[Etape 2] SaelDuncan
Voici la très jolie nouvelle de SaelDuncan
Saurez vous retrouver la cover qui lui appartient?
Deux silouhettes se faufilaient, dans les rues de Londres du milieu XIXème, un soir de pleine lune.
Elles couraient dans les rues pavées totalement désertes ; les lumières des immeubles et des grands hôtels particuliers du style victorien étaient toutes éteintes. Seuls les réverbères les éclairaient d'une chaude lueur dorée. Le bruit de leurs pas battants le pavé était le seul son troublant le silence surnaturel de la nuit.
Que fabriquaient ces deux silouhettes fuyantes, énigmatiques, à une heure si tardive?
Leurs regards exprimaient quelque chose de mystérieux, comme s'ils étaient détenteurs d'un troublant secret qu'eux seuls partageaient.
A bien y regarder, il y avait là un homme de belle allure, habillé comme un aristocrate du XIXème, et une jeune femme élégante, vêtue d'une robe d'époque, que l'homme entrainait à sa suite en la tenant par le poignet.
«Aller ,je t'en prie, dépêche-toi! pressa le jeune homme, inquiet. À ce rythme, on n'y arrivera pas à temps... Et tu sais qu'on n'a qu'une seule chance...»
La jeune femme traînant du pied grimaça. Elle savait bien la complexité de la situation, elle était à vrai dire la principale concernée, mais seulement voilà, son âme était partagée...
-Attends une seconde, Téodor, souffla-t-elle. Je...
Il s'arrêta et se tourna vers elle, avec une expression de profonde tendresse. N'importe qui les observant dans l'ombre à cet instant précis aurait pu deviner à quel point il tenait à elle.
-Catherine...On en a déjà parlé, tu ne peux pas abandonner ta vie juste pour moi, tu sais... Même si... Ah, laisse tomber. Allons-y, tu décideras une fois sur place, d'accord?
Elle opina de la tête, résignée. Il avait raison.
Tandis qu'ils reprenaient leur course folle à travers les rues muettes, Catherine admira une fois de plus la beauté de son ami. Elle aimait tout, chez lui. Ses cheveux dorés, qui se teintaient de reflets surréalistes à la lumière de la lune, les petites tâches de rousseurs pareils à des constellations d'étoiles parsemant ses joues... Son sourire chaleureux et communicatif; sans parler de son bel accent provenant de son pays natal... Mais surtout, surtout, comme elle aimait ses doux yeux gris orageux, qui avaient le don de remuer des «papillons» métaphoriques dans son ventre quand il la regardait, de ce regard profond qu'il ne réservait qu'à elle...
Son coeur se noyait dans son affection et sa tristesse. Elle n'avait jamais aimé quelqu'un autant que Téodor, ce français du XIXème vivantà Londres. Personne auparavant ne s'était démontré aussi doux, posé, tendre, attentionné, drôle et intelligent à ses yeux. Il était le seul à l'avoir crue quand elle lui avait raconté son histoire, et dès lors, il avait tout fait pour l'aider, sans rien attendre en retour.
Elle était définitivement conquise, follement éprise.
Le bonheur aurait pu être parfait, sauf que, voilà: si elle ne partait pas ce soir, il n'y aurait pas d'autre ouverture avant cinquante ans. Et sa famille, ses amis, tous les gens qu'elle connaissait et chérissait continueraient de vivre, loin d'elle, sans savoir où elle avait disparu.
Et puis, malgré tous ses défauts, son époque lui manquait beaucoup : les petits cafés où elle adorait prendre son petit-déjeuner en écrivant son livre, les découvertes scientifiques qui l'émerveillaient chaque jour, les avions et leurs promesses de voyages, les écrans de cinéma et leurs machines à rêves, et plein d'autres détails qui lui revenaient souvent ces derniers temps, d'un seul coup, la rendant horriblement nostalgique...
Elle comprenait mieux pourquoi on disait qu'on apprenait vraiment à chérir sa chance seulement quand on en était privé.
