Chapitre 12
Lentement, Marinette ouvrit à son tour les paupières. Face à elle, les yeux d'un vert surnaturel de Chat Noir avaient été remplacé par le non moins familier regard d'Adrien.
Deux ou trois années auparavant, une pareille situation aurait plongé l'adolescente dans un état de profonde panique, mais là, Marinette se sentait étrangement calme. Elle avait plutôt la sensation qu'elle venait de mettre en place l'ultime pièce d'un puzzle qu'avait jusque-là reconstitué son inconscient, réalisant soudainement que sans même s'en rendre compte, elle n'avait cessé de comparer les deux plus importants garçons de sa vie.
Les sourires espiègles d'Adrien qui lui rappelaient parfois ceux de Chat Noir. L'habitude qu'avaient son camarade de classe et son coéquipier de se gratter la nuque lorsqu'ils étaient nerveux. Leur façon de refuser d'inquiéter leur entourage lorsque quelque chose allait mal en se cachant derrière des excuses polies ou des blagues absurdes.
A présent, tout prenait enfin sens.
Marinette fut soudain tirée de ses réflexions par un petit rire. Le regard d'Adrien pétillait de joie, tandis que son sourire était à présent plus large que jamais.
- « Quand je pense que c'était toi depuis le début », s'expliqua-t-il tout en se penchant vers elle pour déposer un nouveau baiser sur son front. « On fait vraiment une belle paire d'idiots. »
- « ça, je ne te le fais pas dire ! », lança une voix grinçante, arrachant un « Plagg ! » indigné au jeune homme.
C'en était trop pour Marinette, qui ne put s'empêcher d'éclater de rire à son tour. Plagg avait parfaitement raison. Adrien et elle avaient été tellement, tellement bête. Son partenaire la fixa un instant sans mot dire, avant d'être rapidement contaminé par son fou-rire.
Durant de longues minutes, les deux adolescents furent incapables d'articuler la moindre parole, riant de plus belle à chaque fois que leurs regards se croisaient et luttant désespérément pour reprendre leur souffle.
- « Pfiouu », soupira finalement Marinette en essuyant les larmes qui perlaient au coin de ses yeux. « Désolée. C'était nerveux. »
- « P-pas de quoi », hoqueta Adrien, peinant encore à retrouver le contrôle de sa respiration. « J-Je ne fais pas mieux. Heureusement qu'on est des héros, pas des détectives ! »
- « Je te l'accorde », répliqua sa coéquipière avec un large sourire. « Mais je suis contente que ce soit toi », poursuivit-elle d'un ton plus sérieux, tout en plongeant son regard dans le sien. « Vraiment, vraiment contente. »
Sans mot dire, Adrien prit son visage en coupe entre ses mains et se pencha vers elle pour l'embrasser tendrement. Bercé par un sentiment de délicieuse euphorie, il prit soudain conscience qu'il pouvait enfin sentir la peau douce et chaude de sa Lady sous ses doigts. Entre eux, il n'y avait plus de gants, plus de masques, plus d'identités secrètes.
Juste Adrien et Marinette, sans le moindre faux-semblant.
Le jeune homme se redressa légèrement, dévorant du regard cette adorable fille qui s'était définitivement emparée de son cœur.
- « Moi aussi, je suis content que ce soit toi », murmura-t-il avec ferveur.
Les deux adolescents restèrent encore de longues minutes dans le jardin. Ils avaient tant de chose à se dire qu'il leur fallu toute leur volonté – et toute l'insistance de leurs kwamis – pour aller finalement se coucher. Mais la journée du lendemain promettait d'être rude et ils avaient impérativement besoin d'autant de repos que possible pour être au meilleur de leur forme.
Si tout se passait bien, ils auraient tout le temps de parler plus tard.
Le lendemain, Marinette et Adrien se réveillèrent à l'aube. Déterminés à ne guère perdre de temps, ils se dépêchèrent de déjeuner avant de se transformer et de se mettre en route pour le temple d'Amon.
Quand ils arrivèrent, ils constatèrent avec surprise que de nombreux visiteurs se pressaient déjà aux abords du bâtiment en dépit de l'heure matinale. Mais par chance, le chemin qu'ils avaient repéré semblait toujours aussi peu surveillé que la veille. Ils se faufilèrent dans l'enceinte du temple sans le moindre souci, puis se cachèrent dans une alcôve isolée pour attendre l'arrivée de Khepp et du pharaon. Depuis leur abri, ils avaient une vue parfaite sur la cour principale et sur l'autel qui avait été érigé en son centre à l'occasion du solstice d'été.
