Chapitre 21 : Lunettes bleues Lunettes roses


Bien qu'au départ il ait été complètement contre, trouvant que cela nuirait à la beauté et à l'aspect général super cool de sa petite chérie, Nicholas ne pouvait plus nier que l'achat d'un side-car pour Angelina (oui, il avait donné un nom à sa moto) était une très bonne idée. Bon, ils l'avaient eu d'occasion, Vash préférant la seconde main mais il était en bon état et pouvait supporter le poids du blond ainsi que quelques sacs, ce qui était l'essentiel. Vash adorait absolument le side-car et devait avouer qu'il se délectait de la mine déconfite de Nicholas dès qu'il le voyait.



Les sorties en moto étaient amusantes. Vash n'aimait pas monter à l'arrière et se tenir à Nicholas, il trouvait que ce n'était pas assez sécuritaire. Mais maintenant qu'il y avait un side-car à cette chère Angelina, il demandait toujours à Wolfwood d'aller faire un tour. Ne serait-ce que sortir un peu de la ville et se promener sur des routes de campagne. Vash adorait les petites routes où l'on pouvait à peine se croiser. Avec l'hiver qui s'installait, les arbres avaient tous perdu leurs épais feuillages et le ciel vide de nuages se faisait maintenant voir.



Vash aimait ces paysages mais il voulait aussi voir les arbres abondants et la lumière avoir du mal à se frayer un chemin, inondant l'espace de colonnes d'ombre et de lumières s'entremêlant. Mais il avait un épais manteau. Et équipé de gants et d'un cache-oreille, il était paré contre le froid. Il s'inquiétait bien plus pour le noiraud qui ne portait pas de vêtements suffisamment épais à son goût. Mais le théologue l'avait rassuré en lui disant que les idiots n'attrapaient jamais froid. Ce qu'il n'était pas sûr que cela le rassure.



Il n'y avait personne. Un beignet entre les dents, il en tendit un à Nicholas qui ouvrit grand la bouche pour l'accueillir. Vash était en paix. Il ressentait cela à chaque fois qu'il était en présence de Nicholas. Mais surtout, à chaque fois qu'il était en sa présence en silence. Il aimait quand ils profitaient juste de l'existence de l'autre sans rien faire de plus. A chaque fois que ce genre de moments arrivaient, Vash se disait qu'il aimerait que ces instants durent pour l'éternité.



Et comme d'habitude, un feu s'allumait dans ses entrailles, le réchauffant bien plus que son manteau ne le ferait jamais. Il savait qu'il ressentait les choses bien plus intensément que les autres. Les gens ne comprenaient d'ailleurs jamais ses réactions. « Trop extrêmes » qu'ils disaient. Alors Vash avait appris à se mesurer, il avait appris à cacher ses vraies réactions pour se mesurer. Mais il ne voulait plus le faire. Il ne comprenait même plus pourquoi il devait le faire. Et dès qu'il était avec Nicholas, lors de ces instants de calme, Vash avait l'impression que la sensation de bonheur qu'il ressentait allait tout brûler sur son chemin. Il aimait Nicholas. Il adorait Nicholas.



Et cette fois encore, la joie était à son paroxysme. La présence de l'autre le rendait toujours comme ça. Il ne connaissait pas la perception de tranquillité lorsqu'il était avec lui. Ça brûlait. Mais pour une fois, il ne voulait pas que ça s'arrête. Il ne cherchait pas à empêcher le feu de se propager dans tout le reste de son être. Il tourna son regard vers le conducteur. Nicholas D. Wolfwood était objectivement beau, le classement du campus pouvait en attester. Mais c'était différent pour l'ingénieur. Les autres ne connaissaient pas Nicholas comme il le connaissait. Et en plus du contentement, une autre sensation fit place dans l'être du chaperon rouge.



La possessivité. Lorsque Vash s'en rendit compte, il lâcha son beignet qu'il avait à peine eu le temps de commencer. Il voulait garder Nico pour lui tout seul. Il ne voulait pas partager avec les autres. Il ne voulait pas que les autres en veuillent un morceau. Et comme pour tous les autres sentiments, il était intense, tellement intense. Ça se répandait dans son corps, ça fourmillait absolument partout. Il avait envie de se recroqueviller sur lui-même. Mais il ne pouvait pas le faire, cela alerterait et inquiéterait le motard pour rien. Alors, une nouvelle fois, il enfouit tout cela au plus profond de lui. Ce n'était pas si important après tout.



Le reste de la ballade sur le chemin fut gâchée pour le blond. Il était si bien. Et voilà qu'un nouveau sentiment faisait son apparition, le perturbait et gâchait toute la satisfaction qu'il ressentait auparavant. Mais heureusement pour lui, ils passèrent, en revenant, devant tout un tas de boutiques. Vash voulait s'y arrêter. Pour s'aérer l'esprit, pour essayer quelques instants de penser à autre chose et s'occuper l'esprit.



Et alors qu'ils firent les magasins, Vash essayant de trouver un semblant d'enthousiasme et Nico suivant tranquillement en portant les affaires de Vash. Un magasin cependant attira l'attention de Vash. C'était ce genre de magasins idiots de farce et attrapes, de costumes en tout genre. Le genre pour faire la fête. Mais la fête un peu kitsch des parents qui se croient encore dans le coup et veulent le montrer. Ils déambulaient dedans, rigolant à la moindre chose qu'ils voyaient, s'amusant avec et se défiant dans des mini concours stupides.