Elle qui adorait l'histoire et la littérature, découvrir sa ville natale presque deux siècles en arrière avait été une expérience merveilleuse... Mais tout autant effrayante. S'il n'y avait pas eu Téodor, elle aurait détesté chaque instant passé ici.
Pour mieux comprendre cette incroyable aventure, il faut remonter presque trois mois en arrière.
Quelque part dans les années 2000, Catherine Covey, une jeune étudiante de littérature londonniène, passait ses vacances dans la grande maison de sa grand-mère maternelle, tout juste décédée. Elle avait hérité de son imposant manoir, où elle avait nombre de merveilleux souvenirs d'étés plein de cache-caches, de confidences et d'instants magiques avec ses cousins. Ils adoraient tous mamie Amber, qui faisait les meilleurs scones aux pépites de chocolat du monde, et qui était une conteuse hors pair (Catherine tenait d'elle sa passion pour la littérature).
La maison était un bric à brac hallucinant, et la jeune femme décida de la redécouvrir (et de la ranger un peu) pendant ses vacances. Un jour, alors qu'elle avait finalement terminé de faire le tour des pièces des trois étages, elle décida de s'aventurer dans le grenier...
La vaste salle était, à première vue, très sombre et poussièreuse. Une fois les yeux habitués à l'obscurité, on remarquait qu'elle était encombrée de montagnes d'objets étranges et exotiques, de cartons regorgeants de choses non-identifiées, et que ses murs étaient, au fond, recouverts part une immense bibliothèque.
L'âme d'enfant de Catherine se réveilla instantanément, la faisant sourire, et elle passa des heures à se perdre dans ce labyrhinte. Plus elle avançait, plus elle faisait des trouvailles étranges et anciennes.
Elle fit jouer un grammophone, s'amusa à comprendre l'utilité d'étranges petits objets en tous genres et se déguisa d'une belle robe bleue, d'époque victorienne, avant de parvenir à la grande bibliothèque du fond.
Là-bas, caché derrière une latte mal enboîtée, elle découvrit un intriguant petit carnet en cuir bleu, une gemme émeraude sertie au dos. Il s'intitulait «Les navigatrices du temps», et c'était, comme elle le découvrit, un petit conte à propos d'une lignée de femme, ayant le don de manipuler de mystérieuses «gemmes du temps» et naviguant ainsi entre les Âges.
L'idée troubla et auguisa la curiosité de Catherine. Une fois sa lecture terminée, elle referma le livre et s'apprêta à le remettre à sa place... Mais un reflet ramena son attention sur le joyau serti, et elle le détailla une dernière fois. L'émeraude brillante possédait la même teinte que ses propres yeux, qu'elle avait hérité de sa mère, et cela l'intriguait.
Par réflexe, ses doigts effleurèrent l'émeraude...
Tout devint noir, et elle s'évanouit.
Voilà donc comment Catherine s'était retrouvée coincée involontairement en 1858.
Au début, bien sûr, elle eut beaucoup de mal à accepter la réalité. Voyager dans le temps, comme les femmes de ce conte qu'elle venait de lire, on aurait dit le début d'un mauvais roman fantastique. Mais il y avait sous ses yeux tant de preuves irréfutables qu'elle finit par accepter l'idée, faute d'autre possibilités. Perdue, et pourchasser sa déprime naissante, elle se réfugia dans les livres, cherchant frénétiquement la moindre parcelle d'information àpropos de cette malédiction, à la recherche d'un moyen pour rentrer chez elle.
Parce que les belles robes de princesses, c'est bien deux minautes, mais elle commençait à développer une grande envie de jeans, ces dernier temps.
Ce jour là, elle s'était réveillée dans le même manoir, mais à uneautre époque. En ce temps, ledit manoir était bien plus propre, et surtout, bien plus habité.
Une riche famille d'ambassadeurs français, les De Beaumont, y vivaient depuis quelques temps déjà.
Il y avait Monsieur De Beaumont père, son épouse (qui avait recueilli Catherine et l'avait prise sous son aile, pensant qu'elle était une pauvre fille d'aristocrates amnésiques à la suite d'un mystérieux accident), les serviteurs, et le fils de ses hôtes, qui était en voyage au pays quand elle était arrivée.
