[Participations] Etape 1: Nerd_reveuse

Voici la participation de Nerd_reveuse qui devait écrire une nouvelle à mi-chemin entre l'espoir et la tristesse, il faut qu'un des personnages secondaires soit un "traître" (tu peux le prendre dans tous les sens du terme). La nouvelle doit être triste (ou mélancolique, on ne demande pas forcément de faire pleurer (mais c'est un plus) juste que ça ne soit pas joie et paillettes XD) mais le personnage principal ne doit pas être celui/celle qui est désespéré.


Voici donc sa nouvelle: La vie en dansant


Lili danse. Elle danse partout. Dans la rue, dans sa maison, en rentrant de ses cours. Partout. La danse, c'est sa passion. C'est ce qui lui permet d'échapper au monde qui se referme sur les gens comme un piège mortel. Qui les broie.

Un jour, on dit à Lili que la guerre a éclaté. Elle s'inquiète, parce que la guerre, c'est laid. Ça te tue un monde. Elle s'inquiète parce qu'on lui dit que la guerre, c'est pour tuer ceux qui sont différents. Elle s'inquiète pour son amie Joséphine. Elle est juive, Joséphine. Et Lili a peur pour elle.

Pour ne pas pleurer, elle danse. Elle danse pour que tout s'arrange. Elle danse en évitant les bombes qui tombent. Elle danse plus vite, plus fort, plus loin. Elle danse parce que c'est son destin.

Lili tournoie dans les rues de la ville désertée. Elle est l'une des rares à rester. Et, pour rester positive, elle danse.

Lili, elle espère que quand la guerre sera finie le monde sera en paix. Elle espère qu'elle pourra aller dans une école de danse après la guerre. En fait, elle espère que tout va s'arranger.

Et puis Lili voit l'horreur de la guerre. Elle voit ses parents partir loin. Elle voit Joséphine être emmenée. On lui dit qu'ils ne reviendront pas. Et elle y croit.

Elle voit des livres se faire brûler sous ses yeux. Elle voit des gens qui partent au loin. Mais que peut-elle faire ? Ça fait des mois qu'elle se cache, avec d'autres personnes. Elle ne peut rien faire, et ça la met en rage.

Lili tournoie, tant bien que mal, dans la guerre, pour ne pas perdre son humanité. Dans les rues, après les bombes, elle voit les gens qui pleurent. Elle, elle n'a plus personne à pleurer. Pour les aider, elle danse. Pour les soulager et prendre un peu de leur douleur.

Ses pieds frappent le sol, ses cheveux volent autour d'elle, et elle danse pour tenir debout. Elle se sent vide.

Le soir, au refuge, devant le feu, elle danse. De plus en plus vite. Malgré le monde, malgré le noir, malgré les bombes, Lili espère la fin de la guerre. Alors elle danse pour redonner l'espoir à Frida, qui pleure parce que son fils est mort devant elle. Elle danse pour soulager John, qui pleure parce qu'il a peur pour sa famille. Et elle écoute.

Le soir, au refuge, devant le feu, ils cherchent un moyen de recueillir plus de gens recherchés. Lili ne sait même pas pourquoi on la cherche. Pourquoi ses parents ont été enlevés. C'est pas grave, si elle a deux mères. Et pourtant, c'est interdit. C'est pas grave, si Maman est noire. Et pourtant, c'est interdit.

Alors Lili aide comme elle peut. Elle ramène des gens au refuge et elle les aide. Et, le soir, devant le faible feu, elle danse.

Un jour, le refuge est découvert. Frida sourit en les voyant enchaînés, et elle crache sur leur passage, et Lili ne comprend pas.

Elle est emmenée dans un train crasseux et sombre, et on l'amène jusqu'à un camp. L'officier devant elle dit à son camarade qu'il n'aime pas devoir aller à Auschwitz. Et Lili comprend que c'est le nom du camp.

Pour se donner du courage, Lili chante, parce qu'elle ne peut pas danser. Elle ne chante pas très juste, mais elle chante quand même, et ça lui met du baume au cœur. On lui dit d'avancer, et elle le fait. Que pourrait-elle faire d'autre ?

Dans son baraquement, il fait froid. Les gens sont désespérés. Sa voisine ne peut pas empêcher les larmes de couler pendant la nuit. Et Lili se déteste, parce qu'elle ne peut rien faire pour empêcher ça.

Alors, pour pouvoir encore sourire, elle danse la nuit. Mais elle ne dort plus beaucoup, et on lui donne juste assez à manger pour qu'elle ne meure pas de faim.

Lili danse pour oublier le monde, elle danse pour faire rire encore les enfants, pour faire sourire les parents, pour faire oublier leurs larmes aux vieux. Un garçon qui a pris son harmonica l'accompagne, de l'autre côté du grillage. Et elle se prend à espérer.

Et puis, un jour, sa voisine s'effondre. Elle est forte, mais elle n'en peut plus, et elle n'a plus aucune échappatoire. Alors elle s'effondre et elle pleure. Et elle se laisse mourir. Lili sent ses larmes couler. Elle l'aimait bien, Isabelle. Elle était gentille.

Mais Lili, pour échapper à la noirceur (mais c'est impossible), elle danse la liberté. Elle danse comme avant, pour se convaincre que tout va bien. Et elle est fatiguée.

Et puis, un jour, on lui dit que c'est son tour. On la traite de dégénérée, on lui crache dessus, on l'insulte. Mais Lili garde la tête haute, parce qu'elle est fière d'avoir deux mères, parce qu'elle est fière que Maman soit noire. Elle est fière d'être ce qu'elle est. Mais, bien sûr, à l'intérieur, ça va pas.

On la met sous la douche, et le gaz vient et l'enveloppe et la tue. Comme ça. Et elle part. Elle voit la Mort qui s'approche d'elle, et elle lui sourit tristement. C'est bête, de mourir pour ça. C'est bête, la guerre.

Et Lili meurt. On raconte qu'en mourant, elle dansait. On raconte qu'en mourant, elle espérait encore la fin de la guerre. On raconte qu'en mourant, elle a dit que la mort serait une merveilleuse aventure.



Voilà, une nouvelle courte mais incroyablement poétique et bien dans le thème.

Si vous avez des avis, conseils c'est ici (seulement si l'auteur est d'accord et que cela respecte les règles)

Paillettes_Perfides

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