L'avis de -silencieuse

(Vous m'excuserez pour le nombre aberrant de mots vulgaires dans ce chapitre. Vous remarquerez que la plupart viennent d'attardés vivant encore au Moyen Âge. Les pauvres, il faut compatir. C'est pas facile tous les jours d'être handicapé du cerveau.)

Féministe je suis, féministe je serai, c'est pour ça que le premier sujet que j'ai choisi d'aborder sur cette œuvre concerne une forme de sexisme : le slut-shaming.

Le slut-shaming, pour ceux qui ne connaissent pas, signifie en anglais : « slut » salope, et « shame », humilier. En gros, c'est humilier, stigmatiser, insulter une fille à cause de sa tenue, de son maquillage, de son nombre de partenaires sexuels et la traiter de charmants noms comme salope. Le slut-shaming s'apparente aussi à la culture du viol et de l'absence de liberté sexuelle de la femme, mais aussi parfois à une certaine forme d'homophobie.
Et mettons-nous d'accord, c'est du sexisme et c'est grossier !

Bref. J'ai voulu écrire ce chapitre très important en repensant à une intervenante qui était venue parler aux filles de la classe de relations sexuelles (de l'association « Parlez-moi d'Amour ») et ceux qui me connaissent savent déjà que je n'avais pas apprécié son manque d'ouverture d'esprit, malgré le fait qu'elle ait dit des choses très intéressantes (sur la première fois, sur les IST, sur les différents moyens de contraception, etc). Toujours est-il qu'à un moment de son cours, elle nous a dit (ce sont ses propos exacts, je chipote peut-être mais ça m'a paru important de les souligner) :

« Une lycéenne m'a dit un jour que plusieurs garçons avaient voulu coucher avec elle et étaient assez insistants mais qu'elle ne comprenait pas pourquoi. Pourtant, vu les décolletés qu'elle portait, ça ne m'étonne pas du tout, elle était habillée de façon super vulgaire ! »

Ce qui me choque en premier, ce n'est même pas son détachement face au harcèlement sexuel subi par la lycéenne, c'est ce que ses propos signifient. Donc selon elle, un garçon peut demander à une fille de coucher avec lui et insister, sous prétexte qu'elle porte des décolletés très plongeants ? Que sa tenue justifie les demandes déplacées de plusieurs mecs ? En gros, si tu te fais harceler sexuellement, c'est ta faute : tu portais un décolleté ? Et c'est ce genre d'intervenante qu'on nous envoie en cours ? Mais faut pas s'étonner de la rigueur de la société si on parle comme ça à des ados de treize-quatorze ans.

RIEN n'atténue le viol. RIEN n'atténue une agression sexuelle. Ni une tenue, ni l'alcool, ni même les endroits fréquentés. OUI = OUI, NON = NON. Et tant que la personne avec qui tu veux coucher ne t'a pas dit "oui" (ou donné un feu vert), tu n'y vas pas ! Et ça devrait être universel. Et d'ailleurs, ce n'est pas parce que la victime présumée n'a pas bougé qu'elle était d'accord. Elle était peut-être dans un état second, appelé "état de sidération", qui fait que ton cerveau "se bloque" et que tu es comme paralysée (on ne sait pas comment on réagirait si on nous violait, alors arrêtons de trouver des excuses aux agresseurs).

Personne, PERSONNE n'a le droit d'attendre quelque chose de vous par rapport à votre tenue, votre maquillage ou de vous juger. Vous ne devez rien à personne tant que vous ne lui en avez parlé explicitement, et que les deux sont consentants (mais ça, c'est un autre sujet).

Qu'on se mette d'accord : tu n'es pas une pute si :

- Tu as beaucoup de partenaires sexuels (aimer les « plaisirs de la chair » ne fait pas de toi une traînée ni quoi que ce soit) ;

- Tu t'habilles de façon "osée" pour la société, avec des décolletés plongeants, des mini-jupes et tout le blabla (qu'on se mette d'accord : tu t'habilles comme tu veux ! C'est ton choix, ta liberté, tes décisions !) ;

- Tu aimes te maquiller, même si certaines personnes jugent que c'est trop (là encore, c'est ton choix, si tu aimes ça, VAS-Y, ne te prive pas par peur des jugements !).

Et sachez que ce n'est pas votre tenue ou votre attitude qui envoie un quelconque message, c'est ce que vous dîtes. Ce n'est pas parce qu'une fille porte un décolleté plongeant/un short/tout ce que tu veux que ça veut dire OUI.

Mais passons, le viol, c'est autre chose.

Évidemment, dans certaines situations, il y a un dress code à respecter (seulement pour certains événements, pas dans ta vie de tous les jours). Tu ne peux pas te pointer avec une jupe ultra courte et un haut qui laisse voir ton nombril pour un entretien d'embauche. Ou tu ne peux pas venir en débardeur rose flash à un enterrement. Mais dans ta vie courant, personne n'a le droit de te dicter ta tenue ou de t'insulter par rapport à ça. C'est du slut-shaming et c'est SCANDALEUX (des filles se sont suicidées à cause de ça !). Mais malheureusement très courant (même si le nom en lui-même est plus connu aux USA, le slut-shaming reste très fréquent en France).

Bref. Désolée pour ce petit coup de gueule, vous me direz ce que vous en pensez en commentaires.

Le slut-shaming est du sexisme, car il ne s'applique qu'aux femmes. En effet, un homme ne se fera jamais, au grand jamais, insulter par rapport à sa tenue, à l'inverse d'une femme.

