18 - Le monstre que je suis...
Le lendemain de l'accouchement...
Point de vue Dabi
Je regarde Touya dormir dans son berceau au beau milieu de la nuit alors que Riku se repose après une longue journée. Elle a l'air plus en paix. J'aurais préféré que ce môme naisse avec les cheveux blancs plutôt que rouges, ou qu'il ait hérité entièrement de sa mère...
Cette couleur me dégoûte...
<< Tu n'es pas fais pour supporter une telle puissance, Touya !! >>
Qu'est-ce que t'en savais ?
Tu m'as trop vite remplacé...
Sans même me laisser le temps de te montrer de quoi j'étais capable.
Enji. Ne m'en veux pas de te forcer à me regarder cette fois.
C'est tout ce que je voulais...
Rien qu'à revoir ton visage me donne la gerbe... J'ai envie de t'entendre une dernière fois, en face de moi, après avoir détruis tout ce que tu as su construire à la sueur de ton front et de t'achever comme tu m'as achevé.
Ton petit Touya est mort. Dabi l'a tué. Mais il est revenu à la vie à cause d'un ange...
Je regarde Riku qui dort toujours sans me rendre compte que mes mains agrippaient le barreau du berceau avec poigne. C'est comme si je marchais sur un fil au dessus d'un ravin, et j'ai vu cette femme en rêve. Elle me tendait la main et la lumière qu'elle dégageait m'éblouissait, alors que derrière moi j'entendais Enji m'appeler.
J'arrive pas à faire un choix... J'ai l'impression d'étouffer.
<< Dabi ? >>
Je regarde Touya et caresse sa tête après hésitation. Toi au moins, tu es promis à quelque chose de plus beau... Tes grands parents t'aiment déjà comme ta mère. Tu ne portes pas la haine que j'endure depuis plus de 10 ans. Tu es né dans les temps, pas comme ton père qui est un putain de prématuré né avec un corps faible.
Je devrais être fier le jour où quand tu grandiras, tu me diras vouloir être comme moi. Mais si je dois te donner mon tout premier ordre en tant que "père", en tout cas je vais essayer...
Touya. Ne deviens surtout pas comme moi...
Suis plutôt le chemin que j'aurais voulu emprunter si j'avais eu plus de chance. Si quelqu'un avait entendu plus tôt mon cri de détresse.
Si quelqu'un m'avait tendu la main plus tôt...
Quelqu'un d'autre que ces chiens de Garaki et All for One... Regarde le monstre que je suis par leur faute. J'aurais préféré mourir que d'avoir à supporter tout ça. Ma rancoeur est trop profonde et encrée dans ma chair, même ta maman ne pourra pas m'aider.
Je la blesserai...
<< Dabi ! >>
Je sursaute en sentant les bras de Riku m'entourer par la taille.
<< Tu trembles... Ca va ?? >>
En effet tout mon corps tremble. J'étais trop absorbé par mes pensées au point d'incruster mes doigts dans les barreaux à force de serrer ma poigne. Je reprends mon souffle comme j'avais arrêté de respirer et tente de calmer mon adrénaline alors que Riku me berce.
- Tu ferais mieux de pas me toucher...!
<< Tu n'es pas si brûlant que ça... Calme toi. >>
- Arrête d'être aussi douce avec moi !
En haussant le ton j'ai réveillé Touya et il se met à pleurer. Sa mère le prend pour le calmer.
<< Pourquoi tu dis ça ?? >>
- Je me suis promis de rester loin de toi, et toi tu aurais dû me chasser dès le début, mais pourquoi les choses se sont déroulées autrement ?! J'arrive même plus à réfléchir, tu me rends dingue !
Elle se fige en serrant Touya contre sa joue et je me rends compte d'à quel point je suis en train de lâcher la rampe. M'imaginer brûler cette femme me dégoûte... Je recule jusqu'au lit pour m'asseoir et me tiens la tête en soufflant.
- Enfin tu ne vois rien...? Regarde moi... Regarde le monstre que je suis devenu...
Un ange passe et Touya se calme enfin. Riku le repose et s'approche de moi en me forçant à relever ma tête. Son regard a changé. Plein de sagesse et apaisant... Elle essuie une larme de sang qui coulait sur ma joue et emprisonne ma tête entre ses mains.
<< Je ne vois aucun monstre. >>
- Arrête...
<< T'ai-je déjà menti ? Si je te dis que je ne vois rien de tel, alors il n'y a rien. La naissance de Touya a éveillé des instincts en toi, pour que tu dises des choses pareilles ? >>
- "Renaissance" ne confonds pas...
<< Hum ? >>
- Cette chose qui est sortie de toi... "Touya"...
Voilà que je recommence...
