[Participation] Etape 1: princesselupai 2
Voici donc la seconde partie de la participation de princesselupai dont vous trouverez la consigne et la première partie dans le chapitre précédent:
La pierre de l'Aurore. Symbole de son renouveau. Noély ne devait pas se permettre de le rater. Tout simplement parce que ses efforts auraient été vains.
Revigorée et plus déterminée que jamais, Noély partit dans un endroit où elle n'avait plus mis les pieds depuis une éternité : Rojysk, sa ville natale, l'une des plus riche du pays.
Pourquoi y retourner après tant d'années ? Elle risquait gros. Très gros. Mais si elle voulait voler cette pierre, il lui fallait revenir au pays. Parce que pour un bal masqué, il fallait avoir les moyens de se procurer une robe "convenable" pour les aristocrates. Noély les détestait. Plus que n'importe qui. Plus que le diable en personne. Elle voulait les oublier. Penser, espérer, qu'ils seraient tous, malencontreusement, morts dans des accidents de vols à vent. Ça arrive très fréquemment ! Plus que le vol à aigle ! Elle ne supportait pas leurs manières et leurs regards hautains avec leurs soupirs excédés lorsqu'une personne de leur rang faisait un pas de travers. Ils s'abandonnaient mutuellement.
Noély jura. En une fraction de seconde, toute la haine qu'elle contenait tant bien que mal, était ressortie. Elle avait besoin de se défouler. C'est alors qu'elle repensa à ses amis. Toujours là pour elle et de très bons puchingballs. Nathan, Alec et Antoine. Elle qui n'avait jamais éprouvé aucun sentiment de culpabilité commençait à se poser des questions. Et si jamais elle s'était trompée ? Et si, elle avait fait une erreur en leur enlevant des souvenirs ? Et si, finalement, elle n'était pas aussi seule qu'elle le croyait ? Et si, en volant cette pierre magique, elle commettait une erreur irréparable ? Et si le vieillard fantôme avait raison sur toute la ligne ?
"Non. Impossible. Je dois être vraiment fatiguée pour délirer à ce point" songea-t-elle.
Elle s'arrêta un instant au bord d'une petite rivière. Le chemin avait été long et éprouvant. Les jambes en compotes, Noély se laissa tomber le long du tronc d'un chêne imposant. La capuche de sa cape retomba doucement sur ses épaules. Le vent venait lui caresser les joues. Elle prit une grosse goulée d'air. Le clapotis de l'eau la réconfortait. Pour la première fois depuis longtemps, Noély se sentait en paix. En harmonie avec elle-même. Elle avait la sensation de voler. De planer au-dessus des nuages. Pour rien au monde elle n'aurait voulu quitter cet état second. En moins de temps qu'il ne le faut pour le dire, sa colère s'était évaporée.
Au bout d'une demi-heure, Noély se releva. Si elle voulait y être dans deux jours, le temps imparti, la dernière chose à faire était de traîner. Alors,en soupirant, elle se remit en marche pour terminer le plus tôt possible son long périple.
Elle ne s'arrêta que lorsque la fatigue se fit ressentir, à la tombée de la nuit. Noély se pelotona dans sa cape. Elle se demandait ce que faisait ses amis à cette heure. Épuisée, elle ferma les yeux et s'endormit presque aussitôt. Il ne lui restait plus que quelques kilomètres. Et c'étaient ceux qu'elle apréhendait le plus.
***
Nathan, lui, de son côté, continuait à vivre. Mais la nuit, quand tous les yeux étaient clos, Nathan se mettait à réfléchir. À essayer de retrouver ses souvenirs disparus. Parfois, de temps à autre, le même visage flou faisait irruption dans son cerveau, juste avant de se briser.
Mais, ce soir là, Nathan n'avait pas envie de réfléchir à cette mystérieuse personne. Il n'en avait plus envie. Il en avait marre. Il n'avait aucune réponse. Quand il parlait de cette vision, le monde autour se crispa et secoua la tête, ignorant qui pouvait être cette jeune fille. Mais ils mentaient. Nathan en mettrait sa main à couper. Ils savaient qui elle était. Mais alors, pourquoi le nier ?
Il se laissa aller. Il avait la tête grosse, prête à exploser. Il observa un instant ses deux meilleurs amis dormir. Eux, au moins, n'avait aucun souci. Enfin, "aucun" était un bien grand mot.
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Quand Gwendolin se réveilla, à l'Aurore, en même temps que le soleil, la jeune fille soupira.
- Mademoiselle a bien dormi ? demanda une femme plus âgée, en robe grise.
Gwendolin hocha la tête.
