Chapitre 5
Enveloppée par la nuit comme elle l'aurait été par une chaude et douce couverture, la ville de Thèbes avait sombré dans un paisible sommeil. Le Nil serpentait paresseusement en son sein, semblable à une rivière d'argent sous les éclats de la Lune, tandis que seuls de rares bruits étouffés s'élevaient dans les cieux d'un noir d'encre.
Au milieu de ce tranquille paysage, seules se distinguaient deux silhouettes bondissant de bâtiment en bâtiment.
Guidée par un sens de l'orientation qu'avaient affuté de nombreuses années passées à parcourir les toits de Paris, Ladybug se dirigeait droit vers la demeure de son alter-ego des temps passés. Habitué à suivre sa coéquipière, Chat Noir n'avait quant à lui aucun mal à suivre le rythme de la jeune fille, et se maintenait sans la moindre peine à son niveau.
Les deux adolescents progressaient sans émettre le moindre son, restant instinctivement sur leurs gardes dans cette Egypte d'un autre âge. Pour tout aussi calmes que leurs paraissaient les lieux, leur environnement leur était encore bien trop peu familier pour qu'ils s'autorisent à se détendre totalement.
Alors qu'elle s'élançait habilement dans les cieux pour passer d'un bâtiment à un autre, Ladybug jeta un bref coup d'œil à son coéquipier. Le dernier d'une longue lignée de regards inquisiteurs qu'elle n'avait cessé de lancer au jeune homme durant leur rapide avancée.
Elle avait toujours du mal à réaliser que son précieux partenaire se trouvait bien là, prisonnier comme elle de cette Egypte millénaire. C'était à la fois réconfortant et terriblement irréel.
Cependant, si les yeux, la voix et les fluides mouvements du jeune homme étaient parfaitement familiers à Ladybug, le costume dont il était à présent vêtu n'avait que peu de points communs avec la tenue habituelle du héros de Paris. C'était Chat Noir sans pour autant être Chat Noir, et l'adolescente peinait encore à s'habituer à la vision de son partenaire dans de pareils atours.
Bien sûr, queue et oreilles de chats étaient toujours présentes.
Mais au lieu de la combinaison qui était normalement la sienne, le blond jeune homme portait un pagne de lin et plastron de cuir noir, qui s'interrompaient respectivement au niveau de ses genoux et de ses épaules. Bien que ce nouvel accoutrement dévoile une quantité de peau inhabituelle – et appréciable, nota malgré elle Ladybug –, les bras et jambes de Chat Noir n'étaient pas pour autant laissés complètement nus. Le héros était en effet également vêtu de jambières, brassards, sandales et gants d'un cuir aussi sombre que l'était celui qui ornait son torse, tandis qu'à son cou, un traditionnel grelot complétait sa tenue.
C'était malgré tout suffisant pour que Ladybug laisse inconsciemment vagabonder son regard sur le haut des bras de son coéquipier.
La pâle lueur de la lune dessinait avec une diabolique précision ces muscles qui étaient d'ordinaire recouverts d'un épais matériau, soulignant la moindre courbure, accentuant le moindre mouvement. Biceps et triceps roulaient paresseusement sous la peau nue de Chat Noir, dessinant tour à tour douces ombres et reflets argentés qui hypnotisaient littéralement Ladybug.
Le spectacle était absolument fascinant, bien plus que la jeune fille n'aurait jamais osé se l'avouer.
Tout comme elle tentait à présent de se convaincre que les violents bonds qu'effectuaient son cœur n'étaient dû qu'à sa rapide course sur les toits.
Et que la douce chaleur qui gagnait à présent ses joues n'avait pour nulle autre origine que les hautes températures d'Egypte.
Rien de plus.
Absolument rien de plus.
S'arrachant péniblement à la contemplation de ces quelques centimètres de peau nue que dévoilait la tenue de son partenaire, Ladybug se donna une vigoureuse claque mentale pour tenter de retrouver ses esprits. Heureusement pour elle, Chat Noir ne laissa pas échapper la moindre réflexion. Il ne semblait rien avoir remarqué de l'attentive inspection à laquelle le soumettait la jeune fille, ou si c'était le cas, peut-être avait-il simplement cru que l'attention de Ladybug était dirigée sur l'étrangeté de son costume.
Et pas sur la quantité d'épiderme supplémentaire que dévoilait ledit costume, songea amèrement Ladybug, retenant un nouvel élan de culpabilité à la pensée que ce genre d'examen était d'ordinaire réservé à Adrien.
Se fustigeant elle-même pour l'incontrôlable tendance que semblait désormais avoir son cerveau à se focaliser sur les qualités physiques de son coéquipier, Ladybug serra machinalement les dents et poursuivit sa progression en tentant farouchement de rester concentrée sur sa route.