- Il est revenu à la vie, alors... Lui au moins il peut plaire à mon père. Regarde comme il est robuste pour son âge. Moi...
Je déploie mes bras pour lui montrer mes marques. Franchement Riku, dis moi la vérité... Dis moi que ça te dégoûte. Dis moi que je suis irrécupérable. De toute façon, je n'ai plus rien à perdre, alors dis le moi !
- Je ne suis que le fruit d'un pitoyable échec.
<< Non ! >>
- Dis le !
<< Dabi ! >>
- Tu sais pas de quoi je suis fais ! Oui je suis le pauvre gamin qui a tout perdu mais tu crois que c'est de ma faute ?! J'ai vu mes rêves partir en fumée, ma propre famille me remplacer, j'avais tout et j'ai tout perdu en un seul jour !! Tu penses qu'elle vient d'où cette rancoeur, hein ?! Je voulais pas être comme ça, mais voilà... Tout ça, à cause de lui ! J'ai engendré le fils parfait pour lui, alors qu'il n'a engendré qu'un putain d'échec !
Je me sens moi même flancher quand Riku se faufile dans mes bras pour me soutenir et me serrer contre elle sans plus vouloir me lâcher.
<< Dabi... Je ne te demanderai qu'une chose. Une seule. >>
.
.
.
<< Oublie le. >>
- Quoi...?
<< Oublie ton père, ce Endeavor qui t'a détruit. Oublie le ! >>
Facile à dire... J'ai tellement la rage que tu me demandes l'impossible Riku. Tôt ou tard tu penseras comme lui. Tu me regarderas comme lui me regardait autrefois. Comme une chose trop fragile pour être sauvée. Tu crois m'aider en m'invitant chez toi, dans ta vie ? Tu en souffriras, et ça me tue...
<< Ecoute moi... murmure-t-elle. Qui supporterait autant de souffrance telle que la tienne ? Même moi je ne pourrai jamais. Si Garaki-san dit vrai, que ce corps ne devait tenir qu'un mois ou moins que ça... Regarde alors jusqu'où tu es allé. Pendant plus de 11 ans, tu as tenu si longtemps. Tu n'as pas oublié... Et tu as tout gardé en toi. Ton coeur souffre beaucoup trop, mais il bat encore, c'est un exploit...! À mes yeux tu n'as jamais été un monstre. Juste quelqu'un qui demande de l'aide... Et je veux être auprès de toi le plus longtemps que la vie peut nous le permettre, t'aider à aller mieux et exorciser tes démons. Parce que je t'aime et si je dois te donner d'autres enfants, fonder une famille avec toi, je l'accepte... >>
Ne dis pas des choses aussi absurdes idiote...
Elle lève la tête vers moi, et j'ai horreur de la voir pleurer... J'essuie alors sa joue humide sans me rendre compte qu'elle m'avait calmé si facilement.
<< Peu importe qui tu es, je serai avec toi... N'en doute jamais. Je te regarde Dabi, sans peur ni regrets. Seulement avec amour... >>
Tu me condamnes d'un simple regard empli de vérité...
- Si tu devais me définir en un mot. Tu dirais quoi ?
Elle me sourit et me répond sans réfléchir.
<< Touya. >>
J'ai un mouvement de recul.
<< Un nom qui définit parfaitement l'ascension ou bien la décadence de cet enfant qui n'a jamais perdu la vie jadis, représenté par une flèche d'or aussi brillante que le soleil. Ce petit garçon que je vois dans ton regard est toujours là et ce coeur est le sien. C'est un nom plutôt noble, alors je suis fière que ton fils le porte. >>
.
.
.
Je lève son menton en retrouvant mon regard d'antan. Elle va voir si "Dabi" est un chaton tout gentil et si elle se tient toujours à ses belles paroles...
Je la roule sur le côté et la plaque au drap en bloquant ses poignets. Surprise, hein ? C'est la réaction que j'attendais.
- Et là ? Tu dis quoi, hm ? Tu crois que je peux rien te faire ? Tu penses vraiment que je suis aussi "docile" ? À toi de m'écouter Riku. C'est pas parce que cette chose est née que je vais devenir le mec que tu rêves d'avoir, que je vais m'embarquer dans une vie monotone et tirer un trait sur ce que je me tue à préparer méticuleusement pour tes beaux yeux. Tu crois pouvoir m'aider avec quelques paroles mais tu perds ton temps. N'oublie jamais que je reste un meurtrier qui peut risquer de te tuer, toi comme son propre fils.
Je la regarde se débattre pour se libérer mais je resserre ma poigne sur ses bras. J'ai besoin de l'entendre de sa bouche que je suis un monstre. Non je ne la crois pas ! Elle est pas de mon monde à moi ! Si elle me suit elle sera jamais en sécurité, mon fils non plus ! Oui j'ai dis "MON fils"! Il n'a rien demandé, ni de venir au monde ni d'être mon fils.
