Dans peu de temps, c'est la rentrée. Je vais devoir retourner dans cet endroit que je hais par-dessus tout.
Les signes annonciateurs sont très clair, comme tous les ans.
Cauchemars à répétition, toutes les nuits, où les gens de ma classe (je n'en change pas) me jettent des pierres. Ou mes amis m'enfoncent des couteaux dans le dos. On m'enferme dans un casier. On m'enferme dans une classe et on y met le feu.
Toutes les bonnes recettes de grand mère pour de fantastiques nuits d'insomnies.

Je ne veux pas y retourner. Je me sens tellement inférieure aux autres. Je suis moins joyeuse, drôle, intelligente, courageuse, positive, gentille que les autres. Je le suis moins aussi que tous les gens que j'ai pu rencontrer sur wattpad.
Je me déteste, de ne pas avoir un esprit simple. Je m'en veux de culpabiliser et de toujours douter. De moi et des autres. De la société et de la vie.

Pas de la mort. Je n'ai jamais douté de la mort. Je ne vais pas commencer un débat, mais la mort est une chose magnifique. Le meilleur pour la fin, comme on dit. Je trouve ça absurde de haïr la mort. Là n'est pas le sujet.

J'ai mis au point un plan d'attaque. Je vais y aller, armé de mes ecouteurs et de mes carnets. Personne n'osera plus parler à la fille dans le fond de la classe. La réputée dépressive, louve solitaire.

"Elle est pas méchante, juste tellement bizarre. Et elle repousse les gens, comme si elle avait peur qu'on la blesse. Étonnant, hein ?

Il paraît qu'elle ecrit un livre. Bah, elle a sûrement aucun talent."

Il se trouve que cette fille a bien des amis. Mais elle n'a pas du tout l'impression qu'ils l'aiment. Elle a surpris quelques conversations.

"Oh, elle est quand même colerique et chiante. Surtout en ce moment."

Mais la fille du fond de la classe, elle en a un peu marre.
En fait.

Elle aimerait bien passer ses journées à faire des trucs qui la passionnent.

Elle en a assez de ces murs. Elle est forte, toujours, elle a d'excellentes notes. Mais elle n'arrive pas à concentrer en cours. Son imagination se met soudain à divaguer sur cette dalle au plafond, légèrement abîmée. Ou sur la mèche de cette personne là. Ça, ça la fascine. Mais il y a toujours les profs. Pour la rappeler à l'ordre, il faut qu'elle ecoute quand même, ses bonnes notes ne sont pas une excuse, il faut qu'elle soit plus sociable, sinon elle va avoir des problèmes en société.

Elle a déjà des problèmes à l'intérieur. Elle se sent pas bien dans sa peau. Elle se hait, elle se sent profondément mal.

Mais c'est pas grave.
Après tout, c'est juste la fille du fond de la classe.