Chapitre 2

Ladybug resta un instant figée sur place.

Paralysée par un terrifiant désespoir, qui s'insinuait en elle jusqu'au plus profond de ses os. Qui lui glaçait les veines aussi sûrement que ne l'aurait fait le plus effrayant des blizzards et lui comprimait la poitrine aussi violement que si cette dernière se trouvait prisonnière du plus oppressant des étaux.

La laissant hébétée, réalisant à peine ce qui lui arrivait.

- « Ok. Non », murmura-t-elle d'une voix blanche. « Non, non, non. Ce n'est pas possible. Ce. N'est. Pas. Possible. »

Se sentant gagnée par un vertige qui n'avait rien à voir avec le malaise qu'avait causé l'attaque qu'elle venait de subir, l'adolescente se raccrocha machinalement au rebord du balcon sur lequel elle se trouvait. Surprise par le toucher rugueux de la pierre sous ses doigts, la jeune fille baissa le regard, pour découvrir que son costume avait disparu.

Ou du moins, qu'il avait été remplacé par une tenue qui lui était beaucoup moins familière.

Ses mains étaient nues, bien que ses avant-bras soient quant à eux recouverts de brassards en cuir rouge à poids noirs. Un rapide coup d'œil apprit à Ladybug qu'elle portait une courte tunique de lin arborant elle aussi ses héroïques couleurs. La fragile apparence du tissu n'était sûrement qu'illusoire, et il était probable que cette tenue soit en réalité aussi résistante que son habituel costume, mais pour le moment, l'adolescente était en réalité bien loin de ces considérations vestimentaires.

Son esprit restait focalisé sur une unique et terrifiante pensée : Elle n'était plus à Paris.

Ni en France.

Ni à son époque.

Au vu de l'environnement dans lequel elle se trouvait, il ne faisait à présent aucun doute pour la jeune héroïne que la mystérieuse attaque dont elle avait été victime l'avait propulsée terriblement loin dans l'espace, et encore plus loin dans le temps.

En Egypte Antique.

A des centaines de kilomètres de chez elle, et des millénaires avant sa propre naissance.

Submergée par une croissante vague de panique, Ladybug effectua instinctivement quelques pas en arrière, comme si s'éloigner de ce paysage d'un autre âge effacerait soudainement le mauvais sort qui s'était abattu sur elle.

- « Ce n'est pas possible », répéta-elle de nouveau, ses dents se mettant à claquer sous l'effet d'un légitime effroi.

Ladybug refusait catégoriquement l'idée d'être à présent piégée dans l'Egypte du temps des pharaons. Son désarroi était d'autant plus poignant qu'en dépit de sa fertile imagination, la jeune fille affolée n'avait pour l'instant aucune idée de comment elle pourrait se sortir la terrible situation dans laquelle elle semblait désormais plongée.

C'était un cauchemar.

Un sombre et épouvantable cauchemar, dont elle allait certainement se réveiller d'un moment à l'autre.

Alors que la terreur qui gagnait la jeune fille se faisait de plus en plus grande, courant dans ses veines comme le plus insidieux des poisons, une fulgurante idée traversa soudain l'esprit de l'adolescente. Baissant les yeux sur sa hanche, Ladybug découvrit avec un indicible soulagement qu'un yo-yo identique au sien y était toujours accroché. Elle s'en empara d'une main tremblante, avant de l'ouvrir comme elle l'avait déjà fait des dizaines, des centaines de fois pour contacter Chat Noir.

Son précieux partenaire, dont elle avait maintenant plus besoin que jamais.

Avec une angoisse presque insoutenable, l'héroïne de Paris fixa l'écran qui s'affichait devant elle.

Mais rien.

Aucun signal.

Aucun appel possible.

Ladybug sentit son cœur se briser dans sa poitrine, et un incontrôlable sanglot s'échappa de ses lèvres entrouvertes.

Elle aurait dû s'en douter. Les pouvoirs des miraculous défiaient l'imagination, mais ils avaient naturellement leurs limites. Elle avait été cruellement naïve d'espérer pouvoir ainsi contacter son cher coéquipier à travers les âges.

Elle était seule, abandonnée dans un lieu et un temps qui n'étaient pas les siens, sans personne pour lui venir en aide.

Non, réalisa-t-elle soudain.

Elle était Ladybug. Tant qu'elle était transformée, elle n'était jamais totalement seule.

- « Tikki », laissa machinalement échapper la jeune fille, tandis que l'espoir faisait soudain battre son cœur à grands coups effrénés.

