh, je vais venir avec to-...

– Tu devrais rester. Il y a des gens qui vont encore arriver. Je lançais avec un léger sourire.

Après la plainte qu'elle m'avait fait entendre et comprendre, je me dirigeai vers le couloir au fond du hall. J'avais retiré ma veste noire en raison de la chaleur des radiateurs juste derrière nos sièges. J'étais habillé d'une chemise noire qui laissait apparaître mes tatouages sur mon bras et un pantalon noir. Il s'agissait du code couleur que le directeur avait décidé de mettre en place, de ce qu'il m'avait dit, il changeait à peu près toutes les deux semaines.

Je pénétrai alors le couloir menant aux bureaux. Du coin de l'œil, j'observais les bureaux vides de présence tout en marchant. C'était toujours aussi calme, la majorité des employés avait quitté leur bureau tôt dans l'après-midi. Mais je savais que le directeur était toujours là : j'allais le voir pour lui parler de quelque chose qui me tracassait, puisqu'il m'avait assuré d'être là au moindre problème.

C'était d'autant plus étonnant qu'il n'y ait pas de manager. J'avais songé à lui en parler, mais celui-ci était déjà débordé par tout le travail qu'un directeur pouvait avoir. Enfin, peut-être s'agissait-il de la meilleure solution.

Alors, je continuai mon chemin pour arriver devant les grandes portes en bois. Mon poing s'échoua plusieurs fois dessus, avant que je n'entende un simple « entrez ». J'abaissai alors la poignée pour entrer dans la pièce, mes yeux tombèrent instantanément dans les siens.

– Oh, rebonjour Jungkook. Tu vas bien ?

– Oui, très bien et vous ?

– Ça va, ça va, merci. Encore, et toujours de la paperasse. Soupira-t-il en m'intimant d'un coup de tête d'observer l'état de son bureau.

– En effet. Si vous avez besoin d'aide, n'hésitez pas à me solliciter. Je suis toujours ouvert à cela.

– Ah, merci. Cela m'aiderait beaucoup mais je ne suis pas sûr que tu puisses signer les documents à ma place. Le directeur rigola un instant.

Je m'avançais alors dans la pièce pour me placer juste devant son bureau, tandis qu'il se mit à trier les nombreux papiers qui formaient un tas assez mal fait sur les quatre coins de la table.

– Tu voulais me dire quelque chose ?

– Oui. J'ai déjà fini le travail que vous m'aviez dit de traiter en urgence, en levant la tête j'ai remarqué que les vigiles n'étaient pas devant la porte. Vous savez où est-ce qu'ils sont partis ?

– Les vigiles ? Reprit-il en fronçant les sourcils. Non, ils doivent être là. Ils ne partent qu'à la fermeture.

– Ah ? Pourtant, je ne les ai pas vu.

Un souffle assez bruyant, son regard sombre planté dans le mien ne m'était pourtant pas destiné. Le directeur se releva de son siège tout en continuait de parler.

– Je sais juste que ceux de la salle de contrôle viennent de prendre leur pause. Normalement ceux de l'entrée auraient dû prendre leur place pour faire une rotation. Songea-t-il à haute voix. Oh, qu'est-ce qu'ils m'énervent. Déjà que la semaine dernière ils n'arrêtaient pas de fumer devant l'établissement, tu parles de personnes compétentes...

Je le suivis lorsqu'il sortit de son bureau. Mon regard se plaça furtivement sur la caméra dans le couloir, avant de revenir sur le dos du directeur qui se grattait la nuque.

– Bon, ça me fera prendre l'air.

Nous passions alors une énième fois dans le long couloir, par habitude mes yeux observaient discrètement les bureaux vides, tout en admirant les nombreuses fleurs dans les pots sur certaines tables.

J'aimais beaucoup le style de l'entreprise. Cela changeait un peu des styles des banques des Etats-Unis, cela semblait plus moderne, mieux entretenu. Le sol était beau, les murs l'étaient aussi et tout était propre. Les femmes de ménage devaient travailler sérieusement et donner toute leur énergie pour que cela reste ainsi chaque jour.