Quelques dizaines bonds plus tard, les deux héros atterrissaient souplement sur la terrasse du vaste manoir qui servait à présent de logement à l'héroïne de Paris.
- « On est arrivés ? » demanda Chat Noir en se redressant prudemment, tout en scrutant les alentours d'un œil attentif.
Alors que Ladybug approuvait d'un bref hochement de tête, le jeune héros s'approcha à pas mesurés du rebord du balcon. Un léger sourire se dessina sur son visage tandis qu'il découvrait le paysage qui s'offrait à lui.
- « L'endroit a l'air plutôt sympathique », lança-t-il en jetant un regard appréciateur au somptueux jardin qui s'étalait en contrebas.
Sa surnaturelle vision lui permettait de discerner sans peine de splendides massifs de fleurs, qui côtoyaient d'impressionnants palmiers et de charmants bassins d'eau scintillante. La propriété était encerclée par de hauts murs, mais loin de créer une atmosphère pesante, ces derniers ne faisaient qu'ajouter à la tranquillité des lieux, donnant à ce jardin l'allure d'une secrète oasis dissimulée au cœur de la ville.
- « Et encore, si tu voyais la chambre », lança sa coéquipière avec un haussement d'épaule amusé.
- « Tu attises ma curiosité, ma Lady », rétorqua Chat Noir en haussant un sourcil intrigué.
S'arrachant à la contemplation des luxuriantes plantes qui décoraient les lieux, l'adolescent se tourna vers sa partenaire. Celle-ci pivota élégamment sur ses talons pour se diriger vers sa chambre, dont l'entrée se situait à trois mètres d'eux à peine.
- « C'est par ici », lança Ladybug par-dessus son épaule, tout en invitant d'un geste son coéquipier à la suivre.
Le jeune homme s'exécuta sans hésiter et rejoignit l'héroïne à l'intérieur de la pièce. A peine les deux adolescents étaient-ils entrés dans la salle que Ladybug se tournait vers son coéquipier.
- « Tadaaaam », chantonna-t-elle en écartant les bras, pivotant théâtralement sur elle-même pour présenter les lieux à Chat Noir.
La jeune fille ressentait comme un ridicule sentiment de fierté à montrer ainsi « sa » chambre à son partenaire.
Passés les moments de vive panique qui avaient accompagné son arrivée dans le passé, Ladybug avait exploré les moindres recoins de cette vaste pièce. Elle avait procédé à une rapide inspection avant de s'endormir, puis avait plus longuement récidivé le lendemain. Et, en quelques heures à peine, la jeune fille avait viscéralement adopté cette pièce comme refuge. Le lieu était devenu son repère, son cocon, son radeau de sauvetage, la seule place qu'elle connaissait un tant soit peu dans cette Egypte d'un autre temps et où elle s'autorisait à se détendre enfin.
En plus de représenter un endroit sûr, cette salle offrait le plaisir non négligeable d'être d'une beauté à couper le souffle, et Ladybug guettait à présent avec un vif intérêt la réaction de Chat Noir à la découverte des lieux.
Elle ne fut guère déçue.
Bouche bée, Chat Noir pénétra à pas lents dans la chambre. Ses yeux d'un vert lumineux courraient tour à tour sur les fresques qui ornaient murs et plafond, sur les meubles, les colonnes, ne sachant manifestement pas sur quelle merveille s'arrêter.
- « La décoration est... Woaw... », murmura-t-il distraitement, pour une fois à cours de mots.
Amusée, Ladybug laissa échapper un petit rire cristallin qu'elle tenta vainement d'étouffer en dissimulant sa main derrière sa bouche. La vision d'un Chat Noir muet de stupeur était suffisamment rare pour qu'elle ne profite pas du spectacle, et elle se délectait à présent de l'expression abasourdie qui s'était lentement peinte sur les traits du jeune homme.
D'un geste faussement détaché, elle passa ses doigts sur une table finement décorée qui attenait à l'ouverture donnant sur le balcon.
- « Impressionné ? » lança-t-elle malicieusement, haussant un sourcil interrogateur à l'attention de son coéquipier.
- « Plutôt, oui », répondit Chat Noir en jetant un nouveau regard admiratif au riche mobilier qui décorait la salle. « Par contre la pièce est moins grande que ce que je pensais », reprit-il d'une voix plus assurée. « Vu les dimensions maison, je m'attendais à qu'elle soit d'une taille plus impressionnante que ça. »
Cette fois, ce fut au tour de Ladybug d'être surprise.
- « Pardon ? », s'écria-t-elle aussitôt, stupéfaite.
Elle voyait difficilement comment la taille de cette gigantesque chambre pouvait être qualifiée de « peu impressionnante ».
