Trois mots, une bombe
Bonjour. Comment tu vas ?
Je vais à mon tour contribuer à ce livre. Est-ce une bonne chose ? Tout dépend des points de vue. J'aurais tant de choses à dire, malheureusement.
Je vais parler des manipulateurs pervers narcissiques. Trois mots qui, assemblés, donnent l'équivalent d'une bombe infernale détruisant des personnes sur son passage.
Pour ceux qui ne sauraient pas, et tant mieux si vous n'avez jamais eu affaire à eux, les manipulateurs pervers narcissiques sont des individus qui "s'amusent" à détruire psychologiquement des personnes qu'ils ont choisi pour cible. Je ne connais pas leur but, je ne peux pas le comprendre. C'est simplement leur façon de fonctionner je dirais.
Ma définition est très simplifiée, je ne suis pas experte. Vous pouvez vous renseigner davantage sur internet, notamment sur le schéma typique de la manipulation et ainsi apprendre à vous en protéger éventuellement (certains livres sur Wattpad en parlent).
Ce dont on parle le plus, ou les exemples les plus fréquents sont les relations de couple
entre le manipulateur et son/sa conjoint(e), son mari/sa femme.. vous avez compris.
L'enfant du manipulateur est (plus ou moins) oublié. On parle seulement de la première victime, la mère ou le père, et la souffrance de l'enfant est oubliée, "détournée".
Car oui, le manipulateur s'en prend aussi à ses enfants, mais non, ce n'est pas forcément pour atteindre la mère ou le père, c'est simplement dans le but détruire une personne de plus pour agrandir son palmarès. Et je pèse mes mots. II est grand temps que l'on prenne suffisamment en compte la souffrance des enfants fils et filles de pervers narcissiques.
Je suis la fille d'un MPN. (bouh, c'est moi !)
Mon histoire est longue (désolée d'avance, sincèrement), mais je vais essayer de faire assez vite.
Jusque mes 9 ans, tout était parfait. Mon père était un héros, pour ma soeur et moi. Il était formidable. Très malsain quand j'y repense, mais formidable à travers nos yeux d'enfants.
Par exemple, il nous demandait de cacher des choses à ma mère. C'est malsain.
"Ce sera notre petit secret..."
À mes 9 ans je suis devenue son esclave. Je voulais lui faire plaisir, et puis c'est devenu une habitude, et puis un besoin car si je ne faisais pas à manger, eh bien, nous ne mangions pas.
Nous étions deux parfaites petites "poupées", c'est comme ça qu'il nous appelait, deux petits "bouts de femmes" comme il disait, simplement parce qu'on entretenait la maison, et qu'on faisait la cuisine (et autre...).
Mon père a toujours fait des préférences. Toute notre vie, il a créé de toute main une jalousie entre soeurs qu'il adorait voir grandir au fil du temps. Nous sommes très très différentes ma soeur et moi, et il nous le faisait bien ressentir.
Ma soeur était idéale pour son corps, son visage, son physique, son caractère, et moi seules mes notes et mon intelligence semblaient relever le peu d'estime qu'il avait pour moi.
En réalité cette histoire de préférence n'était qu'une façade. J'ai compris après coup que ma soeur avait toujours été sa favorite. Elle était plus sage, plus belle, plus coquette, plus fun, elle était mieux, tout simplement. Elle était plus comme lui, au fond. Il ne m'a jamais aimée. J'étais son jouet de destruction, rien de plus.
J'ai compris à 12 ans qui il était grâce à ma mère, qui me l'a enfin dit. Quelques recherches plus tard sur le sujet, et j'avais déjà tout compris.
Peut-être que j'aurais aimé ne jamais rien comprendre, peut-être que cela aurait été plus simple finalement.
J'ai mené un combat durant un an pour essayer de le changer. Ne tentez pas. Les gens comme ça ne se remettent jamais en question, et vous en souffrirez plus qu'autre chose.
Et j'ai abandonné. Et je me suis protégée, éloignée, renfermée. Un tas de choses me faisaient souffrir. Ma soeur a suivi le chemin facile, et est devenue comme mon père. J'ai choisi de prendre le bon, celui où la souffrance était encore plus poussée. Je n'avais plus de père, il n'était plus qu'un destructeur. Je n'avais plus de soeur, elle n'était plus qu'une créatrice de complexes.
Ils étaient deux à semer le bordel dans mon esprit. Et dans ma vie entière d'ailleurs, touchant aussi le reste de ma famille. Ce sont des démons.
Parmi les horreurs que mon père a pu faire, il y a par exemple ce rituel qu'il avait d'ouvrir la porte de ma chambre d'un coup, de m'observer 20 secondes sans rien dire avec ses yeux malsains, et de repartir. Il venait m'observer de la porte, de la fenêtre, et un jour je me suis réveillée durant la nuit, et il était là. Je ne me suis jamais plus sentie en sécurité dans cette chambre.
En mai 2018, le jour de mon anniversaire, ma soeur et lui m'ont offert un magnifique tee-shirt. Cela faisait longtemps que je n'étais pas venue.
