J'aurais aimé commencer cette histoire en me vantant d'être l'un de ces héros de roman courageux et vaillants, qui brillent autant par leur bravoure que par leur bienveillance et que tout le monde admire, même les animaux. Mais ce serait mentir. Et s'il y a bien une chose que je déteste, c'est le mensonge. Vous verrez rapidement que je n'ai pas grand-chose d'un exemple à suivre, mais au moins, je suis honnête sur ce point.

Donc, je me présente : moi, c'est Nathan. J'ai 17 ans et trois quarts (oui, ça compte !). J'habite en Seine-Saint-Denis, le genre d'endroit qui fait frémir les gens quand on leur en parle, comme si on évoquait un territoire oublié de la République. Mon quartier n'a pas de monument connu ni de carte postale, juste des tours grisâtres et des rues où on apprend vite à se méfier. Si vous n'y vivez pas, vous ne pouvez pas comprendre.

Les profs et les adultes, en général, m'ont collé une étiquette depuis longtemps : « gamin perdu », « mauvaise graine » ou encore « raclure du quartier ». Mais franchement, ils savent quoi de moi, ces gens-là ? Au fond, je ne suis pas une raclure. Je fais ce que je fais pour survivre, point. Ce n'est pas une excuse, mais c'est une réalité. Si vous aviez ma vie, vous feriez quoi, vous ?

Malgré mes conneries, je me dis parfois que j'aurais pu avoir une autre vie. Parfois, dans mes rares moments de calme, je rêve d'un monde où je pourrais être plus que ce que l'on attend de moi, plus que ces étiquettes. Peut-être que c'est pour ça que je veux raconter cette histoire. Pas pour me justifier ou me faire plaindre, mais pour que, la prochaine fois que vous croiserez un gamin comme moi, vous hésitiez avant de juger. Parce que derrière chaque regard, chaque acte, il y a une histoire. Voici la mienne.