Nuit blanche Partie 3
Et voici la dernière partie de ce très long chapitre!
Je vous souhaite une bonne lecture.
Chapitre 3 -Nuit blanche Partie 3
Saint-Pétersbourg, appartement Altin-Plisetsky
« Yura ? »
Otabek se redressa dans le grand lit. Il posa sa main sur la place occupée par son compagnon. Elle était froide signe que celui-ci s'était levé longtemps avant qu'il se réveille. Son regard balaya la chambre vide. Yuri n'était pas là. Otabek se leva en soupirant. Il s'étira et partit à la recherche de son amant. Recherches qui ne furent pas longues et il le trouva dans la chambre de Nikolaï.
« _ Tu devrais te reposer Yura. »
Pelotonné dans un grand plaid, Yuri regardait un album photo assit dans le fauteuil à bascules. Ses doigts caressaient une petite peluche. Il leva les yeux et lui sourit tendrement.
« _ J'ai oublié de leur donné la peluche. Celle qui le calme toujours. »
Il tendit à Otabek la petite peluche qu'il caressait tendrement quelques instants auparavant. Son sourire se fit plus anxieux et Otabek n'eut aucun mal à suivre le fil de ses pensées. Yuri avait été tendu toute la soirée, consultant son téléphone toutes les cinq minutes pour ensuite le reposer d'un air inquiet. Il avait passé une partie de la soirée à cuisiner, ce qui en général l'apaisait, mais après avoir raté trois fournées de biscuits il avait abandonné en jurant. Otabek avait bien essayé de le faire se détendre en lui proposant de regarder un film. Pendant celui-ci il avait caressé les cheveux d'or, embrassé sa nuque, son cou mais quand les caresses s'étaient faites plus entreprenantes Yuri lui avait répondu distraitement. En désespoir de cause ils étaient allés se coucher. Le Kazakh avait bien tenté une nouvelle approche sensuelle mais avait essuyé un nouvel échec. Le jeune Russe s'était alors blotti dans les bras de son partenaire et ce dernier avait soupiré de frustration face à ce manque évident d'entrain.
Otabek se rapprocha de son compagnon, il le prit dans ses bras avant de le soulever et de s'asseoir dans le fauteuil. Yuri, sur ses genoux, se blottit contre lui et nicha son nez dans son cou. Le Kazakh caressa doucement son dos, descendant et remontant le long de sa colonne vertébrale en mouvements légers. Le tendre traitement détendit le jeune homme qui lui embrassa le cou avant de finalement se redresser. Il lui sourit puis se tourna légèrement. Il montra une photo dans l'album.
« _ Pourquoi avoir mis celle-ci ? Il va avoir peur quand il va la voir !
_ Tu es absolument sublime, Yura.
_ Avec mes énormes cernes violacés et mon air d'être à l'ouest ?
_ Tu es magnifique. »
Otabek traça du bout du doigt les contours de ce visage aux traits purs. Yuri avait certes le tient excessivement pâle, des cernes et l'air un peu égaré mais il était beau. Il y avait quelque chose de profondément touchant dans son expression fragile et douce. La photo avait été prise quelques semaines après le dix-septième anniversaire du jeune homme et les Mondiaux. Otabek sourit et effleura doucement le ventre de Yuri.
« _ A quoi tu penses Beka ?
_ Que je n'ai jamais regretté d'avoir pris ce vol pour Saint-Pétersbourg mais que j'ai été bête d'avoir mis presque trois semaines à venir. »
Il soupira et Yuri se retourna vers lui pour l'embrasser tendrement. Il n'aimait pas se rappeler cette période de leur relation. Il n'aimait pas non plus que son compagnon se fasse des reproches. C'était inutile. Il était à ses côtés maintenant et il savait que c'était pour toujours. Il sourit à cette pensée et lâcha dans un petit rie.
« _ Merde ! On dirait que Georgi m'a contaminé !
