Chapitre 16 - FIN
Alors qu'Adrien s'apprêtait à demander plus d'explications à sa coéquipière, il aperçut leur professeur qui arrivait depuis un couloir voisin.
- « Fin de la pause, ma Lady », murmura-t-il machinalement.
Marinette suivit son regard, puis recula d'un pas en étouffant un grognement de contrariété.
- « Et mince... », soupira-t-elle en secouant la tête.
- « Je te laisse partir devant », poursuivit Adrien avec un petit sourire, préférant la laisser prendre de l'avance afin que leurs absences simultanées ne paraissent pas trop suspectes à leurs camarades.
Marinette approuva d'un bref geste du menton et s'éloigna d'un pas rapide, suivie du regard par son partenaire. Le jeune homme attendit patiemment une ou deux minutes, puis regagna lui aussi leur salle de classe pour leur second cours de la journée.
Une heure plus tard, une sonnerie stridente résonnait dans tout l'établissement, annonçant que le moment tant attendu de la récréation était enfin arrivé. Les élèves sortirent aussitôt de leurs salles de classe pour s'éparpiller dans la cour comme une volée de moineaux.
Fidèle à son habitude, Adrien était quant à lui resté bavarder joyeusement avec Nino. Le jeune mannequin avait toujours apprécié ces instants de détente passés en compagnie de son meilleur ami, mais aujourd'hui avait une saveur particulière tant il était heureux de le retrouver. Partagé entre un puissant sentiment de nostalgie et la joie de voir leur complicité intacte, Adrien avait à la fois la curieuse sensation de ne pas avoir vu Nino depuis des siècles et de ne l'avoir pourtant quitté qu'hier – ce qui était, au final, exactement le cas.
Du coin de l'œil, Adrien apercevait Alya et Marinette qui discutaient avec animation, toutes deux assises sur un banc. Sans qu'il s'en doute, le jeune homme se trouvait à l'instant même au cœur de leur conversation.
- « C'est vrai ? », s'exclama Alya avec ravissement. « Tu vas essayer de dire ce que tu ressens à Adrien ? »
- « Oui », répondit Marinette en hochant fermement la tête, un petit sourire amusé aux lèvres. « Je sens qu'aujourd'hui est LE bon jour. »
- « Comme la semaine dernière, ou comme le week-end d'avant... », énuméra malicieusement sa meilleure amie en effectuant le décompte sur ses doigts.
Marinette étouffa un grognement tout en enfouissant son visage entre ses mains.
Alya n'avait jamais cessé de l'encourager à avouer ses sentiments à Adrien. Mais parallèlement à cela, elle ratait malheureusement rarement une occasion de taquiner sa meilleure amie sur ses tentatives de confession avortées.
En toute honnêteté, Marinette savait qu'elle ne pouvait guère tenir rigueur à Alya de plaisanter ainsi. Au contraire, elle devait même s'estimer reconnaissance que son amie déploie de tels trésors de patience à son sujet. Entre sa timidité maladive et le fait qu'elle ait eu cœur écartelé entre deux garçons depuis déjà de nombreux mois, Marinette était un désastre ambulant quand il s'agissait de prendre son courage à deux mains pour parler à Adrien. Et c'était Alya qui en faisait le plus souvent les frais. Elle était toujours présente pour sa meilleure amie, à écouter ses plans abracadabrants, à l'aider et à l'encourager, tout ça pour que Marinette se défile au dernier instant suite à une énième crise de panique.
Mais aujourd'hui les choses étaient différentes et Marinette n'aurait pas pu être plus confiante.
Lorsqu'une seconde sonnerie annonça la fin de la récréation, les lycéens regagnèrent leur salle de classe. Bavardant toujours avec Alya, Marinette prenait soin d'avancer le plus lentement possible. Elle s'apprêtait à mettre son plan à exécution et plus elle aurait de témoins présents dans la pièce, meilleures seraient les choses.
Quand elle entra à son tour dans la salle, l'adolescente nota avec satisfaction que presque tous ses camarades étaient déjà installés à leur place, y compris Nino et Adrien. Elle prit une profonde inspiration, chuchota un rapide « Souhaite moi bonne chance ! » à Alya, puis se dirigea d'un pas décidé vers son coéquipier.
Ce dernier releva la tête en la voyant s'arrêter face à lui, tout en lui jetant un regard surpris.
