Il n'y a pas si longtemps, j'ai écrit une partie ici qui parlait de certains de mes problèmes, y compris mes sentiments pour une amie proche. J'ai lu vos commentaires, lu des articles en ligne, demandé des conseils à des gens de confiance... et j'ai décidé de lui écrire une lettre. Comme elle part aujourd'hui pour plus d'une semaine en voyage, je compte la lui remettre à son retour. Je la retranscris ici pour savoir ce que vous en pensez en tant qu'étrangers; prenez note qu'il ne s'agit que d'un brouillon puisque la version finale sera écrite à la main.

Je sais à quoi tu penses, juste en commençant à lire un texte. Un ostie de texte, franchement ! Tu m'as déjà dit que c'était lâche de régler ses problèmes en écrivant un texte à l'autre, mais je t'éclaire là-dessus. Le problème, je suis en train de le régler de mon bord et je fais juste t'expliquer mes actions; aussi, je ne crois pas que t'écrire un texte soit moins lâche que ne pas finir ma phrase devant toi parce que je tremble trop, parce que je pleure comme une madeleine. Alors, un texte, parce que ça me tente.

Un résumé, si tu ne veux pas prendre la peine de lire le reste: je vais m'éloigner de toi pour quelques temps parce que j'ai de la misère à gérer ma relation avec toi et que j'ai besoin de me recentrer. Tu peux maintenant plier le papier et le jeter, libre à toi; dans ce cas, on aura en temps et lieux une discussion à propos de ce qui est important dans une amitié.

Aussi, j'espère que tu as passé un beau voyage, sincèrement. Les opportunités comme celle-ci se présentent rarement, et j'admire chez toi cette facilité à les saisir et à en profiter au max. Un peu hors sujet, mais je tenais à le souligner.

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C'est vraiment «fake» de ma part d'écrire un brouillon sur ipad... je sais que tu ne liras jamais ce brouillon puisque je compte faire une vraie version sur papier dans des mots plus élégants, mais peu importe.

Je n'ai peut-être pas le tour de te le montrer proprement, mais je t'apprécie beaucoup, tu sais. Un peu trop, même. Tu seras peut-être surprise, mais je n'ai jamais connu d'amitié comme la nôtre. Il y a des choses que je te laisse faire qui seraient inacceptables pour d'autres, un lien que je n'ai avec aucun de mes autres amis et, par-dessus tout, un certain besoin d'attention de ta part. Est-ce que ça te qualifierait comme mon amie la plus proche? Sûrement, mais j'ai déjà eu des «meilleures amies», je sais c'est quoi avoir des amies proches, et je trouve que tu dépasse ce titre. Loin. En fait, j'ai de la difficulté à reconnaître mes limites quand je suis avec toi. Non parce que tu me fais peur, mais parce que j'ai besoin de te plaire, et ce n'est en aucun cas au coût de mon propre respect. Je suis heureuse en te rendant heureuse, et c'est là que commence mon problème qui est plus de coeur que d'amitié.

Comment je me sens, ça m'appartient entièrement; ce que je choisis de faire par rapport à comment je me sens, ça m'appartient tout aussi entièrement. Je ne veux pas que tu prennes quoi que ce soit sur tes épaules, que tu te sentes mal de ne pas pouvoir m'offrir le sentiment en retour ou que tu croies que ça me blesse. Je suis à l'aise avec tout cela, et c'est ce qui me rend à l'aise pour prendre les décisions qui me permettront de préserver une amitié importante pour moi. Tu as la place d'une amie irremplaçable dans ma vie, et je ne tiens pas à ce que ça change. Surtout pas à cause d'une émotion généralement temporaire.

Donc, pour revenir à mon point principal, je vais m'éloigner de toi. Je ne serai pas inexistante, évidemment; je serai là si tu as besoin d'aide pour quoi que ce soit, et je te reviendrai quand je me serai ressaisie. Mais entretemps, j'ai besoin de redéfinir ce qui est important pour moi dans une amitié; je crois que ça nous fera du bien à toutes les deux, car il y a plusieurs de mes manières qui semblent te frustrer ces temps-ci. En même temps, j'aurai une vision plus réaliste sur les choses et pourrai trouver d'autres endroits où diriger l'énergie que je ne veux pas t'imposer.

Ne crois pas que je me sens triste, coupable, embarrassée de m'être laissée submerger par mes émotions pour quelqu'un d'aussi proche, quoique aussi inaccessible que toi. Je fais confiance en moi ainsi qu'au hasard des choses. J'ai espoir en la vie, et je ne doute pas qu'un jour je vais rencontrer quelqu'un avec qui je pourrai librement partager ce type d'affection. Par-dessus tout, je ne m'excuse pas. Je sais que tu comprendras mes actions et que tu ne me verras pas comme une colleuse ou une victime. Des fois, il faut juste mettre ses émotions dans une boîte et crisser la boîte dans la rivière pour n'en garder qu'un vague souvenir.

Prends soin de toi, je t'aime. Et je dis ça en tant qu'une amie qui tient à toi comme je tiens à ma famille, à mes amis. Rien de malicieux.