Remuer
TW pour l'ensemble du texte ; ils seront spécifiés pour chaque partie : rupture amoureuse, contenu érotique léger, angst, angoisse, ivresse, mention d'auto-mutilation, mention de cigarette.
Paris libérée
TW : angst, angoisse, mention d'auto-mutilation.
Lost in a city without faces
With one-sentence stories
Crushed under statues of concrete
And remoteness: inside my coffin of waves
None but myself
Perdue dans une ville dépourvue de visages
Avec des histoires d'une seule phrase
Écrasée par des statues de béton
Et la distance : dans mon cercueil de vagues
Personne d'autre que moi
Les villes m'effraient. Tout ce béton sans discontinuer qui casse mon horizon et mon sens de l'orientation – je ne peux pas aller tout droit sans être stoppée par une muraille – ce béton qui couvre des hectares et des hectares (la terre est enfouie), si bien que j'ai l'impression d'être enfermée, perdue comme dans une forêt sombre (le vent y souffle puissamment, humide et glacé) et l'angoisse monte et gonfle depuis mon ventre, menace de me submerger, d'envahir mon cerveau – douleur intense – et puis j'expire et tout va bien, ça se tasse mais pas très profond, se tapit quelque part dans mon intestin, prêt à jaillir à nouveau quand j'essaierai de saisir le foisonnement de vies disparates qui m'environnent, m'entourent, cherchent à m'envahir dans la multiplicité des émotions, vécus, espoirs, peurs et fissures et toutes me renvoient à moi, seule dans la foule, sans connexion, incapable de me sentir reliée, j'ai besoin d'émotions ! alors je branche mon casque, fixe mon regard droit devant et marche. Je marche ou crève quand je voudrais marche ou rêve.
Impression que les villes m'effacent.
Quand je me suis réveillée, tout a eu l'air normal pendant pas mal de temps. Je ne suis pas de celleux qui ont l'habitude d'écouter la radio ou de regarder la télé en mâchonnant trop longtemps leur tartine – mais je touille bien mon café les yeux perdus dans ma fenêtre. C'est après être sortie dans la rue, douchée, habillée et nourrie mais encore un peu dans les vapes, un pas-sourire plaqué sur le visage, que j'ai commencé à douter. La certitude m'est venue à Châtelet. Un métro vide, ça n'existe pas. J'ai regardé, au cas où, les sites d'information pour voir si une grève était en cours – rien. Et pendant ce temps, la terreur grimpait avec ses ergots le long de ma colonne vertébrale, jusqu'à atteindre mon crâne. L'esprit vide et en apnée, alors que je pressentais la vague, j'ai remonté les marches pour sortir deux à deux, la main protectrice sur mon téléphone par habitude. Et j'ai gardé mon casque anti-bruit. Revoir le ciel n'a pas provoqué la respiration apaisante habituelle qui veut dire « ouf, de l'espace, plus enfermée. » Personne dans la rue, pas même un•e distributeurice de journaux. « Bonjour Hannah, a fait l'angoisse. Je m'installe ici, si ça te dérange pas. » Écroulée. Respire, respire, respire. Vertige, nausée. Me tenir. À quoi ? Respire ! Pitié à l'aide quelqu'un parlez-moi je ne veux pas... seule. Seule. Seule.
« Ça va aller. »
Je sursaute. C'est ma voix. C'est la dernière voix. Douleur crissante dans ma paume. J'existe encore. Pas possible. Mourir ?
Je me roule en boule et attends que ça passe, que la voiture-terreur finisse de me rouler dessus.
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