- Mara ? Puis-je être seule un moment, je vous prie, déclara-t-elle.
La jeune femme inclina la tête en signe de respect et sorti de la chambre, laissant enfin un peu d'intimité à Gwendolin. Celle-ci se redressa et s'assit en tailleur. Une position très inconvenable pour une demoiselle de ce rang. Mais elle n'en avait cure !
Elle jeta un regard circulaire à sa chambre, comme chaque matin. Elle était grande, spatieuse. Des tasses en porcelaine étaient posées sur la petit table ronde en bois d'acajou, au centre de la pièce. Elle avait tout d'une vie parfaite. Elle venait d'une famille aisée, très aisée, si ce n'est trop, mais Gwendolin en avait marre. Elle voulait être libre. Elle voulait pouvoir mettre des pantalons déchirés, pouvoir crier des jurons, elle voulait pouvoir voler et encore plein d'autres choses. Mais quand on est une aristocrate, on méprise les gens ainsi. Gwendolin baissa la tête. Elle devait être la gentille fille obéissante et docile que souhaitaient ses parents. Elle devait faire une croix sur ce rêve.
Mara, la gouvernante, entra à cet instant.
- Mademoiselle doit se préparer. Et ne pas oublier le bal de ce soir, dit-elle de sa voix calme et autoritaire.
"Ah ! Oui ! Le bal masqué. Un concept débile, où on doit danser en jolie tenue de poupée affublée d'un masque ridicule, qui, de surplus fini par tomber à minuit", songea Gwendolin.
Tandis qu'elle nouait ses cheveux bruns à l'aide d'un ruban de soie bleu, elle repensa à cette fille qu'elle n'avait jamais connu. Du moins, elle n'en avait aucun souvenirs. Cette fille, libre de ses mouvements et de ses choix. Celle qui a "salit la réputation des Vyperyn". Celle dont le prénom, ainsi que l'évocation était interdit. Celle qu'on n'appelait plus. Celle qu'on s'efforçait chaque jour d'oublier. Sa sœur. Une certaine Noély Vyperyn.
En fin d'après-midi, alors que Gwendolin se coiffait pour le bal du soir en silence, un grincement la fit sursauter. Elle tourna la tête vers la fenêtre, maintenant grande ouverte. Ses pupilles se rétrécirent ; une personne se tenait debout, dans sa chambre, cachée par une ample cape, recouverte d'une fine pellicule de neige. Celle-ci rabattit son capuchon. Gwendolin se trouva alors face à une jeune fille peut-être plus âgée de quelques années, seulement. Ses longs cheveux auburn ébouriffés faisaient ressortir ses beaux yeux verts. Son regard était menaçant et ses lèvres pulpeuses étaient pincées.
Gwendolin paniqua. Mara avait été convoquée par sa mère pour quelques "renseignements". Comment était-elle entrée ? Par la fenêtre ? Mais celle-ci était situé à plusieurs mètres de hauteur ! Quasiment impossible !
La mystérieuse fille toussa légèrement, haletante.
- Tu es bien... Gwendolin Vyperyn ? demanda-t-elle hésitante.
L'intéressée déglutit difficilement et hocha lentement la tête. La fille de la fenêtre hocha la tête.
- Et tu assistes au bal masqué de ce soir ?
Nouveau hochement de tête. Le cœur de Gwendolin battait la chamade. L'expression de la fille aux cheveux auburn s'adoucit.
- J'aimerai y participer. Mais il me faut une robe. Tu... Pourrais m'aider ? Par pure gentillesse, évidemment, dit-elle.
Gwendolin se crispa. Cette fille débarquait chez elle, pour demander un relooking ?
- Qui es-tu ? demanda-t-elle d'une voix tremblante.
Son interlocutrice releva un peu plus la tête.
- On ne t'a pas parlé de moi ? Cela ne m'étonne pas, répondit-elle.
Gwendolin fronça les sourcils. Elle devait la connaître ? La fille qui se tenait devant elle termina.
- Je suis Noély Vyperyn. Je suis être, ta sœur.
Gwendolin était au bord de la crise cardiaque. Sa sœur ? Celle dont elle rêvait de rencontrer quelques heures plus tôt ? Le destin faisait bien les choses. Mais avant que Gwendolin n'est pu réagir, Noély se précipita sur elle.
- Un mot et je te jure que je ferai de ta vie un enfer, déclara-t-elle en posant sa main sur sa bouche.
Gwendolin grogna un assentiment atténué par la main de sa sœur. Alors, Noély desserra son emprise. Dépassée par les évènements, Gwendolin souffla.
- Pourquoi veux-tu aller à ce bal...Noély ?
