Chapitre 4
Ladybug était une héroïne.
Et comme toutes les héroïnes, elle se devait de faire preuve d'un admirable sang-froid quelles que soient les circonstances.
En tant que Marinette, elle savait pertinemment que cet aspect précis de sa personnalité était loin d'être son point fort, au point qu'il avait déjà parasité ses héroïques activités. C'est pourquoi elle avait travaillé dur pour s'améliorer dans ce domaine, et avait fait de remarquables progrès qui l'emplissaient de fierté. Certes, l'ampleur desdits progrès avait été facilitée par le fait qu'elle avait ce qu'il était diplomatique d'appeler une large marge de progression, mais tout de même.
Être calme.
Héroïque.
Faire preuve de sang-froid. Encore et toujours.
Mais quand le visage de Chat Noir – SON Chat Noir – s'éclaira d'un sourire de bonheur incrédule, toutes les bonnes résolutions de Ladybug volèrent immédiatement en éclat.
Au diable le sang-froid.
- « Chat ! », s'exclama la jeune fille dans un bref cri.
Un cri de soulagement. Un cri de joie.
Un cri du cœur.
Le blond héros eut à peine le temps d'écarter les bras que Ladybug l'emprisonnait dans une farouche étreinte, dont l'intensité les surpris tous les deux. Tandis que la jeune fille serrait Chat Noir de toutes ses forces contre elle, les mains de l'adolescent se glissèrent instantanément autour de la fine taille de sa partenaire. Elles n'y restèrent qu'un instant, courant ensuite le long de la colonne vertébrale de Ladybug pour s'attarder un moment sur ses omoplates, puis montèrent jusqu'à ses épaules avant de redescendre de nouveau, et de recommencer, encore. Comme si Chat Noir avait soudain besoin que ses doigts lui confirment que ses yeux ne lui jouaient pas de cruels tours.
Respirant profondément pour tenter de conserver son calme, le jeune homme pressait à son tour Ladybug contre son cœur, la gardant fermement dans ses bras comme s'il voulait ne jamais la laisser repartir.
Il osait à peine y croire.
Cette dernière journée avait sans nul été doute la plus folle qu'il ait jamais vécu, et la plus éprouvante aussi. Chat Noir était un héros, habitué à faire face à des défis plus ardus les uns que les autres. Mais cette fois, projeté dans une époque qui n'était pas la sienne et privé de tout repère, il avait dangereusement flirté avec ses limites. Tout d'abord frappé d'incrédulité, puis d'horreur, l'adolescent avait ensuite lentement commencé à saisir l'atroce réalité.
Il avait été propulsé en Egypte.
Des milliers d'années dans son passé.
Durant un bref instant de panique, le jeune homme avait alors cru que sa raison lui échappait inexorablement, glissant entre ses doigts aussi sûrement que s'il avait tenté de saisir de l'eau avec ses mains.
A l'exception de la triste ombre que formait sa situation familiale, Chat Noir aimait sa vie de toute son âme. Ses précieux amis, sa ville bien-aimée, son irremplaçable coéquipière et même son strict père représentaient pour lui bien plus qu'il n'aurait jamais pu le dire avec de simples mots, et son cœur avait failli se briser à l'idée que tout ce qui lui était si cher lui avait été peut-être définitivement arraché.
Mais maintenant, la présence inespérée de Ladybug lui apparaissait comme une oasis d'espoir au milieu d'un sombre cauchemar, et tout lui semblait de nouveau possible.
Enfouissant son visage dans le creux du cou de cette jeune fille qu'il avait un instant craint avoir perdu à tout jamais, Chat Noir ferma les yeux.
- « Je suis là, ma Lady », murmura-t-il d'une voix tremblante. « Je suis là. »
Raffermissant sa prise autour des épaules de son coéquipier, Ladybug laissa échapper un petit bruit dont Chat Noir n'aurait pas su dire s'il s'agissait d'un nerveux éclat de rire ou d'un sanglot étranglé. Quelles que soient les épreuves que sa partenaire avait traversé ces dernières heures, elle semblait tout aussi secouée que lui par leur délirante situation, et au moins tout aussi soulagée d'avoir retrouvé un familier visage au fond de cette Egypte d'un autre âge.