Elle avait son kwami. Une créature âgée de plusieurs millénaires, et aux sages conseils.

Tout n'était peut-être pas perdu.





Tournant sur ses talons, Ladybug quitta le balcon sur lequel elle se trouvait pour se diriger vers la pièce qui y était attenante.

Conditionnée par des années passées à éviter la présence du moindre témoin susceptible de surprendre ses métamorphoses, la jeune fille refusait instinctivement de laisser sa transformation s'évanouir alors qu'elle surplombait ainsi la rue. De plus, elle avait été violemment projetée dans un lieu qui lui était totalement inconnu, et elle tenait à faire preuve de la plus grande vigilance avant de reprendre son apparence de lycéenne.

Hors de question de se détransformer tant qu'elle ne se serait pas assurée qu'elle ne risquait rien.

D'un pas prudent, Ladybug s'approcha de la salle sur laquelle donnait son balcon, avant de rester figée de surprise à l'entrée de la pièce. Un hoquet de stupéfaction s'échappa de ses lèvres, tandis que ses grands yeux parcouraient la pièce avec une incrédulité croissante.

Elle venait manifestement de rentrer dans une vaste chambre, mais la magnificence des lieux était telle que l'espace d'un instant, Ladybug oublia la terrible situation dans laquelle elle se trouvait pour se perdre dans la contemplation de la salle.

La jeune héroïne ne connaissait de l'Egypte antique que des photographies de ruines d'un tendre beige rosé ou d'un doux ocre. Et si elle avait déjà tenté de se représenter à quoi devait autrefois ressembler ces archaïques bâtiments, elle devait aujourd'hui admettre que son imagination n'avait manifestement jamais rendu justice aux talents artistiques des égyptiens des temps passés.

Devant elle s'offrait à présent une véritable explosion de couleurs, au point qu'elle ne savait même plus où poser le regard. De splendides colonnes aux sommets rappelant des fleurs de lotus stylisées s'élançaient vers le plafond, tandis que les murs et plafonds était peints de superbes fresques aux motifs inspirés par la nature. De chaleureux tons rouge orangé y côtoyaient les plus riches des turquoises, les plus éclatants des verts, les plus fastueux dorés.

Le mobilier n'était par ailleurs pas en reste.

Fauteuils en bois précieux, luxueux coffres ou tables richement décorées étaient disposés un peu partout dans la chambre, aux côtés de vases finement peints, de luxuriantes plantes et de non moins splendides tentures. Complétant l'ensemble, un large lit orné de gravures délicatement ciselées était disposé le long d'un mur et recouvert de draps fins.

Manifestement, les propriétaires de l'endroit où avait atterri Ladybug étaient tout sauf dans le besoin.

Secouant machinalement la tête pour reprendre ses esprits, la jeune fille effectua une rapide inspection des lieux. Son regard acéré parcouru chaque recoin de la pièce à la recherche d'un intrus, mais heureusement pour l'adolescente, les riches tentures et les différentes pièces de mobiliers ne dissimulaient pas la moindre présence. La jeune héroïne nota également avec un palpable soulagement que l'entrée de la chambre était fermée par une solide porte en bois, dont la présence la prémunirait de la moindre intrusion.

Ladybug avait le champ libre pour se détransformer en toute quiétude.

- « Tikki ! », s'exclama l'adolescente sans plus attendre.

Une lueur rosée enveloppa la jeune fille, tandis que sa transformation s'évanouissait enfin.





Libérée des boucles d'oreille de la Coccinelle, Tikki surgit dans les airs, avant d'immédiatement se poser dans les paumes ouvertes de Marinette.

- « Oh, Tikki ! », répéta la lycéenne affolée. « Je suis tellement contente de te voir ! Je ne sais pas ce que cette chose nous a fait, mais je crois qu'elle nous a envoyé en Egypte. En EGYPTE ! S'il te plait, dit-moi que je me trompe », poursuivit-elle d'une voix suppliante. « Que c'est juste un cauchemar, une illusion, ou quoi que ce soit du même genre. On ne peut PAS avoir été projetées des millénaires en arrière ! »

Parcourant la pièce du regard, le petit kwami rouge laissa passer un instant de silence, avant de tourner ses grands yeux d'un bleu profond vers le visage angoissé de son amie.

