[Participations étape 1] AlbertaMars
Voici la participation de AlbertaMars qui devait écrire une dystopie. Le héros /l'héroïne doit, par un moyen ou un autre, réussir à visiter notre monde. Il faut qu'à un moment, elle se trouve face à un horrible dilemme.
Voici sa nouvelle: (Il y a un titre?)
PARTIE 1: CHUTE
Enlil prit son élan et atterrit sans mal sur le toit voisin. Les constructions, alignées au millimètre près, étaient propices à son crapahutage. Il évita de regarder en bas. La distance qui le séparait du sol était vertigineuse, même pour lui qui n'avait pas peur du vide.
Prenant appui sur le rebord du toit suivant, il se propulsa sur un conduit d'aération formé d'un tube aussi blanc que le reste des habitations. De son perchoir, il pouvait observer facilement les environs.
La luminosité des spots avait été baissée, mais la blancheur éclatante des bâtiments reflétait la lueur restante, à l'heure du couvre-feu. Le jeune homme aux cheveux blond pâle leva la tête vers le générateur central du quartier B-6.
La machine était constituée d'un disque au centre bombé, fixée à la paroi rocheuse par ses attaches métalliques. La faible lumière qu'elle émettait laissait voir toutes les anfractuosités de la roche. En se mettant sur la pointe des pieds, Enlil aurait presque pu frôler la voute du bout des doigts.
Il s'adossa à l'épais poteau situé au centre du toit, relié au plafond pour le soutenir, pour attendre qu'une patrouille de gardes en contrebas tourne au coin suivant, avant de reprendre son escapade aérienne.
Arrivé sur le dernier toit de son itinéraire, il inspira profondément, calculant son timing. Il glissa sa main dans la poche de sa veste aussi blanche que ses vêtements pour toucher du bout des doigts le tube de métal qui s'y trouvait, le rassurant de sa simple présence.
Le jeune homme entreprit ensuite de descendre de l'immeuble le long du conduit, manquant à de nombreuses reprises de tomber sur le sol de terre battue. Une fois en bas, il toqua sur une porte portant une inscription numérique, suivant un code précis. Trois. Un. Deux. Trois.
Au bout de quelques secondes, la porte s'ouvrit d'elle-même. Enlil vérifia de chaque côté de la rue qu'il était seul, bien que la lumière soit encore plus tamisée à cette hauteur, avant de s'engouffrer dans le bâtiment.
Le couloir était étroit et sombre, de telle sorte qu'il dut compter ses pas jusqu'à trouver à tâtons une porte sur le mur de droite. Le battant ne possédait pas de poignée. Mais quand Enlil se positionna en face de lui, il coulissa tout seul pour s'enfoncer dans le mur.
Finalement, ce n'était pas si compliqué d'entrer dans la révolte.
Le contraste entre la pièce et le couloir était saisissant. La salle était aussi vaste et lumineuse que le corridor était étriqué et obscur. Loin d'être vide, l'endroit fourmillait de monde qui, malgré l'heure tardive, s'activait autour de tables de travail chargées d'écrans et de gadgets, sous la lumière crue des néons, telle une ruche en pleine activité.
Enlil s'avança de quelques pas, la porte se refermant silencieusement derrière lui. Il était déjà venu plusieurs fois dans cette planque, mais l'organisation le stupéfiait toujours autant. Pourtant, ce n'était pas tout ce monde grouillant qui captait toute son attention, qui était concentrée sur une unique personne qu'il avait aussitôt remarquée. C'était comme une évidence, comme si un spot était braqué sur elle.
Cette lumière, loin d'être aveuglante, avait quelque chose de réconfortant, elle lui réchauffait le cœur. Alors, un sourire étirant ses lèvres, le jeune homme se dirigea vers cette clarté – sa clarté, même.
