23 - Une famille à construire
Point de vue Riku
Peu de temps après sa sortie d'hôpital, Dabi a dû suivre une courte période de rééducation. Ses articulations étaient encore fragiles et je craignais qu'il soit réduit dans ses mouvements. Je m'attendais évidemment à des séquelles importantes, mais comme quoi on est jamais trop préparé...
Et pourtant Dabi tient parole et ne rechigne pas ses séances jusqu'à être apte à bouger seul. Néanmoins quand je l'accompagnais, je l'obligeais à marcher avec une béquille pour se stabiliser. Une des ses jambes est encore fragile pour porter le poids de son corps. Endeavor et Shoto ont appuyé ma demande pour pouvoir rester avec mon homme dans ce centre, alors j'ai le droit de venir le voir tous les jours bien qu'il soit classé encore "potentiellement dangereux" sur les dossiers. Ca me donne une occasion pour contrôler ses traitements et ses médicaments, je n'ai pas confiance en ces milieux là. Qui sait, ils ont peut être pour projet de réduire Dabi à l'état de végétatif pour le maintenir tranquille.
Il n'y a pas de raison de le rendre légume puisque je suis là.
- Tu n'as pas le tournis ?
<< Nan, mais j'ai des courbatures... se masse-t-il l'épaule, appuyé sur sa béquille. >>
Eh oui, la dure reprise de la muscu... Ca t'apprendra à jouer au suicidaire.
- Ne force pas trop Chéri...
<< Ca va. Au pire tu seras mon infirmière. Tu fais aussi les massages ? >>
Je rougis face à son sourire en coin, puis son regard s'assombrit en voyant son père arriver à notre hauteur. Comment peut-on changer d'expression en moins de deux secondes ? Instinctivement je m'agrippe à son bras, prête à le retenir si jamais il avait dans l'idée de remettre un second round. Il fixe simplement Endeavor d'un mauvais oeil, tandis que son père affichait une expression de culpabilité. Je devrais les laisser seuls ? Ce serait prudent ? Si Dabi tient sa promesse, je ne devrais pas m'inquiéter.
- Je vais vous laisser--
<< Non, retient Dabi en serrant ma main. J'ai rien à lui dire. >>
Il m'emmène avec lui en contournant son père qui regardait l'état de son fils avec sa béquille. Je peux me douter qu'il s'en veut de n'avoir rien fait pour empêcher tout ça...
<< Touya. >>
<< Je t'arrête de suite, le seul "Touya" qui existe aujourd'hui c'est mon fils pigé ? agresse-t-il d'un air de dégout. >>
<< Ecoute moi juste une fois... >>
<< Et si j'ai pas envie ? On a plus rien à voir tous les deux. Ton fils est mort depuis des années, tu l'as laissé crever tout seul. Trop tard pour les remords et rien que t'entendre me fout la nausée. >>
On allait repartir quand...
<< C'est comme tu veux... Mais souviens toi que notre porte te sera toujours ouverte. En espérant que tu trouves la force du pardon... >>
Dabi ne dit rien et semble ne plus écouter. J'aimerais tellement qu'ils se réconcilient...
<< Nekomura. Prends soin de lui. >>
Et je suis surprise de voir Endeavor s'incliner devant moi pour sa requête. Nul besoin de faire ça, bien évidemment que je prendrai soin de mon homme.
Quelques années plus tard...
La maison est agitée depuis quelques années maintenant. Dabi, bien qu'à contre coeur, a accepté de suivre un traitement psychiatrique, autrement nous aurions été séparés. Le juge a donc décidé de le laisser rentrer à la maison, suivre sa psychiatrie sous ma responsabilité, et le faire surveiller en cas d'imprévu par Endeavor. Je devais remplir un rapport détaillé mensuel afin de prouver que les traitement sont efficaces. Même si Dabi est libre pour conditions psychiatriques, il reste dans le viseur de la Justice.
Et ces quelques années de liberté ont été bien remplies...
Premièrement, mes parents ont autorisé le mariage. Mon père a bien évidemment et longtemps réprimandé Dabi pour m'avoir laissé seule à la maison, mais il l'accueille toujours au sein de la famille. Mon frère lui en veut encore pour ce qui s'est passé... Mais bon, je savais qu'entre beaux frères, ça n'allait pas être rose. Ma mère... fidèle à elle même, elle a été la première à sauter de joie en apprenant notre mariage. Elle a tout de suite donné sa bénédiction.
Et Dabi se méfie toujours autant et refuse de se retrouver seul avec elle, mais au fond il la considère comme sa deuxième mère.
Ensuite j'ai pu rencontrer ma belle famille, mais il refuse encore aujourd'hui de venir passer le seuil de leur porte. Sa mère et sa soeur ont pleuré en voyant Touya pour la première fois, Natsuo était l'oncle le plus heureux du monde. Seul Shoto restait en retrait, il n'est visiblement pas très à l'aise avec les bébés.