Nous arrivions finalement dans le hall, mes sourcils se froncèrent en ressentant une angoisse soudaine. Je pressai le pas pour arriver aux côtés du directeur, et nous pénétrons l'immense pièce qui était vide d'une quelconque présence. Enfin, les employés des guichets étaient toujours là à commencer à faire leurs affaires, Eun Ri était même déjà prête à sortir.

Elle écarquilla les paupières en voyant le directeur à mes côtés, pour se replacer en vitesse sur sa chaise de bureau.

– En effet, ils ne sont plus là. Il laissa ces mots s'échapper de ses lèvres. Bon, je vais prévenir les autr-...

Un coup de feu soudain. Nous avions tous sursauté, mon regard avait instantanément fusé vers l'entrée lorsque les vitres de l'entrée se brisèrent. Je m'étais accroupi et intimai au directeur de faire de même. Les hurlements des salariés s'élevèrent dans le hall pendant que des crissements de pneus de voiture résonnèrent en dehors du bâtiment.

Quelqu'un s'avançait, habillé tout en noir et armé de ce qui m'apparut étant une arme à feu.

– L'enculé qui bouge, j'le descend ! Il hurla.

Le directeur se coucha au sol et je fis de même.

Oh non, c'était le pire des moments.

Une dizaine de personnes s'avançait dans le grand hall, en criant aux autres de ne pas bouger sous des menaces terrifiantes. J'étais agenouillé au sol, les mains derrière la tête et les lèvres pincées. Cela allait, il s'agissait de moments stressant mais en général, il ne faisait aucun mal aux civiles. Et puis, avec un peu de chance, un des employés allait appuyer sur le bouton d'urgences derrière les comptoirs.

Lorsqu'ils arrivèrent devant nous, j'avais fermé les yeux.

Avec un peu de chance, ils n'allaient pas me-...

– Toi, viens.

Punaise, ils m'avaient choisi.

Calmement, je me relevai sur mes deux jambes sans placer mon regard dans le sien, et je suivais la personne par son emprise sur l'un de mes bras. Comme je m'y attendais, il m'amena directement aux caisses un peu plus loin dans le hall, un flingue visant mon crâne. Il balança un sac sur le comptoir et poussa l'arme sur ma tempe.

– Rempli-le.

– Vous n'êtes pas oblig-... Tentai-je.

– Ta gueule et dépêche-toi !

Ils étaient rapides.

Après une grande respiration, mes mains s'activèrent à ouvrir les tiroirs où se trouvaient la majorité de l'argent, des billets que j'empaquetais dans un grand sac noir. La personne à mes côtés était très nerveuse, je me fis la réflexion que c'était sans doute la première fois qu'il braquait une banque. Enfin, c'était tant mieux d'une certaine façon.

De mon autre main, je cherchais aveuglément le bouton pour appeler la police, lorsqu'un second coup de feu me fit sursauter.

– J't'ai dit de faire gaffe à ce que tu fais ! Hurla une autre personne.

– Couche-toi j'ai dit, pétasse !

– Amène-le, amène-le !

– Eh, ton autre main.

Mes yeux s'étaient écarquillés. Ils remontèrent progressivement pour se placer sur la pointe d'un fusil d'assaut, un HK 416 qui visait ma tête, et sur le visage partiellement masqué d'un jeune homme. Ses yeux de sirènes aux iris grises m'observaient calmement, tandis que son acolyte me poussa brusquement pour prendre mes mains derrière mon dos.

– Putain, quel co-...

– T'as une belle gueule, ce serait dommage que j'te défigure avec ça, non ? Il lança.

– Je ne vous conseille pas de-...

Un coup soudain, je m'effondrais sur mes genoux, sonné. Les dents serrées, je sentais du sang s'échapper de mon crâne et une douleur lançant sur le haut de ma tête. Il me tira violemment en arrière en agrippant mes cheveux, lorsque j'aperçus le directeur se faire tirer au même endroit dans lequel je me trouvais.