- Ça ne te regarde pas, répondit-elle sèchement.
- Hm... Si quand même un peu puisque je suis ta complice.
Après un temps de réflexion, Noély soupira et fini par céder.
- Je viens voler la pierre de l'Aurore.
Un silence pesant s'écoula avant que Gwendolin ne rétorque d'une petite voix, intimidée par Noély.
- Je... Je... Je ne crois pas que ce soit une super bonne... Idée...
- Oui, je sais. On me l'a déjà dit.
- Peut-être, mais ce que tu ne sais pas, c'est que c'est une arnaque. Elle n'a aucun pouvoir. C'est du toc. Il ne s'agit pas de la vraie pierre qui, elle, reste introuvable.
Noély se redressa, les pupilles dilatées.
- Et qui me dis que tu me dis la vérité ? Que tu ne dis pas ça pour m'empêcher de m'en emparer ? cracha-t-elle avec une grimace.
- Rien. Mais... Je le sais. C'est une ruse pour piquer l'argent des riches. Je l'ai entendu, brefouilla Gwendolin.
Noély se mordit la lèvre inférieure. Elle hésitait. Et si sa sœur avait raison ?
- Je verrai sur place.
Voyant qu'elle ne pourrait pas la dissuader avant le bal, Gwendolin leva mes yeux au ciel.
- Donc, chère... sœur, dit-elle en appuyant sur le dernier mot, tu voulais une robe, n'est-ce pas ?
Noély acquiesça.
- Mais ça ne suffira pas. Il te faut une coiffure, ainsi que du maquillage, reprit-elle.
Noély équarquilla les yeux. Puis serra les dents.
- Je veux bien t'aider, mais il faut que ma gouvernante me laisse tranquille... remarqua Gwendolin. Et elle revient d'une minute à l'autre.
Noély cracha une flopée de jurons à faire pâlir les gens de la haute société. La porte s'ouvrit soudainement faisant sursauter les deux jeunes filles. Noély pesta, encore une fois.
En voyant l'inconnue dans la chambre de sa maîtresse, sa bouche forma un parfait "oh". Gwendolin se précipita sur la porte pour la fermer à double tours. Gênée, elle lâcha un petit rire nerveux.
- Mara, peux-tu nous laisser tranquilles ? demanda-t-elle d'une voix polie mais qui ne trompait pas ; Gwendolin donnait un ordre.
- Mais... Mademoiselle, qui est-elle ? contra la gouvernante à la robe terne.
Gwendolin clignant des yeux, paniquée. L'intéressée vint à sa rescousse.
- Une amie. Je suis passée par la porte de derrière. La rouge. Celle qui se trouve au fond du jardin.
La gouvernante haussa un sourcil sceptique. Gwendolin ouvrit la porte et la poussa à travers. Avant de claquer la porte, elle ajouta très sérieusement :
- Si vous répétez un mot à qui que ce soit, je vous arracherai chaque os de votre squelette un par un, moi-même.
Elle se retourna et souffla, soulevant une mèche brune qui pendait sur son front, sous le regard amusé de Noély.
- On y croit pas du tout, à ta menace, l'informa-t-elle.
- Et pourquoi donc ? s'enquit l'aristocrate.
- Tu ne le feras pas. Tu es bien trop gentille. Ça se voit sur ton visage, répondit Noély.
Confuse, Gwendolin bafouilla des mots incompréhensibles avant de se reprendre et de s'exclamer de sa fine voix joyeuse :
- Bon ! On est là pour te préparer au bal, oui ou non ?
- Mais toi aussi, non ?
Gwendolin sourit, dévoilant des dents d'une blancheur éclatante parfaitement alignées.
- Il faut juste que je mette ma robe et je suis prête, répliqua-t-elle avant faisant asseoir sa sœur dans un fauteuil avec une assise rembourrée.
Une demi-heure plus tard, tandis que Gwendolin coiffait son aînée d'un chignon haut, d'où s'échappait quelques mèches, Noély demanda subitement :
- Pourquoi m'aides-tu ? Tu n'as rien à y gagner et tout à perdre. Tu ne me dois rien, puisque je suis entrée chez toi par effraction. Qui te dis que je suis bien ta sœur et pas une parfaite inconnue qui débarque chez toi ?
- C'est également ta maison, remarqua la cadette.
Noély ne répondit pas. Perplexe, Gwendolin prit un temps de réflexion avant de dire :
- Je ne sais pas. Je suppose que c'est parce que c'est excitant, d'être la complice d'une ancienne détenue de Cagerellix. En plus, ce que tu me demandes est dans mes cordes. Ma vie est monotone, ça change du quotidien et de la routine.
