Aujourd'hui, j'ai voulu m'arrêter à la boulangerie où on s'est rentrés pour acheter une petite tarte aux fraises. L'entraînement avait été épuisant, alors je voulais m'offrir une récompense avec mon fruit préféré. Lilly ne peut pas encore en manger, mais elle adore goûter la crème pâtissière sur ma cuillère. J'avais hâte d'aller la chercher chez la nounou, alors j'essayais de me dépêcher.

-Presnel ?

Je n'ai pas reconnu cette voix, alors j'ai relevé la tête, un peu perplexe, et je suis tombée sur le visage de ta mère. J'ai réalisé à ce moment-là que je n'allais pas pouvoir l'éviter indéfiniment : c'est dans cette boulangerie qu'on s'est rencontrés, toi et moi, alors naturellement, c'est dans celle-ci que le reste de ta famille vient acheter son pain.

-Bonjour, ai-je répondu, un peu surpris de voir que ta mère n'avait pas l'air au meilleur de sa forme.

Je ne l'avais vu que deux fois auparavant, mais cela m'avait suffit pour me faire une image d'elle, sûrement basée sur des a priori. Une femme toujours tirée à quatre épingles, qui savait ce qu'elle voulait et ce qu'elle ne voulait pas. Surtout en ce qui concernait sa fille.

-Où est la petite ?

-La petite n'est pas là.

Cette réponse était froide, glaciale, même. En vérité, j'étais heureux que Lilly ne soit pas avec moi à ce moment-là : ta mère ne méritait pas de la voir.

-Est-ce qu'on pourrait discuter ? Même quelques instants, ici ? m'a-t-elle proposé en me montrant les marches auxquelles Lilly s'était rattrapée, et j'ai retenu un rire ironique.

-Je crois qu'on s'est tout dit.

-Presnel... il faudrait que tu te mettes à ma place.

-Je n'ai pas le temps de me mettre à votre place. J'ai une fille à élever seul.

Sur ces mots, je suis entré dans la boulangerie. J'ai acheté ma tarte aux fraises, et je suis partie sans jeter un seul regard à ta mère.