Peinant toujours à y croire, Ladybug prit une lente et profonde inspiration, tout en battant furieusement des paupières pour lutter contre les larmes d'émotion qui menaçaient de déborder de ses yeux bleus.
Chat Noir.
Son Chat Noir.
Ce n'était pas un rêve. Ni une hallucination, ou quoi que ce soit que son esprit affolé aurait pu inventer pour tenter d'adoucir la sourde angoisse qui lui tordait les entrailles à l'idée de se retrouver seule, coincée à des centaines de siècles et de kilomètres de chez elle.
Non, là, elle pouvait sentir le torse de son coéquipier qui se levait et s'abaissait au rythme de sa respiration. Les vigoureux battements de son cœur, qui résonnaient dans sa poitrine avec autant de force qu'un puissant et merveilleux instrument de percussion.
Il était là. Bel et bien là.
S'écartant légèrement de Chat Noir, Ladybug plongea un regard interrogateur dans les yeux d'un impossible vert du jeune homme.
- « Mais pourquoi... », balbutia-t-elle avec une légitime incrédulité. « Comment ? Comment est-ce que tu es arrivé ici ? »
- « De la même façon que toi, je suppose », répondit Chat Noir d'une voix douce. « Le rayon était trop large pour pouvoir être évité. J'ai été pris dedans moi aussi, malgré ton intervention. Mais merci quand même d'avoir essayé », conclut-il avec un chaleureux sourire.
- « Je suis désolée de ne pas avoir réussi », murmura-t-elle lentement, sans oser croiser le regard de Chat Noir.
Ces quelques mots franchirent difficilement ses lèvres, raclant contre sa gorge comme une poignée de gravier.
Rarement des paroles que la jeune fille avait prononcées n'avaient été à la fois aussi sincères et aussi fausses. Imaginant sans peine ce que Chat Noir avait dû ressentir en se découvrant prisonnier d'un autre temps et d'un autre lieu, Ladybug était réellement navrée que son partenaire ait eu à endurer lui aussi une pareille épreuve. Mais au fond d'elle-même, une petite voix culpabilisante lui soufflait qu'elle ne pouvait pas non plus nier qu'elle était infiniment soulagée d'avoir désormais son précieux coéquipier à ses côtés.
- « Hey, on ne peut pas réussir à tous les coups », répondit le jeune homme d'un ton rassurant, qui arracha l'adolescente à ses mornes pensées. « Et entre nous, tu n'as aucun regret à avoir », reprit-il avec un malicieux sourire qui fit hausser un suspicieux sourcil à sa partenaire. « C'était le plus beau tacle que j'ai jamais subi, et je pense que mon malheureux derrière se souviendra encore longtemps de ma chute ! »
- « Idiot », répliqua Ladybug avec un faible éclat de rire, tout en ébouriffant affectueusement quelques mèches de son blond partenaire.
Ce faisant, la jeune fille se fit distraitement la remarque qu'en plus de leurs esprits, leurs propres corps étaient probablement là eux aussi, cohabitant d'une quelconque façon avec ceux de leurs antiques alter-egos. Car sans le moindre doute, la chevelure soyeuse qu'elle sentait à présent sous ses doigts n'était nulle autre que celle de son coéquipier.
Ecartant rapidement ces considérations métaphysiques auxquelles elle n'aurait certainement jamais de réponse, Ladybug laissa échapper un profond soupir.
Puis, soudainement, elle réalisa qu'elle se trouvait toujours blottie dans les bras de Chat Noir. D'ordinaire, elle évitait de prolonger plus que nécessaire le moindre contact physique avec son partenaire, surtout quand ce genre d'évènement n'était pas dicté par un impérieux besoin de survie. Officiellement, la jeune fille maintenait cette stricte distance en raison des sévères limites professionnelles qu'elle s'imposait. Officieusement, les quelques fois où Ladybug s'autorisait à être parfaitement honnête avec elle-même, l'adolescente s'avouait que de tels rapprochements étaient surtout bien trop dangereux pour les ambigus sentiments que lui inspiraient désormais son précieux coéquipier.
Mais là, les choses étaient différentes.
Chat Noir et elle étaient seuls, perdus au milieu d'un monde qui leur était totalement inconnu. Tels deux naufragés à la dérive, ils erraient sur un océan de peur, d'espoir et de mystères, sans savoir s'ils pourraient un jour regagner leur terre natale.