- « J'ai peur que tu n'aies raison », répliqua précautionneusement Tikki, son ton désolé trahissant à quel point elle s'inquiétait à présent pour la jeune fille. « Nous sommes bel et bien en Egypte, à l'époque des pharaons. Je le sens. »

- « Oh non. Non ! », gémit Marinette en se passant machinalement une main sur le front. « Comment est-ce qu'on va pouvoir faire pour rentrer chez nous ? Qu'on ne soit plus à Paris, passe encore, mais on n'est même plus à la bonne époque ! Je ne peux pas rester ici », poursuivit-elle d'une voix qui montait de plus en plus dangereusement vers les aigus, accompagnant ainsi son affolement croissant. « Il faudrait que je trouve quelque chose qui puisse me ramener au 21ème siècle. Une machine à voyager dans le temps. Mais elles n'existent déjà pas à notre époque, alors je n'ai aucune chance d'en croiser une dans les environs ! Et je ne saurais pas en fabriquer une non plus, mon truc c'est la couture, pas les inventions. Oh, Tikki, qu'est-ce que je vais pouvoir faire ? », conclu-t-elle avec désespoir.

Pour Marinette, le fait de parler à voix haute de la terrifiante situation dans laquelle elle se trouvait ne faisait que rendre les choses soudainement plus réelles, plus effroyables. La maigre carapace de sang-froid qu'avait jusque-là péniblement réussi à maintenir la jeune fille se fissurait à présent, méthodiquement assaillie par le déluge de cauchemardesques émotions qui déferlait sur l'adolescente.

Il fallait qu'elle trouve une solution à cet horrible coup du sort.

Et vite.

Marinette osait à peine imaginer ce qu'il adviendrait d'elle si elle ne parvenait pas à trouver un moyen de regagner son époque. Elle resterait alors éternellement coincée dans un monde qui n'était pas le sien, à des centaines de kilomètres et à des millénaires de chez elle.

Jamais elle ne se lancerait dans une carrière de styliste qui ferait pâlir d'envie le grand Gabriel Agreste lui-même. Plus jamais elle n'irait au lycée. Plus jamais elle n'irait à des concerts de Jagged Stone. Plus jamais elle ne jouerait à ses jeux favoris.

Et surtout, plus jamais elle ne reverrait ses proches.

Alya, Nino, Adrien.

Chat Noir.

Ses parents.

Ses bien-aimés parents, qui ignoraient qu'elle se cachait derrière le masque de Ladybug et qui ne sauraient jamais pourquoi leur fille adorée s'était un jour mystérieusement évanouie de la surface de la Terre. Marinette ne doutait pas un instant que sa disparition leur briserait le cœur plus qu'à n'importe qui d'autre, et qu'elle les torturerait implacablement jusqu'à la fin de leurs jours.

Elle ne pouvait pas leur infliger une pareille souffrance.

Alors qu'elle peinait à imaginer quelle serait la douleur que pourrait ressentir ses parents s'ils devaient la perdre, la poitrine de la jeune fille se serra de plus belle à l'idée qu'elle n'aurait peut-être plus jamais l'occasion de revoir tous ceux qui lui étaient si cher. D'entendre leur voix, de contempler leurs sourires. De leur dire à quel point elle les aimait, et combien elle se sentait privilégiée qu'ils partagent son existence.

De cristallines larmes se formèrent doucement au coin des yeux céruléens de Marinette, avant de se mettre à glisser délicatement le long de ses joues. De silencieux sanglots secouaient à présent le corps de l'adolescente pétrifiée de chagrin, alors qu'une vague de muet désespoir emportait les dernières bribes de sang-froid de la jeune fille.

Jamais elle n'avait été dans une situation aussi désespérée.

- « Calme-toi, Marinette », conseilla soudain Tikki de sa voix flutée, avant de se blottir affectueusement contre la joue baignée de larmes de la lycéenne. « Tu respires trop vite. »

- « Mais j-je... Comment... Comment on va faire ? » hoqueta la malheureuse jeune fille, la gorge maintenant tellement nouée que les mots peinaient à en sortir.

- « Du calme, du calme », répéta le petit kwami d'un ton apaisant, avant de plonger un regard confiant dans celui de Marinette. « Ça va aller. On va trouver une solution. »

Toujours sous le choc, la jeune fille s'assit en tailleur sur le lit, son poids faisant doucement crisser le léger tissu des draps à chacun de ses mouvements. Il lui fallut encore de nombreuses minutes pour retrouver une relative maitrise de ses émotions, mais avec les incessants encouragements de son kwami, l'héroïne fini enfin par se reprendre.

Tenant toujours Tikki en coupe entre ses doigts, Marinette déposa un léger baiser sur le sommet du crâne de sa minuscule amie.

