28 - Celui que j'aime

Point de vue Riku


J'ai laissé Dabi dormir, il me paraissait très agité dans son sommeil. À un moment donné, j'ai cru qu'il faisait une apnée du sommeil ou de la paralysie, j'ai eu un peu peur... Malgré tout je n'ai pas osé le réveiller. Pour être aussi agité, il devait sûrement rêver de son père ou quelque chose qui l'a énervé.

Comme tous les matins je me remémore notre parcours jusqu'à aujourd'hui. Il y a eu des hauts et des bas, mais on a toujours su rester connectés avec nos pensées, nos choix et nos envies. Mais ce que je veux faire comprendre à Dabi, c'est que je ne veux pas qu'il change pour me rendre heureuse. Je veux qu'il le fasse parce qu'il le veut, pas par obligation. J'ai aimé au départ un homme qui a su me montrer que même en étant blessé jusqu'à son coeur, il y a toujours de l'espoir pour se rendre compte des conséquences de nos actes. Lui, il avait besoin de mettre sa vengeance à terme pour pouvoir tourner la page.

Aujourd'hui je suis mariée avec ce même homme toujours aussi attirant qu'au premier jour. La seule différence, c'est qu'il prend son rôle de chef de famille très à coeur. J'imagine que c'est pour se prouver à lui même qu'il ne deviendra jamais ce qu'il a toujours méprisé...

Personne ne me croirait si je disais que mon homme était l'homme idéal.


<< On y va M'man, embrasse Touya sur ma joue. >>

- Hé attends !

<< Quoi ? >>

- Laisse moi te regarder.

Je caresse la joue de mon fils qui me dévisage sans comprendre. Plus les années passent, plus il ressemble à son père... Je suis contente que les tensions soient retombées et qu'il ait enfin compris la douleur de Dabi. C'est en partie grâce à lui qu'on est ensemble aussi, mais Touya est beaucoup plus que ça. Il est notre fierté à tous les deux, comme son frère et ses soeurs après lui.

Il blottis sa joue contre mes doigts en ronronnant et je souris.

- Tu es devenu aussi beau que ton père...

<< T'es sûre ? >>

- Sans commentaire tu veux, ses marques ce n'est pas de sa faute.

<< Je déconne, rit-il. Je peux y aller maintenant ? >>

Je roule des yeux et le laisse partir après l'avoir embrassé. Alix s'approche à son tour en portant Tora dans les bras et m'embrasse.

- Hm dis moi Alix, tu ne te parfumes jamais d'habitude.

Elle rougit en tournant la tête.

<< Tu as deviné...? >>

- Bien sûr, j'ai eu ton âge tu sais. Mais fais attention à ce que ton père ne remarque rien. Tu le connais, il va commettre un meurtre...

<< Je sais... soupire-t-elle. Mais j'aimerais qu'il comprenne que je ne suis plus une gamine et... forcément je suis attirée par quelqu'un. >>

- Laisse lui du temps. Pour lui tu restes sa fille.

Bien sûr que j'avais deviné qu'Alix fréquentait quelqu'un à son collège. Je la laisse faire ses propres expériences, mais Dabi le connaissant... Je ne pense pas qu'il soit du même avis. Plus Alix grandit, plus elle devient belle et attirante et c'est ce qui rend son père un peu Papa poule sur les bords. C'est sa première fille, et un père est protecteur avec sa chair et son sang... Si le jeune garçon -ou la jeune fille- en question venait à la faire souffrir, je peux être sûre qu'il ne le -la- laissera pas vivre longtemps.

Tora me tend les bras et se blottit dans mon cou, un peu stressé.

- Aw mon coeur ! Ce n'est que le premier jour, ça va aller...

Contrairement à Touya à son âge, Tora est plus craintif et facilement angoissé. Comme il entre dans une autre classe, je vois qu'il a toujours aussi peur du changement. J'embrasse sa tempe pour l'apaiser, mais il refuse de me lâcher. Ca me fend le coeur de le voir comme ça...

<< 'Veux pas y aller... >>

- Tu ne veux pas essayer, juste pour aujourd'hui...? 

Il secoue la tête, sur le point de pleurer. J'ai failli oublier un détail, Tora n'arrive pas à se faire des amis... Les enfants ont peur de sa moitié féline, alors que mon bébé est encore un chaton inoffensif !

<< Qu'est-ce qu'on fait alors ? demande Alix. >>

- Je vais en parler avec ton père pour trouver un enseignant à domicile. Si Tora ne veut pas je ne vais pas le forcer...

<< Mais-- Maman, il faudra bien qu'il aille à l'école quand il grandira. >>

- Hmhm, seulement quand il se sentira apte à y aller.