Le jeune homme posa la pointe de l'arme à feu sur mon front, et il descendit le masque de son visage pour qu'il s'expose à mes yeux : Il était magnifique. Sa mâchoire finement tracée, il avait une peau parfaite légèrement caramel, un nez droit et des yeux obnubilant. Il jeta un regard discret sur le haut du bâtiment, mon esprit se figea en remarquant qu'il observait les caméras, que personne ne surveillait.

Les bruits de ses coéquipiers, toujours aussi brutaux, devinrent des bruits de fonds. Ses yeux gris se trouvaient envoûtant à regarder bien qu'il ne s'agissait certainement pas du meilleur moment.

Il plissa les paupières en lâchant un léger rire, avant qu'il ne retire l'arme de mon front pour la poser sur mes lèvres, et lança soudainement.

– Suce ou je te pète la cervelle, connard.

Ma bouche s'entrouvrit et il enfonça l'arme entre mes lèvres. J'avais eu un mouvement de recul, c'était terrifiant. Je sentais la pointe proche de ma gorge, et me dire qu'à tout moment, s'il appuyait sur la détente, c'était fini pour moi. Alors, je fis ce qu'il m'avait ordonné. Mes lèvres entourèrent la matière lisse de l'arme et le type explosa de rire.

C'était humiliant. Très humiliant. Tous ses coéquipiers me reluquaient ouvertement en me voyant faire ces gestes grossiers sur cette putain d'arme qui me terrorisait au plus profond de mon âme. Je sentais le goût dégueulasse du caoutchouc s'installer dans ma cavité buccale. Le type s'agenouilla à son tour sans retirer l'arme, et murmura.

– Bon toutou.

Puis, il se releva et me plaça un coup de pied en plein dans les côtes. J'avais geint. Le jeune homme posa sa chaussure sur le haut de mon crâne et me poussa à la renverse.

– Grouillez-vous avec ce porc, putain ! Il s'exclama.

Il doit être le chef de la troupe.

Ils avaient sans doute amené le directeur dans la chambre forte. Avec un peu de chance, quelques vigiles restaient là-bas mais c'était purement inutile. Les braqueurs étaient nombreux et armés de fusil d'assaut très dangereux. Trop dangereux pour se permettre de riposter. Il était facile de tuer avec ce genre d'armes, mon père m'en avait beaucoup parlé.

L'arme la plus utilisée des braqueurs, une automatique. Plus connue comme étant la meilleure arme au monde.

Le type s'était avancé, tandis que d'autres repartaient en courant avec les sacs remplis d'argent. Des coups de feu, encore, certainement pour faire taire les employés ou les empêcher de faire le moindre geste. Je haïssais ce genre de situation -ce qui était plutôt compréhensible-, en revanche, je n'avais jamais vu de braquage mortel, à part pour eux. Ils ne faisaient que preuve de domination envers nous en général, jamais ils n'osaient tirer sur des gens innocents.

J'entendis la voix du directeur s'élever.

– Vous ne vous échapperez pas sans aucune conséquence ! Hurla-t-il, avant que je ne l'entende gémir.

– Ta gueule, enculé.

– On se casse les gars ! Un mec hurla en portant deux gros sacs noir avec lui.

Soudainement et de gestes qui m'étonnèrent sur le coup, je m'étais relevé debout pour placer un coup dans les couilles du type qui m'avait pointé en premier. Il avait crié, j'en avais profité pour attraper son flingue et la tirai vers moi pour la prendre entre mes doigts.

Forcément, tous me visèrent instantanément en me voyant posséder une de leurs armes, je me tournai directement vers le beau jeune homme qui m'avait forcé à faire une stupide fellation à son automatique.

– Pose ton arme ou je tire. Prononçai-je froidement.

Un sourire se dessina sur ses lèvres : il n'avait pas même réagi. Mon esprit se figea lorsqu'il se mit à viser le directeur.

– Pose ton arme ou je tire. Il lança à son tour.

– Putain, fais pas ça ! S'exclama l'un de ses potes.

Nos yeux ne se détachaient pas une seule seconde. Mes mains tremblaient. Je ne savais même pas comment m'en servir, mais l'adrénaline m'avait poussé à agir ainsi. C'était une situation encore plus horrible que ce que j'avais pu imaginer, car à tout moment, avec cette chose, je pouvais retirer la vie à quelqu'un juste en appuyant sur la détente.