- « Oui, j'ai déjà vu pire », reprit Chat Noir d'une voix légèrement gênée. « Je veux dire, elle est tout de même plus petite que ma chambre à Paris. »
- « Quoi ? Plus PETITE ? » s'exclama Ladybug, sa voix montant inconsciemment d'une octave sous l'effet d'une légitime stupeur.
La jeune fille n'en croyait pas ses oreilles.
- « Tu plaisantes ? » reprit-elle avec incrédulité. « Cette chambre est tellement grande qu'on peut faire tenir au moins la moitié de mon appartement dedans ! Et on est trois à y vivre ! », conclut-elle en levant les bras au ciel pour mieux appuyer ses propos.
- « Heu... Non, je ne plaisante pas », répondit Chat Noir en se grattant nerveusement la nuque. « Enfin, je crois que la surface de base est à peu près la même, mais j'ai une salle de bain et une mezzanine en plus... »
Sa voix mourut devant l'expression effarée de Ladybug. Cette dernière n'aurait probablement pas parue plus sidérée que si une seconde tête avait soudainement poussé sur l'épaule du jeune homme.
- « Ta chambre est plus grande que la moitié de mon appartement », articula péniblement l'héroïne.
- « Oui ? Peut-être ? » répondit Chat Noir avec un petit sourire contrit.
- « Misère. Tu es un gosse de riche », lança Ladybug en levant les yeux au plafond.
- « C'est peut-être un peu exagéré », protesta immédiatement son partenaire, levant les mains en un machinal geste de défense.
- « La. Moitié. De. Mon. Appartement », répéta implacablement la jeune fille en croisant les bras.
Elle toisa son partenaire de son regard perçant, comme pour le défier d'oser prétendre le contraire.
- « Bon, ok », abandonna Chat Noir avec un soupir de défaite. « Il est possible – certain – », corrigea-t-il devant le coup d'œil dubitatif que lui lança sa partenaire. « Il est certain que ma famille est plutôt aisée... », confia-t-il avec ce qui était probablement un doux euphémisme pour décrire la colossale fortune que représentait l'empire qu'avait bâti son père. « Et c'est... c'est un problème ? », demanda-t-il avec une palpable inquiétude, cherchant instinctivement une trace de désapprobation dans le regard limpide de sa Lady.
Chat Noir avait beau savoir que sa coéquipière n'était pas du genre à se laisser impressionner par une telle information, il avait vu trop de gens changer radicalement en découvrant sa situation familiale pour ne pas pouvoir s'empêcher de ressentir une incontrôlable pointe de malaise à chaque fois qu'une pareille situation se présentait.
Mais à son grand soulagement, un doux sourire se dessina sur les lèvres roses de Ladybug.
- « Pas du tout, chaton », le rassura aussitôt la jeune fille. « Je suis juste surprise. Tu tiens plus du chat de gouttière que du matou de bonne famille », lança-t-elle en tendant la main vers lui pour lui ébouriffer affectueusement les cheveux
- « Je n'en reste pas moins un chat de gouttière très bien élevé », rétorqua Chat Noir en attrapant ses doigts pour y déposer un léger baisemain.
A la grande joie de l'adolescent, Ladybug éclata d'un cristallin rire, avant de lui donner une petite pichenette sur le nez.
- « Idiot de Chat », murmura-t-elle avec une indéniable tendresse.
Les deux héros échangèrent un regard amusé, puis, peu à peu, l'expression de Ladybug se fit progressivement plus sérieuse. L'atmosphère qui avait été jusque-là légère s'alourdit sensiblement et la jeune fille se redressa instinctivement, comme pour contrebalancer un massif poids qui aurait fait son apparition sur ses épaules.
- « Bon, assez plaisanté », reprit-elle d'une voix plus grave. « Il faut qu'on parle. »
Les deux héros s'étaient assis en tailleur sur le large lit qui trônait contre un mur de la chambre, s'installant dos à dos pour ne pas risquer de compromettre leurs identités respectives.
La tension qui régnait à présent dans la chambre était presque palpable, et l'ambiance aurait difficilement pu être plus différence du léger badinage qu'échangeaient encore les deux jeunes gens quelques minutes plus tôt.
Le cœur de Ladybug battait maintenant à un rythme effréné, créant de sourdes pulsations qui tonnaient dans sa poitrine comme l'oppressant grondement d'un ciel d'orage. Tentant désespérément de calmer cette tempête naissante, la jeune fille prenait de lentes et profondes inspirations, avant d'expirer tout aussi intensément.
Elle était nerveuse.
Terriblement, irrépressiblement nerveuse.
Ladybug avait beau vouer une confiance absolue à Chat Noir, savoir du plus profond de son âme que jamais il ne trahirait sa confiance en se retournant pour tenter de voir son visage, elle se sentait terriblement vulnérable à l'idée de se détransformer si proche de son coéquipier. C'était stupide, parfaitement stupide, et elle le savait. Mais il lui était difficile d'oublier si facilement des années de conditionnement, durant lesquelles elle avait fui comme la peste la simple pensée de se détransformer à quelques mètres de quelqu'un d'autre.