Je me suis déshabillée pour l'essayer, laissant naïvement la porte entrouverte. Une fois en sous-vêtements, je me suis tournée et il était là, à me reluquer comme un homme regardant une femme. J'étais tétanisée. J'ai rougi de honte. Mon corps était la seule chose qu'il n'avait pas vu (depuis la puberté), la seule chose qu'il n'avait pas détruit. Je me suis sentie salie sans même avoir été touchée. Il avait gagné, tout simplement.
J'ai décidé de prendre ma liberté. Et ma mère ne voulait plus que j'y aille.
Je n'y suis plus allée. Je n'ai plus eu de nouvelles. Ou très peu. Un ou deux appels, 2 ou 3 messages. C'est tout. Il se pointait souvent quand j'étais vulnérable, faible, pour jouer le héros en venant me dire que sa porte était grande ouverte. Connard.
Cela faisait un an que je n'avais pas vu mon père. Je faisais de temps en temps des cauchemars significatifs dans lesquels il me criait dessus, riait de mes larmes et me poursuivait éternellement pour que je retourne chez lui.
Récemment, je suis allée dans un restaurant où travaille ma soeur. On avait réservé une table à midi, et environ cinq minutes après notre arrivée, mon père est arrivé. Sans pression, comme ça, devant moi. J'ai eu le souffle coupé, je lui ai fait la bise, mais je ne pouvais plus faire semblant. Je suis partie en courant du restaurant, j'ai éclaté en sanglots dans une ruelle. Quelques minutes plus tard, mon père était au bout de cette ruelle, et il a crié. J'ai crié aussi, et je me suis mise à courir. Je courais pour ma liberté.
Et il m'a poursuivie. J'ai littéralement vécu mes pires cauchemars.
Ahah. Je n'suis pas traumatisée non.
Peu importe tout ce que mon père a pu faire. Ce genre de parent laisse d'énormes traces, qu'on le veuille ou non. Ces points peuvent être négatifs, et positifs. Vous pouvez là encore vous documenter sur le sujet.
J'ai écrit tout ça pour me libérer. Pour en parler, même si je l'ai déjà fait avec certaines personnes qui ont bien voulu m'entendre, m'aider. Merci à elles.
Le faire en public, plus ou moins anonymement, ça libère un peu plus je dirais. Et j'aimerais vraiment rencontrer d'autres personnes ayant été victime de ce genre de personne, pour apporter mon aide si je le peux comme j'ai déjà pu le faire auparavant. N'hésitez pas à poser des questions, aussi.
Mais je veux aussi faire passer des messages.
Tout d'abord, je tiens à dire que selon moi, ce n'est pas parce que nous sommes liés par le sang que l'on doit aimer. En effet, tous ceux qui considèrent qu'un enfant doit obligatoirement aimer ses deux parents de la même façon devraient savoir que non, ce n'est pas absolu. Tout enfant a le droit de ne pas aimer son parent, et ce encore plus si le parent n'apporte que haine, injustice, et mal-être. Les liens du sang n'interviennent pas dans le fait d'aimer.
Il est évident que toute ma vie, je serais liée à mon père. Mais il est certain que je ferai des choix pour me protéger moi et mon entourage.
Et tout le monde devrait pouvoir en toutes circonstances se protéger de ce genre de personne. Lien du sang ou non, protégez-vous.
Je voudrais aussi faire passer un message d'espoir. De l'espoir pour les victimes de MPN (ou pour tout le monde, en fait).
La souffrance n'est pas éternelle. Ce sentiment d'être emprisonné(e), non plus. La liberté est là, tout près de vous, et vous l'aurez tôt ou tard.
Les séquelles sont "réparables", on apprend à se reconstruire, changer sa manière de penser, de fonctionner, selon ce que l'on souhaite. On le fait librement.
Tout ce que les victimes traversent rend finalement plus fort, et permet d'être mieux armé pour les différentes épreuves de la vie, vraiment. Est-ce finalement un mal pour un bien ?
Je déteste cette expression.
Je n'irais pas jusqu'à dire que je suis enfin en paix, que j'ai tout réussi, c'est faux. Cela prend du temps mais il est certain que c'est réalisable, et c'est encore plus facile si l'on se fait aider. Il faut apprendre à se connaître, à s'apprivoiser, pour ensuite se (re)construire et s'améliorer.
N'oubliez pas que vous êtes vivants, que vous êtes des personnes à parts entières qui méritent le respect, l'amour, la joie, le bonheur comme beaucoup de monde sur cette Terre.
N'oubliez pas que vous êtes formidables.
Et si vous êtes adolescent, je pense qu'il y a une majorité d'ados ici, n'oubliez pas que vous êtes en "période de formation". C'est vraiment la merde, c'est même parfois très dur, je sais de quoi je parle, mais vous réussirez à vous sortir de tout cela indemne, et plus fort.
Aimez-vous. Vivez pour vous, et pour les autres.
Après une chute, on finit toujours pas remonter d'une certaine manière. Ne perdez jamais espoir, vivez.
♡
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