- « A-Adrien », commença Marinette d'une voix claire, avec juste ce qu'il fallait de nervosité apparente. « Est-ce que ça te dirait qu'on mange ensemble ce midi ? Juste toi et moi ? »
Adrien resta un instant interdit, avant de revenir brusquement à la réalité quand Nino lui donna un vigoureux coup de coude dans les côtes. Ignorant les chuchotements stupéfaits de ses camarades de classe et les regards haineux que Chloé jetait à sa partenaire, il adressa le plus lumineux des sourires à la jeune fille.
- « Avec plaisir, Marinette », répondit-il chaleureusement, tout en hochant vigoureusement la tête en signe d'approbation.
Sa réponse déclencha aussitôt une nouvelle vague de murmures parmi les autres élèves présents dans la pièce. Le visage à présent marbré de plaques rouges, Chloé avait l'air sur le point d'exploser de rage, au point que Sabrina recula prudemment aussi loin que possible de sa volcanique amie. Alya laissa échapper un glapissement de joie, qui fit écho au « Ohhhh » ému soupiré par Rose.
Depuis l'endroit où elle se trouvait, Marinette pouvait également apercevoir les sourires rayonnants d'Alix et de Mylène, ainsi que le pouce fermement levé que Kim dressait en guise d'encouragement.
- « Super ! », répondit joyeusement la jeune fille, affichant elle aussi une superbe indifférence devant l'agitation causée par son invitation. « A ce midi, alors. »
Marinette adressa un petit signe de la main à son coéquipier, avant d'aller s'assoir à sa place. A peine s'était-elle installée qu'Alya se penchait vers elle. Le regard de la jeune blogueuse brillait d'excitation et elle trépignait sur place, faisant manifestement de son mieux pour se retenir de hurler de joie.
- « Tu l'as fait ! », chuchota-t-elle à Marinette avec un sourire rayonnant, tandis que leur professeur entrait dans la salle en réclamant le calme. « Je suis tellement, tellement fière de toi ! Est-ce que tu vas lui dire ce que tu ressens pour lui ? Je peux venir avec toi si tu veux, si tu sens que tu auras besoin d'un soutien moral », poursuivit-elle en posant affectueusement sa main sur son bras. « Je te parlerai dans une oreillette, comme pour la fois où il t'avait invitée au zoo. Tu t'en souviens ? »
- « Oui, je me souviens, et non, je préfère me débrouiller toute seule pour cette fois », répliqua Marinette en riant. « Mais merci », conclut-elle avec reconnaissance. « C'est gentil de vouloir m'aider. »
Portant tout aussi peu d'attention au début du cours que leurs voisines de derrière, Nino et Adrien étaient également plongés en grande conversation. Heureusement pour eux, leur professeur semblait pour l'instant plus intéressé par les facéties de Kim et Alix que par leur bavardage, ce qui leur assurait une certaine tranquillité.
- « Mmmm, un repas en tête à tête avec Marinette ? » lança Nino à son meilleur ami, tout en haussant les sourcils d'un air suggestif.
- « Oui, entre amis », répliqua Adrien d'un ton aussi innocent que possible.
Le jeune homme avait remarqué depuis bien longtemps que Nino et Alya faisaient de leur mieux pour essayer de faire en sorte que Marinette et lui se rapprochent, et à présent que c'était chose faite, il ne pouvait s'empêcher de s'amuser à jouer avec les nerfs de son meilleur ami. Pour son plus grand plaisir, sa remarque naïve eut exactement l'effet escompté. Nino serra les dents, se retenant visiblement de se taper le front contre son bureau.
- « Mec... », soupira l'apprenti DJ d'un ton désespéré. « Tu as conscience qu'une fille invite rarement un garçon à manger en tête-à-tête avec elle juste parce qu'ils sont amis ? Pas si elle espère qu'il se passe quelque chose de plus ? »
- « Je sais, je sais... », répliqua Adrien en laissant échapper un léger soupir.
- « Et donc, Marinette ? », reprit Nino sur un ton conspirateur, décidant manifestement de faire preuve d'une opiniâtreté digne de celle d'Alya.
- « On verra bien », éluda Adrien avec un petit sourire. « Après tout, rien ne dit qu'elle est intéressée par moi. »
Cette fois-ci, Nino eut carrément l'air d'avoir envie de mordre à pleines dents dans sa casquette pour contenir un hurlement de frustration.
Ou de faire avaler ladite casquette à Adrien, au choix.
- « Bon, et toi ? », reprit-il finalement avec un remarquable sang-froid. « Qu'est-ce que tu penses d'elle ? »
Sans même qu'il ne le réalise, un large sourire se dessina sur les lèvres d'Adrien.
