Aujourd'hui, ta mère est venue.

Lilly était à la sieste, et moi, je faisais des crêpes. Depuis que Lilly commence à pouvoir mâcher, c'est devenu son goûter préféré, et ses yeux s'illuminent à chaque fois quand elle se réveille et qu'elle en voit. Mais j'ai été interrompu par des coups à la porte, et quand j'ai regardé par le judas, c'était ta mère.

Alors j'ai reculé doucement, sans faire de bruit, et je suis allé me cacher dans la salle de bain, pour être sûr qu'elle ne m'entende pas, et Lilly non plus. Je ne comprends pas vraiment ce qu'elle faisait là, et je ne voulais pas la voir. Je ne voulais pas entendre ce qu'elle avait à me dire non plus. Ta mère ne comprend pas, de toute évidence, et sa visite à la maison n'allait pas changer ça.

Je suis resté caché longtemps, je ne sais pas combien de temps. Puis j'ai fini par me dire qu'elle était parti, et j'ai terminé ma pâte à crêpes. Je pense déjà souvent à toi, dans ma journée, mais cet événement n'a pas amélioré les choses. J'ai imaginé notre vie si tu n'étais pas partie, je nous ai imaginé préparer ces crêpes tous les deux pour notre fille. On aurait rigolé, discuté, on aurait passé un bon moment. Puis quand Lilly s'est réveillée, tu serais allée la chercher, et tu aurais été celle qui lui fait tous ces câlins et tous ces bisous à son réveil. Tu aurais vu son petit air fatigué, ses cheveux ébouriffés, ses mains qui frottent ses yeux, ses bâillements. Et on aurait pris notre goûter tous les trois, en famille.

Mais tu es partie. Je suis allée chercher Lilly dans sa chambre, et nous avons pris notre goûter tous les deux. Elle a voulu jouer avec ses cubes qui s'emboîtent, alors c'est ce que nous avons fait. Et j'ai fini par oublier momentanément la visite de ta mère.

Tu es partie, mais la vie continue.