<< ... Tu l'aurais fais depuis longtemps. >>
- ...
Elle a raison...
<< Mais Dabi... Peu importe ce que tu diras, jamais je ne te laisserai tomber. >>
Arrête Riku...
Elle attrape mon visage et son sourire me fait presque perdre pied.
<< Tu penses peut être que je contracte un syndrome, peut être que c'est vrai, que je suis malade... Et si c'est le cas je ne veux pas guérir tant que je peux être avec toi. Crois le ou non, je n'ai pas peur. Je ne suis pas aussi fragile que tout le monde le pense, je sais ce que je dis. Je ne te demande pas d'être l'homme idéal, je te veux toi. Pas ce monstre que tu prétends être, il n'existe pas. Si tu penses réellement faire partie de ceux qui n'ont pas de coeur, pourquoi m'avoir dis que tu m'aimais ? Pourquoi tu m'as embrassé, pourquoi tu restes avec moi ? Les vrais monstres ne ressentent rien. >>
Parce que je supporterai pas de me faire voler mon ange. Je peux être le pire poison pour toi, mais si tu m'échappes je crois que j'en deviens fou... C'est justement parce que je t'aime que je veux que tu t'écartes de mon monde ! Mais... À cause de toi je suis partagé...
<< Dis moi la vérité... Tu veux que je m'en aille ? >>
- Jamais...
Cette fille, je peux pas lui résister... Je la laisse m'entourer de ses bras et m'embrasser autant qu'elle le veut. Cette femme est devenue ma drogue à mon insu. Le premier qui la touchera verra sa tête rouler par terre.
Je veux la voir sourire...
Je lui donnerai autant d'enfants qu'elle le voudra, tant que je peux la voir sourire et me regarder comme elle le fait depuis toujours...
J'ai peur pour elle, c'est la première fois que je ressens ce genre d'inquiétude pour quelqu'un.
Mais tant que je peux la voir matin, midi et soir, avec son sourire...
Ca me suffit...
Je sais plus ce que je veux... J'ai peur qu'on me la prenne.
Peur de la perdre...
Peur de la voir sombrer à cause de moi...
Peur de la faire souffrir...
Juste parce que je l'aime à en devenir dingue...
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Quatre mois se sont écoulés après la naissance de Touya... et quatre mois que ce morveux monopolise MA Riku. Quatre mois que je réfléchis encore et encore à comment les écarter de la rébellion. Je n'étais pas souvent avec Shigaraki ces derniers temps. Je lui ai fais croire qu'elle avait perdu le bébé et n'a plus cherché à me revoir, histoire qu'il la laisse tranquille. Bien sûr Shigaraki est loin d'être aussi con... Il doit avoir deviné la supercherie mais ne réplique pas.
Aujourd'hui hélas, je rentre tard ce soir. Avec l'Alliance, on vient de se mettre le Front de Libération dans notre poche pour le grand final. C'est grisant de voir autant de monde rassemblés pour une seule cause, et il en sort de plus nombreux parmi nous. Hawks me regarde du coin de l'oeil un peu plus loin. Quand il a commencé à se rapprocher de mon lien avec Riku, je me suis arrangé en réalité pour le mener sur une fausse piste. Il n'est vraiment pas discret et très mauvais acteur...
Depuis le début je le garde à l'oeil, encore plus depuis qu'il essaie de fouiller du côte de Riku.
Je vois ce qu'il veut faire. En trouvant une personne naturellement proche de moi, il pourrait savoir qui je suis et donc me faire barrage. Encore une fois, il n'est vraiment pas discret...
L'envie de le cuire me démange... Mais gardons le meilleur pour la fin.
<< Yo Dabi ! joue-t-il. On te voit plus ces derniers temps. >>
- Tu veux peut être m'enchainer à Shigaraki, comme ça t'es sûr de pas me louper.
Il rit comme un imbécile. Trop mauvais acteur...
<< J'y ai pensé t'inquiète. Dis moi, cette fille que tu fréquentes en hors de l'Alliance... >>
Je tourne vivement les yeux vers lui sans un mot.
<< Elle va bien ? >>
- ... De qui tu parles ?
<< Hein ? Ce n'est pas ça ? J'aurais pourtant juré que tu voyais quelqu'un à tes heures perdues. >>
- T'as rêvé.
Sans pouvoir contrôler mon ton est devenu glacial, ce qui l'a surpris. Fait bien attention Hawks...
Tu pourrais te brûler les ailes en t'approchant trop près du feu.
J'ai pris ma décision, ce sera le bain de sang.
À suivre...
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