Là où il y a de l'unité, la vie se vit pleinement Partie 2
Chapitre 21 - Là où il y a de l'unité, la vie se vit pleinement Partie 2
Saint-Pétersbourg, Belmond Grand Hôtel Europe
Lilia, Yulia, Sezim et Aliya s'approchèrent du couple de jeunes mariés avec le karavai. Le pain doré et rond fut déposé sur la table d'honneur. Otabek et Yuri se levèrent et remercièrent chaleureusement tout en se levant. D'un même mouvement, chacun rompit le pain traditionnel. Avec un sourire, Otabek se tourna vers son époux et lui tendit un petit morceau qu'il saisit et mangea. Puis Yuri, à son tour, donna un morceau de pain qu'Otabek mangea en le regardant dans les yeux. Un sourire s'épanouit de nouveau sur les lèvres des jeunes épousés. Sans se soucier des regards des invités, Yuri se blottit tout contre son époux et inclina la tête en une invitation muette à un baiser. Otabek ne se fit pas prier et embrassa passionnément son Oméga sous les applaudissements.
« _ Mais gardez en un peu pour la nuit de noces tous les deux !
_ Mais laisse-les JJ ! Ils sont trop mignons ! » Le coupa Leo.
Le rouge aux joues, Yuri voulut s'écarter de son Alpha mais celui-ci le retint contre lui.
« _ Laisse-les dire mon Yura. Reste tout contre moi.
_ Je t'aime mon Beka. » Murmura-t'il doucement avant que son Alpha ne l'embrassa de nouveau.
« _ C'est quoi en fait ça ? » Demanda Leo curieux les interrompant dans leur démonstration de tendresse.
« _ Le karavai ? C'est le pain traditionnel des mariages russes. Il apporte fertilité, bonheur et richesse. Un mariage russe sans karavai n'est pas un mariage ! » Expliqua Yuri enthousiaste.
« _ Ouais ben pour la fertilité on ne se fait pas trop de soucis pour vous ! » Plaisanta Emil.
« _ Plutôt que de dire des bêtises, mangez ! Viens mon Yura. Il faut que tu t'asseyes un peu. Tu es debout depuis un moment déjà.
_ Ca va Beka !
_ Tu ne le laisses jamais tranquille ? Il sait quand même quand il a besoin de s'asseoir ou non !
_ Laisse tomber Sezim ! Il ne va pas lâcher l'affaire. C'est bon je viens m'asseoir cher et tendre époux ! »
Docile pour une fois, Yuri se laissa entraîner vers la table des mariés où il s'assit sagement sous le regard amoureux de son époux et une fois encore amusé de leurs invités. Ceux-ci, connaissant le caractère explosif du Tigre de Russie s'étaient attendus à ce qu'il se mette en colère mais à leur plus grande stupeur il n'avait pas fait de difficulté ou même crié. Il s'était assis sans sortir ses griffes et caressait son vente en souriant tendrement.
« _ Tu nous l'a bien changé notre malá kočka* ! Pas un coup de griffe, pas un rugissement ! Un exploit !
_ Ta gueule Emil !
_ Ah non en fait ! Il n'y a que son époux qui ne se fait pas envoyer sur les roses ! » Plaisanta Chris.
« _ Nan mais vous allez la fermer ! Je vous...
_ Papa ! »
Le cri du petit garçon qui se précipitait vers eux les joues rougies par sa course interrompit Yuri. Celui-ci se pencha légèrement pour poser sa main fraîche sur la joue chaude de son fils. Il allait le prendre dans ses bras mais Otabek le devança et l'assit sur ses genoux.
« _ Qu'est ce qu'il y a mon chaton adoré ? Pourquoi est-ce que tu cours comme ça ?
_ Elles font que m'embêter ! »
Il pointa son doigt en direction de ses quatre cousines qui arrivaient en riant elles-mêmes poursuivies par les triplettes de Yuuko. Otabek étouffa un rire contre les cheveux de son fils qu'il embrassa. Pour sa part, Yuri toisa la petite troupe, mécontent que l'on osa importuner son fils.