Seulement un jour, Dabi n'a plus voulu que j'emmène Touya chez ses parents...
Sans me dire la vraie raison.
L'année suivante est venu le jour de mon mariage. Ce n'était qu'un événement en petit comité, simple mais tellement paisible. Tous les deux, on était d'accord sur la simplicité et la discrétion. Une fois les voeux prononcés j'ai failli m'écrouler sur l'autel, prise de vertiges. Mais au lieu de m'inquiéter de mon état, ce qui était le cas de Dabi qui voulait faire appeler un médecin, j'ai éclaté de rire.
J'ai alors annoncé à tout le monde que j'étais de nouveau enceinte.
Je me souviendrai toujours de la tête de mon mari en apprenant la nouvelle, c'était drôle à voir ! Mon père a failli tomber dans les pommes alors que ma mère riait aux éclats.
Neuf mois plus tard j'ai accouché d'Alix, notre première fille.
La santé de Dabi s'est nettement améliorée durant cette grossesse. Quand il a appris le sexe du bébé, je pense que ça lui donné un déclic. Comme mon père avec moi, il pouvait maintenant comprendre l'amour d'un père pour sa fille...
Tellement d'affection pour sa fille qu'il m'oubliait un peu quand même.
Je le boudais les premiers jours, mais je pouvais comprendre qu'on puisse aimer Alix. Quand elle est née, elle était si mignonne qu'on aurait dit un vrai chaton, avec ses petits pleurs et ses yeux fermés. En grandissant, ma fille est aujourd'hui un petit ange gâté par son père et toujours aux petits soins pour toute la famille. Elle me fait penser à ma belle soeur Fuyumi quelques fois. Belle, souriante, à l'écoute, généreuse...
J'étais épuisée à mon accouchement, mais sa naissance n'a pas eu de complications.
Dabi a finalement arrêté son suivi psychiatrique deux ans plus tard.
Il m'a dit qu'il ne voulait pas risquer de faire peur aux enfants avec tous ces médicaments et ces médecins qui passaient à la maison une à deux fois par semaine, et se sentait apte à tout arrêter pour reprendre une vie stable. Outre ses problèmes psychologiques, bien que je sache qu'il a toute sa tête, il avait encore quelques séquelles physiques depuis la bataille. Il m'a promis d'arrêter ses plans, avec ou sans les Vilains qui ont tous été séparés, et aujourd'hui je vois qu'il tient parole et se consacre qu'à notre famille.
Je suis rassurée à l'idée qu'il puisse enfin se reposer et tourner la page...
Il n'a toujours pas pardonné à son père, mais je le laisse décider du temps qu'il lui faudra.
Il m'a dit aussi que ce serait mieux de ne pas avoir d'autres enfants pour le moment, histoire de laisser ma santé récupérer... J'ai partagé son avis.
Le soir de Noël dans la même année a été rude en revanche... Touya est tombé gravement malade.
À deux ans, Alix ne comprenait pas encore très bien la situation grave qui nous a gâché notre Réveillon. Touya a eu une grosse montée de fièvre et j'ai cru le perdre plus d'une fois pendant une semaine... Je passais mes nuits à son chevet en priant pour qu'il se rétablisse. Il était très faible...
Il n'avait que trois ans. Dabi se reflétait beaucoup en son fils, alors il avait autant peur que moi. C'était comme s'il se revoyait dépérir une seconde fois. Néanmoins il était plus optimiste que moi...
J'avais tellement peur que je n'avais plus les idées claires.
Dabi était convaincu que Touya était assez robuste pour guérir très vite. Quand il prenait ma place la nuit pour le surveiller, je le voyais étendu dans le fauteuil en gardant son fils contre son coeur, à lui prêter sa chaleur. Touya dormait paisiblement...
Artiste : hexxart
Qui a dit que mon homme était froid avec mes enfants ?
C'est grâce à ça que Touya a pu guérir aussi vite... J'étais tellement heureuse que je n'ai plus lâché Dabi pendant deux semaines. On peut dire qu'il était traité comme un roi, oui.
À la naissance de Tora, notre deuxième fils, Dabi est rentré la maison complètement ivre.
Il était jaloux de devoir me partager avec un garçon en plus, et en le voyant raide bourré je l'ai engueulé comme un enfant. C'était la première fois qu'il me voyait aussi remontée. Pour être sûr qu'il avait compris, j'ai dû sévir en ne lui adressant plus la parole et en l'ignorant. Mais bon, ça n'a pas duré longtemps il a vite compris son erreur.
Je n'ai jamais compris cependant pourquoi c'était plus difficile avec Tora... Dabi aime nos enfants, mais il semble avoir du mal à créer un lien avec lui. Il faut dire aussi que cet enfant est plus proche de moi que de son père.