Et là, ils étaient dos à dos, si proches l'un de l'autre que Ladybug pouvait sentir la douce chaleur qui irradiait du corps de Chat Noir. Tout comme elle notait sans la moindre peine la façon dont poids son corps faisait s'incurver le matelas, ou qu'elle entendait les doux crissements des draps alors qu'il s'agitait nerveusement.
Car Chat Noir était tendu lui aussi, sans le moindre doute.
Comme une corde d'arc prête à rompre, comme un nerf sur le point de se déchirer.
Le jeune homme se demandait encore comment il était possible que son cœur ne se soit pas arraché de lui-même de sa poitrine à force de bondir de la même façon que s'il avait été frappé d'une folie furieuse. Comme à chaque fois qu'il se sentait fébrile, Chat Noir passa machinalement l'un de ses mains derrière sa tête, grattant la tendre peau de sa nuque sans même s'en rendre compte.
L'héroïne qui hantait ses rêves était assise juste derrière lui.
Et bientôt, elle ne serait plus Ladybug, mais la fille qui se cachait derrière son masque et dont il était désespérément amoureux.
Une douce rougeur se dessina délicatement sur les joues de Chat Noir.
Jamais celle qu'il aimait tant n'avait été à si proche et si loin à la fois. Car bien qu'elle soit assise à quelques centimètre de lui, Ladybug restait inatteignable, protégeant son identité aussi farouchement qu'une ourse défend ses petits. Mais bien que cette situation aurait pu engendrer une légitime frustration, Chat Noir se sentait au contraire étrangement heureux.
Sa Lady lui faisait confiance, au point d'abandonner son héroïque apparence alors qu'elle se trouvait dans la même pièce que lui.
Cette manifestation de foi touchait Chat Noir bien plus qu'il n'aurait pu le dire, et il sentait une douce onde de chaleur se diffuser peu à peu dans sa poitrine à la pensée que sa Lady savait avec une absolue certitude que jamais il ne la trahirait.
Chat Noir bougea mécaniquement les épaules, faisant rouler sous sa peau ses muscles crispés par la tension qui alourdissait encore l'atmosphère.
- « Prête ? », lança-t-il à sa partenaire, d'une voix plus tendue qu'il ne l'aurait souhaité.
Serrant rageusement les poings sur ses genoux, la jeune héroïne laissa échapper un bref soupir. Ce n'était pas le moment de paniquer, se sermonna-t-elle. Ses peurs absurdes n'avaient pas lieu d'être dans ce passé où Chat Noir et elles étaient prisonniers, et les conseils avisés de leurs kwamis leurs seraient sans nul doute indispensables.
- « Prête », répondit-elle avec un calme qu'elle était loin de ressentir. « Tikki ! »
Alors que sa transformation s'évanouissait, Ladybug saisit du coin de l'œil une nuée d'étincelles vertes, signe que Chat Noir abandonnait lui aussi son héroïque apparence.
Si Marinette croyait qu'il n'était pas possible à son cœur de battre plus vite encore, elle réalisa rapidement qu'elle s'était lourdement trompée. Le rythme de ce vital organe s'emballa au point que la jeune fille n'arrivait plus à distinguer une pulsation d'une autre, et son assourdissant bruit résonnait avec tant de force sous son crâne qu'elle en était étourdie.
Machinalement, l'adolescente passa ses doigts sur son visage.
Plus de masque.
En baissant les yeux, elle constata que sa tenue d'héroïne s'était transformée en une fine robe de lin, et sentit aussitôt une nouvelle bouffée d'angoisse l'envahir.
Jamais elle ne s'était sentie aussi vulnérable.
Soudain, son regard accrocha celui de Tikki, qui voletait à quelques dizaines de centimètres de sa tête. Son kwami lui adressa le plus rassurant des sourires, avant de s'approcher pour déposer un léger baiser sur sa pommette que la tension rendait brûlante.
- « Ne t'inquiète pas », lui chuchota-t-elle de sa petite voix flûtée. « Tout va bien se passer. »
Avant que Marinette ne puisse répondre quoi que ce soit, un second petit être entra dans son champ de vision. Un second kwami, aussi noir qu'une boule de charbon, et dont les oreilles rappelaient curieusement celles qui auraient pu orner le crâne d'un félin.
Plagg.
Le kwami de Chat Noir.
Parfaitement indifférent à l'inquisiteur examen dont il faisait l'objet, Plagg s'approcha pour saluer Tikki d'un geste amical. Puis, quand le regard du sombre kwami tomba enfin sur le visage de Marinette, ses yeux d'un vert si semblable à ceux de Chat Noir s'écarquillèrent de surprise.
- « Oh ! »
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