15 - Quelle vie choisir ?

2 mois plus tard...

Point de vue Riku


Dabi n'est plus venu depuis la dernière fois...

Il m'a laissé à l'hôpital avant de disparaitre à nouveau comme un voleur. Ca me rappelle notre rencontre... Deux mois auparavant, j'ai réellement cru perdre le bébé à cause du choc. J'étais submergée d'émotions, ça faisait trop d'informations à encaisser.

Comment a-t-il pu me cacher une telle histoire...?

Je ne suis donc pas assez digne de confiance pour connaitre la vérité ?? Il n'a donc pas encore compris que je veux être à l'écoute de ses peines et ses colères ?! Il reste le père de mon enfant, je ne pouvais pas ignorer ses problèmes et me contenter de m'occuper de la grossesse !

Oui je lui en veux...!

Il souffre mais fait comme si ce n'était rien, et j'ai horreur des faux visages. Je veux qu'il me parle, je veux entendre sa version de l'histoire, recueillir sa souffrance et sa haine... Mais à la place il a préféré partir.

Depuis ces deux derniers mois, comme mon appartement a brûlé j'ai trouvé logement chez mes parents. Il m'ont à l'oeil toute la journée en comptant que la grossesse arrivera bientôt à son terme. Si je fais une seconde rechute, ce sera fatal pour le bébé. Le perdre dans ces conditions me donnerait le coup de grâce... Je l'aime déjà trop pour le perdre...



Mon père souhaite discuter avec Dabi pour éclaircir les choses. Je n'ai pas rapporté ce que j'ai appris à ma famille. Ce fardeau est devenu le mien, et je ne dévoilerai rien sans son accord. Quand mes parents m'ont posé la question, je suis restée brève sur une simple dispute qui a mal tourné. Biens sûr ils n'en ont pas cru un mot mais n'ont pas insisté. Ils savent que c'est bien plus que ça.

Depuis sa disparition, je devrais pourtant être en colère et le bloquer, le rayer de ma vie... Je ne peux me résoudre à tout ça. Il n'a plus donné signe de vie et n'a pas cherché à me recontacter, et je trouve encore l'envie de le revoir et discuter avec lui. Longuement. Je pleure tous les soirs en réclamant ses bras dans lesquels j'aimais malgré tout me blottir avant de m'endormir. Chaque matin, je revois les quelques photos immortalisant sa présence aux échographies, et où il niait avoir le sourire en voyant son fils se développer sainement. Il en venait à me donner la main sans s'en rendre compte. Je ne peux pas nier cette attirance qu'on éprouvait l'un pour l'autre. quand il n'est pas là, j'ai comme le coeur saignant...

Je n'ai pas non plus reçu le baiser que j'attendais...

<< Appelle le, ordonne Yumi en poussant mon portable. >>

- Arrêtez les filles...

<< Riku, regarde toi... soupire Yoruichi. Ca se lit sur ton visage qu'il te manque. >>

<< Sérieusement, il est si particulier ce Vilain ? s'indigne Shoko. Il a fait le bon choix, je suis la première étonnée qu'il ait su connecter ses neurones. >>

<< Shoko...! gronde Yoruichi. >>

Je soupire longuement et tourne la tête. C'est vrai, il me manque. Enormément... Je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'il pourrait y avoir encore de l'espoir pour lui. Pour nous. Je repense à son regard, ses caresses, douces bien que maladroites, sa voix et les battements de son coeur que j'aime écouter. Il en a un, les autres disent n'importe quoi. Je sais qui est Dabi et je vois ce que personne ne fait l'effort de voir en lui. Pour le monde entier, il ne reste qu'un cas désespéré tout juste bon à mettre au trou pour ce qu'il a fait. Moi... j'ai ouvert les yeux beaucoup trop tard avant de comprendre que j'étais tombée amoureuse.

À présent j'en suis sûre. Autrement son absence ne me ferait pas aussi mal... Je suis en manque de sa chaleur et sa présence, nul besoin de parler pour apprécier sa compagnie. Je veux qu'il soit là quand son fils naîtra, qu'il me tienne la main et partage ce jour de joie avec moi.

Mais je ne décris que l'homme idéal...

Dabi a ses propres défauts. Il est narcissique, vaniteux, fier, taquin, manipulateur, froid... Mais il a le sens des responsabilités et la maturité qui m'a séduite. Il ne fuit pas, bien qu'il soit nerveux à l'idée d'accueillir un nouvel être dans sa vie mouvementée. Je suis toujours aussi convaincue qu'il fera un très bon père. Peut être même l'exact contraire du sien. Il me manque tellement...

