Entre souvenirs et réalité
Chantal.
Caroline.
Clarisse.
Christina.
Céline.
Célia.
Charlotte.
Charline.
Claude.
Camille.
-Peter...
Il était enfin là. Mon petit frère. Mon jumeau, né 18 minutes après moi. Mon modèle, mon confident, ma roue de secours. Mon sosie et mon opposé. On se ressemblait tellement et pourtant on était si différents...On faisait les 400 coups ensemble, on se chamaillait sans cesse...
Chaque souvenir est comme un coup de poignard dans ma tête. Mon cerveau me hurle d'arrêter mais je continue. Je laisse mes souvenirs couler. Une chaleur s'empare de mon ventre, qui se transforme peu à peu en feu. J'ai horriblement mal à l'estomac, je ne sais pas pourquoi. Je dois me retenir pour ne pas tomber à genoux, la douleur étant insupportable.
Heureusement que Peter me tient. Dans ses bras j'ai l'impression d'être en sécurité. J'ai l'impression que plus rien ne peut m'arriver. J'ai oublié l'isolement, les inconnus, ma prison... Plus rien n'a d'importance tant que je suis dans ses bras.
Mais soudainement il me lâche. Mes jambes tremblent, affaiblies de devoir à nouveau supporter le poids de mon corps. Il me regarde durement. Un regard méfiant. C'est comme si une barrière invisible s'était dressée entre nous. Et je ne comprends pas, ou alors je ne veux pas comprendre.
- Je me demande pourquoi je t'ai sauvé. J'aurais dû te laisser sur le sentier.
Son ton froid et incisif me fit frissonner. Je le fixe sans savoir quoi répondre. Alors c'est lui qui m'a amené ici. Et je sais que s'il ne l'avait pas fait, je ne serais pas là en cet instant. Je serais en train de croupir dans ma chambre trop parfaite. Et « ils » seraient en train de faire leurs expériences sur moi.
Je ne sais pas pourquoi il a eu ce brusque changement d'attitude. Pourquoi il me regarde avec cette douleur dans le regard. Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour qu'il m'en veuille ? Je fis appel à mes souvenirs, mais tout ce qui me vint fut des éclats de rire et une douleur au ventre.
- Je... Merci.
Je ne sais pas quoi ajouter de plus. J'aurais trop de questions à lui poser. Alors on se regarde en chien de faïence, tels des inconnus. Lui et moi. Moi et lui. Après de longues secondes je secoue la tête, détourne le regard et m'avance vers la sortie. Puisqu'il ne veut pas de moi, je ne vois pas pourquoi je resterais ici.
Avant que je traverse le rideau d'eau, avant que je ne parte, que je lui tourne le dos, il me lança en criant cette phrase.
- Tu ne t'en souviens pas ? Pas vrai ? Tu ne te souviens de rien. Maman avait raison.
Je me figeais. « Maman » ? J'avais une mère encore en vie ? Je me retournais et le fixais sans gêne. Puisqu'il savait que j'avais perdu la mémoire, pourquoi était-il si cruel ? Et que pouvait lui avoir dit notre mère ?
Je secouais de nouveau la tête, les yeux plein de larmes et traversais la cascade. Il fallait que je m'éloigne. Tout de suite. Sinon j'avais peur de ce que je pourrais faire. Il ne me restait plus qu'à trouver ma mère.
Etrangement aucun souvenir ne me venait lorsque je répétais encore et encore le mot « Maman ». Comme si mon cerveau voulait m'empêcher de voir à quoi elle pouvait ressembler. Comme si il refusait que je la retrouve. Alors c'était décidé, je la retrouverais.
Je m'aperçus que je courais. J'étais au milieu d'une forêt dense. Seule. Ne faisant pas attention, je me pris une racine et dégringolai. La face contre terre, je me redressai lentement et ma vue se brouilla. Qu'avais-je donc fait pour mériter cela ? La seule personne que je connaissais me détestait. J'avais une mère quelque part que je ne connaissais pas. Des gardes étaient probablement à ma poursuite.
Mes pieds étaient en sang. Mes vêtements, lacérés. Mon moral, au plus bas. Mes forces, épuisées.
Le soleil commençait lentement à se coucher. Les ombres de la forêt s'allongeaient inexorablement. Je devais trouver un abri, un endroit où dormir. J'avisais un arbre avec de nombreuses branches non-loin. Je m'y dirigeais donc et commençais à grimper. Je devais dormir, cela me remettrais les idées en place. Je trouverais une solution demain.
Je m'installais le plus confortablement que je pus et soupirais. J'avais une vilaine entaille sur le ventre qui me faisait souffrir. J'attrapais quelques feuilles et les utilisais comme compresses. La douleur était supportable mais je grimaçais tout de même en appliquant mon bandage de fortune.
Un souvenir monta en moi. Je ne pus rien faire pour l'empêcher de m'emporter dans son tourbillon.
- Ne bouge pas Peter ou ils vont nous trouver !
- J'ai peur Noélia...
- Ne t'inquiète pas. Je te promets qu'il ne t'arrivera rien.
- Tu me le jures ?
- Oui.
Et puis les coups de feu. Peter qui se tient les tempes en gémissant. Je le contemple une dernière fois et je lui caresse le bras pour le rassurer. Puis je me lève et je m'enfuis à grand renfort de cris et de gesticulations. J'essaye d'attirer leur attention. Ils ne savent pas que Peter est avec moi.
Ils se mettent tous à me courir après. J'ai les poumons en feu mais je dois courir. Courir pour sauver mon frère. Lorsque je suis certaine d'être assez loin de l'endroit où il s'est caché, je les laisse me rattraper. Ils ne savent pas que je viens d'honorer ma promesse. Ils ne savent pas que je viens de sauver Peter. Parce que je l'aime.
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Coucou mes patates alors que pensez-vous de ce chapitre ? Il est un peu plus long que d'habitude ^^. N'hésitez pas à voter, commenter ça me ferait plaisir :)
Big bisous,
Une patate nommée Manon
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