Chapitre 1
Un jour avant la rentrée.
P.D.V. Nora
Assise sur un banc dans l'aéroport de Paris, je contemple les passants tous différents et pourtant si semblable. Un père de famille essaye tant bien que mal de transporter toutes les valises qu'il possède. Une femme, quand à elle, se bat avec sa petite fille ne voulant pas s'assoir. Une jeune femme fait les cents pas me donnant mal à la tête, je remarque qu'elle pleure. Pas de petites larmes qui s'écoulent tranquillement des yeux sans que vous ne vous en aperceviez, sur ses joues, s'écoulent une montagne de larmes qui ne veulent pas s'arrêter. Comme si cela faisait une éternité qu'elle les contenait en elle sans ne rien dire en personne.
Un petit groupe de personnes qui semblent être une seule et même famille est regroupé devant les escalators. C'est quand je vois un homme d'une trentaine d'année les embrasser et leur sourire les larmes aux yeux que je comprends qu'ils ne l'ont pas vu depuis longtemps et qu'ils viennent de le retrouver. Je vois un large sourire se dessiner sur le visage d'une femme, elle l'embrasse tendrement sur la bouche et le prends dans ses bras. Elle reste un moment ainsi et décide de se relâcher lorsqu'une petite tête blonde vient les perturber. Ce que j'estime être la fille des deux conjoints tire délicatement sur la veste rouge de sa mère. Celle ci la soulève du sol avant de la laisser à son mari. Il ne se fait pas prier et prends la petite fille dans ses bras. Elle se décolle légèrement de lui et tape maladroitement dans ses mains affichant un large sourire.Je ne peux m'empêcher de sourire face à ce tableau de famille plus que magnifique. Une famille. On en était une nous aussi avant tout ça.
Je trouve ma place dans l'avion et m'assois en lâchant un soupire. Je n'ai personne à côté de moi, heureusement d'ailleurs, mais je remarque devant moi une femme âgée dormant affalée sur son siège. Derrière moi un enfant tape dans mon siège. Je mets mes écouteurs et attache la ceinture de sécurité pour le décollage. Je regarde les nuages défiler sous mes yeux tandis qu'une chanson retentit dans mes oreilles. Je n'ai jamais aimé les avions. A vrai dire cela me fait un peu peur, comme beaucoup de personnes dans le monde. Pourtant, aujourd'hui, je me sens détendue, aussi légère que les plumes d'un oiseau. J'aime beaucoup les oiseaux. J'aime la facilité avec laquelle il peuvent partir et tout laisser derrière sans laisser de trace.
Seulement, je sais que où que j'aille, il y aura toujours une trace de mon passage. Mon nom me suivra toujours et, ça, je ne peux le nier.
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8 heures. 8 longues heures de vole. C'est exténuée que je sors de l'avion. Les passagers me bousculent. Ils sont pressés, trop pressés à mon goût. Ma valise n'est pas très grande et je la repère facilement. Je l'attrape et sors de l'aéroport. J'appelle rapidement un taxi lui donnant l'adresse où je dois me rendre. Avant de partir j'ai dû me renseigner sur les appartements. J'en ai pris un à une bonne dizaine de minutes de mon lycée. A Brooklyn. Ce n'est pas l'appartement de mes rêves mais ça subviendra largement à mes besoins.
Les paysages défilent sous mes yeux et je les contemple en silence. Il y a beaucoup de circulation, sûrement les gens qui vont au travail. On prend pas mal de temps avant de pouvoir rouler librement, je regarde par la fenêtre. Le soleil apparaît, il est déjà étincelant. Je plisse des yeux pour tenter de voir quelque chose. Il y a beaucoup d'immeuble mais il y a aussi des maisons. Un garage est ouvert, on peut apercevoir un petit garçon qui joue au ballon avec un autre enfant. Les parents ne sont pas loin, ils discutent.
Plus loin, à l'entrée d'un immeuble, on voit une jeune femme avec un homme. Il a l'air plus vieux qu'elle mais ça ne la dérange pas. Elle lui souris. Il rougit et sourit à son tour. Elle cherche quelque chose dans son sac, elle ressort son téléphone. La jeune brune le scrute un moment avant d'ouvrir la bouche. Elle affiche une mine concentrée et parle tout en regardant son téléphone. Le jeune homme à l'air tout aussi concentré mais on peut apercevoir qu'il rougit. Il tape quelque chose sur son téléphone. Ce doit être le numéro de la jeune fille. Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire à travers la vitre.
On passe devant pas mal d'appartement avant d'arriver en face de l'un d'entre eux. Le chauffeur freine pour finalement s'arrêter sans pour autant couper le moteur. Il se tourne vers moi avec un sourire.
- C'est ici. sa voix rauque me surprend
Je le paye et descend du taxi. C'est un grand appartement. La façade est en brique marron. Je regarde des deux côtés de la route et traverse. Il n'y a personne. Cela contraste avec l'animation qu'il y a dans le centre ville et les quartiers chics. Je rentre dans le hall et appuie sur l'interphone, le numéro 12.