Le visage de la jeune femme, encadré par de longs cheveux noir de jais ondulés, s'illumina dès qu'elle aperçut Enlil. Celui-ci se retint de courir vers elle, comme dans l'un de ces anciens films désormais proscrits dont il avait pu sauver quelques exemplaires, se contentant de la prendre dans ses bras une fois arrivé à sa hauteur.
–Je t'ai tant manqué que ça ? le questionna Iris dans un éclat de rire cristallin.
Son compagnon ne lui répondit pas, lui transmettant sa réponse évidente d'un regard chargé d'émotions. Enlil était comme ça, il n'avait jamais vraiment eu besoin de mots pour s'exprimer. Son visage suffisait à énoncer ses sentiments, naturellement, comme si c'était une certitude depuis toujours.
Dommage pour eux que les sentiments ne soient pas pris en compte par l'intelligence artificielle qui décidait aléatoirement – ou pas, personne ne pouvait le savoir mis à part les autorités – de l'association de leurs âmes.
Dans leur société, c'était cette machine qui déterminait les unions. Une fois par an, tous les jeunes de vingt ans recevaient un hologramme les informant de leur nouveau partenaire.
La situation d'Iris et Enlil était inédite. Les sentiments avaient été éradiqués dès la naissance de chaque individu par une simple piqure. C'était cette intelligence artificielle qui en avait décidé ainsi, pour le « bien commun ».
Leur amour, tout comme la révolte, n'était qu'un bug dans le système bien huilé. Nul doute qu'il serait résolu, il y avait toujours réponse à tout.
Enlil savait depuis le début de leur relation qu'elle était impossible. Pourtant, jusqu'au moment d'actionner son hologramme, il n'avait pas pu s'empêcher d'espérer. Il n'en n'avait pris conscience qu'au moment où, à peine quelques mois auparavant, le prénom Séraphina s'était inscrit là où il aurait tant voulu voir Iris.
Bien qu'elle n'y soit pour rien, il s'était mit à détester cette femme qui avait prit la place de celle qu'il aimait, si bien qu'il avait trouvé une excuse à chaque fois que Séraphina souhaitait le voir.
Et pour ça, la révolte les accueillait à bras ouverts.
Leur échange de regards s'interrompit lorsque le capitaine de cette base, un certain Ouros, se racla la gorge, les contraignant à se tourner dans sa direction. Les yeux de l'homme, orageux, les observaient sévèrement. Passant une main dans sa courte barbe noire assortie à ses cheveux drus, il s'adressa à Enlil.
–As-tu trouvé les plans ?
–Il y a eu une sorte... d'imprévu...
Le jeune homme regretta ses paroles quand Ouros le foudroya du regard. Il ne supportait visiblement pas l'échec. Cela tombait bien, car en soi, Enlil n'avait pas échoué. Il avait même fait mieux que prévu.
–Ceci saura vous satisfaire, s'empressa-t-il d'ajouter en lui tendant le cylindre métallique qu'il tira de sa poche.
Lorsque son poids quitta sa main pour passer dans celle de son supérieur, il se sentit soulagé d'une responsabilité qu'il n'était pas prêt à assumer.
Ouros inséra la clé dans un espace logé près d'un écran de contrôle holographique, adossé à l'un des murs de la pièce. Une projection y apparut. Enlil n'avait aucune idée de ce dont il s'agissait, mais la silhouette élancée l'avait interpellé, si bien que dans la bibliothèque digitale, il avait emporté celle-ci plutôt que les plans pour lesquels on l'avait missionné.
Il avait risqué sa vie et failli se faire prendre. Mais quand il voyait cette forme majestueuse, à la fois délicate dans la dentelle de ses ramures et solide dans sa large base, il était certain que cela en valait la peine.
Enlil prit conscience à cet instant que toute la salle retenait son souffle, on aurait entendu un drone ultrasilencieux voler. L'air été chargé de ce que chacun pensait sans oser le formuler. Tous avaient abandonné leurs activités, comme en témoignaient les objets jonchant le sol, pour observer respectueusement l'écran. Même Ouros, d'habitude pressé, semblait hypnotisé.
