Je suis empathe, et je sais que je vais mourir à 24 ans.

Je sais. C'est tellement... absurde, quand on y pense bien. J'ai eu le temps d'y réfléchir, mais plus je me répétais que ce pressentiment, que cette certitude, n'est que le fruit de mon imagination, plus ça me paraît réel. Et proche. Beaucoup trop proche.

Ça veut aussi dire que j'ai vécu un peu plus que la moitié de ma vie. Je vais avoir 13 ans en août.

Je trouve ça tellement injuste. Pendant un instant, j'imagine que cette certitude est vraie. Et je me dis que, alors, je ne pourrai peut-être jamais avoir d'enfants. Ne jamais faire de métiers, ne pas obtenir le diplôme de médecine que je souhaiterai avoir, pour sauver des vies. Je ne me marierai peut-être jamais.

Un jour, j'ai dit ça à une amie, pour rigoler. Et je me suis dit que, là, je n'ai pas peur. Si c'était vrai. Mais maintenant, ça me semble si réel que j'ai presque envie de pleurer. Je sens les larmes monter. Et je sais qu'un jour, elles sortiront.

Je trouve ça tellement injuste.

Et donc, cette phrase que j'ai sorti à mon amie, c'est un peu devenu une blague "quotidienne". On ne se la dit pas tous les jours, mais de temps en temps, comme ça. Puis, au fur et à mesure, j'ai vu plus que de l'amusement dans le regard de mon amie.

Maintenant, dès que je sors cette "blague", elle dit "Non, tu ne mourras pas à 24 ans !".

Et vous savez quoi ? Juste là, à ce moment, ma batterie est à 24 %. Ça me ferait presque rire.

Et donc, me dire qu'une amie me prend au sérieux là-dessus, eh bien c'est là que ça a commencé à me faire peur. J'avais noté dans mon journal intime que ça ne me faisait pas peur. Mais aussitôt que je l'ai refermé, je me suis dit que je me suis menti. (Oh, une rime. Riez SVP. Je sais que c'est pas drôle. Ça ne me fait même pas rire moi-même)

J'ai l'impression que je vais mourir d'un accident de voiture. J'ai une image devant les yeux : le temps est gris. C'est une voiture grise assez ancienne qui me fonce dessus, alors que je traverse un passage piéton. Le feu pour les voitures est pourtant rouge. On dirait une des rues que l'on retrouve à Paris...

Je n'aime pas cette certitude. Que je vais mourir à 24 ans... Elle me terrifie vraiment.

***

Juste, pour ceux qui veulent en finir avec la vie parce qu'ils n'aiment pas ça, parce qu'il souffrent chaque jours, pour x raisons.

Avec cette certitude, je comprends à quel point la vie est précieuse. Qu'il ne faut pas la gâcher.

Moi aussi, il y a des choses sur lesquelles je rumine souvent, et ce sont des choses que je trouve très noires. Des histoires de famille, d'amies, de travail, ou tout simplement des histoires de la vie.

Moi, je me dis que si on est ici, c'est pour accomplir quelque chose. Peut-être que la mort est quelque chose de paisible. Ou alors elle vous montrera ce qu'il pourrait se passer si vous n'êtes pas passés à l'acte. Ou alors elle vous amène au paradis, ou en enfer. Ou alors elle vous permet de suivre vos proches, et alors je pense que vous vous diriez que vous aurez aimé être avec vos amis lorsqu'ils rient, pleurent ou regardent tout simplement un film.

Trouvez vous un but dans la vie. Si je me dis qu'il y a au moins une chose que j'aimerai faire, c'est du saut en parachute. J'en ai parlé à mon père, et il a dit qu'il se renseignera. Ce sera alors une chose à rayer sur une longue liste. Ensuite, vivre indépendamment. Avec mes amies en colocataires. Puis, partir avec mon cercle d'amies proches dans une destination de rêve. Vous ne rêvez pas d'aller aux États Unis ? De rencontrer votre auteur préféré ?

Quels que soient vos problèmes, que ce soit à cause de vos parents vos frères, vos sœurs, vos amies, la peste du collège/lycée, le gars que vous aimez en secret, le type relou de la rue où vous habitez, un jour, si vous en avez envie, vous pourrez tout plaquer par terre, l'enfoncer très bas dans le sol et vous en aller loin, très très loin, où vous voulez, en Australie, dans la ville à côté, aux États Unis, au Pôle Nord ou dans le désert du Sahara, quelque soit l'endroit, parce VOTRE vie VOUS appartient ! Parce que VOUS avez le droit de la chambouler totalement, de la modeler comme vous voulez, et ce sera uniquement parce que TU l'as décidé, toi, derrière ton écran. La vie nous appartient.

Évidemment, même après tout ce que je viens de dire... Je vois encore l'image de la rue dans laquelle je vais peut-être mourir. Mais le texte que je viens d'écrire me rassure un peu. J'ai moins peur.

Je sais que la peur restera là un bon moment. Mais je sais aussi qu'elle va s'en aller, et qu'elle permettra d'aller de l'avant. Jusqu'à la fin.

La mort fait peur à tout le monde. Je trouve ça injuste. Parce que la vie est trop courte.

Profitez-en.