J'attends ça toute la semaine.

9h00: réveil. J'vérifie que le monde n'a pas explosé sur snap. J'apprends qu'un tel nourrissait ses poules il y a deux heures, et qu'une telle a embrassé machin y'a tant d'années. Et ça me passionne

11h00: jmonte petit déjeuner, toujours sur snap. J'ouvre Netflix.

13h50: Pas faim aujourd'hui. Juste assez pour descendre une tablette de chocolat. Je maigrirai demain. La série est nulle à chier. Tant mieux.

15h00: faut que je fasse un truc de ma vie.

17h30: J'm'habille. Trop de trucs à faire, ça attendra. 

19h00: les basses, la sueur, tout tourne. Les paupières brûlent.

3h00: sommeil. J'fais mes flammes de bonne nuit. Y'en a qui sauvent le monde, ou au moins leur vie pendant ce temps. 

La musique vide ma tête. Tout tangue.

Résister à l'envie de se couper.

A l'envie de tout casser.

A l'envie d'exister.

Pour me rappeler que je suis, j'ouvre mon agenda, mes vieux carnets intimes, les listes énormes de ce que je dois faire. J'essaye des trucs où je suis sûre d'échouer. Je me griffe.

Je crie, je pleure je ris je jouie. Je saigne. J'arrête de respirer. J'ai la nausée. Veux pas bouger.

Dans ma tête, ça gueule et ça meurt.

A l'extérieur, jfais la gueule. J'ai pas entrouvert les lèvres depuis hier.

Putain j'vais dégueuler.

62 kg. Encore un truc qu'il faut que je règle.

Atteindre mon ordi, changer de position, en bougeant le moins possible.

Mes mains: moites.

Le sang sur ma joue.

Les pleurs sur mes cernes.

La même expression, pourtant: blasée.

Dormir.

Toujours.

Les basses me poussent à bouger; en transe.

Déchirer sa peau avec ses propres ongles.

Attendre d'être quelqu'un de bien, de beau, d'intelligent.

Seule.

Froid.

Nausée.

J'veux une clope.

J'veux sortir.

J'VEUX SORTIR