- « Et bien », commença-t-il d'une voix rêveuse, « Elle est talentueuse, courageuse... »
- « Et mignonne ? », compléta Nino avec un sourire complice.
- « Oui », approuva Adrien en rougissant légèrement, pour la plus grande satisfaction de son meilleur ami. « Très, très mignonne. »
Le dernier cours de la matinée paru se dérouler si lentement à Adrien que le jeune homme aurait pu jurer qu'une victime du Papillon était apparue à son insu afin de ralentir le temps. Mais heureusement, au bout de longues, longues, bien trop longues minutes, une sonnerie le délivra enfin de son supplice.
Il rangea hâtivement ses affaires dans son sac avant d'être rejoint par Marinette. Feignant d'ignorer les regards curieux que leurs lançaient leurs camarades, il lui fit galamment signe de passer devant lui, puis la suivit hors de la salle.
Alors qu'ils traversaient la cour d'un bon pas, Adrien se pencha légèrement vers Marinette. Ils s'étaient à présent suffisamment éloigné des autres élèves pour que des oreilles indiscrètes n'interceptèrent pas leur conversation, ce qui donnait au jeune homme l'occasion idéale pour interroger sa partenaire sur ses projets.
- « Alors c'est ça ton fameux plan, ma Lady ? », lui demanda-t-il en haussant un sourcil interrogateur. « Manger ensemble ce midi ? »
- « Exactement ! », répliqua joyeusement Marinette. « J'ai déjà préparé le terrain en disant à Alya que je comptais t'inviter pour te parler en tête à tête. Lorsqu'on reviendra, il nous suffira juste de dire à tout le monde que je t'ai demandé de sortir avec moi et que tu as dit oui », conclut-elle triomphalement.
- « Je te trouve bien sûre de toi », rétorqua Adrien avec un clin d'œil espiègle, alors que les deux adolescents passaient le portique du lycée pour se retrouver dans la rue. « Qui te dit que je vais te dire oui ? »
Une expression amusée se dessina sur le visage de Marinette. Elle accéléra le pas avant de pirouetter gracieusement sur elle-même, pour s'arrêter face à Adrien. Un sourire malicieux dansant sur ses lèvres, elle se pencha vers lui.
Elle était à présent si proche qu'Adrien pouvait sentir le souffle de la jeune fille caresser doucement sa peau, tandis que son propre pouls subissait une accélération aussi vive qu'incontrôlable.
- « J'en suis même certaine », ronronna Marinette à voix basse. « Tu ne sais pas me dire non. »
Surpris, Adrien recula d'un pas et trébucha, n'évitant la chute que de justesse. Les joues brûlantes, il se redressa en laissant échapper une brève quinte de toux. Il se passa la main dans les cheveux, tentant désespérément de retrouver un semblant de contenance tout en essayant d'ignorer à quel point son cœur battait furieusement dans sa poitrine.
Marinette ne put retenir un éclat de rire cristallin devant la réaction d'Adrien. Son coéquipier n'avait peut-être pas la moindre honte lorsqu'il flirtait avec elle, mais il perdait manifestement tous ses moyens lorsqu'elle se mettait à prendre les devants.
- « Tu as raison », admit enfin Adrien, alors que Marinette le dévisageait avec un sourire affectueux. « Alors, quel est le programme ? »
Lui faisant signe de la suivre, sa partenaire se dirigea vers un arrêt de bus qu'elle désigna d'un geste théâtral.
- « On va joindre l'utile à l'agréable », répliqua-t-elle joyeusement. « En route pour le Louvre ! »
Quelques minutes plus tard, les deux adolescents prenaient place dans l'un des bus desservant le célèbre musée. Ils s'assirent côte à côte, savourant le fait d'être enfin de nouveau ensemble après leurs bien trop brèves retrouvailles du matin même.
Doigts entrelacés avec ceux de Marinette, Adrien se pencha vers la jeune fille pour déposer un tendre baiser sur sa tempe.
- « On a réussi », répéta-t-il d'une voix rêveuse, tout en caressant machinalement le dos de sa main avec son pouce. « Tu te rends compte ? On est enfin rentrés chez nous. »
- « Oui », approuva Marinette avec un sourire radieux. « J'ai encore du mal à réaliser ce qu'il s'est passé. C'est tellement... »
A court de mot, la jeune fille agita évasivement sa main libre devant son visage.