Les heures s'écoulèrent ensuite avec une lenteur désespérante, tandis que la cour se remplissait sous les yeux des adolescents.
Alors que le soleil s'élevait peu à peu dans le ciel, la température augmentait elle aussi avec une régularité inquiétante. Bientôt, il se mit à régner une chaleur écrasante, l'une de celles capable d'annihiler toute vie humaine si on lui en laisse le temps.
- « Sincèrement je vais me mettre à fondre s'il se met à faire encore plus chaud », maugréa Chat Noir en jetant un regard assassin à l'astre du jour.
- « Courage », soupira Ladybug en s'éventant machinalement avec sa main. « Il ne devrait plus y en avoir pour très longtemps. »
Comme pour donner raison à l'héroïne, un brouhaha indistinct s'éleva soudain depuis l'entrée du temple.
A peine quelques secondes plus tard, un groupe de soldats pénétrait dans la cour principale d'un pas martial. Ces hommes en arme fendirent autoritairement la foule avant de se poster à une distance régulière les uns des autres, formant un large couloir de protection qui menait jusqu'à l'autel.
Sous les regards ébahis de Chat Noir et de Ladybug, une véritable procession s'avança ensuite sous les acclamations des visiteurs du temple. Une troupe de danseuses fit tout d'abord son apparition, virevoltant gracieusement au son des trompettes et des tambours des musiciens qui les accompagnaient.
Captivé par cette mélodie d'un autre temps, Chat Noir faisait machinalement courir ses doigts sur sa cuisse, comme s'il avait tenté de reproduire cette musique sur le clavier d'un piano. Alors que les musiciens poursuivaient leur progression, des serviteurs s'avancèrent à leur tour. Ils portaient à bout de bras des paniers garnis d'offrandes et des brûleurs à encens dont l'odeur arrivait jusqu'aux jeunes héros. Une dizaine de prêtres vêtus de leurs plus riches atours les suivaient de près, tête légèrement inclinée en signe de respect à leur dieu.
Soudain, des vivats s'élevèrent de la foule en liesse. La posture des fantassins se fit plus menaçante, les pointes de leurs lances scintillant à la lueur du soleil tandis qu'ils raffermissaient leur prise sur leurs armes. Ils balayèrent les alentours du regard, semblant défier quiconque d'avancer.
- « Chat ! », murmura Ladybug d'un ton impérieux, tout en posant la main sur l'épaule de son compagnon.
Mais ce dernier n'avait guère attendu son avertissement pour braquer son regard sur l'entrée de la cour.
De nouveaux soldats venaient d'apparaître, encadrant un homme d'une haute stature, au visage fin et aux lèvres charnues. La richesse opulente de sa tenue, les couronnes rouge et blanche qui couvraient sa tête et sa longue barbe postiche ne laissaient planer aucun doute quant à son identité.
C'était le pharaon Akhenaton, en personne.
Chat Noir regarda un instant le souverain d'Egypte s'avancer d'un pas conquérant, avant de porter son attention sur les deux personnes qui semblaient composer sa suite. Quelques pas derrière Akhenaton s'avançaient une jeune fille à peine entrée dans l'adolescence, ainsi qu'une mystérieuse silhouette dissimulée par un long manteau.
- « Khepp », souffla Chat Noir à Ladybug, tout en désignant le nouveau venu d'un geste du menton. « ça ne peut être que lui. »
- « Oui, je suis d'accord », approuva aussitôt sa coéquipière. « Et tu as vu la fille ? Il va falloir qu'on intervienne vite », ajouta-t-elle d'une voix inquiète.
- « La fille ? », répéta Chat Noir en jetant un bref coup d'œil à l'adolescente qui accompagnait le pharaon et leur ennemi. « Oui, il faudra qu'on fasse attention à ne pas la blesser dans la bataille. »
- « Ce n'est pas ce que je veux dire », rétorqua Ladybug en se tournant vers lui. « Tu ne te rappelles pas de ce qu'avait voulu faire le super-vilain à notre époque ? »
Voyant son partenaire secouer négativement la tête, l'héroïne poursuivit.
- « Il avait voulu sacrifier Alya pour ramener sa reine à la vie », lâcha-t-elle d'un ton grave. « C'est ce qu'est cette fille. Un sacrifice. »
Chat Noir pâlit brusquement sous son masque, avant de poser de nouveau les yeux sur l'adolescente qui marchait sur les pas du pharaon.