« _ Je peux savoir à quoi vous jouez ?
_ Mais on s'amuse tonton Yuratchka !
_ En embêtant mon trésor ?
_ Il court toujours dans tes jupes tonton ! » Répondit effrontément Maria. « Il se défend jamais seul quand vous êtes là.
_ Et c'est une raison pour l'embêter ?!
_ Non et Masha va arrêter. Allez filer jouer les enfants. Toi aussi Kolia.
_ Mais Beka ! » S'exclama Yuri mécontent.
Tout en faisant descendre son fils de ses genoux, il répondit posément à son époux qu'il sentait se tendre à côté de lui.
« _ Kolia est un grand garçon qui sait se défendre seul face à ses cousines. Maintenant va jouer Kolia. » Il libéra le petit garçon qui fila aussi vite qu'il était arrivé. « Tu vois Yura, il n'y a pas de quoi s'inquiéter.
_ Bien sûr que si !
_ Otabek a raison Yuratchka. Ton fils a grandi. Tu dois le laisser s'épanouir et arrêter de le couver.
_ Ben vous voulez pas lui trouver un studio loin de moi temps que vous y êtes ! Moi je vous dis que c'est encore mon bébé !
_ Yura allons calme-toi.
_ Ouais je vais aller me calmer aux toilettes ! Mon autre bébé boxe ma vessie ! »
Yuri bougon se leva difficilement et partit en direction des commodités sous le regard mi-attendri mi-amusé de l'assistance. Contrarié, il ne leur accorda pas un regard préférant hâter le pas autant qu'il le pouvait.
« _ Il est toujours aussi susceptible quand on parle de Nikolaï ? » Demanda Aliya doucement.
« _ Oui. C'est son bébé et il a du mal à le laisser grandir loin de lui. Peut-être qu'avec la naissance du bébé ça ira mieux. En attendant j'essaie de le raisonner et de le modérer.
_ Ce qui est d'une grande simplicité ! » Se moqua Erasyl.
« _ Il... Je comprends tu sais. Moi-même j'ai du mal à ne pas être trop protecteur. On a failli le perdre. Je ne souhaite cette épreuve à personne, pas même à mon pire ennemi. ... Perdre un enfant c'est... Et on a perdu un bébé quand...
_ Stop petit frère ! On ne va pas parler de ça en ce jour. Aujourd'hui nous fêtons votre mariage. C'est un jour de fête, pas de tristesse ! Bon maintenant, on va s'amuser un peu ! Tout est prêt ? » Le taquina Erasyl.
Otabek arqua un sourcil interrogateur. Il se demandait bien ce que ses frères pouvaient bien avoir encore mijoté. L'air un peu trop réjoui de ceux-ci ne lui disait rien qui vaille. Aucun doute que c'était une surprise bien de leur cru et que Yuri n'allait pas y goûter. Il allait certainement devoir encore calmer son Tigre en furie dans quelques minutes. Yuri n'aimait pas les surprises de manière générale. Il les redoutait. Quant à lui, il ne les appréciait pas non plus beaucoup. Il préférait rester maître de la situation et en avoir le parfait contrôle.
Yulia et Sezim accompagnées de Sara interceptèrent Yuri à la sortie de toilettes. Les voyant l'attendre l'air conspirateur il se tendit immédiatement. Tout cela sentait un peu trop le coup fourré à son goût et il n'avait qu'une envie, leur filer entre les doigts pour aller retrouver son époux.
« _ Qu'est-ce que vous foutez là ?
_ Nous t'attendons petit fauve.
_ J'ai bien vu Yulia. Je suis pas aveugle que je sache !
_ Et moi qui pensais que tu serais de bonne humeur aujourd'hui !
_ Je suis de bonne humeur ! Et ce sera encore mieux quand je serai avec mon mari !