_ Quoi ? » Otabek le regardait, surpris et un peu perdu.
« _ Quand on s'est... Disputés, Georgi m'a consolé. Et je lui ai dit qu'il aimait trop les contes de fées ! » Yuri fit une courte pause prenant le temps de peser ses mots. L'adolescent rebelle qu'il était à l'époque avait ricané ne voulant pas croire dans les paroles réconfortantes de son aîné. Hésitant, il reprit « Il...Je lui ai balancé qu'il aimait trop les Disney... Je voulais pas croire qu'il avait peut-être raison. Que ... »
Un doigt sur ses lèvres le fit taire et Otabek resserra son étreinte. Ils restèrent un moment ainsi savourant la chaleur de leur étreinte. Otabek reprit ses caresses ce qui fit frissonner Yuri. Encouragé par cette réaction, il passa la main sous le plaid et caressa la peau douce de son amant. Yuri prit possession de ses lèvres et au bout d'un moment leurs souffles s'accélérèrent.
« Pas ici Beka. Pas dans la chambre de notre fils. »
Le Kazakh souleva son compagnon qui fit tomber l'album photo et un petit carnet qui attira son attention.
« _ Beka ?
_ Le carnet ? C'est à toi ? »
Yuri se tortilla et rougit légèrement. Il n'avait jamais parlé à Otabek de ce carnet ou plutôt de ces carnets. Il avait caché leurs existences un peu par honte et aussi parce qu'il savait que le contenu pouvait être perturbant. Otabek le posa sur ses pieds et ramassa le petit cahier ainsi que l'album photo. Il lut les premières lignes et se figea.
« _ Yura ?
_ C'est la psy qui... Tu sais après... Je voulais pas te le cacher mais je savais pas comment te le dire. »
Un silence inconfortable s'installa. Le jeune homme blond gardait les yeux rivés au sol tandis que le jeune homme brun le regardait gêné. Finalement, il tendit le carnet à son propriétaire et lui caressa la joue.
« _ Je suis désolé, je n'ai pas d'explications à te demander. Si ça te permet d'aller bien c'est tout ce qui compte.
_ Je peux te les faire lire si tu veux.
_ Non Yura. Je suis ton compagnon et je t'ai fait la promesse de ne plus jamais te mentir mais ça ne veut pas dire que je te refuse le droit d'avoir un jardin secret. Si tu as été aussi mal, c'est à cause de moi Je ne peux pas te reprocher de tout faire pour aller bien. »
Une larme, puis une deuxième suivit bientôt d'une troisième dévalèrent les joues du Russe. Il se mit à sangloter et son amant le prit doucement dans ses bras. Il le souleva et alla le coucher dans leur lit. Une fois confortablement installés, il le berça et tenta de le calmer. Cela arrivait encore parfois que les puissants nerfs du Russe cèdent à l'évocation de cette période difficile. Yuri finit par s'endormir accroché à son tee-shirt. Otabek qui avait gardé le carnet en main commença à lire.
C'est la psy qui m'a dit d'écrire dans ce carnet. Soi-disant que ça va m'aider. Je crois pas que ça va être utile mais je vais essayer pour voir alors autant commencer par le début.
Saint-Pétersbourg, 1er mars, jour de mes dix-sept ans.
« Joyeux anniversaire mon amour. » Il est sérieux ? Je vais lui botter le cul tellement fort ! Dix-neuf jours que j'ai appris qu'il voit quelqu'un d'autre et il débarque comme une fleur ? Et en plus...
Otabek reposa le carnet. Non il n'avait pas le droit de lire ce que Yuri avait écrit. Il n'avait pas le droit de profaner son intimité. Il savait que l'écriture de ces carnets était la conséquence directe de ses choix et erreurs. Il sera dans ses bras un peu plus fort cet ange blond qu'il avait par deux fois faillit perdre. Son esprit s'égara et il ne put s'empêcher de repenser à cette soirée.