La voix douce d'une jeune femme se fait entendre.
- Qui est-ce ?
- C'est moi. Nora.
Elle actionne le bouton d'entrée et le mécanisme de la porte s'ouvre.
Je prends l'ascenseur et elle m'attends devant la porte de l'appartement. Elle me fait une embrassade. La jeune femme ouvre la porte et me laisse entrer en première.
- Voici votre chez vous. Conformément aux photos. Je pense que c'est bon vous pouvez vous installer. Je vous donne les clés et vous laisse vous installer.
Elle me donne les clés, me sert la main et s'en va me laissant seule dans l'entrée. Le salon est une grande pièce lumineuse. Il est ouvert sur la cuisine qui possède un bar. Les couleurs sont chaleureuses. Je m'avance un peu. Il y a deux chambres. Les deux sont blanches. La propriétaire m'avait dit que l'appartement était en colocation. Elle m'a aussi dit que pour l'instant j'étais la seule à avoir pris l'appartement. Cela ne me pose pas de problème de le partager. J'ai tout de suite accepté sachant que je ne saurais pas capable de payer un loyer toute seule. Et il était hors de questions de demander de l'aide à mon semblant de famille resté en France.
La propriétaire, Mme Colher, m'a conseillé de manger un peu. Il est 13h00. Je ne vais pas manger maintenant. J'ai bien des choses à faire avant. Il faut que je monte mes valises. Les cours commencent demain, enfin pour moi, pour les autres elle a déjà commencé depuis quelques mois. Je n'ai pas vraiment envie d'y aller. Pas à cause de mon accent. Je pense que je vais m'en sortir, la langue n'est pas une barrière à la réussite. C'est ce que disait maman quand je lui parlais de m'enfuir au delà des frontières. Je la crois et garde cette phrase dans ma tête. J'ai plutôt peur des questions. Quel genre de personne arrive dans une nouvelle école en milieu d'année ? Je me le demande bien. Je n'ai pas de réponses à donné aux autres.
J'ai juste des secrets et des blessures qui pèsent sur mes frêles épaules.
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Je vide mes valises depuis une heure essayant de trouver de la place pour chacune de mes affaires. J'ai mis ma playlist en fond. C'était peut être une mauvaise idée. Boulevard of broken Dreams. C'est une belle chanson. Pleine de souvenirs. Parfois j'ai honte d'être partie comme ça. Dans un coup de vent. Mais ma conscience me rattrape vite me disant que c'était la seule solution. Je sais que c'est vrai mais je ne peux m'empêcher de penser à qu'est ce qui se serait passé si j'étais restée à la maison.
Tellement de questions sans réponses. Et tant de questions que je n'ai pas eu le temps ni le courage de poser.
Mes valises contiennent tellement de choses. Dont beaucoup ne me servent plus mais impossible pour moi de m'en débarrasser. Mais plus important encore que tous ces bibelots. Ma tenue de danse. La seule chose qui me fasse tenir. Ma raison de vivre.
Je pourrais danser. Danser jusqu'à en crever. Mourir mes chaussons au pieds. C'est une belle mort non ?
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Après avoir rangé mes affaires je décide de manger. Mon ventre me supplie de le faire et je n'ai pas d'autres choix que de me préparer un plat de pâtes. J'ouvre les placards essayant de trouver quelque chose qui contentera mon appétit. Mme Colher m'a prévenu qu'il n'y avait pas grand chose mais qu'elle avait laissé un petit quelque chose pensant qu'après 8 heures de vole je serais affamée. Elle n'a pas tout à fait tort. J'ignore pourquoi elle est si prévenante avec moi. Ce ne doit être qu'une forme d'hospitalité.
Je cuis mon repas et mets la table rapidement. Le temps est morose. Comme moi. Quand j'étais petite j'adorais la pluie. Je dansais laissant les gouttes d'eau infiltrer mes vêtements. Quand on sera grand les gens diront qu'on est bizarre de danser sous la pluie, alors que quand on est petit ils s'en fichent, ils trouvent ça normal, alors profitons. Cette phrase je l'ai lu dans un livre une fois. Je ne l'ai jamais oublié. Aujourd'hui je comprends que c'est bien plus qu'une histoire d'une petite fille qui danse sous la pluie. Mais bien de la vie en général. Quand on est jeune, on est innocent, les gens trouvent ça mignon. Quand on est grand on attend toujours beaucoup de choses de nous. Qu'on soit beau. Grand. Avec de grandes études. Une famille. Un chien, des enfants. Vous comprenez maintenant. Faut qu'on profite.