La réconfortante proximité qui était à présent la leur les rassurait tous les deux, et Ladybug n'avait aucune envie de rompre cette chaleureuse étreinte. Tant pis pour ses fermes résolutions. Adrien régnait toujours sur son cœur, c'était indiscutable. Mais après avoir traversé tant de sinistres émotions dans cette Egypte d'un autre âge, Ladybug estimait qu'elle était en droit de s'autoriser un bref et innocent caprice, et de profiter un instant de la chaleur apaisante des bras de son coéquipier.
- « Je n'aurais jamais cru te retrouver ici », confia la jeune fille dans un souffle, son regard toujours rivé à celui de Chat Noir. « J'ai essayé de te contacter avec mon yo-yo, mais ça n'a rien donné »
- « Ah, je crois que je sais pourquoi », répondit son coéquipier avec un petit sourire contrit. « Je me suis détransformé dès que je suis arrivé ici. Pour parler à Plagg. »
Les immenses yeux de Ladybug s'écarquillèrent de surprise, puis l'adolescente secoua machinalement la tête de gauche à droite.
- « Tout bêtement... » maugréa-t-elle à voix basse. « Si j'avais su... »
Chat Noir laissa échapper un léger rire devant la grimace qui tordait comiquement le visage de sa partenaire, avant de lui adresser un petit clin d'œil.
- « Je sais que tu n'aimes pas que j'aborde ce sujet, mais on manque vraiment de moyens de communiquer hors costume », lança le jeune homme d'un ton espiègle. « On devrait échanger nos numéros de téléphones. On aurait déjà dû le faire depuis longtemps, ça nous aurait épargné ce genre de problèmes. »
- « Idiot de Chat », répliqua Ladybug avec un rire cristallin. « On est en l'an moins je-ne-sais-plus-combien. Il n'y a pas de téléphones. »
- « ça ne change rien au fait que j'adorerai avoir ton numéro », rétorqua malicieusement le jeune héros, tout en savourant le son mélodieux du rire de sa partenaire.
- « Un jour, peut-être... Si tu es sage... », le taquina gentiment la jeune héroïne.
Le sourire de Chat Noir se fit plus large encore.
Certes, sa Lady n'avait pas fermement approuvé l'idée d'échanger leurs numéros, mais tout de même.
Elle n'avait pas non plus dit « non ».
- « Je suis toujours sage, ma Lady », répliqua l'adolescent avec un clin d'œil espiègle.
- « Ça se saurait », rétorqua aussitôt la jeune fille en lui donnant une affectueuse pichenette sur le nez.
Cet amicale conversation n'était clairement d'aucune utilité aux deux héros pour réfléchir à un moyen de regagner leur époque, mais pour l'instant, ni l'un ni l'autre ne s'en souciait. Ils traversaient une si rude épreuve que cette inattendue parenthèse était aussi bienvenue qu'une désaltérante pluie au milieu d'un implacable désert, ou qu'un instant de calme au cœur de la plus terrifiante des tempêtes.
Inconsciemment, ils se raccrochaient à ce bavardage futile en apparence, trouvant dans ces échanges si familiers un réconfort qui apaisait leurs glaçantes terreurs avec autant de douceur que s'ils avaient été délicatement réchauffés par la flamme d'un feu de bois.
Les deux adolescents se sentaient peu à peu plus légers, comme si un oppressant poids avait tout à coup été ôté de leur poitrine. Tranquillement dans les bras l'un de l'autre, ils savouraient chaque seconde, chaque mot que l'autre prononçait, chaque inflexion de leurs voix.
Peu importait ce qui les attendaient, ils étaient ensembles.
Et à eux deux, tout devenait possible.
Au bout d'un instant d'un confortable silence, Ladybug releva le visage vers son partenaire, dont les mains étaient toujours délicatement posées sur sa taille.
Le cœur de Chat Noir manqua de rater un battement tant la vision de sa Lady baignée par la lumière de cette Lune d'un autre âge était stupéfiante. Il avait toujours trouvé les yeux de Ladybug particulièrement saisissants, mais les nuits d'Egypte ne faisaient qu'accentuer cette hypnotisante impression. Les immenses pupilles de la jeune fille reflétaient superbement les myriades d'étoiles qui scintillaient au-dessus d'eux, rendant son regard plus intense que jamais.