_ On te ramène vite fait à lui. On a une surprise pour vous et on a besoin que vous soyez attentifs au moins cinq minutes.
_ Pas tout de suite Sara. Ca va être l'heure de mettre Kolia au lit et vu comme il est excité ça va pas être simple.
_ Vassilissa et Georgi s'en chargent. Allez, dépêche-toi.
_ Je veux savoir ce que vous mijotez avant.
_ Tu le sauras bien assez vite ! »
Sans lui laisser le temps de protester, elles l'entraînèrent dans la salle de réception. Ce fut en jurant et pestant qu'il s'assit à côté de son Alpha. Celui-ci lui serra la main dans une vaine tentative d'apaisement. Mais Yuri n'avait pas envie de s'apaiser. Il commençait à être fatigué par cette longue journée et le manque de sommeil de la nuit dernière. Aussi ne fit-il pas le plus petit effort pour se retenir même lorsque Lilia et son grand-père le reprirent sur son vocabulaire.
« _ Yuri Plisetsky votre langage !
_ Altin ! C'est Altin maintenant !
_ Ca ne change rien ! Votre langage !
_ Allons mon amour calme-toi. » Lui dit la voix calme et posée d'Otabek. Puis plus bas il ajouta. « Est-ce que tu commences à fatiguer ? »
Yuri le foudroya de ses émeraudes. Il était fatigué mais il ne voulait pas l'admettre. S'il le faisait Otabek insisterait pour qu'ils montent à leur chambre et il avait encore envie de profiter de la fête. Il y avait encore tant de choses qu'il voulait savourer en ce jour si spécial et qu'il avait tellement attendu. Aussi prit-il une grande inspiration et fit non de la tête. Les yeux d'Otabek pétillèrent mais il n'ajouta rien. Ils savaient tous deux que c'était un mensonge mais le souligner ne servait à rien.
« _ Bon les amoureux, vous êtes prêts ?
_ Prêts à quoi ? » Cracha Yuri.
« _ Otabek retiens ton tigre. J'aimerai sortir vivant de cette journée ! » A ses paroles d'Erasyl l'assistance éclata de rire. « Nous avons un petit cadeau pour vous. On a prévu d'autres cadeaux mais vous pourrez les ouvrir plus tard. Celui-ci a été fait par nous tous. C'est un petit diaporama sur vous. »
Erasyl lança la vidéo et des photographies et des extraits de vidéos défilèrent à l'écran. Emus et touchés par l'attention, les jeunes mariés le regardèrent les yeux peu à peu embués de larmes. Rien n'avait été omis. Ils visualisèrent leurs enfances, leurs premiers pas sur la glace, les compétitions et d'autres photos plus intimes qui tour à tour les embarrassèrent un peu, les firent rire ou s'attendrirent. La vidéo se termina sur une photographie du couple s'embrassant à l'église. Le silence se fit et les invités laissèrent le temps aux mariés de reprendre contenance. Otabek serrait contre lui Yuri qui pleurait doucement le nez fourré dans ses mèches dorées.
« _ Ben alors que de larmes princesse ! » Taquina JJ.
« _ Tais-toi idiot ! » Protesta Yuri sans conviction. « Je l'ai déjà dit c'est l'énorme baleine enceinte en moi qui pleure. Le Tigre de Russie ne pleure jamais ! »
Sa voix manquait cependant d'assurance. Elle était légèrement enrouée et Yuri préféra détourner la tête pour ne laisser voir à personne sauf son Alpha son émotion. Alpha qui bien conscient que son Oméga peinait à reprendre pleinement possession de ses moyens détourna l'attention de tous.
« _ Nous aussi nous avons un petit cadeau. Sezim, Georgi et Erasyl, vous voulez bien prendre les boîtes marquées du signe de votre second genre sur la table là-bas ? »
Les interpellés se regardèrent d'un air interrogateur et s'exécutèrent sans poser de question. Une fois fait, ils s'avancèrent vers Otabek et Yuri. Le couple se leva et Otabek leur donna les instructions à suivre.
