Point de vue: [T/p]

Le jour fatidique était enfin arrivé. L'expédition était le jour-même. Nous devions nous lever dès l'aube afin de nous préparer adéquatement pour 9h, heure à laquelle nous devions quitter le château et nous diriger vers le district de Kalaneth.
J'étais vraiment heureuse d'avoir été annexée à l'escouade Levi. Petra l'était encore plus que moi: enfin elle l'avait obtenue, sa compagnie de la gente féminine tant espérée. J'étais aussi vraiment excitée à l'idée de quitter ces murs qui nous enfermaient.

C'est au destin de décider de notre sort. Que la chance soit avec nous...

Puis, la lourde porte du district s'ouvrit, laissant entrevoir les faibles rayons du soleil. Mes mains tremblaient d'anticipation: j'en avais de la difficulté à garder mon cheval clame. Petra devait me rassurer et Levi me chicaner de me comporter comme une gamine. Eren, lui, semblait pris d'un étrange cocktail d'émotions opposées: dans ses yeux, je voyais défiler la joie, l'excitation, la hâte, la frayeur, le doute, etc. Presque toute la gamme y passait. C'était très plaisant de lire ses yeux, mais je tentais de me fixer sur mon but premier: l'expédition.

Par contre, avant de partir pour de bon, il fallait absolument que je lui dise quelque chose.

- Hé, Eren, appelai-je, fébrile et nerveuse.

- Oui, [T/p]? fit-il, sa voix légèrement tremblante, se retournant vers moi.

- Je veux te dire que... Peu importe ce qui va arriver aujourd'hui, je serai toujours à tes côtés. Tu es une bonne personne, Eren, et souviens-toi en. Tu as beau être persécuté par la majorité de l'Humanité, même si tu es son dernier espoir, tu es toujours prêt à donner au prochain sans compter. C'est ce que j'admire de toi. Restes comme tu es et, surtout, reviens en vie.

Je voyais que mon ami semblait perturbé par un tel discours venant de moi. Tout ce que je fis pour le rassurer fut de sourire largement.
Malheureusement, il n'eut pas le temps de me répondre qu'Erwin donna l'ordre de quitter Kalaneth.

Enfin, monde sauvage; terre des Titans, me voici...

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Point de vue: ???

- Alors? demandai-je, anxieuse.

- Je suis désolé, mais nous ne savons pas quand elle se réveillera, me dit le médecin, semblant honteux.

Je m'approchai du lit de ma fille adorée, qui dormait, branchée à de multiples machines qui la maintenaient en vie, alors qu'elle était plongée dans un coma profond. Cela faisait plus de trois mois depuis cet incident et elle ne s'en remettait toujours pas.
Depuis la mort de mon mari et de mon unique fils dans cet accident de voiture, il y a cinq ans, l'hôpital m'était familier, mais voir [T/p] une seconde fois clouée au lit me transperçait le cœur. Je ne pouvais pas m'abattre au fait que j'étais sur le point de perdre mon dernier enfant, le dernier membre de ma famille qu'il me reste.

Bouleversée, je pris place sur la chaise à côté de son lit. [T/p] semblait dormir paisiblement, comme lorsqu'elle était toute jeune et qu'elle faisait des rêves étranges qu'elle me racontait librement le matin suivant. Elle déborde d'imagination, cette petite...

Essuyant mes larmes nerveuses avec mon petit mouchoir usé, je retenais quelques sanglots.

- Oh, [T/p]... S'il-te-plait, réveilles-toi vite...

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Point de vue: Eren

J'avais essayé...

Mais, évidemment, j'avais échoué...
Encore...

J'étais resté impuissant, regardant l'escouade Levi se faire tuer sous mes yeux. Même [T/p] avait tenté de l'arrêter, mais elle s'était violemment fait propulser contre le sol. J'avais peur qu'elle ne soit morte sous le coup. Ce fut cette tristesse et ces larmes de rage qui m'avaient permis de me transformer et de me battre contre ce Titan féminin.

Mais, encore une fois, j'avais lamentablement échoué...

[T/p]...

Restes en vie toi aussi...

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Je me réveillai en sursaut. Je réalisai rapidement que j'étais étendu dans une charrette, la cape de Mikasa sur mon torse. Ma sœur m'expliqua que l'expédition était terminée et que nous rentrions au château bredouille. Puis, une pensée me frappa de plein fouet, ce qui monta rapidement les larmes aux yeux.

