Seule... ou presque.

Bérénice.
Bégonia.
Benedicta.
Bernadette.
Belle.
Béa.
Barthélemy.
Brenda.
Berta.
Barberine.

Devant moi, la sortie. Et pourtant, ma main reste coincée sur la poignée. C'est trop simple. Beaucoup trop simple. Il y a forcément une raison. Et si "ils" voulaient que je sorte ? Peut-être que dehors est synonyme de mort ? Ou alors, peut-être que je suis en train de rêver. Ma main quitte la poignée et retombe le long de mon corps. Je tourne les talons, hésitant à rebrousser chemin.

Soudain, je le vis. Le grand inconnu. Ses yeux lançaient des éclairs. Et derrière lui, il y avait quelqu'un de la même stature imposante que lui. Ils avançaient vers moi avec une cadence quasi militaire. Je sentis des perles de peur glacées glisser le long de mon dos. Mes bras se mirent à trembler violemment et je me retournai vers la porte. Je n'eus pas le temps de peser le pour et le contre. Ces deux hommes me faisaient plus peur encore que dehors. En quelques mouvements, j'étais à l'extérieur.

Je me mis à courir. Le vent faisait voltiger mes cheveux, ils valsaient désagréablement derrière moi. L'herbe que je foulais était jaunâtre. Au loin, quelques oiseaux chantaient et le son de l'eau qui coule résonnait. Probablement un ruisseau. Je vis au loin un mur. Un énorme mur. Environ deux mètres je suppose. Je m'arrêtai à une vingtaine de mètres. Jamais je n'arriverais à l'escalader.

Je cherchais autour de moi une branche, n'importe quoi qui aurait pu m'aider à franchir cette effroyable frontière entre la liberté et ma prison. J'entendis au loin une porte claquer et des frissons parcoururent mon échine. Le grand inconnu et son acolyte allaient me rattraper. Alors je courus jusqu'au mur, je m'agrippais au rebord et me hissai. Puis je sautai de l'autre côté et me remis à courir.

Je courais depuis une bonne quinzaine de minutes. Le grondement d'une cascade résonnait jusqu'à moi. On n'entendais plus que son rugissement puissant et féroce. Je m'étais trompée tout à l'heure, ce n'était donc pas un ruisseau. Je courais entre les racines vers le bruit, des épines égratignaient ma peau, des branches fouettaient mon visage.

Mes poumons me brulaient, mes muscles me tiraillaient. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas fait d'effort physique...Mais je devais courir. J'étais à bout de souffle. Je ne devais pas abandonner. Mais j'avais si mal... Non, je ne devais pas flancher ! La fatigue me demandait avec douceur de l'accompagner. Je sentais que mes yeux se fermaient et que mon champ de vision se rétrécissait. Avec un dernier effort, je plongeais dans la cascade. Je heurtais un rocher et m'évanouissais.

Je me réveillai sur le sol froid et mouillé. Je n'entendais que le bruit de la cascade. Sauf que je n'étais pas dans de l'eau. Mais où est ce que j'avais encore atteri ? Comment je m'étais retrouvée là ? Je me mis à jurer tout haut et je me relevais en époussetant mes vêtements. Je grelottais et pleurais de froid, de peur et de douleur.

J'avais mal aux pieds, d'ailleurs ils étaient en sang. Je n'avais pas de chaussures après tout. Quelle idée de m'être enfuite sans rien aux pieds ! Enfin bon, c'est pas comme si j'avais eu le choix. Je détaillais ma tenue du regard : je portais un pantalon noir rugueux, un tee shirt à manches longues vert et une veste bleue. Et tout ça trempé et lacéré bien entendu. Génial...

Je shootai dans un caillou, rageuse, et hurlais de douleur. Et merde, c'était bien mon jour de chance ! Je me mis à maudire cette stupide pierre puis regardais où j'avais atteri. Il faisait sombre, seul quelques rayons filtraient à travers... La cascade ?! Mon dieu, est ce que j'étais... Derrière ?! Mais comment j'avais pu y arriver alors que... Je me souviens parfaitement que je me suis évanouie avant d'y arriver.

En tout cas, "ils" ne m'ont pas rattrapé. Alors malgré la peur, la rage et la souffrance, je souris. Parce que j'étais enfin libre et que plus jamais je ne retournerai dans mon ancienne prison ! Je me sentais pleine d'une énergie nouvelle. Je pourrais refaire ma vie, une vie simple et tranquille. Je me mis â rêvasser. Mais une petite voix intérieure me chuchota : " Jamais tu n'y arriveras. "Ils" te retrouveront et te puniront." Je chassais cette voix dans un tiroir mental et m'assis sur une pierre, continuant à rêver.

Un bruit suspect me tira de mes pensées. Un roulement de cailloux. Cela voulait dire... Que quelqu'un d'autre était ici. Mais non ! Ce devait sûrement être un animal petit et tout mignon... Voilà c'est bon, j'étais rassurée. Pourquoi quelqu'un s'aventurerait ici de toute manière ? Je me retournais et me figeais. À travers la cascade on pouvait discerner une forme... Humaine. Et je n'étais pas sûre que cette personne me veuille du bien.
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Merci d'avoir lu ! Ne m'en voulez pas pour les prénoms, j'avais pas d'idée 😂 N'hésitez pas à me dire si ça vous plaît ou ce que je devrais changer 😘
Bisous,
Une patate nommée Manon.

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