<< Tu l'aimes pas vrai ? demande simplement Yoruichi. >>

Je ne peux pas le cacher... Mes larmes perlent sur mes joues, mon coeur me fait trop mal...

- Si tu savais... J'en deviens malade...

<< Alors appelle le, insiste Yumi. >>

- Je croyais que vous ne pouviez pas le sentir.

<< C'est le cas, rit Yoruichi. Mais si tu es heureuse, on veut bien faire un effort. Pas vrai Shoko ? >>

<< Hmm... >>

<< Un "Oui promis" aurait été le bienvenu ! >>

<< D'accord d'accord ! Mais je ne lui ferai jamais confiance, pour moi il reste un tueur ! >>

<< Un vrai tombeur oui, sourit Yumi, séduite. >>

Je souris avant de regarder le téléphone sous mon nez et déglutir difficilement. Yumi me tapote l'épaule en m'encourageant, et je me décide enfin à composer le numéro de Dabi. Mes doigts tremblent...

Seulement...

<< Votre correspondant se trouve indisponible pour le moment. Veuillez laisser un message. >>

Il aurait éteint son portable ? 

Je me mords la lèvre et recompose son numéro, mais je retombe sur sa messagerie. Ma gorge se noue à la troisième tentative, et toujours rien...

S'il te plait Dabi, parle moi...

Décroche ce téléphone...

S'il te plait...

Je t'aime et je veux te le dire en face...

Je t'en prie, réponds moi...

Ne me laisse pas toute seule...

J'ai besoin de toi !

Tu souffres je le sais, laisse moi être avec toi !

Mes larmes éclatent à mon insu et je lâche mon portable sur la table. Je l'ai perdu... C'est fini... Pour une histoire du passé, je lui en ai voulu... Je ne suis qu'une idiote ! Je me rends compte à quel point j'avais besoin de lui, seulement maintenant ! Je ne me vois plus une vie sans lui, ni notre bébé grandir sans son père !

<< Riku... >>

Les filles m'enlacent en espérant me consoler, en vain. Yoruichi essuie mes larmes et relève ma tête, triste.

- Je suis tombée amoureuse de cet homme...!

<< On le sait... Ca va aller. >>

Non...! Je veux qu'il revienne, maintenant...!


--- --- ---


[Moi :
- Salut... ]

[Moi :
- Dis moi que tu vas bien. ]

[Moi :
- Tu me manques... ]

[Moi :
- S'il te plait, réponds moi... ]

[Moi :
- Le bébé réclame son papa... ]

[Moi :
- Dabi... Parle moi, je t'en prie... ]

[Moi :
- Appelle moi s'il te plait, je veux entendre ta voix. Juste une fois... ]

[Moi :
- Tu manques beaucoup à ma mère aussi. Elle t'a adopté ! ]

[Moi :
- J'ai reçu la dernière échographie, tu veux la voir ?? ]

[Moi :
- Reviens... Je n'en peux plus... ]

Il ne se passait plus un soir où je ne spammais pas Dabi par message. Je me relisais encore et encore, espérant qu'il me réponde un jour, et cette torture a duré tout le huitième mois.

J'arrive bientôt à terme et je n'ai plus l'énergie nécessaire à l'accouchement...

Je dors mal et mon appétit varie, bien que je me force à me ménager pour ne pas trop impacter le bébé. Mais c'est moi qui me retrouve à bout... J'ai besoin de prendre l'air.

<< Chérie, il est tard ! s'inquiète ma mère. Il fait froid dehors ! Laisse moi t'accompagner. >>

- C'est bon Maman. J'ai besoin d'être seule un moment. Je ne rentrerai pas tard.

J'enfile mon manteau et enroule une écharpe autour de mon cou avant de sortir. Cette nuit est bien étoilée et le froid de décembre agresse mes joues. Le vent glacial souffle doucement et la neige recouvre assez le sol pour faire des anges de Noël. Les avenues comme toute la ville sont inondées de lumières pour l'événement, les familles se retrouvent et c'est comme si tous les malheurs du monde n'avaient jamais existé. Je ris en voyant un groupe de lycéens glisser dans la neige de l'autre côté de la rue.

<< Kacchan, ça va ?? s'inquiète le petit vert. >>

<< ME TOUCHE PAS DEKU DE MES DEUX, JE SUIS PAS HANDICAPE !! hurle le blond. >>

Mon sourire disparait en reconnaissance le petit dernier Todoroki, Shoto. Il est encore jeune étudiant, mais il fait déjà beaucoup parler de lui. Maintenant que je sais qu'il est le petit frère de Dabi... ou plutôt Touya... J'ai peur qu'il soit un jour amené à affronter son frère, sans savoir qui il est.