« _ Sezim donne la boîte à Yulia, Georgi à Leo et Erasyl à Serik. » Ils le firent et attendirent la suite. « Sezim, Erasyl et Georgi, vous nous avez fait l'honneur d'être les parrains et marraines de Kolia. J'espère que ceux ayant reçu notre cadeau nous ferons le même honneur pour notre second enfant. »
Moscou, quartier de l'université d'État Lomonossov de Moscou
Quelques jours étaient passés depuis l'arrivée d'Erasyl à Moscou. Il arpentait la capitale russe sans cesse pour découvrir de nouvelles fausses pistes sur lesquelles la diriger. Il n'avait pas prévu de devoir affronter un nouvel obstacle en la personne d'Alexandre. Sans être hostiles à l'Oméga, il devait admettre que celui-ci était une sacrée épine dans le plan de la fratrie. Anara seule était facile à manœuvrer mais lui était beaucoup plus posé et réfléchi. Il analysait chaque élément que la jeune Alpha lui présentait, le disséquait puis formulait ses hypothèses. Il avait d'ores et déjà détourné Anara de son premier plan qui consistait à fouiller les différentes cliniques pour Omégas de Moscou. Depuis, elle se focalisait sur les différents clubs de la ville. Heureusement, pour le moment, ses recherches s'étaient révélées infructueuses. Toutefois, Erasyl était inquiet. Les clubs bien que très nombreux dans la ville l'étaient tout de même moins que les cliniques. Il fut un court instant tenté d'appeler Serik mais se ravisa bien vite. Son frère venait tout juste d'accueillir son quatrième enfant et il devait organiser le déménagement de sa famille à Saint-Pétersbourg. Il était bien trop occupé pour lui apporter son soutien et son conseil.
Il se rassit dans son fauteuil face à la fenêtre et songea à des sujets plus agréables. Il laissa son esprit dériver vers la ville des tsars et il ne put retenir un sourire. Sezim l'y attendait bien en sécurité, loin d'Almaty et de son père. Plus jamais elle n'aurait à retourner dans la demeure familiale et en être prisonnière. Maintenant, ils allaient pouvoir être ensemble. Il allait pouvoir fonder un foyer et peut-être pourrait-il faire venir son fils si elle l'acceptait. Bien sûr qu'elle accepterait. Jamais elle ne chercherait à le séparer de son enfant, elle qui n'avait pas eu de famille. Il fut un instant tenté de lui envoyer un message mais il se ravisa. Il devait être prudent au cas où son téléphone tomberait entre de mauvaises mains. Il but une gorgée de brandy et s'enfonça davantage dans son fauteuil. Sa tranquillité fut cependant troublée par un bruit de verre cassée en provenance de la cuisine et des cris. Il fut tenté un instant d'intervenir mais il n'en fit rien. Son attitude le dégoûta mais si Anara passait assez souvent ses nerfs sur Alexandre peut-être celui-ci finirait par partir. Il écouta les bruits de la dispute se répétant qu'il agissait pour le bien de ses proches.
« _ Es-tu stupide Sasha ? Je t'ai déjà dit que je déteste les sushis ! Je déteste les aliments crus !
_ Je suis désolée Anara ! Je te demande pardon ! »
Le bruit d'une gifle retentit et Erasyl posa son verre sur la table. Ses muscles se contractèrent et il lutta contre lui-même s'exhortant au calme. Un nouveau bruit de coup puis une porte qui claque le firent sursauter. Anara entra dans le salon, folle de rage. Elle écumait littéralement de colère et ne faisait rien pour se calmer. Elle saisit un verre sur le bar qu'elle lança contre un mur.
« _ Tu comptes détruire toute la vaisselle de cet appartement ? Je ne suis pas certain que Père soit revi de recevoir cette facture.
