Au cœur de l'univers
Je ne sais pas trop pourquoi je suis là... J'ai écrit un texte, et je ne sais pas quoi en penser, alors je vais le poster là. Ce n'est pas la première fois que j'écris ce genre de texte. Ce n'est pas la première fois que je ressens ce genre d'envies de me noyer dans la foule, la musique, l'alcool, toutes ces choses pour oublier temporairement les problèmes. Ce qui me fait peur, c'est que la fin de ce texte m'apaise ; ça ne devrait pas. Qu'est-ce qui cloche chez moi ?
Elle respirait enfin, au cœur de l'univers. Le bruit l'enveloppait, l'énergie de la foule la transperçait, comblant le vide béant qui l'habitait depuis ce qui semblait être une éternité - en réalité, elle avait perdu toute notion du temps. Elle qui avait d'abord lutté pour garder la tête hors de l'eau, recherchant désespérément une bouffée d'oxygène à la surface, elle s'abandonnait désormais toute entière. La foule liquide la faisait tanguer, les basses résonnaient jusqu'au plus profond de son être, et elle adorait ça. Elle se transcendait et tous les coeurs qui battaient étaient les siens, ils résonnaient à ses oreilles et derrière sa cage thoracique, si fort qu'ils semblaient vouloir sortir de sa poitrine. Elle se sentait anormalement légère, plus rien d'autre que l'instant présent ne semblait avoir d'importance ; le silence qui l'oppressait dans sa vie quotidienne avait disparu, tapi derrière la musique trop forte, et les chevaux de fumée sombre qu'étaient ses pensées s'évaporaient alors que sa gorge était emplie d'une douce chaleur - l'ivresse la tenait dans ses bras liquides et pétillants. Ce poids qui lui faisait courber le dos et qui l'empêchait de respirer avait disparu, comme par magie, et elle inspirait à plein poumons. La vie l'emplissait, débordait même, elle la voyait couler en filaments brillants le long de ses bras et l'envelopper d'une chaleur douce et apaisante. Chaque fois que quelqu'un l'effleurait, elle se sentait chargée d'électricité alors que ses yeux luisaient dans le noir, emplis d'étoiles qu'elle pensait avoir perdues pour toujours.
Mais alors, la chute était vertigineuse. Un instant, l'océan sombre dans lequel elle se noyait avait laissé place à une mer limpide et délicieuse, mais elle sentait déjà les griffes acérées de la sirène la tirer de nouveau vers le fond alors qu'elle ouvrait la bouche pour crier, le silence assourdissant avalant ses plaintes. Les bras liquides de l'ivresse se solidifiaient et l'emprisonnaient avec ses mauvaises pensées tout en l'empêchant de réfléchir. La nausée lui tordait l'estomac et les étoiles dans ses yeux étaient mortes pendant la nuit, ne laissant plus au petit matin qu'un vide béant au fond de ses pupilles, si noires que quiconque les regardait trop longtemps se perdait dans leur obscurité. Parfois les réminiscences d'une étoile luisaient encore au fond de ses prunelles, laissant croire que la vie ne l'avait pas complétement désertée, mais ce n'était qu'illusion, un mirage provoqué par le soleil aveuglant qui se reflétait dans les deux puits sans fond de ses yeux. Son cœur ne battait que faiblement dans sa poitrine, les autres avaient déserté ; elle se sentait si seule... Et les chevaux martelaient l'intérieur de son crâne de leur course effrénée, s'évaporant rapidement mais lui laissant un goût amer de fumée dans la gorge. Cette fois, la vie coulait bien le long de ses bras en filaments liquides, mais elle l'abandonnait, comme les autres l'avaient abandonnée auparavant. Elle était seule, au cœur d'un univers qui ne voulait plus d'elle. Enfin, elle expirait.
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