Je meurs d'envie de lui dire la vérité, mais qui suis je pour tout déballer comme ça ?

Je souffle de la vapeur et poursuis ma route jusqu'à la grand place de la fontaine. Les passants rentrent un à un chez eux et je me retrouve seule devant le spectacle d'eau à moitié gelé par le froid. Je caresse mon ventre beaucoup plus lourd qu'autrefois, je n'ai qu'une hâte c'est de pouvoir enfin le prendre dans mes bras et entendre ses premiers pleurs...

Une année s'achève à la fin du mois, et je me pose toujours cette question.

Quelle vie choisir ?

J'aime ma situation simple, mais j'ai goûté à la passion avec Dabi. On est tous attirés par ce qui est interdit, c'est fou... C'est en sentant le danger ou même en ayant l'impression d'être un hors la loi que l'on se sent réellement vivant. Je l'aime, c'est comme ça...

Mon portable vibre dans ma poche, sûrement ma mère qui demande où je suis, et je regarde l'écran de verrouillage.


[Dabi :
- Tu me manques aussi. ]


Mon coeur a semblé s'arrêter une seconde. Après trois longs mois de silence radio, il se décide enfin à me répondre... Dabi est vivant...


[Dabi :
- Tourne la tête vers la gauche. ]


Ce que je fais sans attendre plus longtemps avant de reconnaitre sa silhouette au loin. Le ciel s'est vite couvert et la neige commence à tomber sur la ville. La joie m'envahit en comprenant que ce n'est pas un mirage, il est vraiment là. Il me sourit en laissant tomber sa capuche en arrière, puis s'approche de moi en rangeant son portable. Mes jambes restent tétanisées, et pourtant j'ai envie de lui sauter au cou...

- Dabi...

Il s'avance encore, la neige fond à chacun de ses pas.

- Je suis vraiment désolée ! Je ne voulais pas que--!

Sans me laisser finir il attrape mon menton entre ses doigts et écrase ses lèvres sur les miennes, puis à pleine bouche. Je dois rêver...! C'est forcément un rêve !

Non, c'est bien réel...

C'est sa chaleur... Son odeur...

Je ne peux que répondre volontiers à cet échange déjà bien intense, m'agrippant au col de sa veste pour l'empêcher de s'enfuir à nouveau. Sa main effleure ma joue et je sens comme un matière désagréable qui ne ressemble pas à de la peau frotter légèrement. Un bandage ? Il porte un bandage à la main. Il s'est coupé ?? Qu'est-ce qu'il a fait ??

J'attrape son poignet en rompant ce baiser enivrant et regarde l'état de sa main.

- Qu'est-ce qui t'est arrivé...?

<< J'ai réglé les problèmes, murmure-t-il en décalant mes cheveux. Tu crains plus rien... >>

Je me mords la lèvre en contemplant ce visage si paisible et ce regard lumineux, lavé de toute haine. Cette fois c'est moi qui viens voler ses lèvres à ne plus m'en lasser et il me les donne sans rechigner. J'ai ma réponse...

- Rentre avec moi...

<< Tu vas me supporter pendant longtemps Cutie... nargue-t-il, le front contre le mien. >>

Je souris en fermant les yeux.

- Ca me va... Mais avant ça, je veux te l'entendre dire.

<< De ? >>

- "Je t'aime" imbécile...

Il pouffe un rire.

<< Tu viens de le dire. >>

- Non, je veux que tu me le dises. Maintenant. Ou je rentre seule.

Il marmonne en roulant des yeux et tourne la tête.

- Allez Dabi.

<< Hmm... >>

- S'il te plait.

<< ... J't'aime... >>

- Non, plus joliment que ça.

<< T'es chiante...! >>

Je souris en attendant sa déclaration plus distinguée.

<< Milady voilà que je suis épris de vous à tel point de vouloir commettre un pêcher, se moque-t-il. >>

- Ah non, pas comme ça !

Je lui tourne le dos en croisant les bras, quand il finit de rire et entoure ma taille de ses bras. Je frémis en sentant son souffle chaud contre mon oreille.

<< Je t'aime petite chieuse... >>

- Hmm... C'est mieux.

On va s'en contenter... Il devra faire mieux que ça pour me séduire. Je suis quand même heureuse de le retrouver, à partir de ce soir, je ne le laisse plus partir.


À suivre...

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