- « Merci, Tikki », murmura-t-elle avec reconnaissance. « ça va un peu mieux. »

- « Je t'en prie », répliqua son kwami en lui adressant un chaleureux sourire. « Maintenant, il faut qu'on réfléchisse à la façon dont on pourrait s'en sortir. »

- « Tu dois déjà connaitre tout ça, non ? », demanda Marinette en désignant la pièce d'un large geste. « Je veux dire, tu es âgée de plusieurs millénaires, donc tu as déjà vécu à cette période de l'Histoire. Tu ne sais rien qui pourrait nous aider ? »

A la grande surprise de la jeune héroïne, une ombre traversa pour la première fois le visage jusque-là rassurant de son kwami.

- « Je n'ai plus aucun souvenir de cette époque », répondit Tikki d'un ton contrarié que Marinette lui avait rarement entendu prendre. « Enfin, pour être exacte, je me rappelle de quelques choses générales en ce qui concerne l'Egypte Antique, mais pour le reste, c'est le trou noir. Ce n'est pas une question de mauvaise mémoire », reprit-elle en fronçant les sourcils, « C'est plutôt comme si quelque chose me bloquait l'accès à mes souvenirs. »

- « Merveilleux », soupira Marinette en levant les yeux au ciel. « Hey ! », reprit-elle soudain, claquant des doigts alors que son visage s'éclairait d'une lueur d'espoir, « J'ai une idée ! Tu ne te rappelles peut-être de rien, mais si on les trouve, je suppose que la Tikki et la Ladybug de cette époque devraient pouvoir nous aider ! »

- « C'est un peu plus compliqué que ça », objecta Tikki avec un sourire penaud. « Je suis la Tikki de cette époque. »

Alors que la jeune héroïne haussait un sourcil intrigué, le petit kwami poursuivit ses explications.

- « J'ai été transportée dans mon propre corps », soupira-t-elle, « Je suis à la fois la Tikki du présent et celle du passé. Et je pense d'ailleurs que c'est ce qui altère ma mémoire », poursuivit-elle en secouant machinalement la tête. « Il y a un peu trop de Tikki au même endroit, et mes souvenirs sont écrasés. »

- « Mais... Mais c'est impossible », balbutia Marinette. « Tu es avec moi, là, maintenant, et j'étais transformée. Ça veux... ça veux dire que... »

- « Tu es Ladybug », approuva sentencieusement le petit kwami rouge. « Enfin, plus précisément, tu emprunte le corps de la Ladybug d'Egypte Antique. »

Les pupilles de Marinette se dilatèrent de surprise, et la jeune fille se leva d'un bond pour se ruer en direction d'un miroir voisin. L'objet était suffisamment grand pour pouvoir afficher une silhouette humaine entière, et sa surface lisse et brillante était d'une qualité suffisante pour renvoyer un reflet parfaitement identifiable.

Soudain hésitante, Marinette posa d'abord son regard sur ses pieds, enserrés dans des sandales de cuir. Puis elle remonta lentement le reflet de silhouette, découvrant une longue robe blanche au tissu plissé. Des poignets fins recouverts de riches bracelets ornés de pierres précieuses. Un large collier doré.

Puis un visage extrêmement familier, au creux duquel brillaient deux yeux dont l'inimitable bleu était souligné traits de khôl.

Son visage.

Ses yeux.

- « Je ne comprends pas », articula lentement Marinette, portant machinalement sa main à sa joue, avant de passer ses doigts dans ses cheveux détachés. « C'est... moi. C'est toujours moi. »

- « Pas seulement », répliqua Tikki avec un léger sourire. « Moi, je vous vois toutes les deux. Si tu te concentres, je suis sûre que tu pourras y arriver toit aussi. »

Marinette jeta un regard sceptique à sa minuscule amie, avant de reporter son attention sur le reflet que lui renvoyait le miroir. Plissant les yeux de concentration, elle scruta avec intensité la silhouette qui s'affichait devant elle.

Et soudain, elle laissa échapper un hoquet de surprise.

Elle l'avait vue.

C'était à peine perceptible. Comme un fantôme caché derrière la brume, comme un spectre de fumée se noyant ensuite dans un brouillard. Mais à présent, en faisant un réel effort, elle arrivait à distinguer d'autres traits qui se superposaient aux siens.

Le visage de la Ladybug de ces anciens temps.

Elle pouvait entrapercevoir sa peau dorée par le soleil, dont la carnation était bien plus foncée que la sienne. Ses cheveux sombres, d'un chaleureux brun qui semblait presque noirs. Son nez busqué. Ses lèvres délicatement ourlées. Ses yeux d'un marron si profond qu'on distinguait à peine ses pupilles de ses larges iris.