Et devant un portant de lunettes en plastiques toutes plus délirantes les unes que les autres, Vash s'arrêta devant deux paires. Une paire de lunettes roses. Une paire de lunettes bleues. Toutes deux en formes de cœur. Il prit la paire rose, enleva les siennes et les mit sur le bout de son nez. Se retourna dans toute sa splendeur et fit face à Nicholas, lui demandant.



« Et toi ? Tu as perdu tes yeux d'enfants ? »



Au sublime « Hein ?! » qui en résulta, Vash ne put s'empêcher d'exploser de rire, comprenant que Nicholas ne comprenait strictement rien de ce qu'il disait. Il prit alors la paire de lunettes bleues, enleva celles de l'homme en noir et les lui mit également sur le nez.



« Vash : Tu ne connais pas Alain Souchon ?

Nicholas : Vite fait. Mais celle-là, je la connais pas.

Vash : *scandalisé* Ça veut dire que tu connais pas « Le soldat rose » ?

Nicholas : *intrigué* Le soldat rose ? Nan, jamais entendu parler.

Vash : *fait semblant de s'effondrer, la main sur le cœur et l'autre sur le front* Oh mon Dieu, mais comment ? Le soldat rose, Nico. Le soldat rose. C'est toute mon enfance.

Nicholas : *le rattrape* Eh ben la tienne. Mais pas la mienne. Et c'est quoi le rapport avec tes lunettes ?

Vash : Le soldat rose, c'est un conte musical. Quand Rem nous a adopté, on était un peu fermés et pour nouer des liens, elle nous a montré ça. Et on le regardait tout le temps, on adorait. Même s'il ne le dirait jamais, Knives aussi adorait. Ça raconte l'histoire d'un petit garçon, Joseph, qui un jour se cache dans le rayon des jouets et se fait enfermer dans le grand magasin quand il ferme. Et là, il voit tous les jouets prendre vie. Et il y a aussi la voix du magasin. Il croise tout plein de jouets dont le soldat rose, qui est rose parce qu'il y a eu une erreur à l'usine et qu'il n'est pas devenu bleu comme tous les autres. Et à cause de sa couleur, les petits garçons ne veulent pas de lui parce que les petits garçons n'aiment pas le rose. Dans son aventure, Joseph il voit les jouets parce que c'est un enfant et qu'il faut des yeux d'enfants pour voir les jouets bouger. Mais quand il voit l'homme de ménage, qui est joué par Alain Souchon, et qu'il voit que l'homme de ménage peut voir les jouets bouger, il se demande comment. Et là, l'homme de ménage lui parle de la volonté de ne pas perdre ses lunettes bleues et ses lunettes roses en grandissant que les autres posent trop souvent en grandissant.

Nicholas : Alors ces lunettes, c'est nos yeux d'enfant ? *a posé la tête sur l'épaule de Vash*

Vash : Oui. *grand sourire* Rem avait l'habitude de nous dire qu'elle était fière de ne jamais avoir perdu ses lunettes et que c'était pour ça qu'elle aimait autant les petites choses de la vie. Et elle nous a demandé à nous aussi de ne jamais les perdre. Knives l'a fait, je suppose que ça se voit *rigole un peu* Mais moi, moi je veux les garder. Je veux garder mes lunettes.

Nicholas : C'est con. Tes lunettes elles sont devenues oranges avec le temps. »



A sa réplique, Vash explosa de rire, l'humour de Nico le réconfortant une fois de plus. Il rigola à en perdre l'équilibre et s'accroupit sur le sol, essayant de reprendre sa respiration. Nicholas le rejoignit alors par terre, accroupit lui aussi en face du blond. Ils se dévisagèrent alors, les lunettes bleues et roses, bien trop grandes, glissant de leur nez et de leurs oreilles. Ils levèrent alors tous deux les mains afin de remettre en place les yeux d'enfants de l'autre et voir le monde avec une dose d'humour et de poésie et pour poser sur le monde un regard plus joli.







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Vingt-et-unième chapitre !


Pour tout dire, ce chapitre est assez spécial pour moi. Quand j'ai eu l'idée de l'écrire, avec mes parents et mon frère, on avait fait une séance nostalgie et on était allés au centre aéré de notre enfance (à mon frère et moi), on y avait plus posé les pieds depuis quinze ans parce qu'on avait passé notre temps à déménager partout. La nostalgie était déjà au top et dans la voiture, au retour, cette chanson est passée. Le soldat rose c'est aussi une grande part de mon enfance, on avait les dvd et on avait regardé les trois volets. Même maintenant, on connait encore les paroles. Mais surtout, ma mère a gardé son âme d'enfance et elle a beau être une mère et une adulte responsable, elle a su rester une grande âme d'enfant. Et elle adore cette chanson parce qu'elle trouve que ça la représente bien. Donc, je suis très attachée au soldat rose et à cette chanson.

Ce centre aéré se trouve en campagne bretonne, dans une ferme et pour y aller, il faut passer par de petits chemins où on se croise pas et comme on y est allés au printemps, il y avait les fameuses colonnes de lumière et d'ombre dont je parle. Mais je me suis rappelée que mon histoire se passait en automne/hiver alors j'ai un peu modifié mais l'idée est là.


J'avais cette idée également que Vash et Wolfwood se fasse face accroupis par terre en portant des lunettes fantaisies qui tranchent avec leur sérieux. Et la situation était juste parfaite. Ce chapitre n'apporte pas grand chose mais je l'aime énormément.


Et si certaines personnes se sont rappelées l'existence de ce spectacle ou qu'ils le découvrent maintenant grâce à moi, alors j'en serais d'autant plus heureuse.


Sinon, en espérant que vous avez aimé ^^


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