« Qu'on me rappelle ce que je branle ici. »

Question très pertinente posée par le seul professeur de la petite bande, Roberto De Niro dans toute sa splendeur. Roberto De Niro, qui se trouvait actuellement dans l'appartement partagé de Vash et Nicholas et qui avait simplement été trainé là. En vérité pas vraiment. On lui avait promis de l'alcool et il était venu, c'était aussi simple que ça. Il en faut peu pour le rameuter après tout. (Même si la force avait aussi aidé). Il ne savait pas comment, tous ces gamins s'étaient sournoisement infiltrés dans son cœur et le voilà maintenant à les suivre dans il ne savait quoi pour une simple promesse de boisson. Mais il fallait bien un adulte responsable au cas où, non ? Non ?

Les quatre tornades avaient déboulé lors de son dernier cours. Les quatre puisqu'il n'avait pas Meryl et Milly dans celui-ci. Il rangeait tranquillement ses feuilles de cours (sur lesquelles il n'y avait rien, c'était simplement pour faire croire qu'il était organisé) en fumant sa cigarette. Roberto avait la sale habitude de fumer n'importe quand et il ne l'avait pas perdu en entrant dans l'enseignement. De toute façon, ses étudiants étaient tous majeurs donc il s'en foutait un peu, ceux qui voulaient partir le pouvaient. Et avec la disposition d'un amphi, les premières places étaient suffisamment loin de la fumée. Et puis zut, s'il voulait s'en griller une en classe, il avait bien le droit. L'administration lui cassait déjà assez les ... steaks avec tout le reste.

Il était sur le point de finir sa cigarette et d'en commencer une nouvelle, s'imaginant déjà chez lui, dans son confortable canapé avec un verre à la main et le dernier épisode des feux de l'amour. Oui, il regardait les feux de l'amour, c'était son petit secret et personne ne serait jamais au courant de ça, il emporterait ce secret dans la tombe. Peu importe, il se voyait déjà arrivé chez lui lorsqu'il entendit des bruits de pas précipités dans le couloir. Et ces bruits de pas ne signifiaient rien de bon pour lui. Il soupira, attendant que la sentence n'arrive. Mais pourquoi ces gosses s'étaient à ce point attachés à lui ?

Et effectivement, pas plus de quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit en grand, sur le point de se dégonder et les quatre jeunes adultes faillirent tous se ramasser sur le sol à cause de l'élan. Réprimant un rire, Roberto les regarda se lever difficilement, essayant de ne pas marcher sur les autres dans le processus. Lorsqu'ils réussirent enfin à se mettre debout, ils le regardèrent tous avec des étoiles dans les yeux, sur le point de lui faire une demande inconsidérée. Enfin, sauf Nicholas, il n'était pas du genre à utiliser des yeux de chiens battus comme pouvait le faire son colocataire. Il ne le pouvait pas de toute façon, il ne savait faire que la tête du gangster après tout.

Ils le prièrent de les suivre et sans que le quinquagénaire ne puisse poser la moindre question, il fut attrapé par les deux bras et trainé hors de sa salle de cours. Merde, les deux gars avaient plus de force qu'il n'aurait jamais pensé. Pendant que les filles ramassèrent ses affaires et les suivaient tranquillement. C'est comme ça qu'il fut trimballé sur tout le campus, attirant les regards de tous ceux qui passaient. En même temps, un professeur connu dans tout le pays promené par deux des hommes les plus beaux du campus (oui, il avait vu le classement des plus beaux hommes du campus, maudite soit sa curiosité de journaliste) avec à leurs trousses deux des étudiantes les plus connus pour détenir tous les ragots du campus. Dans quoi s'était-il encore fourré ? Dieu, qu'il regrettait la police militaire.

Finalement arrivés à l'appartement des deux hommes en seul morceau, mais certain du nombre hallucinant de rumeurs qui allait désormais courir sur eux cinq, Roberto put enfin souffler. Ils entrèrent tous dans un joyeux méli-mélo de conversations sans véritable sens. Voyant enfin une chaise, le professeur s'y affala sans aucune grâce, grognant pour son pauvre genou maltraité. Les conversations continuaient et alors qu'une bouteille de bière se posait devant lui, Roberto n'attendit pas plus et commença à boire, la vidant quasiment d'une seule traite.