- « Bizarre ? », compléta Adrien en haussant un sourcil amusé. « Irréel ? Fou ? »
- « Tout ça à la fois », concéda sa coéquipière en riant. « Franchement, quand on y pense, c'est juste dingue. Notre journée a commencé il y a 4000 ans, on a combattu une entité maléfique, rencontré des dieux, et voyagé dans le temps et l'espace pour revenir chez nous ! Je crois qu'il va me falloir du temps pour m'en remettre ! », soupira-t-elle en levant machinalement les yeux au ciel.
- « A moi aussi », approuva Adrien avec un sourire indulgent. « Je crois que j'ai rarement été aussi soulagé de me retrouver sur les toits de Paris. Et tu aurais vu la tête de mon père quand je l'ai retrouvé ce matin... »
- « Il s'est passé quoi ? », demanda Marinette avec curiosité.
- « J'étais tellement content que je l'ai serré de toutes mes forces dans mes bras », répliqua son partenaire avec un petit éclat de rire. « Il est... Enfin, on... On est assez distants l'un avec l'autre en général », poursuivit le jeune homme avec une légère gêne, avant de sourire de nouveau quand Marinette exerça une faible pression sur sa main en signe de réconfort. « Je pense qu'il ne s'attendais pas vraiment à ce que je me jette dans ses bras pour lui dire bonjour. Il était toujours sous le choc quand je suis parti », conclut-il en souriant. « Et toi, ça s'est passé comment ? »
- « Larmoyant », soupira Marinette avec une petite grimace contrite. « Je me suis mise à pleurer dès que j'ai vu ma mère. Elle m'avait tellement manqué... »
Un sourire nostalgique se dessina sur les lèvres d'Adrien. Il dégagea doucement sa main de celle de Marinette avant de passer son bras par-dessus ses épaules pour la serrer contre lui.
- « J'imagine bien, ma Lady », murmura-t-il d'une voix tremblante. « J'imagine bien... »
Plus habituée qu'Adrien aux transports en commun, Marinette surveilla leur progression durant le reste du trajet. Elle le prévint dès qu'ils arrivèrent à destination, l'invitant à la suivre hors du véhicule.
- « Tu crois qu'on sera de retour à l'heure au lycée ? », demanda Adrien en consultant machinalement son téléphone alors qu'il descendait du bus.
- « Il est temps de t'en inquiéter ! », s'esclaffa la jeune fille. « Mais pas de soucis. J'ai vérifié les horaires, on a pile le temps d'y aller avant la reprise des cours. Bon », poursuivit-elle en saisissant son coéquipier par la main pour l'entrainer en direction d'une boulangerie, « Je propose qu'on commence par prendre à manger, ensuite on file au musée. »
Après s'être achetés chacun un sandwich, les deux adolescents s'installèrent sur un banc voisin afin de déjeuner tranquillement. Dès la première bouchée, Marinette sentit presque les larmes lui monter aux yeux. Pour la première fois depuis bien trop longtemps, son repas de midi étaient constitués d'aliments si familiers qu'elle sentit une brutale vague de nostalgie s'abattre sur elle. Ce n'étaient que deux tranches de pain agrémentées de beurre et de jambon, mais leur simple goût lui rappelait les pique-niques en famille, les repas improvisés avec ses amis et les sorties scolaires.
Il lui rappelait qu'elle était enfin de retour chez elle.
Une fois leur repas terminé, Marinette et Adrien se dirigèrent vers le Louvre avant de pénétrer enfin dans l'enceinte du musée. Main dans la main, ils parcoururent d'un bon pas les multiples galeries du bâtiment, jusqu'à arriver à la salle abritant les antiquités égyptiennes.
Marinette marqua un temps d'hésitation à l'entrée de la pièce, en proie à une soudaine bouffée d'émotions contradictoires.
Devant elle était exposé quantité d'objets qui lui étaient désormais familiers mais sur lesquels le temps avait indéniablement imprimé sa marque. Alors que son regard courrait sur la salle, Marinette ressentit l'étrange impression de se trouver en dehors de la réalité. Pour elle, quelques heures à peine s'étaient écoulées depuis qu'elle avait quitté Thèbes. Et pourtant, tous ces objets qui faisaient encore partie de son quotidien ce matin même étaient à présent réduits à l'état d'illustres antiquités.
Cette marque implacable du temps était la preuve que Marinette avait enfin regagné son foyer, mais elle était aussi le rappel que la cité grouillante de vie qu'elle avait connue appartenait désormais à une époque révolue. Les peintures s'étaient effacées pour laisser place à la douce couleur ocre de la pierre, les statues étaient tombées en poussière, et tous ceux que la jeune fille avait côtoyé avaient quitté ce monde depuis des siècles.