Aussi, Enlil fut donc le seul à se rendre compte que quelque chose clochait. Le cylindre émettait une lueur rouge clignotante. Ce qui signifiait que quelqu'un remontait leur piste.
En rapportant cette preuve dans la base de la révolte, il venait de les jeter dans la gueule du loup. Ou plutôt d'attirer le loup à eux.
Dans un fracas assourdissant, des rayons lumineux bleu pâle transpercèrent les murs de leur abri. Aussitôt, tout le monde sortit de sa torpeur pour se protéger sous les tables. Certains prirent la fuite par les portes latérales, emportant des documents avec eux.
Des soldats de la garde pénétrèrent par les murs défoncés, tirant sur tout ce qui bougeait. Enlil vit plusieurs de ses camarades être désintégrés. Il rampa jusqu'à l'écran de contrôle, se frayant un chemin à travers la cohue et les jambes courant en tous sens.
D'un geste vif, il débrancha le cylindre et l'hologramme s'éteignit. Il n'eut pas le temps de fuir. Un soldat le plaqua au sol et le morceau de métal roula par terre, inatteignable.
Au bout de quelques minutes, le silence revint, lourd de peur. Les membres de la révolte encore en vie furent alignés dos à l'un des murs, les armes de la garde pointées sur eux.
Ayant identifiés les chefs, Enlil, Iris, Ouros et plusieurs autres furent menés à part. On les força à ingérer une pilule bleue difficile à déglutir. Le jeune homme essaya dans un premier temps de la garder en bouche, mais il l'avala en paniquant.
Il aurait voulu serrer Iris dans ses bras, mais les militaires les tenaient toujours en joue. Il avait parfaitement conscience de ce qui allait suivre. Le seul mystère dans leur situation résidait en ces pilules qu'ils avaient été les seuls à ingurgiter.
Tout était de sa faute. Il aurait du se contenter de suivre les instructions à la lettre.
Le cliquetis des armes retentit, brisant le silence pesant.
–Recevez votre châtiment, sentencia le chef du groupe armé, donnant le signal attendu.
Tous en même temps, les soldats appuyèrent sur la détente. Des rayons bleutés jaillirent des canons, se dirigeant droit sur eux.
Enlil garda les yeux grands ouverts, prêt à affronter la mort. Ou à la suivre, du moins.
La lumière azur l'enveloppa entièrement. Il ne sentit aucune douleur. Juste un sentiment étrange. L'impression que quelque chose clochait.
Il venait de mourir. Pourtant, il en était sûr, il parvenait encore à formuler des pensées cohérentes, exactement comme lorsqu'il était encore en vie. Peut-être était-il en plein délire.
Toutefois, la source lumineuse, qui semblait venir de partout et nulle part se tordit en une puissante vague. Tout l'espace se distordait. Il n'y avait plus de haut ni de bas. De toute manière, le jeune homme n'était pas présent dans cette espace, physiquement parlant. Il était seul, aucune trace de ses camarades qu'il avait trahis involontairement.
Il ressemblait à un fantôme, à moitié translucide, mais ressentait pleinement l'attraction de la lumière. Celle-ci, après moult remous, se stabilisa enfin en une sorte de halo d'un bleu plus puissant qu'avant, juste devant lui. Ou peut-être était-ce derrière.
Enlil décida de s'y aventurer. Aussitôt, sa projection spirituelle et son esprit se retrouvèrent à l'entrée du tunnel, qu'il voyait s'étirer en spirale. Sa volonté lui fit découvrir que le chemin n'était accessible que d'un seul côté de la source de lumière.
Alors, il y entra. On dit souvent que lorsque l'on meurt, on passe par un tunnel. Cette route tenait plus du toboggan. C'est en tout cas ainsi que Enlil l'appréhenda, puisqu'il n'y avait aucune gravité.
Il glissa pendant ce qui sembla être une éternité. Le temps n'avait pas d'emprise sur la mort. C'était l'inverse.