_ Tais-toi ! Tais-toi ! Pour l'amour du ciel ferme-la ! »
Erasyl se leva et se planta devant sa sœur qu'il domina de toute sa hauteur. Les yeux assombrit par la colère, il la toisa avant de lui répondre glacial.
« _ Je me fous de ce que tu peux bien faire avec ton ou tes Omégas. Je me moque que tu ne trouves pas Otabek et son maudit Oméga mais je ne supporte pas les hurlements aussi le temps que je suis ici tu vas contrôler tes nerfs. Et tu vas aussi te concentrer un peu plus sur tes recherches et arrêter de suivre les conseils idiots d'un Oméga qui de toute évidence ne sait même pas retenir la plus petite et basique information.
_ Je...
_ Tu quoi ?! Tu crois que je suis comme Serik ? Je ne fais pas que passer et te donner des ordres. Je t'observe et pour ce que j'en vois en ce moment je peux te dire que ce n'est pas en ta faveur. Quand Père l'apprendra, car oui je vais lui faire un compte-rendu, il sera bien déçu par sa petite fille chérie. Que penses-tu qu'il va se passer ensuite ? »
Anara ne dit rien et eut soudain l'air terrorisé. Elle savait parfaitement le sort que le patriarche de la famille réservait à ceux qui le décevaient. Qu'elle fût sa fille n'empêcherait en rien la colère paternelle de s'abattre sur elle.
« _ Je vais me remettre à mes recherches et je vais être sérieuse. » Dit-elle d'une voix blanche.
Erasyl n'ajouta rien et se détourna d'elle. Il reprit son verre qu'il avait précédemment posé sur la petite table basse. Il prit le couloir et s'arrêta à la porte de la cuisine. Il s'appuya aussi négligemment qu'il le put sur son chambranle et regarda Alexandre. L'Oméga était prostré sur le sol en pleurs au milieu de bris de vaisselle.
« _ Nettoie ça ! » Asséna-t'il sèchement.
Puis sans un mot supplémentaire il remonta le couloir et regagna la chambre qu'il occupait dans le grand appartement moscovite. Une fois la porte fermée, il alla s'asseoir sur son lit et avala d'une seule traite l'alcool que son verre contenait.
Saint-Pétersbourg, appartement Altin-Plisetsky
Otabek était tendrement allongé contre Yuri. Il le couvrait d'affection depuis l'aube lorsque l'Oméga s'était réveillé en sursaut en criant et émergeant avec difficulté d'un nouveau cauchemar. Les terreurs nocturnes s'invitaient de nouveau faisant vaciller le précaire état de santé du jeune homme. Encore une fois, en sueur et en larmes, il avait émergé d'un sommeil agité et l'instant d'après des contractions s'étaient faites sentir. Aussi, Otabek était intervenu. Il avait serré fort contre lui le fragile corps et avait créé grâce à ses phéromones une bulle de sécurité.
« _ Tu te sens mieux mon amour ?
_ Oui... Ca va un peu mieux. J'ai moins peur.
_ As-tu toujours des contractions ?
_ Nan... Et Kolia ne s'agite plus. Il doit dormir.
_ Est-ce que tu veux me parler de ton rêve mon cœur ? »
Yuri hésita et se blottit davantage dans leur étreinte. Il avait peur de raconter la scène qu'il avait revécue en rêve. Cette fois, elle avait été plus claire que jamais. Elle l'avait frappée avec force faisant renaître en lui toute la terreur qu'il avait éprouvé des mois auparavant à Moscou.
« _ J'étais à Moscou. J'étais en train de me sécher les cheveux dans la salle de bain. J'étais super inquiet parce que t'étais avec tes parents et que je voulais que tu rentres vite. Il y avait des voix dans la chambre et la porte a claqué. Je croyais que c'était toi alors je suis sorti pour te retrouver. » Il fit une pause pour déglutir péniblement.
_ Mais ce n'était pas moi. » Continua doucement Otabek.