Saint-Pétersbourg, 1er mars, Dix-septième anniversaire de Yuri
« Joyeux anniversaire mon amour. »
Yuri le fixait la bouche légèrement ouverte figé dans une attitude d'absolue stupéfaction. Il semblait pétrifier, choqué. De longues minutes défilèrent, ils se regardaient sans esquisser le moindre geste. A bout de patience, Otabek s'avança vers le jeune homme mais celui-ci recula d'un pas par réflexe. Il tendit une main vers lui et toucha légèrement sa joue. Le contact tira Yuri de son état de choc et celui-ci recula vivement vers la porte pour partir. Le Kazakh l'attrapa par le bras, le ramena à lui et l'emprisonna dans ses bras. La bataille ne faisait que commencer il le savait. Il avait été idiot de tarder autant à venir et maintenant le Tigre Russe se débattait comme un beau diable dans ses bras. S'il voulait avoir une chance de lui parler, il ne devait pas céder malgré les coups.
« _ Arrête Yuri !
_ Lâche moi ! Je me casse !
_ Il en est hors de question ! Je dois te parler.
_T'as qu'à parler avec ton Oméga !
_ C'est ce que j'essaie de faire !
_ Je m'appelle pas Olga moi !
_ Ça tombe bien, mon Oméga et petit-ami s'appelle Yuri ! »
Ces mots ne calmèrent en rien le jeune homme qui se débâtit de plus belle en jurant et crachant. Il n'avait jamais autant ressemblé à un félin, feulant, crachant, griffant. Il se tordait en tous sens, se contorsionnait et tentait de s'échapper. Otabek resserra sa prise tout en veillant à ne pas blesser le corps délicat. Au bout d'un moment, à bout de force et de souffle, Yuri cessa de bouger.
« _ Pourquoi ?
_ Je veux te parler.
_ Pourquoi ?
_ Parce que je suis un abruti fini. Parce que je t'aime et que je ne veux pas te perdre. Accorde-moi trente minutes s'il te plait. Si au bout de cette demi-heure je ne t'ai pas convaincu ou que tu ne me crois pas, j'appellerai Georgi pour qu'il te reconduise chez Yakov.
_ Pourquoi t'as demandé à Georgi ?
_ Je lui fais confiance et il veillé sur toi ces dernières semaines. Asseyons-nous et je te raconte tout. Je vais tout te dire Yura. Je ferai absolument tout pour que tu me pardonnes. »
Otabek relâcha sa prise et lui désigna le canapé. Yuri s'assit, méfiant, à l'autre bout de celui-ci. Il semblait prêt à bondir et s'enfuir à tout instant. Le Kazakh soupira, la partie était loin d'être gagnée.
« Promets-moi de ne pas m'interrompre dans un premier temps. Tu pourras me poser toutes les questions que tu veux ensuite. J'y répondrais sans rien omettre. »
Yuri acquiesça.