Puis elle L'avait rencontré, et tout avait vraiment commencé.
Le parc du manoir, au coucher du soleil.
Une promenade pour être tranquille. Un retour se voulant discret évitant donc la grande porte.
Une paire d'yeux émeraude soucieux rencontra deux prunelles grises comme l'orage, désabusées de ce monde.
Elles avaient toutes deux perdues leur étincelle.
Mais elles se sont croisées.
Elles se sont accrochées.
Elles se sont captivées.
Un phénomène étrange se produit. Quelque chose se réveilla en eux.Quelque chose qui n'a pas de nom et qui en a cent.
Téodor de Beaumont était, à première vue, le gentleman idéal, le gendre rêvé pour tout honnête homme ayant une fille en âge de se marier. Charmant, intelligent, héritier d'une grande fortune, cultivé, et, par-dessus le marché, fort agréable à regarder, il faut bien le dire, il n'y avait rien à reprocher. Tout le monde s'accordait à dire qu'un grand avenir se profilait devant lui.
Seulement, personne n'est jamais ce qu'il paraît être.
Téodor, lui, ne désirait pas obtenir un poste important au gouvernement, ni devenir un grand général, ou que sais-je encore. Lui, il rêvait d'un confortable petit chalet perdu dans une vallée envahie de verdure, loin des hommes, au bord d'un lac. Il rêvait d'un havre de paix où il pourrait vivre loin de la pression qu'on lui imposait, un havre où il serait lui-même, un havre où il pourrait peindre à volonté.
Peintre. Voilà ce qu'était vraiment le charmant Téodor de Beaumont, héritier de la belle fortune des de Beaumont.
Les deux jeunes gens s'étaient tout de suite reconnus, deux âmes en peine, inconsolables : l'une, de se savoir loin de son foyer et voyant ses chance de rentrer s'amoindrir à chaque seconde, et l'autre, de se savoir inexorablement destiné pour une vie qui, à ses yeux, n'en valait pas le coup.
Parler ensemble leur faisait se sentir bien mieux, et, peu à peu, ils apprirent à se connaître et se rapprochèrent d'avantage.
Catherine fini, un soir où son moral était au plus bas, par raconter son histoire à Téodor, qui, après avoir posé des centaines dequestions, finit par lui laisser le bénéfice du doute et entreprit de l'aider.
Son aide fut bien plus précieuse à Catherine que ce qu'elle avait pensé ; étant bien plus à l'aise avec son époque, le blondinet, comme elle le surnomait pour l'embêter, avait su où aller.
Ils avaient visité ensemble les plus étranges monastères oubliés, regorgeant de livres mystérieux... Il l'avait même emmenée dans la London Library, qui avait ouvert quelque années auparavant et qui était la plus grande bibliothèque de prêt de l'époque.
À force de recherches, de renseignements et de documentations, des heures et des heures rien que tous les deux, ils avaient fini par rassembler des informations éparses et finalement par trouver ce qu'ils cherchaient...
Une nouvelle légende, mais qui cette fois coincidait avec la première.
Toutes les cinquantes révolutions de la Terre, dans la plus grande représentation du temps au monde, s'ouvrait un passage qui inversa it les effets des gemmes du temps.
Le dernier passage s'était justement ouvert il y avait cinquantes ans (Catherine abusait décidément de sa bonne étoile), lorsque la pleine lune avait brillé le soir du solsice d'hivers.
Or, le solstice, c'était dans une semaine, Catherine vivait déjà en 1858 depuis presque trois mois.
Ignorant le serrement de son coeur, Téodor avait continué à agir comme si de rien n'était. Ils avaient donc déterminé que Big Ben était là plus grande horloge qu'il y ait en ce temps là, et avaient mis en place un plan pour que tout coincide afin que sa chère amie puisse finalement rentrer chez elle.