« _ Nan c'était pas toi. C'était deux nanas. Il y avait une Alpha que je connaissais pas , enfin je crois, et Olga. Elle avait l'air de flipper. Elle était à côté de la porte. Et l'autre.... Elle sentait un peu comme Erasyl mais en plus désagréable. J'avais envie de vomir parce qu'elle dégageait trop de phéromones. Tu crois que c'est parce que les bébés me disaient que j'étais en danger ?
_ Oui peut-être. Même si tu ne savais pas encore pour notre petit trésor.
_ Nos trésors... Ils étaient deux et...
_ Chut, calme-toi mon chaton. Tu n'y es pour rien et tu as lutté si fort pour Kolia et toi.
_ C'est pas juste ! Si elles étaient pas venues je les aurais encore tous les deux.
_ Mon ange, calme-toi. Si c'est trop dur de me parler on arrête. »
Otabek bougea précautionneusement dans leur lit afin de pouvoir serrer Yuri plus étroitement contre lui. Il posa ses lèvres au bord des paupières de son amant pour en sécher les larmes.
« _ Je n'aurais pas dû te demander de me raconter. C'est trop dur pour toi. Excuse-moi mon amour.
_ Nan ça va.... Quand j'étais dans la chambre Elle m'a dit que j'étais son Oméga. J'ai crié que je la connaissais pas et que je voulais qu'elle dégage. Elle a voulu me saisir par le poignet mais je l'en ai empêchée. Elle m'a ordonné de m'asseoir et de manger avec elle. J'ai pas voulu. Je comprenais rien à ce qu'elle racontait. Et puis elle s'est mise à hurler et à vouloir me soumettre avec ses phéromones et je l'ai poussée. Elle a attrapé un verre qui venait de se casser et j'ai eu mal. Je me souviens qu'Olga a crié et a voulu la retenir. Et je me suis réveillé à l'hôpital et j'avais mal partout. » Yuri se tut et laissa les larmes ruisseler le long de son visage.
Otabek le consola du mieux qu'il put. Il le berça, essuya ses larmes, relâcha encore des phéromones. Il posa une main protectrice sur le ventre de son bien-aimé et le caressa longuement alors que le tendre traitement éloigna peu à peu la terreur de Yuri. Celui-ci finit par s'endormir vaincu par la fatigue. Otabek pour sa part ne pu dormir à nouveau. Il veilla sur le sommeil de l'Oméga et réfléchit aux paroles de celui-ci. Ainsi il avait reconnu Olga. Elle avait même tenté de l'aider. C'était une surprise pour lui. Non pas qu'il cru que la jeune femme eut pu avoir des instincts meurtriers mais la disparition de Yuri aurait fait ses affaires. Il réfléchit encore un long moment et en vint aussi à conclure que bien que Yuri ne l'eut pas reconnue, l'Alpha était sa sœur. Il avait espéré pendant des mois que ses frères se trompaient mais son compagnon lui avait dit avoir senti des phéromones proches de celles d'Erasyl. Ce ne pouvait être qu'Anara. Sa petite sœur avait donc bel et bien attaqué l'amour de sa vie et tenté de le posséder contre son gré. Son monde vacilla et il dut à contrecœur admettre la cruelle vérité, celle qu'il avait essayé de ne pas croire, sa sœur était le monstre qui avait tenté de l'arracher à la vie.