« Je voulais te dire combien je suis désolé de t'avoir fait souffrir. Je t'aime plus que tout et j'avais peur de te perdre en te disant la vérité. Pour être franc et commencer par le début, la première fois que je t'ai vu, au camp d'été de Yakov, je t'ai remarqué tout de suite, tu ne savais pas encore quel était ton genre contrairement à moi, mais déjà j'étais en train de tomber amoureux de toi. Quand j'ai su plus tard que tu étais, que tu es, un Oméga, je me suis autorisé à espérer que peut-être tu pourrais ressentir une attirance pour moi. Ce n'était pas un fol espoir après tout. Quand je t'ai revu à Barcelone, j'ai tout de suite su que nous étions, sommes faits pour être ensemble. Tout me plaisait en toi. Tu avais ce côté rebelle et terriblement attachant. Shhh, tu as promis de me laisser parler. Avoue que nous avons passés de bons moments là-bas toi et moi. Pour moi, et ça s'est confirmé par la suite être vrai pour toi, ce n'était pas une banale histoire d'hormones. Les sentiments étaient, sont là. Je t'aime de ton mon cœur Yura. Sincèrement... Quand j'ai dû rentrer au Kazakhstan, j'ai retrouvé ma famille et j'ai compris que notre relation allait être compliquée. Mon père a tout de suite senti que quelque chose avait changé. J'avais été libre jusque-là, je n'avais pas eu à me soucier de ce qu'il voulait et pensait être bien pour moi. Il a fait en sorte de m'encourager à me lier à Olga tout en me permettant de voir d'autre Oméga. Des femmes bien entendu. Dans ma culture, il n'est pas permis d'aimer et d'avoir du désir pour quelqu'un du même sexe mais avoir plusieurs partenaires du sexe opposé est accepté. Olga est venue s'installer chez mes parents quelques mois plus tard mais j'ai réussi à garder mon indépendance. Au début, mon père s'y est opposé. J'ai prétexté avoir besoin de temps et d'avoir d'autres...Expériences. Ça l'a amusé et c'est ce qui m'a permis de conserver ma liberté. J'ai inventé tout un tas d'excuses pour pouvoir voyager et venir te voir. Ma carrière a été le prétexte pour venir souvent en Russie et passer du temps avec toi. J'ai pu rencontrer ton grand-père, apprendre à te connaître et très vite j'ai su que je te voulais toi et seulement toi. En fait, je crois que je le savais déjà bien avant... Chaque fois que je devais rentrer chez moi c'était un crève-cœur. Je te laissais sans savoir quand j'allais te revoir. Bien sûr, il y avait les compétitions mais je voulais plus. Je veux plus que ces moments qui me laissent insatisfait. Je veux partager ton quotidien et pouvoir t'aimer en toute liberté. »
Otabek marqua une pause. Il fit signe à Yuri qu'il n'avait pas encore finit son récit. Il se leva et alla chercher deux verres d'eau. Il en tendit un au jeune homme qui l'accepta. Il se rassit, bu et posa son verre sur la table basse avant de reprendre.
«_ La dernière fois que nous nous sommes vus, j'ai senti que je ne pourrais bientôt plus supporter cette situation. J'avais aussi peur pour toi. Je ne suis pas aveugle Yuri et j'ai bien vu comment les autres te regardent. JJ en particulier. Je sais que tu peux te défendre mais je sais aussi que lui ou un autre n'hésitera pas à te faire sien. Il n'aura aucuns égards ni scrupules à le faire que tu le veuille ou non. Alors, quand je suis rentré j'avais la ferme intention de parler à mon père mais nous nous sommes disputé toi et moi. Tout est de ma faute je le sais. Le soir de notre dispute, je suis allé diner chez mes parents. Il y avait toute ma famille, Olga, sa famille et les deux Oméga de plaisir de mon père. Il m'a annoncé qu'il était grand temps que je me range et que je me lie à elle. J'ai refusé arguant que je voulais attendre de prendre ma retraite sportive. Je voyageais trop pour pouvoir être à ses côtés et je ne pouvais donc pas assurer son bien-être... Je pensais trouver une sortie de secours mais je me suis tiré une balle dans le pied. Ma mère a alors proposé de nous accompagner aux Mondiaux. Olga a bien sûr tout de suite accepté. Ma sœur s'en est mêlée et mes parents comme toujours lui ont cédé. C'est la benjamine alors ils lui offrent tout ce qu'elle veut. Surtout quand ça concerne un bel Oméga. Nous sommes les deux seuls à ne pas être liés et... Elle a ton âge, est-ce que je te l'ai déjà dit ? »
Yuri fit non de la tête. Il gardait les yeux baissés obstinément. Il ne voulait pas montrer à son compagnon le flot de sentiments contradictoires qui le traversait. Otabek reprit avec un sourire douloureux.