A l'euphorie de se savoir rentrée chez elle se mêlait maintenant une certaine mélancolie, et Marinette ne put s'empêcher d'avoir une pensée émue pour Paneb et Sénènmout quand son regard se posa sur une statue de Bastet.
Semblant noter son trouble, Adrien exerça une légère pression sur ses doigts.
- « ça va ? », lui demanda-t-il à voix basse.
- « ça va », répliqua la jeune fille avec un sourire reconnaissant. « C'est juste... Bizarre. Mais bizarre-bien », poursuivit-elle en serrant un peu plus fort sa main dans la sienne. « Je suis contente d'être rentrée. »
Doigts entrelacés, les deux adolescents s'avancèrent dans la salle. Sans même se concerter, ils se dirigèrent instinctivement vers la gigantesque fresque qui relatait les exploits de leurs illustres prédécesseurs.
Alors qu'elle s'arrêtait devant l'œuvre, Marinette nota avec un petit pincement au cœur qu'elle n'était manifestement plus capable de déchiffrer les hiéroglyphes. En revanche, elle ne pouvait pas manquer de remarquer le dessin qui ornait le centre de la fresque. Ce dernier représentait sans le moindre doute une jeune fille, vêtue d'une robe à poids et faisant tournoyer un yo-yo.
- « La Déesse Coccinelle... », murmura-t-elle pensivement. « Tu crois que c'était moi depuis le début ? »
- « Je ne suis pas un expert en voyages dans le temps, mais c'est possible », approuva Adrien en hochant mécaniquement la tête.
- « Allez, assez de bla-bla », les interrompit Plagg d'une voix grognonne, depuis la poche de la chemise du jeune homme. « Il serait peut-être temps de s'occuper du sceptre. Les dons des dieux sont des cadeaux empoisonnés et je n'ai pas envie de savoir ce qu'il m'arrivera si on ne fait pas ce qu'a demandé Osiris. »
- « Je croyais que tu étais toi-même une sorte de dieu », souligna malicieusement Adrien en baissant les yeux vers son kwami.
- « Justement », rétorqua ce dernier d'un ton acide. « Je sais de quoi je parle. »
Retenant un éclat de rire, les deux adolescents firent demi-tour pour s'approcher de la vitrine qui habitait le sceptre d'Akhenaton.
Marinette fut une fois de plus frappée par la sensation que cette journée était absolument irréelle. Elle avait vu cet objet entre les mains du pharaon en personne le matin même et il trônait à présent au beau milieu d'un musée parisien, propulsé au statut de trésor antique.
- « Bon, on fait comment ? », demanda Marinette en jetant un regard dubitatif au sceptre.
- « Laissez-moi faire », répliqua Plagg. « Personne ne peut nous voir ? »
Adrien et Marinette tournèrent la tête de part et d'autre, s'assurant que la salle était bien vierge de tout témoin indésirable.
- « Non, c'est bon », le rassura Adrien. « Tu peux y aller. »
Sans dire un mot de plus, Plagg sortit de la poche d'Adrien. Il passa à travers la vitre sans la moindre difficulté, puis s'approcha précautionneusement du sceptre. Le kwami posa doucement un bras contre l'objet, qui fut aussitôt entouré par une vilaine aura noire accompagnée de particules sombres semblables à celle de Cataclysme.
Puis, à peine quelques secondes plus tard, le halo se dissipa aussi rapidement qu'il était apparu.
Plagg laissa échapper un claquement de langue satisfait, avant de traverser de nouveau le verre pour trouver refuge dans la poche de la chemise d'Adrien.
- « Et c'est tout ? », demanda le jeune homme, surpris.
- « Oui, c'est 'tout' », répliqua aussitôt Plagg. « Je viens 'juste' de détruire une magie si puissante que cet objet en a gardé des traces durant des millénaires. Pardon si ce n'est pas aussi impressionnant que la reconstruction d'un temple », bougonna le kwami en croisant les bras.
Marinette ne put s'empêcher d'éclater de rire devant l'air froissé de Plagg, tandis qu'Adrien eut la bonne grâce de rougir.
- « Pardon », s'excusa le jeune homme avec un petit sourire contrit. « Tu auras deux camemberts entiers en récompense. »
- « J'espère bien ! »
Quelques minutes plus tard, Marinette et Adrien quittaient le Louvre avec le sentiment du devoir accompli. Leur mission était enfin terminée et ils pouvaient à présent pleinement savourer leur retour à leur époque.