– Commence par la charger, d'abord. Il m'expliqua en soupirant.

Il se foutait ouvertement de moi. Ce type ne craignait pas que je tire, parce qu'il savait très bien que je ne pouvais pas le faire. Il avait même fini par poser son automatique sur son épaule, une main sur sa taille.

– Alors ? Tu te dépêches ? On a pas le temps.

– V-Vous ne partirez pas d'ici.

– Ouais, ouais.

Il avait ricané avant de bailler.

– Miko, s'teupl.

Mes yeux s'écarquillèrent et j'avais esquissé une nouvelle plainte lorsqu'une autre personne me mit un coup dans les côtes. Je tombai à genoux, lorsque le jeune homme s'était approché, il releva mon visage par une prise sur le col de ma chemise, pour coller ses lèvres sur les miennes.

Sa langue se fraya un chemin pour trouver la mienne alors que je gémissais contre lui, et encore plus lorsqu'il mordit à sang ma lèvre inférieure. Il se détacha aussi brusquement de moi en gloussant, et s'essuya d'un coup de revers de la main sa bouche ensanglantée.

– T'as bon goût, c'est vraiment dommage de ne pas avoir plus de temps pour profiter.

Je lui jetai un regard noir alors qu'il souriait.

– À plus tard, trésor.

Un énième coup sur ma tête.

[...]

– Aïe...

– Excuse-moi.

J'étais assis à l'arrière d'une ambulance, aux soins d'une femme plus âgée que moi. Elle me nettoyait le visage avec ses cotons et ses produits désinfectants de gestes minutieux. Elle était arrivée à me soigner le visage : ma pommette, ma lèvre et mon arcade sourcilière avaient pris un coup. C'était horriblement désagréable. Cela me tiraillait.

Le contact du froid sur ma lèvre inférieure me faisait gémir. Le type m'avait mordu jusqu'au sang, je sentais une fine coupure sur le coin de ma bouche. L'ambulancière était concentrée sur ses gestes. Elle m'avait déjà partiellement soigné la blessure sur mon crâne, sur mon arcade sourcilière, ne restaient plus que celle de ma bouche qu'elle faisait, et celle de ma pommette.

Les flics étaient arrivés presque plus de dix minutes après nos appels, donc environ six minutes après que les braqueurs soient partis. C'était ridicule, et cela m'énervait. La police était pourtant à deux rues d'ici mais étrangement, ils étaient tous occupés par des délinquants aux quatre coins de la ville, comme si tout cela était prévu pour que personne ne puisse aller gérer la situation d'un putain de braquage de banque en plein cœur de Séoul.

En arrivant ici, les policiers nous avaient bien sûr tous pris en charge, le directeur en premier qui avait même été transporté à l'hôpital. Tous les autres employés étaient comme moi, soigné par les ambulanciers arrivés sur place il y a tout juste huit minutes.

Les flics étaient en train de prélever tout ce qu'ils pouvaient prélever sur la scène, des banderoles d'interdiction avaient été levées un peu partout pour sécuriser la zone. La rue était bloquée, des dizaines de forces de l'ordre étaient intervenues. Quelques autres ambulances pour guérir les blessés, et des journalistes.

Mes yeux étaient baissés sur ce que je pouvais apercevoir du sol. Il n'était qu'à peine seize heure, le braquage avait eu lieu en plein jour et aucune personne n'avait eu l'idée d'appeler les flics ou l'armée en urgence pour prise d'otage et braquage de banque. Non, parce que ceux-ci étaient occupés à gérer des petits cons en centre-ville trop occupés à draguer lourdement des femmes ou frapper des vieux pour voler leur portefeuille.

J'étais très énervé. Mon téléphone n'arrêtait pas de vibrer, sans doute les appels de ma mère suite aux nouvelles. Bon sang, ils s'enfonçaient : les braqueurs devaient certainement rigoler en se voyant à la télévision, pourquoi parlaient-ils d'eux ? C'est ce qu'ils attendaient !

Un soupir de ma part.

– Ça va aller ?