D'ailleurs, il est autorisé à un homme d'être torse nu dans des lieux publics (sauf exceptions). Pour une femme, c'est interdit par la loi (parce que les seins sont considérés comme une partie du corps à attrait sexuel... même si, techniquement, les hommes ont aussi des seins). Et dire qu'on nous rabâche que les inégalités hommes-femmes, en 2019, ce n'est plus d'actualité...

On remarquera aussi qu'il n'existe pas de terme équivalent chez les hommes pour « salope », « pute » et « pétasse ». Même le fait de dire d'un homme qu'il est vulgaire (par rapport à sa tenue j'entends) sonne étrangement.

Et c'est exactement la même chose du côté des conquêtes.

Si je dis d'un homme qu'il a couché avec plus de cinquante femmes différentes toute l'année 2018 sans retenir leurs noms, c'est un champion (dans l'opinion publique, évidemment).
Si je dis de la deuxième photo qu'elle a couché avec plus de cinquante hommes différents toute l'année 2018 sans retenir leurs noms, c'est une fille facile ou une pute (toujours dans l'opinion publique).

Qu'on se mette d'accord sur le sujet du slut-shaming :

✅ Tu as le droit de respecter une femme quelle que soit sa tenue ;

✅ Tu as le droit de ne pas aimer ce qu'elle fait/ses vêtements/son maquillage (c'est ton opinion, mais sois respectueux.se) ;

🚫 Mais tu n'as pas le droit de la juger, d'avoir des préjugés débiles sur sa personne, de médire sur elle (encore plus si tu lances des fausses rumeurs !) à cause de sa tenue/son maquillage/ses expériences "intimes" ;

🚫 Tu n'as pas le droit de l'insulter pour ces raisons-là ;

🚫 Tu n'as pas le droit d'attendre des choses d'elle en retour pour ces raisons ;

🚫 Et tu n'as pas le droit de justifier du harcèlement sexuel/un viol par sa tenue/son comportement non explicite/son maquillage (consentement, les gens !).

Bref, je vais m'arrêter là. Évidemment, il y a aussi beaucoup de codes qui contraignent les hommes dans notre société actuelle, mais je ne vais pas m'étaler dessus ; c'est encore une fois hors-sujet, ce chapitre ne parle que du slut-shaming qui s'adresse aux femmes - c'est seulement un cas en particulier du sexisme.

D'ailleurs, j'en profite juste pour faire remarquer que ce sont plus les filles qui traitent les autres filles de tous ces charmants noms, et moins les hommes. Étonnant, non ? On se tire dans les pattes nous-mêmes ! Mais où va le monde... ?

Mais j'ai un dernier message, à toutes les filles qui lisent ceci. Peut-être en avez-vous déjà été victime ou peut-être que non, mais ne vous laissez pas insulter à cause de votre tenue ou de votre maquillage. Vous portez ce que vous voulez. Ce n'est pas votre tenue qui envoie un quelconque message, c'est votre comportement. Et si des gens persistent à croire ça, soit ils ont les hormones en feu (mouais, on leur pardonne... encore que ! Ce n'est pas une excuse), soit ils vivent encore au Moyen Âge. Et toi, qui lis cette phrase : peut-être que comme moi, tu as déjà dit d'une fille qu'elle était vulgaire à cause de ces raisons précédentes ; fille ou mec, prouve-nous ton attachement à la liberté féminine en arrêtant ce slut-shaming comme je l'ai fait.

Bonne journée,

Léa.

L'avis de Gabriellecollion

Hey ! Pour ce chapitre, je ne vais pas longuement m'attarder sur le sujet, car _elderly l'a parfaitement et très clairement expliqué, et mon avis ne diverge pas du sien. On parle de liberté, on parle d'égalité, mais on en est encore loin. Au Moyen-Âge, et encore longuement après, une femme ne pouvait pas même montrer ses chevilles. Bon, d'accord, nous n'en sommes plus là - encore heureux ! -, mais nous n'en sommes pas non plus si loin que ça. Pourquoi ne pourrions-nous pas nous habiller comme il nous plaît, tel que les hommes l'ont toujours fait, sans ployer sous les regards critiques et les insultes ? Combien de fois ai-je entendu les propos : « mais c'est de sa faute si elle se fait violer, attends, elle ose mettre des minis-jupes ! ». Donc, si une fille décide de porter des minis-jupes/mini-shorts/brassières de sport, ou que sais-je encore, car elle en a envie, car elle se sent bien dans ces habits, tous devraient la considérer comme une invitation ouverte ? Tous devraient l'insulter, la harceler de préjugés stupides, la considérer comme une « personne vulgaire », une « fille facile », qui ne demande que ça ? Au contraire, ces filles-là ont le courage de s'assumer, de braver le regard des autres, de s'habiller comme elles en ont envie sans se soucier de ce que chacun pourrait penser. Et le plus choquant, je crois, c'est que ces préjugés ne s'appliquent qu'aux femmes, tandis que les hommes peuvent se montrer torse nu et ne récolter que quelques avis admiratifs.

Alors, tout comme l'a si bien dit -silencieuse, habillez-vous, maquillez-vous comme il vous plaît, et ne vous laissez pas faire ! Il n'y a que nous qui pouvons changer les choses, en en parlant, en sensibilisant notre entourage. Alors allez-y, n'hésitez-plus, parlez ! Et surtout, vivez comme il vous plaît, et ne laissez pas le regard des autres entacher votre bonheur !

À très bientôt,

Gaby