« Tu lui plaît beaucoup d'ailleurs... Elle te considère comme une jolie chose, un charmant bibelot à exhiber. Elle ne parle que de la Fée Russe qui sera aux Mondiaux et elle a tout un tas de projets te concernant. Je pense que tu n'as pas de mal à imaginer lesquels. Je ne peux pas accepter que quelqu'un d'autre que moi puisse se lier à toi Yuri. Je t'aime depuis trop longtemps. Je t'aime si fort que je suis prêt à tout pour te garder. Je sis prêt à braver ma famille pour toi. »
Otabek marqua une courte pause et fixa Yuri. Celui-ci n'esquissait toujours pas le moindre mouvement et ne le regardait toujours pas. Il reprit son récit en soupirant.
«_ J'ai d'abord voulu suivre le conseil de Georgi et sauter dans un avion pour te rejoindre. Seulement partir sur un coup de tête aurait été suspect et j'aurais pu te mettre en danger. Ma famille est puissante et elle aurait fait le nécessaire pour me faire rentrer à la maison. J'ai alors décidé de trouver un moyen de te mettre à l'abri. Je me suis procuré d'autres papiers d'identité auprès de contacts peu recommandable. J'ai ouvert un compte en banque sur lequel j'ai transféré une somme d'argent assez importante. J'ai demandé à Georgi de m'aider à trouver un appartement et à le meubler sommairement. Quand il l'a trouvé, je me suis chargé de le louer sous l'identité que je me suis créée. Quand tout a été réglé et que j'ai pu prétexter un voyage je suis venu ici pour te parler. Je n'espère pas ton pardon immédiat Yura... Je voudrais juste que tu comprennes pourquoi je ne t'ai rien dit. »
Un lourd silence s'abattit dans la pièce Aucun des deux hommes n'osait bouger. Au bout d'un long moment Yuri regarda Otabek.
« _ On se croirait dans un mauvais polar !
_ Je sais c'est dur à croire mais je te dis la vérité.
_ Pourquoi ton père refuse que tu te lies à un Oméga homme ? Mon corps peut faire la même chose que celui d'Olga.
_ Ce sont nos coutumes. C'est considéré comme contre-nature et répugnant.
_ Parce qu'avoir plusieurs Oméga c'est mieux ? Il en a combien ton père des Omégas, trois ?!
_ Cela me répugne. Il est lié à ma mère mais n'a pas de relation exclusive avec elle. Il l'exhibe elle et garde les autres biens cachés. C'est le côté profondément injuste de ce type de relation. Seulement une des deux parties est tenue à la fidélité. Et ce n'est pas le plus révoltant. Dans ma culture un Oméga n'a aucun droit, il est considéré comme une chose, un meuble que l'on expose ou l'on vend au plus offrant. L'Oméga n'a pas de biens propres, il ne peut pas hériter, il est dépendant de sa famille qui a tous les droits sur lui. Yuri, je ne veux pas de ça pour toi. Je ne veux pas qu'il t'arrive malheur à cause de ces traditions barbares.
_ Et comment tu vas faire pour que ta famille m'accepte ? Je ne vois pas très bien comment tu peux t'y prendre.
_ Je me charge de ma famille. Ça veut dire que tu me pardonnes ?
_ Je suis toujours là que je sache! Et je suis toujours en colère contre toi! Mais...
_ Mais ?