Soudain, Marinette cligna des paupières, et les traits de cette ancienne Ladybug s'évanouirent de nouveau, se diluant dans son champ de vision comme de l'encre trop claire à la surface d'un étang.

- « Je... Je l'ai vue... », bredouilla-t-elle, stupéfaite. « Et donc... c'est elle ? Une des précédentes porteuses de ton miraculous ? »

- « Oui », répliqua Tikki avec un petit sourire mélancolique. « Même si pour l'instant je n'arrive plus à me souvenir d'elle. Mais le lien est là, c'est indéniable. C'est Ladybug. »

- « Et elle... Elle est où ? », demanda Marinette avec hésitation. « Son esprit, je veux dire. Parce que là, il n'y a que moi », précisa-t-elle en faisant machinalement bouger ses doigts devant le miroir.

Voyant Tikki hésiter, la jeune héroïne fronça les sourcils.

- « Tikki », reprit-elle d'un ton plus ferme. « Qu'est ce qui lui est arrivé ? »

- « En ce moment, son esprit est en sommeil », répondit le kwami avec une résignation mêlée d'une certaine tristesse. « Quelque part à l'intérieur de son corps. Il est probable qu'elle n'ait même pas réalisé que tu as pris sa place, et à présent elle ne se rend plus compte de rien. »

Les pupilles de Marinette se dilatèrent aussitôt d'horreur. Tout en posant machinalement sa main sur sa poitrine, la jeune fille pivota sur ses talons pour jeter un regard épouvanté à sa minuscule amie.

- « Donc si je reste , dans son corps, elle sera prisonnière à jamais ? », souffla-t-elle d'une voix blanche.

- « C'est... C'est une possibilité... », approuva sombrement Tikki. « Ecoute, Marinette », reprit-elle en voyant la jeune fille se retourner pour faire de nouveau face au miroir, « Je sais que ça fait beaucoup de choses à digérer d'un coup, mais il ne faut pas que tu te laisses abattre par- »

- « Au contraire », la coupa la jeune héroïne d'un ton farouche, « ça me donne encore une raison supplémentaire de me battre pour que nous puissions retourner dans notre époque. On a deux Ladybug à sauver ! », conclut-elle en relevant fièrement le menton.





Alors que la soirée avançait, les deux amies continuèrent à discuter de ce qu'elles savaient de leur situation présente, analysant méthodiquement chaque fait et cherchant à trouver une solution qui leur permettrait de regagner rapidement leur époque.

Tandis qu'elle marchait de long en large dans la pièce, Marinette avait découvert avec un certain étonnement qu'elle était désormais parfaitement capable de lire les écritures hiéroglyphiques qui parsemaient sa chambre. Passé l'instant de surprise, la jeune fille avait fait ironiquement remarquer qu'une glorieuse carrière d'égyptologue s'offrirait à elle si elle conservait ce précieux savoir une fois revenue à son époque.

L'adolescente s'était également légitimement inquiété de ce que pourrait être la réaction des proches de la jeune fille qui se cachait derrière le masque de cette Ladybug du passé quand ils découvriraient que cette dernière avait changé d'apparence pendant la nuit. Car pour ce qu'elle en avait vu, leurs corpulences similaires et leurs longueurs de cheveux étaient bien les seuls points communs que partageaient les deux héroïnes. Cependant, son kwami l'avait bien vite rassurée. Marinette empruntait certes le corps de cette Ladybug, mais son apparence resterait la même aux yeux du monde. Seules les anomalies temporelles telles que Tikki et elle verraient une pâle parisienne aux yeux d'un bleu d'été à la place de la brune égyptienne.

Enfin, les deux amies avaient longuement réfléchi à un plan pour se tirer de l'épouvantable piège dans lequel elles avaient été happées. Parachutées à une époque inconnue, où elles ne connaissaient ni les lieux ni les gens qui les entouraient, il leur était rapidement apparu qu'elles étaient terriblement à court d'informations.

Elles avaient besoin d'une personne de confiance pour leur venir en aide, et un nom était tout naturellement venu à l'esprit de Tikki. En temps normal, le petit kwami rouge aurait pensé en premier lieu à sa partenaire de l'époque. Malheureusement, involontairement emprisonnée par l'esprit de Marinette, la Ladybug de ces temps anciens ne pouvait actuellement leur être d'aucun secours.

Cependant, quels que soient les âges, la porteuse des boucles d'oreilles de la Coccinelle avait toujours eu un coéquipier.

Quelque part dans cette Egypte millénaire, il y avait un Chat Noir.

Et elles devaient le trouver.

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