Point de vue Riku

À force de tourner en rond à la maison, à attendre un coup de fil de mon père pour m'avertir que Dabi était sain et sauf, j'ai craqué et me suis déplacée moi même jusqu'à l'hôpital. Je n'en peux plus de ces mystères, je veux savoir ce qu'il se passe ! Je ne vais sûrement pas aimer ce que je vais voir mais tant pis. Je ne suis pas en sucre, alors qu'on arrête de me ménager. Ma santé est stable depuis mon accouchement, j'ai eu le temps de m'en remettre, que demander comme preuve de plus que je ne suis pas fragile ?!

<< Madame, je peux vous renseigner ? accueille la réception. >>

- J'aimerais savoir la chambre de Da-- ... Touya Todoroki.

La femme blêmit en semblant se retenir de me dire quelque chose, le regard fuyant. J'ai déjà bien compris que rien n'allait. Je fronce les sourcils en serrant les poings.

- Je suis sa femme, j'ai besoin de le voir s'il vous plait.

Pourquoi nier les faits à une heure pareille ? Je devrais me cacher toute ma vie d'être sa femme ? Je devrais en avoir honte ? Je me fiche du regard des autres, rendez moi Dabi et je m'en irai si ça dérange. L'infirmière balbutie sans savoir quoi me dire.

<< Je suis désolée Madame mais je ne suis pas habilitée à vous donner cette information, même s'il s'agit de votre mari... >>

- Tiens donc, et pourquoi ?

<< Eh bien... C'est un Vilain, il est donc sous haute surveillance... Vous pouvez attendre dans le hall pour prendre des nouvelles, j'informerai un médecin de votre présence. >>

- Regardez bien mon visage.

C'est bien une des rares fois où je sens mes nerfs bouillir sous ma peau. Je dois avoir un regard effrayant pour intimider autant cette dame...

- Je suis au courant que mon mari est un criminel, et je ne compte pas attendre sagement sur une chaise en sachant qu'il est peut être en train de mourir dans vos couloirs. Je veux m'assurer moi même qu'il va bien.

Au même moment je vois Endeavor discuter à la porte d'une chambre avec un médecin. Il semble désespéré et vu les traits de son visage, fatigué.

<< Non Madame vous n'avez pas le droit ! poursuit l'infirmière. >>

- Todoroki-sama !

Il se tourne vers moi visiblement surpris de me voir. Le médecin fait signe à l'infirmière de l'accueil de me laisser tranquille tandis que j'accroche le bras de mon beau père.

- Est-ce que Dabi va bien ?? Vous l'avez vu ??

<< ... Nekomura... >>

- Je vous en prie dites le moi !

Mais lui aussi fuit mon regard et là j'ai compris. Je me tourne alors vers le médecin qui soupire.

<< Vous êtes, Madame ? >>

- Sa femme...

<< ... Le pronostic vital de votre mari est engagé. Trois de ses organes vitaux ont sérieusement été brûlés dont les voies respiratoires qui sont les plus atteintes, ce qui requiert une greffe d'urgence, mais... >>

Mes cheveux s'hérissent et le choc commence à me monter à la tête. Mes mains refroidissent et tremblent toutes seules, je ne vais pas aimer ce que je vais entendre, je vais peut être m'écrouler sur place... Mais je veux savoir...

- Finissez...

<< On ne peut pas l'opérer dans ces conditions, son corps ne tiendra pas. Quand bien même on pourrait, ce sera un échec. Le garder en vie relèverait du miracle dans son état. Je suis désolé. >>

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J'ai l'impression d'avoir un trou au coeur et de voir mon monde se décomposer autour de moi...

Dabi... n'a aucune chance de survivre...?

Je n'y crois pas.

Il m'a fait une promesse.

Je veux qu'elle soit vraie...

Kamisama... Pourquoi tu me fais ça...?

Suis je punie ? Pourquoi ?

Qu'ai je fais de mal... pour que tu me punisses à ce point ?!

<< Malgré les circonstances, reprend le médecin. Le protocole exige la demande d'autorisation des proches du patient pour abréger ses souffrances. >>

- NON !

Ma voix, jusqu'à maintenant coincée dans ma gorge, a résonné dans toute l'hôpital. Tout le monde se tourne alors vers moi, y compris Endeavor qui s'apprêtait à donner sa réponse à ma place. Mais je l'ai devancé...

Abréger ses souffrances hein...?

Le débrancher...?

C'est comme si on me tuait avec lui !!

J'attrape les bras du médecin qui sursaute à mon contact, c'est bien la première fois que je ne me contrôle plus...