_ T'es qu'un crétin Otabek Altin! Un abruti fini qui a une cervelle de piaf! T'es capable de monter un plan à la Jason Bourne mais t'es incapable de voir l'évidence! »
Yuri fondit littéralement sur Otabek et le saisit par le col avant d'écraser ses lèvres. Il était toujours en colère et avait du mal à digérer les informations reçues ce soir mais il n'en pouvait plus d'attendre. Il lui avait manqué, terriblement manqué. Au fond, il se moquait bien de savoir si tout était vrai ou si le Kazakh lui racontait une histoire à dormir debout, tout ce qu'il voulait c'était le sentir près de lui. Il dévora sa bouche, passa ses mains sous son pull savourant le contact de ses doigts sur sa peau, il se frotta à lui et gémit sans retenue sentant le désir grandir en lui, en eux. Surpris au début, Otabek ne fit cependant rien pour l'arrêter une fois l'information parvenue à son cerveau. Il était assoiffé de lui. Il lui arracha plus qu'il ne lui enleva son tee-shirt et il prit possession de la moindre parcelle de peau. Yuri gémit et se cambra sous l'afflux de sensation tirant sur la nuque de son petit-ami pour le rapprocher davantage. C'était délicieusement sauvage, sensuel, doux et violent à la fois. Ils s'étaient manqués, terriblement. L'éloignement et les tensions des dernières semaines avaient exacerbé leur envie et besoin de contact. C'est alors que Yuri la sentit. Une vague de chaleur née au creux de ses reins, irradiant dans son ventre, remontant le long de sa colonne. Il avait chaud, horriblement chaud. Il se sentit perdre pieds, céder à ses sensations. Sa peau se fit plus sensible sous les mains du Kazakh et il haletait légèrement.
« _ Tu as tes chaleurs ?
_ Ouais, je crois. On s'en fout ! Beka...
_ Yura, attends... Tu as des médicaments ?
_Beka... »
Le regard que Yuri lui lança tout en susurrant son nom fit s'effondrer la raison d'Otabek.
Saint-Pétersbourg, appartement de Viktor et Yuuri, vers 6 heures du matin.
Quand Georgi finit de raconter ce qu'il savait les trois autres étaient suspendus à ses lèvres. Il leur avait raconté la partie de l'histoire qu'il connaissait soit peu.
« _ Alors comme ça Otabek t'a demandé de trouver un appartement et d'y amener Yuri ? Et après ?
_ Tout ce que je sais c'est que n'ayant pas de nouvelles après trente minutes je suis rentré. Ils sont réapparus trois joins plus tard. Ils avaient l'air fatigué...Mais heureux. »
Ils se mirent à rire. Effectivement, le couple avait disparu pendant trois jours. Les retrouvailles avaient été intenses de ce qu'ils en avaient déduit.
« _ Je me rappelle la soufflante que Yuri a pris ! Yakov était furieux de sa disparition.
_ Pourtant, je lui avais dit que tout allait bien. Otabek m'avait rassuré par message.
_ Et nous voyons le résultat aujourd'hui ! » Dit Mila en caressant les cheveux de l'enfant qui dormait paisiblement.
« _ Il est vraiment mignon quand il n'hurle pas. » Yuuri ajusta la couverture sur le couffin. Il adorait les enfants et ce petit en particulier. « Il a quand même bien failli ne jamais voir le jour ce bout de chou.
_ Ne parle pas de ça Yuuri !
_ Viktor, c'est vrai ! La famille d'...
_ C'est du passé maintenant. Yurio va bien. Il s'est remis et le petit est là ! »
Viktor se leva énervé, ce qui ne lui ressemblait pas, et partit dans la cuisine. Il n'avait pas envie de parler de ce qu'il s'était passé après le retour d'Otabek et les Mondiaux. Il avait eu suffisamment peur de perdre celui qu'il considérait comme son petit frère. Il se sentait coupable bien qu'il n'aurait rien pu faire il le savait. Mila le rejoignit dans la cuisine et posa doucement sa main sur son épaule. Ils n'échangèrent pas un mot. Ils n'en avaient pas besoin. Tous deux avaient déjà eu cette conversation autour du lit d'hôpital veillant sur leur ami.
« _ Profitons de l'accalmie pour dormir un peu. » Dit Viktor après un moment.
Saint-Pétersbourg, appartement de Viktor et Yuuri, vers 9 heures du matin.