La mort qui mettait fin au temps.
Mais la mort n'était peut-être qu'une étape.
Un nouveau commencement.
PARTIE 2 : ATTERRISSAGE DOULOUREUX
Enlil ouvrit les yeux, aussitôt agressé par la lumière. Mais pas une lumière bleutée, non. Celle-ci était plus puissante que le halo de la mort.
Lorsque ses pupilles se furent accommodés à leur environnement, il comprit. Il était à la surface.
Le jeune homme se trouvait allongé, au beau milieu de baguettes vertes ondulant sous une force invisible, le visage tourné vers une infinité bleue, parsemée de taches blanches filandreuses.
Et, tout en haut, loin, très loin, se trouvait une boule lumineuse blanche qui brillait de mille feux. Enlil n'avait aucune idée de ce que ça pouvait bien être, à part un spot ultrapuissant. Tout ce dont il était sûr, c'est que cette énergie cosmique lui réchauffait le cœur, comme Iris le faisait.
Elle était sûrement morte, à l'heure qu'il était...
Il rassembla la force nécessaire pour se lever et faire quelques pas, caressant de ses pieds les pousses vertes. Le garçon glissa ses mains dans ses poches, à la recherche d'un quelconque objet qui pourrait l'aider.
Il découvrit deux choses. Premièrement, il était habillé d'un haut pâle et d'un pantalon en tissu bleu foncé et rêche. Il était parfaitement sûr de n'avoir jamais enfilé ça de son plein gré. Il y trouva plusieurs objets hétéroclites qu'il n'avait jamais vus.
Enlil extirpa d'une de ses poches plusieurs ronds métalliques brillants, frappés d'inscriptions incompréhensibles. Peut-être s'agissait-il de sortes d'armes à lancer ? Il les rempocha, notant qu'elles pourraient être utiles.
Il dénicha ensuite un rectangle noir, de la taille de sa paume. En l'examinant sous toutes les coutures, il trouva un bouton qu'il enfonça aussitôt. L'écran s'illumina. Parfait. Quelque chose qu'il connaissait à peu près.
Il tapota la surface, supposant que la sorte de bulle lui permettrait de converser avec la machine. Au lieu de quoi, l'appareil afficha bien une série de bulles, mais déjà inscrites.
Les lettres lui semblaient bizarres, bien différentes de celles dont il avait l'habitude. Pourtant, il parvenait parfaitement à les déchiffrer au bout de quelques secondes, comme si son cerveau devait ouvrir un vieux dossier rangé depuis longtemps.
Un rendez-vous.
- Latou réfelle..., murmura-t-il en lisant ce nom de lieu inconnu.
Il porta une main à sa gorge. Ce n'était pas sa voix. La sienne était moins grave. C'était sûrement à force de crier lors de l'attaque qu'elle s'était éraillée...
Enlil soupira puis continua d'explorer. Il tomba sur un autre logiciel, où il pouvait trouver des images de qualité médiocre, beaucoup plus floue que les hologrammes.
La première photographie montrait trois rangées d'adolescents prenant la pose, souriants. Après avoir examiné attentivement chaque visage, il passa à la suivante. Seules deux personnes y apparaissaient, postées devant une grande construction métallique ressemblant à un trépied, plus âgées que sur la photo de groupe.
Car Enlil était sûr que cet homme, qui passait son bras autour des épaules de la femme brune qui l'accompagnait, correspondait au garçon dans le coin supérieur de la première photo, en plus âgé, qui regardait peu discrètement sa voisine, celle qu'il tiendrait dans ses bras plus tard.
Le jeune homme fit glisser l'image, mais à part ces deux-là, le gadget était vide. Néanmoins, sur l'écran noir s'affichait une croix blanche. Il appuya dessus, et l'appareil le redirigea vers une autre icone.
Une fois le chargement terminé – qu'est-ce que c'était lent ! – Enlil étouffa un cri de stupeur.