Et je n'ai pas envie de me contrôler.

Je ne veux plus sourire.

Je ne veux plus être gentille.

Je ne dirai plus jamais "je t'aime" à une autre personne que lui...

Touya n'aura pas un autre père...

C'est lui ou personne d'autre !!

- Ne faites surtout pas ça ! Il y a toujours une solution, trouvez la !

<< Madame je-- >>

- Je ne veux pas d'excuse, je sais qu'il y a un moyen de le sauver !!

<< Nekomura ! >>

Endeavor me sépare de lui en tentant me calmer, je ne me suis jamais vue aussi irrationnelle. Imaginer Dabi mourir me rend folle... Je suis sûre qu'il y a un moyen de le soigner, ils ne veulent juste pas le sauver ! Parce que c'est un criminel, ils vont le laisser mourir ?! J'espère pas...! 

Derrière Endeavor, je remarque Shoto, assis et le regard vague sur un banc. C'est son frère, il pourrait savoir quoi faire. Il était avec lui avant d'être ici, je veux savoir ce qu'ils se sont dit. Il relève la tête en me voyant m'approcher de lui et attraper ses épaules.

- Shoto, je suis la femme de ton grand frère. Peux tu me dire les dernières paroles de Touya ??

Il a l'air déboussolé mais j'ai besoin de savoir.

- Shoto, s'il te plait... Je sais que c'est difficile à digérer, pour moi aussi, mais j'ai vraiment besoin de connaitre l'histoire. Ton frère est sur le point de mourir, si tu sais quelque chose qui pourrait l'aider, dis le moi maintenant.

Il réfléchit un instant, le temps de rassembler ses souvenirs avant de relever la tête vers moi.

<< Je l'ai entendu dire "pardonne moi" avant de perdre le contrôle de lui même... >>

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Une larme dévale ma joue. Dabi... Tu n'es qu'un idiot...

Un sombre idiot...

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Le temps de reprendre mes esprits j'ai préféré m'isoler dans la chambre de Dabi. Ca fait deux heures que je caresse sa main dans l'espoir de la voir bouger, affalée contre sa hanche. Je lui parlais doucement en espérant qu'il m'entende, qu'il me réponde... De le voir ainsi alité sans aucune réaction me détruit. Shoto m'a seulement rapporté ses dernières paroles, je n'ai pas voulu le brusquer, il est déjà assez secoué. Le médecin chargé de s'occuper de lui m'a redemandé si j'acceptais de le laisser partir pour de bon, j'ai de nouveau refusé.

Ca peut paraitre égoïste mais je sens que Dabi peut revenir... Il a vécu pendant si longtemps, il ne peut lâcher maintenant, je n'y crois pas.

Mon père m'a recommandé de rentrer me reposer et promis qu'il veillerait sur lui, mais je n'ai plus confiance en personne. Si je pars, qui me dit qu'ils ne vont pas en profiter pour le débrancher ? Je suis toute seule à attendre le retour de mon mari à me raccrocher à un tout petit espoir de l'entendre m'appeler, même faiblement.

Un petit geste, bébé... C'est tout ce que je demande...

- Dabi...

Je caresse ses doigts, la voix éteinte.

- Tu m'entends...?

Ce que j'entends, c'est sa respiration pompée par le respirateur et son coeur battant faiblement... Il ne peut plus respirer sans l'aider d'une machine...

- Je suis là Dabi... Je ne partirai pas. Ne me laisse pas d'accord...? Ne me laisse pas toute seule... Tu m'as fais une promesse, tu dois la tenir. Tu sais que je n'aime pas les mensonges. Je veux rentrer avec toi à la maison, on ira chercher Touya ensemble chez ma mère. Je suis sûre qu'il t'attend... Il attend son papa... Tu verrais comme il te ressemble... Il faut que tu vois ça... Tu as tant de choses à lui apprendre. Mais quand on rentrera, tu te reposeras. Et tu arrêteras tes manigances avec Shigaraki. Il a été arrêté, tu n'as plus de raison de continuer... Pense à moi... Pense à ton fils...

Je serre sa main contre ma joue.

- Ta main est toujours aussi chaude... Ca me rappelle au début. Tu étais si patient avec moi... Tu avais pourtant toutes les raisons de me laisser tomber. Mais j'étais heureuse de te voir tous les matins quand tu passais à la maison. Je ne me sentais plus seule. Pour toi, c'était le cas...?

Mon coeur se serre en ne voyant aucune réaction. Je ferme les yeux en m'imprégnant de la chaleur de sa main.

- Bébé... Tu me manques...

Tout à coup je sens un léger mouvement dans ses doigts contre ma joue et relève ma tête.