Puis, elles n'échangèrent plus un mot jusqu'à ace que Gwendolin tapa doucement sur les épaules de Noély, sorti une robe de son placard et lui demanda de l'enfiler. Noély obéit. Quand Noély ressorti du paravent aux motifs orientaux, Gwendolin se fendit d'un sourire radieux. Elle plaça Noély devant une grande glace, la laissant admirer son reflet.
Noély n'en croyait pas ses yeux. Sa robe blanche, d'une simplicité et d'une beauté surprenante, qui lui tombait jusqu'aux pieds, parsemée de motifs végétaux, tels que des fougères, noires, surmontée d'une ceinture noire tressée n'allait que trop bien à sa peau pâle. La gadoue qui lui couvrait les joues avaient été remplacé par une toilette parfaite. Peu de maquillage : seulement un coup de baume à lèvres rose. Une mèche ondulée encadrait son visage à aux traits fins. La terre qui était logée sous ses ongles avaient été dissimulée par un paire de gants noire, dans un tissu très léger.
Pendant que Noély se regardait, choquée d'avoir pu autant changer en une heure et quart, Gwendolin partit mettre sa robe rouge bordeaux aux grandes spirales noires. Sa grande taille fine était entourée d'un ruban de soie noir. Ses cheveux bruns étaient attachés en une tresse roulée en chignon bas. Si son sourire éclatant de joie de vivre et ses yeux farceurs n'avaient pas été là, on n'aurait très bien pû la faire passer pour une adulte.
- Tu ressembles tellement au portrait que Père garde dans son bureau, murmura Gwendolin, les larmes aux yeux.
- Ah ? se contenta de répondre Noély.
Malgré son manque de réaction, le cœur de Noély débordait de joie d'apprendre que son père gardait un souvenir d'elle.
Mara fit son entrée, une deuxième fois.
- Mademoiselle, il est l'heure de partir, si vous souhaitez être au bal de ce soir, dit-elle de sa voix solennelle.
Noély équarquilla les yeux et entrevrit sa bouche. Elle n'y avait pas pensé à cela. Jamais elle n'aurait le temps d'y être avant trois jours et vêtue de sa longue robe volumineuse, elle aurait encore plus de mal à marcher dans la neige.
Gwendolin, remarquant la panique de sa sœur, s'exclama à l'attention de sa gouvernante :
- Elle vient avec moi.
- Mais... Mademoiselle...balbutia Mara.
- C'est une amie, je vous l'ai dis. Une amie... Qui aime les entrées... Farfelues, fracassantes.
La vaillante gouvernante soupira et fit signe aux deux jeunes filles de la suivre.
Une belle voiture, en bois ornée de magnifiques moulures dorées, tirée par d'immenses pégases aux muscles saillants, à la crinière parfaitement brossée, aux yeux pervenches et à la robe clair se tenaient fièrement immobiles
.
Sans un regard pour les domestiques inclinés, Gwendolin grimpa dans la voiture, avec une façon princière. Une fois installée, elle fit signe à Noély de monter. Celle-ci, peu habituée, sourit, compatissante, à tous les domestiques puis gravit les marches de la voiture avec maladresse. Gwendolin, hilare, l'aida à s'asseoir "convenablement" malgré le volume de la robe.
Noély reporta son attention sur le grand chêne, dans lequel elle montait, avant d'aller en prison. Elle se revoyait virevolter entre les branches, sauter plus haut, toujours plus haut, sous le regard inquiet de son père. Et elle revoyait tombait sur l'herbe dure après cassée une branche trop fine pour supporter son poids. Elle se revoyait griffer l'écorce "juste le plaisir", elle revoyait le regard débordant d'amour que lui portait sa mère, déjà enceinte. Elle revivait ses jours heureux. Avant que la tragédie ne frappe leur belle famille.
Perdue dans ses souvenirs, Noély n'avait pas remarqué la femme aux cheveux bruns tirés à quatre épingles, ses yeux turquoises la dévisager. Ses traits d'habitude sévère, étaient à présent doux.
- Noély... murmura-t-elle d'une voix faible.
L'intéressée sursauta en revenant à la réalité. Quand elle reconnu la femme d'âge moyen, elle fit grincer ses dents. Elle la regarda sans expression. Puis, baissa les yeux, les lèvres pincées.
Pourtant, alors que la voiture amorçait son trajet, Noély crut entendre sa génitrice dire à voix basse :
"Tu es revenue. Enfin."
Voilà. Il y a une suite je crois, qui devrait arriver bientôt :)
Vos avis, remarques, conseils, en respectant la règle de bienveillance ici.
Paillettes_Perfides
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