Déglutissant péniblement, le héros de Paris nota tout à coup que le masque de sa coéquipière était légèrement différent de celui qui lui était si familier. En plus de ses habituels points noirs, le matériau rouge était également orné de sombres lignes semblables à des traits de khôl, qui encerclaient les yeux de Ladybug et magnifiaient son regard.
S'il n'avait pas déjà été amoureux fou, l'adolescent aurait sans nul doute été envoûté en un seul coup d'œil.
- « Et donc », lança soudainement Ladybug, arrachant Chat Noir à sa béate contemplation, « Qu'est-ce que tu étais en train de faire quand je t'ai retrouvé ? »
- « Je... Et bien, j-je... », balbutia péniblement le jeune homme, tentant désespérément de retrouver ses esprits après s'est trop longtemps noyé dans l'ensorcelant regard de sa partenaire, « En fait, je n'avais pas vraiment de but... J'explorais juste les environs, histoire de savoir où j'avais atterri exactement », conclut-il avec un petit rire nerveux. « Et toi ? »
- « J'étais à la recherche du Chat Noir de cette époque », répondit Ladybug, avant de s'empourprer légèrement devant l'expression surprise de son coéquipier. « J'avais besoin d'aide et je... Je me suis dit qu'il pourrait faire un bon allié. Je suppose que tu dois trouver ça bizarre... »
Le visage de Chat Noir se fendit d'un immense sourire.
- « Au contraire, je trouve cette idée géniale », répliqua-t-il aussitôt. « Et je suis ravi de voir que la confiance que tu m'accordes est telle qu'elle s'étend jusqu'à mes illustres prédécesseurs », rajouta-t-il avec un clin d'œil malicieux. « C'est très flatteur. »
- « Raaaah... Rappelle-moi pourquoi j'étais contente de te retrouver ? », grommela aussitôt Ladybug, tout en poussant un soupir faussement contrarié.
Elle accompagna cette lourde expiration d'un théâtral mouvement, passant sa main sur le front d'un geste dramatiquement las. Cette manifestation de feinte irritation ne fit qu'encourager Chat Noir, qui se fendit d'une brève inclinaison de la tête dans la direction de l'héroïne.
- « Parce que je suis irrrrrrésistible », chantonna gaiement le jeune homme, roulant volontairement les « r » pour émettre un bruit extraordinairement semblable au ronronnement d'un félin.
Ladybug écarta légèrement les yeux de surprise, puis, au grand ravissement de son partenaire, l'adolescente ne put s'empêcher d'éclater de rire.
Quelques tranquilles minutes s'écoulèrent encore, avant que Ladybug ne laisse échapper un léger soupir. Tout aussi plaisantes que soient ces inattendues retrouvailles, Chat Noir et elle n'avaient pour l'instant pas parlé une seule fois de la façon dont ils pourraient s'y prendre réussir à regagner leur époque, et c'était un sujet qu'ils ne pouvaient se permettre d'ignorer plus longtemps.
Songeuse, l'héroïne laissa son regard courir autour d'elle.
Chat Noir et elle étaient toujours quelque part au beau milieu de Thèbes, perchés sur la terrasse au niveau de laquelle elle avait rattrapé le jeune homme. Ils n'auraient eu que quelques pas à faire pour se perdre dans l'ombre du gigantesque temple qui se dressait à quelques mètres d'eux, mais du point de vue de Ladybug, cette situation n'était pas sûre pour autant. La jeune fille était bien trop loin de maitriser leur environnement actuel pour être tranquille, et ignorait s'ils prenaient le risque de s'exposer à d'éventuels témoins en s'attardant ici.
- « Tu veux venir chez moi ? » lança-t-elle brusquement, faisant légèrement tressaillir son partenaire. « Enfin, chez elle ? », rectifia-t-elle en posant une main sur sa propre poitrine. « C'est un endroit sûr, on pourra continuer à parler tranquillement. »
Soudain fébrile, Ladybug se mordit machinalement la lèvre inférieure. Elle avait une idée précise en tête, que jamais elle n'aurait osé proposer en temps normal. La simple pensée de ce qu'elle s'apprêtait à dire la rendait terriblement nerveuse, et elle espérait de tout cœur ne pas être ne train commettre une erreur.