Mais au fond, oeuvrer à faire partir Catherine le déchirait de l'intérieur. Lui qui avait perdu goût à la vie, voilà que chaque matin il se réveillait en souriant, pressé de retrouver son amie et de passer la journée en sa compagnie, heureux de l'écouter réfléchir à voix haute, rire, se moquer de pleins de petites choses de sa société de son époque, auxquels il n'avait jamais pensés... Il n'avait jamais rencontré une femme pareille. Elle avait une façon absolument déroutante de voir le monde, et il adorait ça. Tout comme il adorait sa manie de se tapoter le nez quand quelque chose la troublait, ses adorables fossettes qui se formaient quand elle souriait, toutes les émotions qu'elle exprimait librement, sans se cacher, et... Et je vais m'arrêter là dans la description, ou cette histoire finira par tourner en une mièvre histoire d'amour. Mais, comme vous pouvez le constater, notre jeune Téodor était désormais aux prises avec le plus dangereux des sentiments : l'amour.
D'autant plus qu'il avait choisi de tomber amoureux de quelqu'un qu'il n'aurait jamais dû pouvoir renconter. Leur histoire était condamnée à finir dans la souffrance, donc il se taisait.
Il n'était pas le seul...
Et voilà comment un doux et compréhensif jeune homme du 19ème siècle et une fougueuse et courageuse jeune femme du 21ème siècle se retrouvaient, la nuit du solstice, à courir dans les rues désertes de Londres sous la pleine lune pour atteindre Big Ben à temps. À minuit, un portail s'y ouvrirait, et Catherine pourrait rentrer chez elle, ce dont elle rêvait depuis des mois... N'est-ce pas?
Elle avait vraiment adoré les moments partagés avec Téodor à chercher des informations, à investiguer. Il était évident qu'elle en était absolument éprise, et pas qu'à moitié.
La personnification du mot dilemme.
Tout en haut de Big Ben, à l'intérieur de l'horloge, deux silouhettes s'embrassaient. Elles riaient en pleurant, pleuraient en riant. Elles ne pouvaient plus se lâcher.
Mais minuit sonna.
Dong...Dong... Dong... Dong... Dong... Dong... Dong... Dong... Dong... Dong...Dong... Dong.
Un portail de lumière s'ouvrit.
Les silouhettes s'accrochaient tant l'une à l'autre qu'elle n'en formaient plus qu'une.
Elles se rapprochèrent du disque lumineux qui distordait l'espace temps.
Unpremier éclair !
Un murmure.
-Au revoir, mon amour... N'oubions jamais notre secret, d'accord?
-Mais je ne peux pas... Je ne peux plus...
Sans prendre en compte ce qu'il se passait autour de lui, le passage, qui n'avait pas que ça à faire, réagit.
Un nouvel éclair les aveugla.
Cinq ans plus tard ; grenier du manoir.
Catherine pleurait.
Les derniers mots de la dernière lettre lui brisaient le coeur, encore et encore.
«Et voilà qui, j'imagine, conclut ma belle vie. Je n'en n'ai plus pour longtemps, et je sais bien que j'écris en ce moment même ma dernière lettre. J'epère qu'on la mettra bien dans la boite, au grenier, avec les autres. J'espère que tu les trouveras, et que le récit de ma vie, écrit années après années dans toutes ces lettres, t'amuseras, ou te réconforteras, au moins. Quoi qu'il en soit, ma belle Catherine, j'espère que tu sauras d'une manière ou d'une autre que je ne t'ai jamais oubliée. Même là, aux portes de la mort, je ne pense qu'à toi, l'amour de ma vie.
Ne me laisse pas trop peser sur ton coeur, mon amour. Ne m'oublie pas complètement, je t'en prie, garde un bon souvenir de moi, un souvenir qui réchauffe et qui fait sourire, mais va et vie ta vie. Trouve le bonheur. Poursuit tes rêves.
N'oublie pas notre secret.
Je serai toujours avec toi.
Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai.
Téodor
Seule dans la pièce obscure, Catherine pleurait. Elle pleurait son chagrin d'amour, elle pleurait son deuil.
Deux âmes liées par le destin.
Mais nées à différentes époques.
Boucle à jamais inbouclée.
Un secret.
Si vous avez de conseils pour l'autrice n'hésitez pas!
Paillettes_Perfides
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