Dans le bus qui les remmenait vers leur lycée, Marinette étouffa plusieurs bâillements. La jeune fille était exténuée, et elle ressentait de plus en plus de mal à lutter contre cette fatigue qui lui intimait d'aller enfin trouver un peu de repos.
Cette journée était clairement la plus longue que Marinette ait jamais vécu. Elle avait commencé 4000 ans plus tôt, s'était poursuivie par un combat titanesque, pour continuer par une rencontre avec des dieux et un voyage dans le temps qui les avait amenés Chat Noir et elle à l'aube d'un nouveau jour. Cela tenait réellement du miracle que les deux jeunes héros ne se soient pas déjà écroulés d'épuisement.
Bercée par le doux ronronnement du moteur, Marinette fini par fermer les paupières et par s'endormir paisiblement contre l'épaule d'Adrien.
L'adolescente fut arrachée du royaume des songes par la douce caresse de doigts effleurant délicatement sa joue.
- « Ma Lady », murmura Adrien à son oreille. « Réveille-toi. On est arrivés. »
Marinette poussa un grognement de protestation, mais rouvrit néanmoins les yeux. Un sourire amusé se dessina sur les lèvres d'Adrien devant l'expression bougonne de sa coéquipière. Néanmoins, il décida sagement de s'abstenir de la moindre remarque et aida la jeune fille encore à moitié endormie à se lever de son siège pour descendre du bus.
Quelques instants plus tard, les deux adolescents traversaient la cour de leur lycée, doigts entrelacés. Marinette était à présent parfaitement réveillée, mais elle restait manifestement perdue dans ses pensées.
- « Quelque chose ne va pas ? », s'inquiéta Adrien en lui jetant un regard interrogateur.
- « Je repensais juste à la fresque... », répondit machinalement sa coéquipière.
Devant l'expression perplexe qui se peignait sur le visage de son partenaire, Marinette poursuivit.
- « Il n'y avait que la Déesse Coccinelle de représentée », lâcha-t-elle d'une voix exaspérée. « Aucune trace d'un dessin de Chat Noir, alors que c'est autant ta victoire que la mienne ! Je ne comprends pas comment ils ont pu t'oublier. C'est injuste ! »
Avec un petit rire amusé, Adrien porta la main de Marinette à ses lèvres pour y déposer un rapide baiser.
- « Je t'ai déjà dit que ça ne me dérangeait pas », répliqua-t-il avec un léger haussement d'épaule. « Ce n'est pas grave. »
- « C'EST grave », rétorqua immédiatement Marinette d'un ton outré. « Tu es un héros et tu es mon coéquipier. Tu as le droit à autant de reconnaissance que moi ! »
- « En tout cas, je vois que tu es là pour défendre mes intérêts si jamais quelqu'un a le malheur de m'oublier », lança Adrien avec un sourire reconnaissant.
- « Il faut bien que quelqu'un s'en occupe ! », répliqua la jeune fille avec conviction. « Je serai là pour prendre ta défense, quoi qu'il arrive. »
- « Je sais », répondit Adrien en serrant un peu plus fort sa main dans la sienne. « C'est une des raisons pour lesquelles je t'aime. »
Stupéfaite, Marinette se figea sur place. Les derniers mots d'Adrien continuaient à résonner dans sa tête, dansant au rythme de ses battements de cœur.
Je t'aime.
Je t'aime.
Alors qu'elle prenait lentement conscience de ce qu'il venait de se produire, Marinette sentit une douce onde de chaleur lui réchauffer doucement la poitrine, tandis que sa gorge se serrait sous l'effet de l'émotion.
Je t'aime.
- « Ma Lady ? », demanda Adrien, notant la soudaine stupeur de sa partenaire.
Marinette sursauta brusquement, puis secoua mécaniquement la tête pour tenter de reprendre ses esprits.
- « T-Tu... QUOI ? », bégaya-t-elle enfin. « Mais t-tu... Tu ne peux pas me dire ça aussi... aussi...nonchalamment que ça ! »
Les déclarations d'amour se faisaient devant de splendides couchers de soleil, sous des ciels remplis d'étoiles ou après de tendres échanges de baisers lors du plus romantique des rendez-vous.
Pas aussi distraitement que si on parlait de la météo du lendemain.