C'était lui... Il tourna l'écran dans tous les sens pour en avoir le cœur net. Cela agissait comme un miroir. Et ce qu'il reflétait n'était autre que le jeune homme sur les photos, avec les mêmes cheveux bruns en bataille.
Pourtant, il était sûr d'être Enlil, pas cet inconnu. Mais alors, que faisait-il dans un corps qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau ?
Il soupira. Peut-être était-ce un essai de transplantation cérébrale... Malgré tout, quelque chose ne tournait pas rond. Il était censé être mort. C'était donc ça, la mort, une nouvelle vie ? Ou bien était-il au paradis, comme dans les mythes anciens ? Ça y ressemblait bien.
Pourtant, il se sentait aussi vivant qu'il l'avait toujours été.
Il revint à ce dont il était certain. Cette impression d'être là où il n'aurait pu l'imaginer. La surface de la planète.
PARTIE 3 : ICI OU LÀ-BAS ?
Le Soleil tapant fort – Enlil avait réussi à se remémorer son nom – le jeune homme marchait d'un pas décidé en coupant à travers champs, suivant la direction de la flèche de l'appareil provenant de sa poche.
Plus il avançait, plus sa destination se précisait. Un grondement continu ronronnait de plus en plus fort, au fur et à mesure qu'il approchait d'une masse sombre.
Le gadget lui conseilla de rejoindre une des routes pour attendre un bus. Le jeune homme obtempéra. Les bus devaient ressembler à ceux de l'endroit où il venait.
Il n'avait pas tort, si ce n'étaient les roues remplaçant les réacteurs habituels. Enlil observa attentivement l'homme qui montait juste avant lui. Ses cheveux grisonnants le déconcertèrent tant qu'il faillit oublier de le suivre.
Il répéta les gestes de l'homme. Sourire. Sortir les ronds métalliques de sa poche. Les échanger contre un papier. Rentrer le papier dans une machine. S'asseoir.
Tout semblait mécanique. Presque comme ça l'était chez lui, mais il ne voyait aucun garde pour le contraindre à le faire.
Le front collé contre la vitre, il observa l'extérieur pendant tout le trajet. Les étendues de plantes, puisque c'était leur nom, cédèrent bientôt place à une route bondée de drôles d'engins bruyants et nauséabonds. Sa mémoire les désigna comme des voitures.
Chez lui, enfin dans son ancien chez lui, tout le monde se déplaçait ensemble. Autant parce que c'était plus pratique que pour contrôler la population.
Après un long moment pendant lequel le bus roulait si lentement que Enlil aurait été plus rapide à pieds, le véhicule débarqua à l'intérieur de la ville.
De longues rues les attendaient. De part et d'autre se trouvaient des habitations et des commerces, d'où émergeait un flot continu de passants pressés, s'éparpillant dans toutes les directions sur les trottoirs bordés d'arbres, selon son cerveau.
Il en avait aperçu au bord de la route avant de pénétrer dans la ville, mais le bus roulait trop vite pour qu'il ait le temps de les admirer.
C'étaient eux qui retenaient toute l'attention d'Enlil, qui les trouvait bien plus surprenants que les habits étranges de ses congénères.
Les feuilles d'un vert profond tombaient en panache le long des branches, certaines finissant au pieds des passants. Majestueux, les troncs solides surplombaient la chaussée de bitume, la défiant de leur écorce brune et chaleureuse.
Il n'y avait plus de doute. C'était bien un arbre, l'hologramme volé. Les retombées de ce que cela signifiait l'assommèrent presque, il avait l'impression que le ciel s'abattait sur sa tête.
L'intelligence artificielle était donc au courant, puisque tous les fichiers étaient enregistrés dans sa mémoire. Alors pourquoi ne rien faire alors qu'elle aurait sûrement eu le pouvoir de faire changer les choses ?