Et c'était donc finalement dans ces conditions que Roberto De Niro, otage d'étudiants hyperactifs de son état, posa sa question. Et ce fut dans ces conditions que lesdits étudiants hyperactifs se tournèrent vers lui, comme d'un seul homme pour le regarder d'un air perplexe et lâchèrent tous en même temps.

« Bah on va jouer au poker. »

Roberto en fit tomber sa cigarette qu'il ne réussit pas à rattraper avant qu'elle ne touche le sol. Donc les gamins voulaient jouer au poker mais pourquoi lui était-il mêlé à tout ça ? Il voulait simplement rentrer chez lui, bon sang.

« Roberto : Et, au risque de me répéter, qu'est-ce que je fous ici ?

Meryl : Vous allez jouer avec nous.

Roberto : Pourquoi ? Vous êtes quatre, jouez à quatre.

Vash : Mais c'est plus marrant quand on est plusieurs. Aller, joue avec nous Roberto *yeux de chiots*

Roberto : Bordel, vous êtes pas sérieux ?

Nicholas : Oh que si, ils le sont. Mais aller, on va bien se marrer *pique la bouteille de Roberto*

Milly : On a de l'alcool si tu veux.

Roberto : Merci, je sais. C'est bien pour ça que je me suis pas immédiatement barré.

Nicholas : Aller, préparons des trucs à grignoter. Hors de question de jouer le ventre vide.

Roberto : Vous êtes pas censés avoir des devoirs à faire ?

Nicholas : Vous êtes pas censés avoir des copies à corriger ?

Roberto : *s'est rallumé une cigarette* Touché. Aller, on va jouer. Et je vais vous massacrer.

Meryl : Ça, c'est ce qu'on va voir. »

Tandis que Nicholas et Milly, qui était venue l'aider, s'activaient en cuisine, Meryl réunissait les boissons de tout le monde. Vash déplaçait quelques affaires dans le salon afin qu'ils puissent tous se positionner sur la table basse, par terre. Il y aurait plus d'ambiance selon lui dans cette disposition (et ils n'avaient de toute façon pas assez de chaises). Ils laissèrent bien évidemment le devant du canapé comme dossier pour le pauvre dos de Roberto qui, même s'il ne voulait pas l'avouer, était cassé de partout. Et lorsque tout fut réuni sur des plateaux et disposé en plein milieu de la table basse (avec bien sûr assez de place pour les jetons ensuite), Vash alla chercher la mallette qui contenait les cartes et les jetons.

Ils ne commencèrent pas tout de suite, préférant commencer de manger avant, tout en discutant. Roberto ne participait pas beaucoup mais fut tout de même obligé quelques fois et bien qu'il ne leur avouerait jamais, même sur son lit de mort, la soirée commençait de manière bien agréable puisqu'il avait de l'alcool et ne s'était pas occupé de la bouffe. Et oui, leur présence n'était pas si désagréable que ça. Lorsque l'alcool commençait de faire effet dans l'organisme de certains, ils se dirent que c'était le bon moment pour commencer.

Les cartes furent enfin distribuées et le jeu put démarrer. Si Meryl pensait qu'elle était un as du poker, elle comprit rapidement que ce n'était pas le cas, ne pouvant pas s'empêcher de constamment faire des grimaces en tout genre et échouant à réaliser la moindre poker face. Dans ce domaine, Roberto avait de l'avance sur tout le monde et ne bronchait jamais, dans aucune circonstance. Milly arrivait la plupart du temps à rester stoïque, bien que ce soit dur mais comme elle n'avait jamais été trop intéressée par la discipline, elle se contentait de faire sa petite vie sans trop miser. Nicholas, de son côté, lâchait régulièrement de petits rires sournois lorsqu'il gagnait une main, agaçant Meryl au plus haut point.

Vash, lui, était comme Roberto. Il avait l'habitude de jouer la comédie. Mais au contraire du plus âgé, il ne restait pas impassible mais arborait en tout circonstances son fameux sourire de 1 000 watts. Bien que tout le monde se laisse prendre au jeu, Nicholas arrivait parfois à remarquer les subtiles nuances entre son vrai sourire de joie et son sourire de façade qui lui servait à bluffer. Et dans ce genre de cas, il n'hésitait pas à remiser ce qu'il avait. Et puisque ce n'étaient que des étudiants, ils ne jouaient que les jetons, pour s'amuser, sans mettre en jeu aucun argent (même si Roberto et Vash auraient pu le faire).