- « Tu as raison », répondit-il d'une voix blanche. « Il faut qu'on intervienne tout de suite. »
Ladybug resta un instant silencieuse, scannant les alentours du regard.
- « Par contre », reprit-elle en fronçant les sourcils d'un air soucieux, « Je m'attendais à ce qu'il y ait des gardes, mais pas autant. Ils sont au moins... »
- « ... une quarantaine ? », compléta son coéquipier.
- « A peu près », approuva-t-elle pensivement, ses yeux bleus toujours fixés sur la cour.
Les musiciens et danseuses avaient à présent disparu après s'être dispersés dans la foule, de même que les serviteurs qui avaient déposés leurs offrandes au pied de l'autel avant de s'éclipser. Les prêtres s'étaient quant à eux respectueusement placés en demi-cercle, derrière le pharaon et sa suite.
Plus tendue que jamais, Ladybug se passa machinalement la main sur le front. L'atmosphère était terriblement étouffante. La température avait atteint un tel niveau que la chaleur faisait trembloter l'air par endroit, et l'absence de vent donnait à la jeune fille la sensation d'être enfermée dans un véritable four.
Ladybug avait l'impression que ses neurones se liquéfiaient à chaque seconde qui passait, mais elle ne pouvait pas se permettre le moindre instant d'inattention.
Il fallait qu'elle réfléchisse. Vite.
Qu'elle trouve un plan. N'importe quelle stratégie qui leur permettrait de neutraliser Khepp.
Vite, vite.
Et qu'elle oublie la chaleur et le brouhaha de la foule qui paralysaient pour l'instant son cerveau.
- « Ma Lady ? », l'interrompit soudain Chat Noir, posant délicatement la main sur son bras.
L'adolescente tourna brusquement la tête vers lui, les yeux écarquillés d'inquiétude.
- « Je... Je n'ai pas d'idée », balbutia-t-elle. « S'il n'y avait que les gardes, ça serait jouable sans trop de problèmes, mais Khepp est là aussi... »
- « Alors on n'a qu'à foncer dans le tas », répliqua son coéquipier avec son habituel sourire insolent. « Avec nos pouvoirs, ça sera facile de se débarrasser des soldats, il suffit juste qu'on fasse attention à Khepp au passage. »
- « Je te trouve bien optimiste... », maugréa Ladybug, non sans se sentir malgré tout encouragée par l'enthousiasme de son coéquipier.
- « Non, je suis réaliste », rétorqua Chat Noir avec un clin d'œil malicieux. « On va botter le derrière de cet ex-héros raté, sauver la fille, sauver le monde, et on sera de retour chez nous avant la fin de la journée ! »
Cette fois, Ladybug ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire. Elle se pencha vers son partenaire pour déposer un léger baiser sur sa joue, avant de se redresser.
- « Ok, chaton », lança-t-elle en saisissant son yo-yo. « On fonce dans le tas. »
Les deux héros s'élancèrent en direction du centre de la cour, s'aidant de leurs armes pour fendre les airs et survoler la foule. Ils atterrirent souplement à quelques pas de l'autel en assommant chacun deux gardes au passage.
Chat Noir se releva d'un geste vif, utilisant son bâton pour mettre à terre deux soldats supplémentaires et déclenchant des exclamations scandalisées de la part des spectateurs. Se plaçant instinctivement dos à son partenaire, Ladybug se dressa quant à elle face à Akhenaton et à la silhouette encapuchonnée qui l'accompagnait.
- « Stop ! », s'exclama-t-elle d'une voix claire. « Quoi que vous comptiez faire, je vous conseille d'arrêter maintenant ! »
Calmement, le souverain d'Egypte leva vers elle ses yeux d'un noir de jais.
- « Le Chat et la Coccinelle », articula-t-il avec un rictus méprisant. « Vous osez vous dresser contre un dieu vivant ? »
- « Je me dresse contre ce que vous vous apprêtez à commettre », répliqua-t-elle, tandis que des « Blasphème ! » indignés s'élevaient des prêtres qui se trouvaient aux côtés d'Akhénaton. « Arrêtez cette folie ! »
Le temps de leur bref échange, tous les fantassins présents à proximité avaient convergé vers le centre de la cour. Une dizaine d'entre eux forma rapidement un cercle protecteur autour de leur souverain et de sa suite, pendant que les autres se ruaient sur les deux héros. Aidés par leurs réflexes et leur force surhumaine, Chat Noir et Ladybug se débarrassèrent de leurs adversaires avec une efficacité et une rapidité remarquable avant de refaire face à Akhenaton.