– Je ne pense pas vraiment avoir le choix, vous savez.

– Je me doute. Mais tout est fini maintenant.

Bien vu, Sherlock.

...

J'étais très énervé.

Mes sourcils étaient vulgairement froncés, je m'obligeai à ne pas regarder l'ambulancière qui ne faisait que son travail pour qu'elle ne se sente pas agressée. Je pensais qu'elle le savait puisque je n'arrêtais pas de soupirer et ma jambe tressautait sans cesse.

Assis sur le brancard, les portes de l'ambulance étaient grandes ouvertes. De loin, je voyais Eun Ri allongée sur un des lits d'un autre véhicule, deux personnes autour d'elle qui secouaient des éventails. Je voyais d'ici qu'elle était complétement dans les vapes : c'était certainement la première fois qu'elle était témoin et victime d'un braquage.

Par chance, j'avais déjà donné mon témoignage aux policiers, qui étaient toujours là pour interroger les autres. Ils étaient venus me voir pendant que la femme me soignait le haut de mon crâne, cela avait été tout de même un peu long puisqu'ils m'obligeaient -et je le comprenais- à rentrer dans les détails.

Tout avait été passé au peigne fin, et je savais très bien qu'ils allaient encore devoir me garder sous surveillance.

Oh, je détestais cela. Pourquoi étaient-ils venus aujourd'hui ?

– Voilà, j'ai terminé. M'informa l'ambulancière.

– Merci.

– Vous avez peut-être besoin que quelqu'un vous ramène chez vous ?

– Non, ça va aller. J'ai sincèrement besoin de prendre l'air. Avouai-je.

Elle acquiesça silencieusement en secouant sa tête, et je descendis de l'ambulance à la suite sans oublier de la remercier encore une fois. Je revins vers les policiers qui me tendirent mes affaires à la suite.

– Tout est bon pour nous, M.Jeon. Nous avons bien pris en compte votre témoignage. Nous vous contacterons plus tard.

– D'accord. Merci, et bon courage.

Ils me lancèrent un léger sourire pendant que je me tournai dans l'autre sens en soupirant. Je fouillai alors dans mes poches pour sortir mon téléphone, et aperçus quelques dizaines d'appel manqués de ma mère, et deux autres messages.

Ayant jugé un besoin de calme soudain, je replaçai alors mon portable dans ma poche tout en sortant mon paquet de cigarettes. J'en allumai une avec mon briquet et tirai dessus tout en m'éloignant silencieusement de la banque, en passant entre les gens intrigués de la scène et de la forte présence des forces de l'ordre. Certains me dévisageaient, moi et mes blessures logées sur mon visage, mon air désespéré de la situation et ma clope au bec.

Cela ne faisait que 10 jours. 10 jours.

Après un léger silence, je me retrouvai dans les rues moins bondées de monde. Je n'habitais pas très loin du centre-ville de Séoul, je vivais en collocation avec des amis, dont un en particulier m'avait envoyé un message.

Tae - Moi
Alors mon petit chien ? <3


Un ricanement s'échappa de mes lèvres, que j'essuyai par la suite.

Quelle bande de cons.

Cela ne faisait que 10 jours que j'y travaillais.

Moi - Tae
Bien joué, connard ;)

- - - - - - - - - -

Bonjour !

Enfin le premier chapitre de "Partner" - le titre doit vous paraître plus équivoque désormais :'> mais la suite sera plus surprenante encore -

Qu'en pensez-vous ? J'espère que l'intrigue générale vous plaît, et qu'elle vous plaira tout autant !

Des idées pour la suite ? -ou des questions, peut-être ? -

J'en profite pour le rappeler : cette histoire comportera des scènes assez dures, de violences et sexuelles ainsi que des choses illicites (drogues et alcools) donc je la déconseille fortement aux publics jeunes et je place d'avance des TW !
- s'il-vous-plaît, c'est très important puisque je ne placerai pas tout le temps des alertes en vue de ces scènes-la - J'espère au moins que vous l'aurez pris en compte !

Je vous laisse sur ce premier chapitre et vous dis à la prochaine! Prenez soins de vous, à très bientôt !


<3

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