<< Tu es trop indulgente. >>

Je sursaute en entendant Dabi descendre. Tora reste accroché à moi et ses petites mains tremblent. Je lui caresse le dos en le berçant.

<< Un prof à domicile, et puis quoi encore ? refuse-t-il. >>

- Mais regarde le, il est pétrifié...

<< Tu l'aides pas non plus en cédant à ses caprices. >>

- Chéri, je sais bien mais là c'est au dessus de mes forces, je ne peux pas laisser mon fils angoisser tout seul.

Dabi soupire en râlant et s'installe au comptoir.

<< Alix je pars sans toi ! s'impatiente Touya, à la porte. >>

<< J'arrive ! Du coup je fais quoi...? >>

<< Laisse le ici, puisque ta mère a décidé, répond Dabi. >>

Je baisse la tête alors qu'Alix part avec Touya. Leur père ne me lâchait pas des yeux et Tora refusait toujours de me lâcher. J'ai peur qu'il souffre d'une phobie sociale à son âge...

<< Tora, va dans ta chambre. >>

Vu le ton sérieux de son père il s'exécute. Je ne sais pas ce qui le met dans cet état, mais je vois que ça me concerne... Qu'est-ce que j'ai fais ? Une fois seuls dans la cuisine Dabi s'approche de moi, me faisant reculer. 

- Heu... Chéri...?

Mais contre toute attente, il m'attrape par la hanche et m'enlace avec force. J'avoue que je ne comprends plus rien, je croyais qu'il était énervé contre moi pour je ne sais quel motif.

- Nyu ??

<< J't'aime... souffle-t-il, la voix étouffée dans le creux de mon cou. >>

- Da--?

<< Jamais je te ferai de mal... Jamais... >>

Je ne sais pas exactement de quoi il a rêvé mais ça ne devait pas être beau à voir... Je resserre son étreinte en le berçant et lui caresse le dos.

- Je sais...

<< Non tu sais pas... T'étais plus là... Puis il est revenu... >>

- Qui ?

<< L'autre... >>

- Qui Dabi...?

<< Il voulait que je redevienne un tueur ! >>

Dabi, si c'est un message codé je ne comprends rien du tout...

<< Mais je l'ai tué... >>

- Mais qui ??

Il me raconte alors ce qui s'est passé dans son esprit et j'ai compris. "L'autre" n'était que son reflet d'autrefois et le hantait encore à nos jours. Preuve que Dabi n'avait toujours pas coupé le lien avec le passé. Depuis tout ce temps, sans rien me dire, il était encore partagé entre deux vies. Celle qu'il a toujours connu avant de me rencontrer, et l'actuelle paix qu'il goûtait enfin après tout ça. Son esprit ne savait seulement plus vers quel chemin se tourner.

À la fin de son rêve il m'a tué, mais de la façon dont il me décrivait ce n'était clairement pas mon genre de l'encourager à redevenir un sanguinaire, surtout si c'est pour le revoir souffrir. Alors non, je ne le prend pas mal, la "moi" qu'il a vu en rêve n'était qu'une banale illusion juste bonne à lui embrouiller le cerveau.

- Tu as bien fais... Et maintenant, tu te sens mieux...?

<< J'ai les idées plus claires... embrasse-t-il mes phalanges. >>

Je souris avant de rougir.

- Tu sais... Je crois en la réincarnation.

<< Hm ? >>

- Et si le destin nous le permet... J'aimerais te rencontrer une nouvelle fois... Dans ma prochaine vie...

<< Tu parles comme si t'allais crever demain... >>

- Mais non... C'est seulement mon souhait--

Sans me laisser finir il m'embrasse avec ferveur en bloquant ma tête entre ses mains, me laissant seulement échapper un petit bruit de surprise. Pas besoin de me prouver à quel point tu m'aimes Dabi, je le sens tout ça... Je me recule pour reprendre mon souffle sans pour autant quitter ses bras, puis claque ses joues.

<< Hmph ! sursaute-t-il. >>

- Arrête de te torturer l'esprit et profite de l'instant présent.

Je souris en lui donnant son déjeuner tout bien présenté sur le plateau.

- Je veux seulement que par choix, tu n'es plus Dabi le Crématorium, tu es celui que j'aime et que j'aimerai encore demain. Alors inutile de faire plus de promesses et même si tu me demandes en mariage une seconde fois, je ne dirai que oui pour la seconde fois.

Il sourit à son tour en penchant la tête.

<< ... Je peux te prendre sur ce comptoir, là tout de suite ? >>

- Pas maintenant, j'ai mal aux jambes.

Au même moment, Ritsu commence à pleurer, à peine réveillée.

<< J'aurais mieux fait de m'abstenir... ronchonne Dabi. >>

Je ris. Non... Je ne regrette pas notre histoire.


Pas le moins du monde...



FIN

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Merci d'avoir lu

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