- « Vous ne pouvez pas nous arrêter », gronda la silhouette qui se tenait debout derrière le pharaon. « Ces soldats ne sont rien par rapport à moi. Je suis bien plus puissant que vous. »
- « ça m'étonnerai ! », répliqua Chat Noir en faisant crânement tournoyer son bâton par-dessus sa tête.
Soudain, sans le moindre signe avant-coureur, son interlocuteur tendit son bras en avant. Une décharge d'énergie verte jaillit de sa main, fendant les airs en crépitant pour aller s'écraser à l'endroit exact où se trouvaient les deux héros. Ces derniers n'évitèrent l'attaque qu'à la dernière seconde, bondissant en arrière tandis que les dalles où ils se tenaient un instant plutôt étaient pulvérisées en une myriade de débris.
Les grondements de colère de la foule se transformèrent aussitôt en cris affolés. Indifférent à cette agitation, leur ennemi se débarrassa enfin de son long manteau, révélant la créature à la peau vert sombre qui les avait expédiés au fond des âges.
Un être humanoïde entouré d'une sinistre aura rappelant des volutes de fumées, comme si la haine qui le consumait avait fini par le calciner vivant.
Khepp.
- « Vous ne pouvez pas m'arrêter », répéta-t-il d'une voix gutturale, tout en tendant de nouveau ses bras devant lui.
- « Je t'ordonne de les mettre hors d'état de nuire ! », hurla Akhenaton au même instant. « Néfertiti doit m'être rendue ! »
- « A vos ordres, mon pharaon », répliqua immédiatement Khepp.
Des nuées d'étincelles vertes dansèrent entre ses doigts, avant de se condenser en une boule d'énergie pure qu'il expédia vivement sur Chat Noir et Ladybug. Heureusement, les réflexes surhumains des héros leurs furent une fois de plus salutaires. Ils se jetèrent sur le côté au dernier instant, esquivant le projectile qui partit se fracasser contre un petit obélisque voisin.
Ce dernier explosa instantanément sous le choc, faisant pleuvoir une pluie de débris aux alentours. Retenant un cri d'horreur, Ladybug se précipita aussitôt en direction des malheureux qui se trouvaient à proximité du pilier de pierre. Dans une tentative désespérée de limiter le nombre de blessés, elle fit tournoyer son yo-yo au-dessus de sa tête pour détruire autant de morceaux de roche que possible tandis que Chat Noir en faisait de même avec son bâton.
- « Fuyez d'ici ! », hurla Ladybug à l'attention de la foule qui restait tétanisée de frayeur. « C'est dangereux, allez-vous mettre à l'abri ! »
A son grand soulagement, ses paroles semblèrent avoir l'effet d'un électrochoc sur les spectateurs affolés. Alors que l'obélisque achevait de s'effondrer dans un fracas terrifiant, ils s'enfuirent en courant, se ruant en direction des bâtiments qui bordaient la cour principale pour s'y cacher en attendant la fin de l'affrontement.
En plus des adversaires des deux héros, seule restait à présent la jeune fille promise en sacrifice, qui se tenait debout à quelques pas de Khepp.
- « Le soleil est presque à son zénith ! Commence le rituel ! », ordonna Akhenaton d'une voix impérieuse.
Khepp approuva d'un bref hochement de tête. La tache d'un vert irisé qui étincelait au niveau de son sternum se mit à briller de plus belle, comme animée d'un regain d'énergie maléfique. La créature tourna son visage aux traits indistincts en direction de la jeune fille qui se trouvait derrière lui et l'attrapa par le coude, avant de la pousser brutalement vers l'autel.
Chat Noir allongea aussitôt son bâton avant de l'abattre violement entre Khepp et la fille, forçant l'abomination à s'écarter de sa victime de quelques mètres. N'écoutant que son instinct, Ladybug s'élança vers l'adolescente. Si elle était assez rapide, elle pourrait certainement la mettre en sécurité avant que Khepp n'ait le temps d'effectuer le moindre geste.
En une fraction de seconde, elle fut aux côtés de la jeune égyptienne. Elle la saisit vivement par le poignet avant de pivoter en direction du plus proche bâtiment.
- « Par ici ! », cria Ladybug en essayant d'entraîner la jeune fille à sa suite.