Yuri toquait à la porte de l'appartement depuis cinq minutes. Il n'en pouvait plus d'attendre que quelqu'un vienne ouvrir la porte. Il était fébrile et Otabek qui tentait de le calmer n'était pas en meilleur état. La nuit avait été courte et il n'avait qu'une envie, rentrer chez lui avec les deux personnes qu'il aimait le plus. Quand on vint finalement leur ouvrir, Yuri bondit dans l'appartement, balaya rapidement le salon du regard et se saisit le plus délicatement possible compte tenu de son état d'agitation du petit être paisiblement endormi. Il le sera contre son cœur, le berça, lui murmurant de tendres paroles. Il respira son parfum si particulier et se laissa envahir par la douce sensation de se sentir enfin complet. Otabek, qui lui avait laissé quelques minutes, les entoura de ses bras. Il les embrassait tour à tour, caressait le dos de son compagnon et la joue de son fils. Ils restèrent longtemps ainsi savourant ces retrouvailles. Dans leur bulle de douceur et de tendresse, ils ne s'aperçurent pas des regards bienveillants des autres occupants de l'appartement.
« _ Il vous a manqué tant que ça ? »
La voix bourrue de Yakov les tira de leur douce étreinte. Sans lâcher ses deux amours. Otabek le regarda un peu surpris puis balaya le reste de la pièce du regard. Un petit rire lui échappa attirant l'attention de Yuri.
« _ Je peux savoir ce qu'il s'est passé ici ?
_ Je suis venu avec Lilia ce matin vérifier que Viktor et Yuuri avaient survécu à cette nuit. En arrivant, Georgi nous a ouvert et est retourné se coucher. Les autres étaient encore endormis. D'après nos déductions votre charmant chérubin a passé la nuit à hurler. »
Yuri qui s'était détaché de son compagnon semblait sur le point d'être pris d'une crise de rire. Il échoua lamentablement à se retenir et partit dans un grand éclat qui fit sursauter son fils.
« _ Pardon mon cœur, je ne voulais pas te faire peur...Shh rendors-toi. Tout va bien. »
Il murmura de paroles douces à l'oreille de son fils. Bercé par le son de la voix de son père et le mouvement de balancier que celui-ci imprimait à son corps Nikolaï ferma les yeux. Yuri s'assit à la table du petit-déjeuner et tout en grignotant des biscuits il observa la scène qui s'offrait à lui. Viktor était allongé sur le canapé de tout son long. Yuuri reposait sur la poitrine de son Alpha. Mila s'était pelotonnée dans un fauteuil, une légère couverture sur ses épaules. Quant à Georgi, il occupait le deuxième canapé et dormait une main pendant dans le vide. La nuit avait dû être agitée. Otabek qui regardait la scène, amusé, se tourna finalement vers Lilia et Yakov.
« _ Alors que s'est-il passé ?
_ De ce que j'ai compris quand Yuuri a brièvement ouvert les yeux, Viktor et Yuuri ont appelé Mila et Georgi pour les aider à calmer Kolia. Il a pleuré une partie de la nuit sans qu'ils arrivent à le calmer. Il s'est endormi vers six heures ce matin. Lilia et moi sommes venus vers huit heures pour voir si tout allait bien. Je dois dire que votre fils a gagné la partie par KO.
_ Mais ça Yuri le savait ... N'est-ce pas Yuri Plisetsky ?
_ Je pensais qu'ils appelleraient, Lilia. Mais c'est vrai que je n'aurai peut-être pas dû leur confier pendant qu'il fait ses dents. »
Ses yeux pétillèrent de malice et ses trois interlocuteurs éclatèrent de rire. C'était un petit coup bas de sa part mais au moins Viktor et Yuuri savaient à quoi s'en tenir maintenant. Satisfait de lui Yuri pensa qu'ils n'étaient pas près de le remettre au défi à moins que cela ne les préparent pour la suite de leur histoire.
« Finalement, ce n'est peut-être pas un coup bas » songea t'il, satisfait.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top