Le jeune homme constata avec consternation que personne d'autre à part lui ne semblait prêter attention aux arbres. Pourtant, pour lui qui venait d'un autre monde dans lequel ils n'existaient pas, du moins plus, ils constituaient un véritable trésor.
Comment se faisait-il qu'autant d'arbres soient disposés un peu partout ? Plus le bus s'enfonçait dans la ville, plus il croisait de plantes. Il y en avait au moins plusieurs centaines.
Mais surtout, Enlil se demandait pourquoi. Pourquoi la végétation était développée alors que nulle chez lui ? Et d'où venaient les arbres ?
Tant de questions sans réponses. Il pourrait peut-être poser la question à la personne qu'il devait rencontrer. Elle – il était quasiment sûr qu'il s'agissait de la femme des photographies qui posait en compagnie du corps qui l'abritait – risquait de comprendre qu'il n'était justement pas celui qu'elle croyait.
Mais c'était sa seule piste. La seule chose qui le rattachait à ce monde étranger où les trésors courraient les rues.
C'était pourquoi il avait décidé de venir à ce rendez-vous. Son gadget lui avait apprit qu'il ne lui restait que deux heures avant le moment fatidique, enfin si Enlil avait bien déchiffré les inscriptions numériques.
Ce qui était étrange, c'était qu'il n'arrivait pas, même en sondant profondément sa mémoire, liée à celle du propriétaire de son corps, à trouver quel était le nom de cet appareil. Pourtant, il voyait bien que tous les autres passagers du bus, ou presque, possédaient le même genre d'écrans rectangulaires.
Il connaissait le mot « arbre » mais pas celui qui désignait ce gadget. Alors que les humains de ce monde semblaient plus fascinés par eux que par les arbres magnifiques.
Il coupa court à sa réflexion quand le véhicule s'immobilisa et que l'Appareil-Qui-N'est-Pas-Un-Arbre lui rappela qu'il devait descendre à cet arrêt.
Enlil attendit pendant quelques secondes que la porte s'ouvre. Celle-ci resta obstinément fermée. Il en conclut qu'elle n'était pas automatique quand une femme agacée appuya sur le bouton rond se trouvant en son centre, avant de le bousculer pour passer.
Le jeune homme manqua se s'étaler de tout son long sur le sol de marbre.
L'esplanade s'étendait devant lui, bondée de touristes munis d'appareils photos crépitants de flashs lumineux. La pierre de couleur claire, ajoutée aux photographies, rendait la scène aveuglante, le tout se répercutant sur les deux bâtiments de part et d'autre de la place.
Mais ce n'était pas ce qui attirait tous les regards. Enlil suivit la cible des photographes, qui posait en contrebas, après un large pont, bien que sa grandeur les surplombe, au milieu d'arbres éclatants.
La tour Eiffel, puisque c'était apparemment le véritable nom du monument, était en tous points semblable à celle du cliché, bien qu'il ait été pris d'un point de vue différent, avec ses poutres métalliques et la foule étendue à ses pieds.
Enlil profita d'être sur un point élevé pour trouver le lieu exact du rendez-vous. Il sortit l'appareil mystérieux de sa poche et examina la photographie. Il devait se rendre à l'endroit où elle avait été prise.
En observant attentivement le cliché – il découvrit qu'il pouvait l'agrandir – le jeune homme remarqua des éléments notables.
Des arbres, encore eux, masquaient le bas du monument. Il en conclut que la photo montrait forcément une des autres faces de la tour Eiffel, celle qu'il observait étant parfaitement visible.
Ensuite, les deux jeunes gens enlacés n'étaient pas debout, comme il l'avait vaguement présumé, mais installés sur des chaises. On en voyait seulement le dossier, mais c'était le genre de meuble pouvant appartenir à un café.
Il avait vu ce mot écrit sur plusieurs panneaux pendant son trajet en bus. C'était un lieu où se restaurer. Parfait. Il n'aurait qu'à faire le tour de la tour.
Retrouvez les deux autres parties dans le chapitre suivant!
Paillettes_Perfides
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