L'héroïne ne s'attendait pas à rencontrer la moindre résistance. Mais à sa grande surprise, l'adolescente resta fermement campée sur ses deux pieds, manquant de la faire chuter tant elle refusait manifestement de bouger ne serait-ce que d'un pouce.
- « Je ne veux PAS être sauvée ! », lui hurla-t-elle en s'arrachant à sa prise, le regard étincelant de rage. « C'est un immense honneur d'être choisie par le dieu Aton ! J'aurais la vie éternelle à ses côtés ! »
- « Il ne s'agit pas d'une cérémonie à la gloire d'Aton ! », répliqua Ladybug avec une exaspération difficilement contenue. « Ils veulent ressusciter la reine Néfertiti et ils vont te sacrifier pour qu'elle revienne. Osiris en personne nous envoie pour arrêter ça ! Si tu continues, ce n'est pas la vie éternelle qui t'attend, mais la mort ! »
L'adolescente vacilla légèrement, les paroles de Ladybug la frappant avec autant de force que si elle l'avait giflée.
- « Non... C-C'est un mensonge... », balbutia-t-elle en reculant d'un pas, les pupilles dilatées de terreur. « L-Le... Le pharaon... Le pharaon m'a promis... »
Au même instant, un violent choc fit chuter les deux jeunes filles à terre.
Ladybug ne put retenir un grognement de douleur alors que sa joue rappait contre la surface rugueuse des dalles qui pavaient la cour. Au même instant, elle entendit un sifflement sourd passer quelques dizaines de centimètres au-dessus de sa tête. Elle releva instinctivement les yeux, pour voir une décharge d'énergie réduire en poussière une statue située quelques mètres devant elle.
En une fraction de secondes, elle réalisa que Chat Noir venait de les pousser toutes deux hors de portée de l'une des dévastatrices attaques de Khepp.
- « Tout va bien, ma Lady ? », lui cria son coéquipier, confirmant ainsi son intuition.
- « Rien de cassé ! », répliqua-t-elle aussitôt, tout en se précipitant vers la jeune égyptienne pour l'aider à se relever. « Merci, chaton. »
Alors que les deux adolescentes se redressaient, un hurlement de colère retentit dans la cour.
- « Ne tue pas la fille ! », criait Akhenaton, livide de rage. « J'ai besoin d'elle ! »
Aux côtés de Ladybug, l'adolescente pâlit de plus belle.
- « Il faut l'éloigner d'ici », lança Ladybug à l'attention de Chat Noir.
- « Considère que c'est fait, ma Lady », approuva le jeune homme en s'emparant de la jeune fille et en la jetant cavalièrement par-dessus son épaule.
Ignorant les protestations indignées de l'adolescente, Chat Noir se propulsa dans les airs en direction d'un bâtiment voisin. Ladybug les suivit un bref instant du regard avant de se tourner de nouveau vers Khepp.
Et ce qu'elle vit lui arracha un hoquet d'horreur.
Profitant de la diversion que lui avait offert l'adolescente promise au sacrifice, Khepp s'était approché de l'autel toujours dressé au centre de la cour. Il avait déposé en son centre un objet semblable à une pyramide en or et déclamait à présent de sinistres incantations. Le ton de sa voix dégageait une haine si palpable que Ladybug sentit un haut-le-cœur lui tordre l'estomac.
Elle était face à une abomination qui s'était laissée dévorer par ses plus malveillants instincts et qui s'apprêtait à mener ses sombres projets à bien.
Avant que la jeune fille n'ait le temps d'esquisser le moindre geste, Khepp prononça une ultime parole tout en levant les bras au-dessus de sa tête. Un halo violet foncé, presque noir, entoura aussitôt la pyramide miniature qui se trouvait devant lui. A peine une fraction de seconde plus tard, une colonne d'énergie d'une couleur identique s'élevait depuis le sommet de l'objet pour aller frapper les cieux de Thèbes.
Ladybug leva machinalement la tête et sentit immédiatement un frisson d'horreur la parcourir de la tête aux pieds. Jusque-là d'un bleu lumineux, le ciel surplombant le temple était à présent d'un noir d'encre, plus sombre encore que celui des nuits d'Egypte. Des cris de terreur s'élevèrent aux alentours, tandis que l'obscurité s'abattait implacablement sur les abords du lieu de culte.
Manifestement satisfait de son œuvre, Khepp laissa retomber ses bras le long de son corps.
- « Tant pis pour la fille », lâcha-t-il d'un ton mauvais, tout en tournant lentement son visage vers Ladybug. « Nous avons ici un petit insecte qui fera parfaitement l'affaire... »
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