- Et [T/p]? Qu'est-elle advenue?

- Du calme, Eren, elle va bien. Elle est consciente et en vie.

- Où est-elle? Est-elle blessée?

- Elle est dans une charrette aussi, car elle s'est cassée le bras et la cheville gauches.

- Ah... Mis à part ça, elle va bien?

- Oui, Eren, [T/p] va bien, soupira Mikasa, découragée par mon inquiétude obsessionnelle - qu'elle a pourtant envers moi. Et toi, ça va?

- Oui oui... Ça va...

Je ne pus retenir ces larmes que je contenais tant de bien que de mal. Je pleurais pour aucune raison, mais aussi pour toutes les raisons en même temps: la mort de l'escouade Levi entière, mon manque de professionnalisme, "l'échec" de l'expédition et la survie de [T/p].
Si [T/p] était en vie, c'était tout ce qui comptait...

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Lors du voyage du retour, je ne vis pas le temps passer. Je crois que c'était parce que je m'étais endormi de fatigue... Tout ce que je me souviens, c'était que j'avais vu deux enfants, qui me faisaient penser à moi et Mikasa lorsque nous regardions, comme eux, des étoiles dans les yeux, le Bataillon d'exploration rentrer la tête basse. Je m'étais étendu de nouveau et j'avais pleuré dans mon coude, honteux.

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Après avoir récupéré un peu de mes forces, je me dirigeai vers l'infirmerie, où Levi m'avait informé que [T/p] se trouvait. Une fois que j'y entrai, le nombre ahurissant de soldats blessés et/ou qui succombaient à leurs blessures m'avait choqué. Le coeur serré, je me promenais à travers ces rangées sans fin de blessés, n'osant demander des renseignements aux infirmières. Elles en avait déjà plein les bras...

- Non! Hanji, lâches-moi!

C'est la voix de [T/p]!
Je m'empressai d'accourir vers la source de ce cri. Lorsque je la vis, elle était assise sur un lit, le bras gauche dans une attelle et Hanji assise sur une chaise adjacente à son lit.

- Voyons, une petite piqûre ne peut pas te faire de mal...

- Oui! La sensation est très désagréable!

[T/p] semblait catégoriquement refuser la piqûre qui atténuerait ses douleurs. Je la comprenais d'une part: c'est toujours effrayant de voir Hanji arriver avec une seringue remplie d'un liquide peu rassurant... Cependant, la scientifique essayait de la calmer, ce qui s'avéra inutile.

- [T/p], ça t'empêchera de souffrir lorsqu'on replacera ton bras et ta cheville.

- Je préfère souffrir que sentir cette aiguille pénétrer ma peau!

- Euh... Il y a un problème ici? fis-je afin de leur avertir de ma présence.

- Oui! Hanji veut me tuer! répondit [T/p], me regardant avec des yeux trop mignons, ce qui me fit quasiment sourire.

- Elle a simplement peur d'une petite piqûre inoffensive.

- J'ai plus peur d'une aiguille que d'un Titan, si tu veux savoir, Hanji, répliqua la jeune fille.

- Eren, fais quelque chose!

Je m'assis sur le lit, près de [T/p], en faisant attention pour ne pas accrocher son bras ou sa cheville. Je la regardai dans les yeux tout en prenant sa main.

- T'inquiètes, [T/p], tout va bien aller.

- Pourquoi ai-je de la misère à te croire? fit-elle en dégageant son bras de l'emprise d'Hanji.

- Hé.

Je lui pris les épaules, déterminé à la calmer. J'essayais d'inventer un truc pour lui faire penser à autre chose.

- Regardes mes yeux, okay? Juste mes yeux, dis-je doucement.

Ce qu'elle fit. Mais je voyais très clairement qu'elle n'était pas plus rassurée. J'avais oublié qu'elle pouvait lire facilement dans mes yeux et j'étais sûr, qu'à cet instant, elle y percevait mon hésitation. Remarquant du coin de l'œil Hanji approcher sournoisement sa main pour saisir à nouveau le bras de [T/p], je décidai de diriger l'attention de cette dernière autre part en lui donnant un bisou sur la joue. Ses yeux s'agrandirent et ses joues changèrent de couleur. Je fus plus confiant dans mes propos.

