~VICK~


Lorsque le soleil se coucha et que la pâle lumière de la lune pénétra dans ma chambre, je me levai de mon lit, mis mes baskets blanches et refermai doucement la porte d'entrée derrière moi.

Quand je m'approchai de l'adresse que m'avait indiquée Lucas plutôt, le vent charria jusqu'à mes narines une acre odeur de cannabis et de voitures brûlées.

Dans quoi m'étais-je bien fourrée ?

Un attroupement, principalement composé d'hommes, bières à la main discutait devant une usine désaffectée qui semblait maintenant faire office de boîte de nuit, peu fréquentable. Les basses d'une musique électro m'arrivaient aux oreilles. Sur ma gauche, une fille habillée d'une robe ou plutôt d'un simple bout de tissu se faisait peloter par un gars beaucoup trop âgé pour ce genre de coin.

Charmant.

Plus loin, un immeuble abandonné dont la solidité laissait à douter, ayant surement servis d'hôtel dans le passé au vu de sa structure, habitait maintenant quelques dizaines de réfugiés.

J'inspirai un grand coup avant de me diriger vers l'entrée de la boîte sous le regard pervers de ces messieurs. Je ne pouvais pas renoncer maintenant, j'avais besoin de cet argent rapidement et Lucas ne m'aurait jamais envoyée ici, si je courrais un grave danger. Du moins, j'espérais le croire.

Vick ressaisis-toi !

Une femme aux longs cheveux blancs d'environ la cinquantaine, maculée de tatouages et percée à l'arcade sourcilière me percuta par inadvertance.

-Désolée petite...Qu'est-ce-qu'une belle fille comme toi vient faire ici ? Me demanda-t-elle d'une voix douce.

Son haleine empestait le tabac et l'alcool.

-Je viens voir quelqu'un...Matt...

Elle hocha la tête avec compréhension. Ce dernier était donc connu dans ce coin mal fréquenté.

-Ne t'éternises pas trop ici trésor. Ils n'ont pas tous de bonnes intentions envers les autres. Me prévient-elle gentiment avant de repartir en s'allumant une cigarette.

Légèrement plus inquiète par cet avertissement qu'à mon arrivée, je me hâtai d'aller voir Matt pour pouvoir partir de cet immonde endroit au plus vite. Je ne prêtai pas attention au "Beauté !" sifflé par ces pervers dehors, ne préférant pas m'attirer des ennuies.

La boîte de nuit était infestée de monde de tout âge et invraisemblablement de tous milieux mais au but commun. Tous étaient défoncés à la coke ou que sais-je encore. L'odeur de tout à l'heure n'en était que plus forte à présent.  La salle était constituée d'un étage. Au rez de chaussée, se trouvait le bar qui était d'ailleurs bondé et la piste de danse. A l'étage, des poufs jaunâtres qui devaient à l'origine être blancs étaient éparpillés autour de différentes tables basses. Je montai au premier étage pour prendre plus de visibilité. D'ici je ne pouvais rien distinguer clairement, tant la fumée et les projecteurs aveuglants étaient forts. Plusieurs hommes en costards étaient affalés sur les poufs tandis que des filles, certaines plus jeunes que moi, flirtaient avec eux en rigolant bêtement. Tout au fond, une voix grave et cassée se fit entendre. Matt. Lorsqu'il m'aperçut, je le surpris à me dévisager de haut en bas, un sourire narquois au coin de lèvres.

-C'est bien toi Matt ? Dis-je d'une voix que je voulais assurée.

Si je me montrai faible, je deviendrai à ses yeux une proie trop facile et il croira alors pouvoir me demander n'importe quoi.

-Qu'est-ce-que tu me veux ? Rétorqua-t-il en m'invitant à s'assoir près de lui, ce que je ne fis pas, préférant rester debout pour assurer une certaine domination.

-Tu sais très bien pourquoi je suis là.

-Je vois que ma réputation me précède. Plaisanta-t-il taquin en se relevant pour se positionner à quelques centimètres de mon visage.

-Je n'ai pas le temps de jouer à tes petits jeux Matt. Répliquai-je froidement.

J'avais beau sentir mon pouls s'accélérer et mes mains commencer à devenir moites je gardai mon masque, ne lui donnant alors aucun accès à aucune expression, ni émotions hormis l'impatience.

-Range tes griffes tigresse. Me dit-il visiblement amusé par la situation, en se reculant de moi. Combien tu veux ?

-2000€

-Tu joues léger. Dommage, ça aurait pu être amusant. Soupira-t-il visiblement déçu.

Quel malade !

-C'est possible oui ou non ? M'impatientai-je essayant de garder le contrôle de mon corps.

Au vu de sa non-réponse, je me retournai et commençai à m'éloigner de sa table.

-Attends ! S'exclama-t-il ayant compris que le jeu s'arrêtait pour faire place aux affaires.

Les mains tremblantes, je me retournai le regardant droit dans les yeux. Je ne vacillerai pas.

-Comment tu veux procéder ? Course ou drague ?

Devant mon aire perdue, il continua visiblement excédé.

-Soit tu livres quelques choses pour moi, soit tu fais comme ces filles derrière toi. Dépêches-toi de choisir, je n'ai pas toute la nuit.

Son air rieur et sombre avait fait place à un visage beaucoup plus sérieux et inquiétant.

-Course. Répondis-je du tac ou tac.

Je ne savais vraiment laquelle de ces deux solutions était la meilleure mais je ne me sentais pas déambulée toute la nuit à moitié nue, tandis que ces porcs s'amuseraient à me toucher. C'était impossible. Je préférais largement livrer je ne sais quelles choses illicites.