- Dabi ??

C'était un réflexe ? Histoire d'être sûre, je replace ma joue dans sa paume en attendant un nouveau geste. Une tâche de sang se répand sur le bandage enroulé sur ses yeux. Ce serait une larme...? Je serre davantage sa main.

- Je suis là, regarde...! Fais moi un signe.

Je sais que tu m'entends Dabi... Refais ce que tu viens de faire... Réveille toi...

- Bats toi ! Comme tu l'as toujours fais...!

Mais toujours rien...

- ... Je t'aime...

Alors que je retenais mes larmes je me réjouis de sentir un nouveau geste de ses doigts sur ma joue.

- C'est ça...! Tiens le coup encore un peu, ce sera fini...

<< Nekomura ? >>

Je me retourne vers la porte et vois un homme avec une queue de cheval accompagné d'une fillette accrochée au bout de son bras.

<< Je suis le professeur principal de Todoroki Shoto, Shota Aizawa, se présente-t-il. Voici Eri. >>

La petite Eri semble timide, je lui souris.

<< Shoto m'a parlé du cas de Dabi et m'a demandé si Eri était apte à le sauver. Mais rien ne peut garantir que son Alter marchera... Elle ne maitrise pas encore tout à fait son pouvoir. >>

- Oh... Au point où on en est, pourquoi pas essayer...? Qu'est-ce qui peut arriver si ça marche ?

<< Votre mari pourra être favorable à l'opération et ses chances de survie seront positives. Eri ne pourra cependant le rembobiner qu'un court instant, si tout se passe bien. Il aura seulement des séquelles. >>

- Faites. Mais si ça devient trop dangereux pour Eri-chan ou pour mon mari, arrêtez tout.

Il hoche la tête et laisse Eri s'approcher de Dabi avec appréhension. Je pense qu'elle a peur de mal faire les choses, au vu de son état... Alors je m'abaisse à sa hauteur et lui caresse la tête.

- Tu sais ma puce, ça ne fait rien si tu ne veux pas. Personne ne te force.

Ses yeux se tournent vers Dabi, puis de nouveau vers moi.

<< Vous l'aimez beaucoup... >>

- Enormément...

Elle inspire alors en posant ses mains sur le bras de Dabi qui ne réagit plus, puis son Alter s'active. Pourvu que ce soit la bonne solution... Je me recule à côté d'Aizawa qui ne quittait pas Eri des yeux, prêt à intervenir en cas de problème.

J'ai peur, mais je suis heureuse à la fois. D'une manière ou d'une autre, Dabi reviendra j'en suis convaincue. Il n'y a aucune raison que ça ne marche pas...

À mesure qu'Eri se concentre, la lueur de sa corne gagnait en intensité, et je remarque que les cicatrices de Dabi qui ont débordé au delà de ses sutures commencent à disparaitre. La chair de poule parcourt mes bras et mon coeur s'accélère en entendant le sien prendre un rythme plus rapide. Ses doigts bougent encore...

- Le voilà mon miracle...

<< Votre mari sera sauvé mais n'échappera pas au suivi psychiatrique, prévient Aizawa. >>

- Je sais... Mais si ça peut le soigner je ne serai pas contre. Il n'est pas une cause perdue, nous avons un enfant à élever.

Mais il soupire.

<< Je ne devrais pas vous le dire, mais le juge décidera peut être d'un ordre d'éloignement même s'il s'agit de son fils ou de vous. >>

- Le juge pourra dire ce qu'il voudra, je ne séparerai pas mon fils de son père. Je vis avec cet homme, alors je sais qu'il ne sera jamais violent avec Touya.

<< C'est pour votre protection... Ne négligez pas ses crimes. >>

- J'en ai conscience.

Il ne dit plus rien tandis qu'Eri commençait à fatiguer et perdre le contrôle de son Alter, on décide de tout arrêter. 

<< Ca va Eri ? >>

<< Je suis désolée, je ne peux pas faire plus... >>

- Ce n'est pas grave, tu viens de sauver une vie... Merci Eri.

Je la prends dans mes bras pour la réconforter et lui exprimer ma gratitude. Mes larmes ne demandent qu'à sortir, mais je préfère les garder pour le jour où Dabi sortira d'ici. Les médecins n'auront plus aucune excuse de ne pas le sauver. 

Merci Eri...

À suivre...
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Je préviens d'avance que je ne ferai pas de FAQ à la fin, je n'ai pas grand chose à dire à part un grand merci de suivre mes histoires.

Et puis j'ai la flemme, j'ai envie de passer à autre chose.