Mais la situation était plus que particulière, et requérait sans le moindre doute des mesures exceptionnelles.
- « Il faudrait qu'on discute de comment on est arrivé ici et surtout de comment on peut repartir », reprit la jeune fille d'une voix tendue, « Et je pense que ça serait une bonne chose que nos kwamis participent à la conversation. »
Chat Noir sursauta de stupéfaction, et ses yeux d'un vert lumineux s'assombrirent légèrement quand ses pupilles se dilatèrent sous l'effet d'un étonnement mêlé d'espoir incrédule.
Leurs kwamis.
Qui ne pouvaient apparaitre que lorsqu'ils étaient détransformés.
Coupant aussitôt court au flot de pensées qui se déversait soudain dans le cerveau du jeune homme, Ladybug leva vivement la main pour l'avertir qu'elle n'avait pas fini de parler.
- « S-Sans dévoiler nos identités pour autant », précisa-t-elle rapidement, ses mots se bousculant au bord de ses lèvres sous l'effet de sa croissante nervosité. « P-Par exemple, si on se tient dos à dos, ça ne posera pas de problème. Est-ce que ça te va ? »
Le cœur de l'héroïne battait à présent à tout rompre dans sa poitrine, comme si cette dernière était soudainement devenue trop petite pour le contenir. Ladybug ne doutait pas un instant qu'avec son ouïe surnaturelle, Chat Noir ne devait pas rater une seule pulsation de son vital organe.
Mais s'il avait noté la fébrilité de sa partenaire, le jeune homme eu la bonne grâce de ne pas en faire la remarque, pas plus que son visage ne montra la moindre déception à l'idée de ne pas découvrir enfin qui se cachait derrière le masque de sa chère coéquipière.
- « ça me va », répondit le jeune homme avec douceur.
Sans que leur propriétaire ne s'en rende compte, les doigts de Chat Noir courraient machinalement sur l'avant-bras de Ladybug, s'aventurant jusqu'à son coude que les brassards de l'héroïne laissaient à nu. L'adolescente frissonna légèrement, prenant soudain une conscience aigüe de ce contact sur sa peau d'ordinaire recouverte d'un costume. Avant même que sa raison n'empêche ses pensées de vagabonder, Ladybug ne put s'empêcher de noter que les mains de Chat Noir étaient quant à elles toujours gantées, l'empêchant de sentir son épiderme contre le sien. La douceur de ses doigts. La chaleur de sa peau.
Puis, retrouvant brutalement ses esprits, Ladybug secoua vivement la tête.
Non.
Ce n'était ni le bon moment, ni le bon endroit.
Ni le bon garçon, lui susurra perfidement sa conscience, lui rappelant vicieusement que pendant de longues minutes, un autre blond jeune homme avait été totalement occulté de ses pensées par son coéquipier.
Cependant, en dépit de ces importunes impulsions qui parasitaient le cerveau de la jeune fille, Ladybug ne s'était toujours pas éloignée de Chat Noir. Pas plus que ce dernier n'avait effectué ne serait-ce qu'un pas. Cette dernière journée avait été terriblement éprouvantes pour les deux héros, et le jeune homme répugnait manifestement tout autant que Ladybug à rompre leur réconfortante étreinte.
- « On devrait y aller », murmura doucement l'adolescente, faisant appel à toute sa volonté pour s'arracher aux bras de son partenaire.
Chat Noir hocha silencieusement la tête, avant de laisser retomber ses mains et de faire quelques pas sur le côté.
En dépit des hautes températures de cette nuit d'Egypte, Ladybug sentit un vif frisson lui parcourir l'échine quand elle se retrouva brusquement privée de la douce chaleur des bras de son coéquipier. Secouant une nouvelle fois la tête pour tenter de faire disparaitre définitivement la moindre de ces inopportunes pensées, elle adressa un bref mouvement de la main à Chat Noir pour lui intimer de la suivre.
- « Allons-y », lança-t-elle d'une voix ferme, avant de s'élancer dans les airs.
Chat Noir bondit derrière elle à peine une fraction de seconde plus tard, et les deux héros s'enfoncèrent dans la nuit.
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