- « Et pourquoi pas ? », répliqua Adrien en haussant un sourcil amusé, avant de se placer face à Marinette pour plonger son regard dans le sien. « C'est la vérité après tout », poursuivit-il d'une voix chargée de tendresse. « Je pensais que tu le savais déjà, après tout je ne suis pas très subtil comme garçon. Je suis amoureux de toi depuis le premier jour. »
Marinette sentit son cœur se mettre à battre avec autant de force que s'il voulait sortir de sa poitrine et se mettre à bondir joyeusement autour d'elle pour chanter son allégresse. Peu importaient ses stéréotypes de déclaration d'amour idéale, elle n'aurait échangé celle-là pour rien au monde.
- « Moi aussi... », murmura-t-elle avec émotion. « Enfin », se reprit-elle avec un petit rire, « Je suis tombée amoureuse d'Adrien d'abord, puis de Chat Noir ensuite. »
Les yeux de la jeune fille étincelaient à présent autant que si ses prunelles abritaient des nuées d'étoiles, tandis que le sourire qui illuminait le visage d'Adrien se faisait plus solaire que jamais.
- « Alors heureusement qu'on est la même personne », souffla le jeune homme en se penchant vers Marinette pour déposer un léger baiser sur ses lèvres entrouvertes.
Marinette étouffa un petit rire, avant de tendre la main vers la tête de son coéquipier pour ébouriffer affectueusement sa chevelure blonde.
- « Oui, heureusement ! »
Les deux adolescents franchirent ensuite les derniers mètres qui les séparaient encore de leur salle de classe. Debout devant la porte, Marinette prit une profonde inspiration.
- « Bon, c'est parti pour la dernière partie du plan », lança-t-elle avec un clin d'œil complice à l'attention de son coéquipier.
- « Il n'y a pas de raisons pour que ça se passe mal », répliqua ce dernier avec une expression espiègle digne de Chat Noir. « Puis franchement, on sort ensemble depuis quoi... 4000 ans ? Il était temps qu'on officialise un peu les choses. »
- « Idiot de Chat », répliqua la jeune fille en lui donnant une bourrade affectueuse sur l'épaule.
Adrien éclata joyeusement de rire, puis lâcha la main de Marinette avant de s'incliner théâtralement pour la laisser passer devant lui.
- « Après toi, Princesse », déclara-t-il malicieusement.
Quand Marinette et Adrien entrèrent enfin dans la salle de classe, tous les regards convergèrent aussitôt vers eux. Marinette nota aussitôt qu'Alix avait écrasé sa main contre la bouche de Mylène, coupant manifestement la jeune fille en pleine phrase pour attirer son attention sur l'arrivée des deux nouveaux venus. Kim et Max échangeaient de rapides remarques sans pour autant quitter un instant Adrien et Marinette des yeux, tandis que Rose s'était quant à elle mise debout pour ne rien perdre des instants à venir. Même Ivan, Juleka et Nathaniel, d'ordinaire très réservés, dévisageaient à présent leurs amis avec autant de curiosité que s'il leur avait poussé une seconde tête.
La seule exception notable à cette soudaine vague de curiosité était Chloé, qui semblait se passionner soudain pour le contenu de son livre de chimie. A ses côtés, Sabrina faisait de son mieux pour feindre elle aussi l'indifférence, mais elle ne pouvait s'empêcher de leur jeter de furtifs coup d'œil par-dessus la feuille de cours qu'elle tenait brandie devant son visage.
Nino semblait quant à lui au bord de l'implosion, pendant qu'une Alya visiblement hystérique décidait manifestement de renoncer à toute tentative de rester subtile.
- « Alors ? », lança la jeune blogueuse à ses deux amis, posant la question qui brûlait les lèvres de tout le monde. « Comment s'est passé ce repas ? »
Soudain, un silence absolu tomba sur la salle. Chacun fixait Marinette et Adrien avec tellement d'intensité que ces derniers avaient l'impression de sentir physiquement le poids des regards de leurs camarades, alors que tous attendaient avidement leur réponse. Même Chloé avait renoncé à sa hautaine indifférence et gardait à présent ses yeux d'un bleu polaire rivé sur les deux adolescents qui lui faisaient face.
- « Et bien », commença Adrien avec un sourire espiègle, « Mon sandwich était très bon, et il faisait un temps superbe.... L'idéal pour un pique-nique. »
- « Adriennn... », maugréa Nino, tandis qu'Alya laissait échapper un soupir de désespoir.
Le sourire d'Adrien se fit plus large encore. Il échangea un regard complice avec Marinette, dont les yeux pétillaient à présent d'autant de malice que les siens. Puis, sans autre signe avant-coureur, il se tourna vers la jeune fille pour la saisir par la taille et l'attirer contre lui.