Un regard de travers de Roberto vers Vash lors d'une énième partie lui fit comprendre qu'il devait soupçonner quelque chose. Vash semblait avoir de la chance et d'autres fois pas du tout. Cela semblait trop organisé, comme schématisé. Roberto avait bien trop d'expérience pour se laisser avoir au jeu. Le gamin comptait les cartes, il en mettrait sa main à couper. Le mioche était un petit génie de l'ingénierie agroalimentaire et même de l'ingénierie tout simplement, les maths, c'était son domaine. Alors, compter les cartes devait bien être assez évident pour lui. Décidant de riposter et de -finalement- jouer sérieusement lui aussi, Roberto décida également de compter les cartes. Il avait inconsciemment suivi jusqu'ici, il pouvait parfaitement se mettre à compter en cours de route.

Et alors que Meryl et Milly galéraient déjà mais que Nicholas arrivait encore un peu à se maintenir à flot, la tendance s'inversa tout à coup. Roberto ayant décidé de s'y mettre sérieusement, ce n'était plus qu'un duel entre l'ingénieur et le journaliste à la retraite. Ils avaient chacun les maths de leur côté. Vash n'avait jamais ressenti ça. Roberto le poussait dans ses derniers retranchements, ils s'affrontaient comme s'ils étaient deux généraux ennemis. Et la sensation était assez grisante, il devait l'avouer. Vash n'avait jamais été un mauvais perdant, il se fichait de gagner ou perdre (pas comme Nico ou Meryl) mais là, il devait bien admettre qu'il préférait gagner et qu'il voulait mettre une raclée à Roberto.

Et finalement après plusieurs parties souvent en tête à tête entre Roberto et Vash, ce fut ce dernier qui gagna un bon nombre de parties. Du moins assez pour participer aux championnats du monde. Et alors que les trois autres se préparaient pour partir et que Nicholas commençait à ranger, les filles dirent au revoir aux garçons et partirent finalement, ne laissant plus que Roberto à la porte d'entrée, faisant face à Vash. Il s'alluma une énième cigarette et tout en reculant, il regarda le blond droit dans les yeux tout en lui lançant.

« C'est magicien que tu aurais dû faire, pas ingénieur. »

Et sur ce, il partit finalement, ne se retournant pas pour regarder le petit sourire amusé de Vash. En rentrant, Nicholas se pencha sur le comptoir pour lui demander ce qu'il voulait dire par là. Et avec ingéniosité, Vash agita les bras et en sortit de ses manches toute une flopée de cartes, avec, bien évidemment, des suites et des quintes flush. Wolfwood écarquilla les yeux avant de se mettre à rire de manière hystérique. Lorsqu'enfin il se reprit et s'agrippa au comptoir, il avait des larmes au coin des yeux, les essuyant.

« Putain de merde, t'as triché. Le grand Vash Saverem, le saint des saints a triché pour une pauvre partie de cartes entre amis. Oh bordel, tu m'épates à chaque fois. Quand est-ce que tu cesseras de m'étonner ? T'es putain de foutrement incroyable. »

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Dix-neuvième chapitre !

Deux chapitres de suite avec Roberto ? Profitez, c'était le dernier où il apparait.

Ce chapitre m'a été inspirée par une fanfic que j'avais lu sur ao3 où Vash arnaque des gens au poker dans un saloon sans qu'ils ne s'en rendent compte et en sortant, il le dit à Wolfwood qui aimerait voir un duel entre lui et Roberto.

Donc, voilà le duel. Seul problème, j'y connais STRICTEMENT RIEN en poker donc c'est absolument pas détaillé et j'ai sorti des termes au hasard à la fin, je sais pas ce qui est plus fort que les autres. C'est pour ça que le chapitre est assez court parce que si je m'y connaissais, j'aurais pu décrire les parties et allonger le chapitre mais faut avoir des connaissances pour ça.

Et admirez ce fanart, je suis certaine que certain.e.s sont en pâmoison devant, ne le niez pas.

Aussi, je vis pour le trope du papa involontaire fatigué par ses chaotiques d'enfants involontaires. Et Roberto rentre parfaitement dans cette case, pauvre de lui.

Sinon, en espérant que vous avez aimé ^^