Il arqua un sourcil, visiblement surpris par ma réponse.

-Très bien. Tu auras ton argent dès dimanche soir, c'est à dire quand tu sauras revenue de ton road-trip.

-Tu peux être plus précis ?

-J'aimerais que tu récupères un colis pour moi. Un colis en provenance de Portland.

-Quel genre de colis ? Ne puis-je m'empêcher de demander, curieuse.

-Tu fais ce que je te demande, sans pose de questions sinon tu peux faire une croix sur ton fric ! Compris ?

Sans ciller, je le défiai du regard.

Il griffonna je ne sais quoi sur un bout de papier, puis me le tendit.

-L'adresse y est écrite. Tu n'as plus qu'à y aller, sonner et dire que tu viens de ma part. Tout est déjà réglé, tu as juste à récupérer le colis à te tirer. M'informa-t-il plus calme.

J'acquiesçai sans un mot, en enfouissant le bout de papier dans la poche arrière de mon jean.

-Sois là dimanche soir !

Sur ces mots, il s'éloigna alors de moi, en descendant au rez de chaussée pour se fondre dans la masse sombre des danseurs. Je regardai mes mains trembler, en inspirant et expirant doucement, laissant peu à peu la peur et la pression quitter mon corps.

Finalement, un colis à chercher ce n'était pas grand-chose, si on enlevait tout le côté illégal évidemment. Après avoir repris une respiration un peu près normale, je quittai rapidement la boîte. Je devais déguerpir d'ici et au plus vite.

Préférant me faire discrète pour rentrer chez moi, je pris soin de contourner par la gauche l'attroupement  de personnes devant la boîte. En passant par ce chemin, je m'aperçus rapidement que je n'avais pas d'autre choix que de traverser une petite ruelle sombre. Même si je pouvais distinctement voir le bout de ce passage étroit, m'y aventurer ne me laissait pas sereine. Frigorifiée par l'air frais s'engouffrant sous mon simple t-shirt noir, je choisis de ne pas faire demi-tour pour passer par le centre. En passant par là, je gagnais cinq bonnes minutes sur mon trajet de l'aller. Sans faire de bruit, je pénétrais dans l'obscurité de cette ruelle.

La respiration bloquée et le pas actif, je me dirigeai vers la lueur de la lune lorsqu'un bruit retentit derrière moi.  Apeurée, je me retournai vivement. Mauvaise idée. Lorsque je me regardai derrière moi, un homme blond d'une vingtaine d'années, me dépassant d'au moins de deux têtes, se tenait debout devant moi.

Maintenant, derrière moi un homme l'aire légèrement plus âgé que moi, aux cheveux châtains, entièrement vêtu de noir, s'approcha de moi en me bloquant la route un sourire pervers sur les lèvres.

-Tu vas attraper froid habillée comme ça beauté. Me dit le premier d'une voix suave et alcoolisée.

-Viens par là, on va te réchauffer un peu. Renchérit le second en léchant ses lèvres.

Encerclée, je n'avais aucun moyen de sortir de cette ruelle. Elle était beaucoup trop étroite pour que je m'enfuis à côté d'un de ces deux-là. Un pas de plus et ils arriveront à ma hauteur.

Terrifiée par ce qui pourrait se passer, mon regard chercher la moindre petite faille, en vain.

-Aller beauté, fais pas ta timide. S'impatienta le blond.

Ses yeux bleus me dévoraient du regard, se posant sur chacune de mes courbes comme si je n'étais qu'un vulgaire morceau de viande, me donnant envie de vomir. Le second m'attrapa le bras par surprise mais avant de m'attirer contre lui, je réussis à me défaire de sa poigne en me collant au mur. Mon dos au contact de ce mur glacé me fit frissonner de plus belle.

Le blond se plaça alors devant moi, posant ses mains de chaque côté de ma tête me rendant complètement à sa merci. Sa jambe droite vînt s'immiscer entre mes jambes me forçant à les écarter un peu. De là où il se trouvait, je pouvais sentir son souffle inhiber d'alcool sur mon visage, me produisant un haut-le-cœur. Mon sang se figea. La panique monta dans ma poitrine qui se soulevait et s'abaissait à un rythme saccadé.  Le souffle court, je mélangeai le. présent au passé. Les mots murmurés de ces deux hommes entremêlés à ceux de Mr Robinson raisonnèrent dans mes oreilles. Incapable de distinguer la réalité du souvenir, je n'avais plus aucune idée de ce qui se passait à ce moment présent. Ce blond me touchait-il réellement ou était-ce une simple illusion de mon esprit ?

Je voulus crier mais aucun son ne sortit de ma bouche. Tout à coup, la chaleur que je sentais se diffuser près de moi, cessa. Elle fut remplacée par un courant d'air froid. Un bruit sourd retentit, puis le silence. Incapable d'ouvrir les yeux, je m'écroulai toujours adossée contre le mur glacé, les larmes roulant sur mes joues sans s'arrêter. Terrifiée, je sentis une présence près de moi. Je priai  pour que ce ne soit qu'un mauvais tour de mon imagination, mais c'est alors qu'une main me touche avec une délicatesse extrême et lorsque je m'apprêtai à crier une voix rauque et calme que je reconnus immédiatement me chuchota doucement.

-Vick ?

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Je sais je suis affreuse de vous laisser sur cette simple réplique ! X)

La suite arrive très bientôt s'est promis ! :)

N'hésitez à me laisser un petit commentaire, ça me fait toujours plaisir ;)

A très vite !