Je sens que plus tard, il aimera beaucoup les femmes...
Depuis, les années s'écoulent doucement et l'harmonie est maitresse de la famille. À l'exception de quelques disputes. Enfin... Tout est PRESQUE parfait.
<< Ca va Bébé...? murmure Dabi à mes côtés. >>
- Ca va...
Je lui souris en lui prenant la main, mes paupières sont encore lourdes. Ma santé s'est détériorée récemment. À la naissance de Ritsu.
La petite dernière...
La dernière petite princesse qui clôture notre petit famille. Après elle, je ne pense plus avoir la force d'en avoir un cinquième... Mon corps ne me le permet plus, mais qu'importe. Je n'en veux plus. Quatre petits anges me suffisent amplement et j'ai déjà songé à me faire stériliser.
L'accouchement a été très compliqué à tel point que j'ai cru mourir ou faire une fausse couche...
Depuis mon corps est affaibli et récupère lentement. J'ai beau rassurer Dabi, il refuse toujours de me laisser seule, même pour cinq minutes.
<< T'as rien mangé depuis ce matin... >>
- Je sais... J'ai surtout soif.
Il me relève doucement et me donne un verre d'eau. Je ne suis pas malade, seulement très faible, pas de quoi en faire un drame. J'ai quand même la force de tenir mon verre.
- Le médecin a seulement dit que je devais éviter les efforts physiques Chéri...
<< Oh tais toi donc. >>
<< Papa, Ritsu est réveillée ! crie Alix dans la cuisine. >>
<< Bah donne lui le lait ! >>
<< Je suis occupée ! >>
Je ris en le voyant tiquer. Même père de quatre enfants, il a toujours le petit égo du mâle Alpha. Ritsu pleure à peine réveillée dans sa petite chambre qu'on a décoré dans les tons de l'océan.
- Laisse moi la nourrir.
<< Tu es sûre ? >>
- Mais oui, allez amène la.
Dabi s'en va chercher sa fille pendant que j'ouvre mon chemisier, puis revient me la déposer dans les bras. Il me reste encore du lait à éliminer et ça fait un mal de chien... Même si Ritsu n'a pas encore ouvert les yeux, elle ne tarde pas à trouver la tétine et pétrir mon sein comme un chaton. Son papa embrasse ma tempe en me calant contre son coeur, et je blottis mon front dans son cou en ronronnant.
- Tu as parlé à Touya ?
<< ... >>
- Chéri...
<< Ce matin il est parti en cours sans rien dire. >>
- Il faut pourtant que tu lui parles, il en a besoin.
<< Et moi j'ai pas envie de déterrer le passé. >>
Je soupire longuement. Touya est entrée dans l'âge rebelle et maintenant en dernière année de collège. Physiquement comme presque mentalement, il ressemble de plus en plus à Dabi. Il a découvert tardivement qu'il était le petit fils d'Endeavor et n'a visiblement pas accepté que son père lui cache ses origines. Comme Dabi n'a plus voulu qu'on côtoie sa famille, Touya a grandi en oubliant ses grand parents... Depuis, il parle très peu et quitte souvent la maison pour vadrouiller comme un chat errant. Il n'a pas conscience de son potentiel et je m'inquiète pour son avenir. Je ne veux pas le voir devenir ce que Dabi a évité de peu à l'époque.
Touya est... l'image "parfaite" de ce que voulais être son père avant tout ça.
Il supporte l'Alter de feu et le maitrise, une santé et une condition physique irréprochables, un avenir prometteur, une famille soudée, le sourire... Mon fils a tout pour devenir la personne qu'il souhaite. Je suis ouverte tout type de profession mis à part l'héroïsme et la voie du Vilain. La période où j'ai rencontré Dabi a été trop bénéfique pour nous deux, mais catastrophique dans l'ensemble et pour tout le pays.
J'ai déjà failli perdre mon mari, je ne veux pas perdre mon fils ensuite...
Être un héros ou un vilain signifie aussi être impliqué dans des histoires douteuses et de vengeance. Dabi peut en être témoin, quand on y met les pieds, on en ressort plus jamais... Pour lui, ça s'est terminé quand la bataille a pris fin, ce n'était qu'un coup de chance dont il a pu s'en sortir parce que j'ai forcé.
Dans dans le cas de Touya...
- Ne le laisse pas prendre un mauvais chemin Dabi...
<< Ca risque pas. >>
À suivre...
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Une suite avec les enfants ?? C'est une première.
Si vous voulez voir à quoi ressemblent les enfants, ils sont déjà exposés dans mon Artbook Spé MHA, avec leurs dates de naissance, leurs caractères etc...
Mais bon, dans les prochains chapitres vous les verrez en média.
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