- Penses à autre chose. Concentres-toi sur moi et moi seul-

Je m'interrompis lorsque [T/p] sursauta, car Hanji dirigeait l'aiguille vers sa peau. Je sentais la tension monter exponentiellement. La scientifique, qui était à deux doigts d'atteindre son but, paniqua.

- Eren! Distrais-la!

Sous la panique et sans réfléchir davantage, je saisis le visage et [T/p] et je pressai mes lèvres contre les siennes. J'espérais du plus profond de mon être que cette diversion ferait oublier à [T/p] l'aiguille qui la piquait.
Réalisant finalement ce que j'étais en train de faire, je décidai de prolonger ce moment magique plus en l'embrassant encore plus tendrement. C'était rendu que j'étais tellement fixé sur mon baiser que j'avais moi-même oublié le contexte.

Je me sentis grandement soulagé lorsque [T/p] répondit positivement à mes avances, m'embrassant timidement en retour. Heureux, je rendis mon baiser plus passionné et authentique. Je déplaçai même une de mes mains à l'arrière de son cou afin de maintenir son visage près du mien.
Ses lèvres étaient si douces, si délicieuses, si... C'est tout simplement impossible décrire une telle texture. C'est une sensation unique.

C'était mon tout premier baiser... Et je trouvais cela tellement bien...
J'aurais voulu figer le temps pour profiter de ce moment pour l'éternité.
Tous mes soucis s'envolèrent au loin, laissant leur place à une plaisante émotion qui fleurissait en moi; une émotion formidable, mais pourtant indéfinissable.

- Voilà, c'est déjà fini. Tu vois, [T/p], ce n'était pas si pire!

Nous ne l'avions même pas entendue. Nous étions si absorbés dans notre petite bulle que le monde autour de nous ne nous importait peu. Je ne m'étais concentré uniquement que sur notre danse de lèvres.
Même si j'avais été prêt à faire n'importe quoi pour chérir cet instant ma vie entière, je ne voulais pas non plus aller trop loin la première fois. Je voulais absolument continuer plus tard, un autre moment donné; je conservais un prochain baiser pour [T/p]. Plus tard, ma chérie, plus tard...

- Heum heum... J'espère que je ne vous dérange pas...

Nous prîmes soudainement conscience que nous échangions notre premier baiser devant Hanji. Je me distançai légèrement, regardant [T/p] avec des yeux incertains. Ses joues étaient d'un rouge écarlate délectable.

Nous nous fixâmes durant de longues secondes, un peu secoués par ce que nous venions de faire.
Cependant, je vis que [T/p] avait de plus en plus de difficulté à garder ses yeux ouverts. Elle cligna plusieurs fois des yeux avant de soudainement avoir une faiblesse et de s'effondrer mollement contre mon torse. J'entourai son corps frêle de mes bras, ne sachant quoi faire. Sur le coup, je pensais qu'elle s'était évanouie par ma faute. Confus, je détournai vivement ma tête vers Hanji, qui semblait soulagée.

- Q-Que lui avez-vous injecté?

- Un calmant. Comme ça, elle ne sentira pas la douleur dans son sommeil, expliqua Hanji avec un large sourire.

- Ah...

Habilement, je réussis à étendre [T/p] sur le lit, prenant soin de placer son bras blessé correctement et même de remonter les couvertures à ses épaules. Alors que je caressais doucement la peau immaculée de son visage angélique, le regard perdu, Hanji me tira brusquement de mes contemplations.

- Excuses-moi de vous avoir interrompus dans votre moment, Eren.

- Oh, c-ce n'est rien... Je pensais justement le continuer plus tard...

Je continuais de regarder [T/p] dormir paisiblement, les yeux tendres et amoureux. Je n'avais jamais vécu d'émotion aussi forte, même pas ma haine envers les Titans.

- Ça paraît que tu l'aimes beaucoup, Eren, dit Hanji soudainement.

- Huh?

- Prends-en bien soin. L'amour, c'est comme le jardin que tu as dû nettoyer: ça prend beaucoup d'entretien pour le maintenir dans un bel état. Alors, fais attention à [T/p] et chéris-la. Je suis sûr que tu en es capable.

Sur ce, elle me laissa seul aux côtés de ma [T/p] inconsciente. Je repassai plusieurs fois son petit discours dans ma tête avant de contempler la fille que j'aime indéfiniment durant d'éternelles minutes.

Réveilles-toi vite, [T/p]...