Après avoir fini mon repas, j'entame une liste de course. Il faut que je me réapprovisionne sinon j'aurais plus rien pour demain. Je mets une veste et dévale les escaliers à grande vitesse. Je n'ai pas vraiment envie de sortir mais juste de bouger un peu. Les rues sont animés malgré la pluie. Je fais rapidement mes courses et rentre à l'appartement. Je n'ai pas pris beaucoup de choses. Juste le nécessaire. Je n'ai pas les moyens de me prendre des choses qui ne sont pas vitales.
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J'ai passé l'après midi à tuer le temps devant un livre. J'ai également fait la décoration de ma chambre. Des photos sur les murs de ma famille et de mes amis. De ma ville. Et d'autres choses encore. Ma peluche sur mon lit et tout mes bouquins pour le lycée sur mon bureau. j'ai accroché des guirlandes de lumières au dessus de mon lit. Elles ont toujours eu le don de m'apaiser sans que je sache comment.
Il est tard et je manque de m'écrouler de fatigue. Je n'ai pas envie de dormir. Mais il faut que je me fasse une raison. Si je veux être à l'heure demain, il faut que je dorme. Je m'effondre sur mon lit. Je me tourne vers la fenêtre et regarde un instant les étoiles. J'empoigne mon ours en peluche, Poppy, et ferme les yeux avant de tomber dans les bras de Morphée.
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Il est sept heures. Je n'ai aucune envie de me lever mais mon réveil m'a déjà réveillée. J'avance d'un pas lent vers la cuisine. Je mange rapidement et me décide à prendre une douche. L'eau chaude me fait frissonner. Je mets une dizaine de minutes à me lever et sors finalement de la douche. Je m'habille d'un simple haut noir avec un jean slim noir également. Je mets un pull gris par dessus et fais rapidement mon sac. Je prends mon téléphone et sors de l'appartement en le fermant à double tour.
Je ne suis jamais en avance. Mais il est hors de question d'arriver en retard pour mon premier jour. Je prends le bus et me rend au lycée. Le Jefferson High School. La grande bâtisse semble surplomber les nuages. Je m'avance dans la cour. Les lycéens me dévisagent comme si je venais d'une autre planète. Serait-ce mon air français qui ressort ? Je n'en ai pas la moindre idée. Je déteste être au centre de l'attention. C'est une chose que je ne supporte pas.
Le proviseur m'indique ma classe et je le suis un grand sourire accroché au visage, ce n'est que pour faire bonne figure.
Les élèves étaient déjà installer dans l'amphithéâtre. En voyant tous les yeux fixés sur moi et ma chevelure blonde je n'eus comme seule envie de disparaître. Le professeur demanda l'attention des lycéens. Il se racla la gorge et le silence fut presque instantané. Il me dit de m'avancer ce que je fais sous les regards interrogateur des autres personnes présentes dans la salle. Il s'avancer à son tour et dit d'une voix calme
- Je vous présente votre nouvelle élève. Elle s'appelle Nora. Elle vient de France. Soyez gentils avec elle.
Ils restèrent fixés sur moi. Je vois mes cheveux blonds briller sous la lumière, mon sourire est légèrement coincé. J'entremêle ses doigts et nous regardait du coin de l'œil. Il y a un garçon qui reste me fixer comme si sa vie en dépendait. J'aurais pu rester une éternité à le regarder si Mr Wallas n'avait pas rompu le silence en me demandant de me présenter.
- Je m'appelle Nora. Et comme la plupart d'entre vous j'ai 17 ans. J'ai déménagé à cause du travail de mes parents qui bossent dans un restaurant. Ils ont eu une opportunité et je n'ai pas eu d'autres choix que de les suivre. Je fais de la danse et mon rêve est de devenir danseuse professionnelle et de me produire devant un publique. Et voilà , je n'ai rien d'autres à dire.
Mes joues deviennent de plus en plus rouges et ma voix tremble à mesure que je parle. Je revois le garçon de tout à l'heure. Il sourit. Je suis consciente que ce n'est pas bien de mentir et de s'inventer une vie. Mais les secrets sont des secrets. Et ma mère m'a toujours dit de bien garder les secrets. En grandissant, j'ai compris que pour moi, mes secrets étaient devenus vitaux. Il ne valait mieux pas que j'en parle. De toute façon qui me croirait ?
- Bien tu peux aller t'assoir.
Mr Wallas indiqua la chaise à côté du garçon. Je me mit face à la fenêtre, la tête tournée vers la cour. Il essaya de capter mon attention pendant le cours de géographie mais je ne broncha pas. Je ne voulais pas m'attacher aux gens. C'était trop risqué pour moi. Le mieux c'était que je reste seule.
C'était le mieux pour moi. Pour lui et pour toutes les autres personnes présentes ici.
Il fallait à tout prix que je sois discrète.
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Voici le premier chapitre d'une œuvre que je suis contente de vous présenter. J'espère que vous aimez ce premier chapitre. Qu'en pensez vous ? J'aimerais savoir. S'il y a des choses à améliorer dîtes le moi et j'arrangerais cela.
Merci à leo_nie_5 pour la magnifique cover ❤
F ❤🌹
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