Ignorant les « Ohhhhh ! » ébahis qui s'élevaient dans la salle, Marinette se dressa sur la pointe des pieds tout en enroulant impulsivement ses bras autour du cou d'Adrien. A peine une fraction de seconde plus tard, elle empoignait son coéquipier par le col de sa chemise avant d'emprisonner farouchement ses lèvres avec les siennes.
Paupières closes, elle sentit les doigts d'Adrien raffermir leur prise autour de sa taille, juste avant qu'un extraordinaire brouhaha ne parvienne à ses oreilles. Lorsqu'elle rouvrit enfin les yeux, ce fut pour se noyer immédiatement dans le regard hypnotisant d'Adrien. Les deux adolescents échangèrent un sourire gorgé de tendresse, avant de se tourner de nouveau vers leurs camarades de classe pour jauger leurs réactions.
Sabrina jetait des coups d'œil inquiets à Chloé, qui avait résolument replongé son visage dans son livre, s'en servant comme d'un paravent pour ne pas voir le nouveau couple. En revanche, tous les autres élèves semblaient ravis peur eux. Ils parlaient entre eux avec animation, leurs adressaient de francs sourires ou levaient les pouces en signe d'approbation. Particulièrement expansive quand il s'agissait d'histoires d'amour, Rose se rua quant à elle dans l'allée pour se précipiter dans les bras de Marinette.
- « Oh, c'est génial ! », s'écria-t-elle de sa voix flutée. « Vous êtes tellement, tellement mignons ensembles ! Je savais que vous étiez faits l'un pour l'autre ! »
Elle fut rapidement rejointe par Alya qui plaqua un baiser sonore sur la joue de Marinette, tandis que Nino donnait une vigoureuse claque sur l'épaule d'Adrien en guise de félicitations.
- « Félicitations », s'exclama Alya, les yeux rendus brillants par des larmes d'émotions. « Je suis super contente pour vous ! Je n'ai même pas les mots pour vous dire à quel point ça me fait plaisir de vous voir ensemble. C'est une journée dont je me souviendrai longtemps ! »
Adrien et Marinette échangèrent un sourire débordant de joie, avant que le jeune homme ne s'écarte de Nino pour déposer un nouveau baiser sur les lèvres de sa coéquipière. Ils savaient sans avoir besoin de se le dire que cette journée resterait également gravée à jamais dans leurs mémoires. Après avoir affronté une créature maléfique, défié un pharaon et côtoyé des dieux, ils étaient enfin de retour auprès des leurs.
Et ils étaient ensemble, sans masques ni faux-semblants.
- « Ah, j'ai toujours du mal à y croire », soupira Alya. « C'est merveilleux. »
- « Non », rectifia Marinette avec un petit rire, le regard toujours plongé dans celui d'Adrien. « C'est miraculeux. »
*** FIN ***
______________________________________
Note :
Bonjour à tous !
Woaa, ça y est, cette fic est finie :o . Comme à chaque histoire longue, ça me fait super bizarre mais en même temps je suis très contente d'avoir mené ce projet à bien. J'espère qu'elle vous a plu, de mon côté ça a été un vrai plaisir de l'écrire. J'ai toujours bien aimé l'Egypte antique alors je me suis vraiment bien amusée à tricoter ensemble mon histoire, l'épisode du Pharaon et l'Histoire tout court ^^ .
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé de cette histoire/de ce chapitre, ça me fait toujours plaisir d'avoir vos retours. Merci à celles et ceux qui m'ont encouragée pendant la rédaction de cette histoire, et merci de m'avoir lue jusqu'ici :) ! J'espère que cette fic vous aura fait passer un bon moment !
Un merci particulier à @MonsieurlOurs qui a relu et corrigé une bonne partie de mes chapitres. Si vous aimez l'univers de City Hall (tiré d'un manga et d'un jeu de rôle, qui se déroulent dans un monde où tout ce que l'on écrit prend vie), n'hésitez pas à aller faire un tour sur son profil.
A une prochaine !
Note 2 :
Je me permet également de faire un peu de promo pour le forum French Miraculers, qui a été mit en place par @Liuanne . Il est consacré à Miraculous Ladybug, histoire que les fans francophones aient un endroit où se retrouver pour discuter (de Miraculous et d'autres), de s'entraider, de parler d'écriture, ect...
Du coup, voilà pour l'adresse :
http://french-miraculers.forumactif.com/
N'hésitez pas à venir nous y rejoindre :)
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