Plusieurs heures plus tard, Yuri se réveilla seul dans sa chambre. Il tâta le côté du lit où dormait Otabek mais celui-ci était froid signe que son compagnon était levé depuis un petit moment déjà. Il tourna la tête vers le réveil et cligna de surprise les yeux plusieurs fois. Il était plus de dix heures. Il avait dormi un long moment bien qu'il se sentit toujours fatigué. Mais il était tout le temps fatigué depuis Moscou et les Mondiaux. Il n'avait jamais retrouvé sa forme éclatante d'avant l'agression. Il s'écroula sur son oreiller peu enclin à appeler pour qu'on vienne l'aider. A quoi bon ? Il savait déjà que rien ne pressait de toute façon. Sa journée allait se dérouler de la même manière que toutes les autres. Il allait rester allongé sur le canapé à jouer avec Masha ou à regarder des dessins animés. Sezim serait là pour lui tenir compagnie permettant à son grand-père de sortir faire les courses et à Otabek d'aller à son entraînement. Quoique vu l'heure tardive, il devait déjà être parti depuis longtemps. Le bruit de la porte qui s'ouvrait lui fit tourner la tête et il ne put retenir un petit cri de surprise ravie.
« _ Ca te fait plaisir que je sois là mon Yura ?
_ Oui ! Mais tu devais pas aller à la patinoire ?
_ Je devais mais tu as passé une nuit agitée. Je préférais être là pour ton réveil. Tu as d'ailleurs bien dormi ! Tu te sens reposé ?
_ Ouais un peu. T'aurais dû aller patiner tu sais. Je serai resté dans mon lit si t'avais pas été là pour me porter.
_ Je préfère rester ici aujourd'hui. Je verrai demain. Je te porte ? »
Yuri acquiesça tout en tentant de repousser un vague sentiment de culpabilité. S'il dérangeait trop le sommeil d'Otabek et qu'il l'inquiétait son Alpha n'irait pas à l'entraînement et ne serait jamais prêt pur la saison de patinage. Alors que les puissants bras du Kazakh portaient le jeune Russe jusqu'au canapé du salon celui-ci lui murmura.
« _ Je sais à quoi tu penses et arrêtes. Tu n'as pas à culpabiliser. »
Yuri fit la moue mais ne répondit rien. Confortablement installé sur le canapé, Yuri dévora le petit-déjeuner copieux que son compagnon lui avait servi. Il savoura avec un plaisir non dissimulé sa tasse de thé noir sous l'œil amusé d'Otabek. Ils ne se disputaient plus à ce sujet depuis plusieurs semaines maintenant, les disputes ayant été remplacées par des taquineries.
« _ Il est très bon ce matin.
_ Mieux que les autres ?
_ Tu le fais toujours infuser comme je l'aime et tu mets juste ce qu'il faut de miel. Deda le sucre un peu trop et Sezim pas assez. Elle trouve que je mange trop de sucrerie. » Yuri fit la moue arrachant un éclat de rire à son compagnon.
« _ Elle veille sur toi !
_ Faut qu'elle fasse un bébé. Ca l'occupera !
_ Je ne sais pas si Erasyl va être d'accord dans l'immédiat.
_ Pourquoi ?
_ Pour le moment il doit régler son divorce par exemple. Ca va être un peu compliqué à cause de la garde de son fils.
_ Il a un fils ?
_ Oui il a un petit garçon, Aslan. Il a six ou sept ans.
_ Tu connais pas l'âge de ton neveu ?!
_ Et oui, je ne suis pas parfait. Mais je me souviens de sa date d'anniversaire et j'envoie toujours un cadeau !
_ C'est déjà ça ! Et Serik et Yulia, ils ont combien d'enfants en plus de Masha et Kadia ?
_ Ils ont deux fils, Aybek et Remir. Ils ont douze et dix ans.
_ Et ton autre frère ? Nusyl ?
_ Nurasyl, Yura. Tu tiens vraiment à le rebaptiser !
_ C'est bizarre comme nom. J'aime pas.
_ Ah ? Tu n'aimes pas les prénoms kazakhs ?
_ J'aime le tien, ça me suffit. »
Otabek éclata de rire. La réponse avait le mérite d'être franche et limpide. Heureusement, leur fils porterait un prénom russe et classique. Ils continuèrent à discuter un long moment parlant de la famille d'Otabek, de la future naissance de leur fils, de la future saison de patinage. Ils furent interrompues par Nikolaï qui rentrait des courses et leur annonça qu'ils avaient de la visite. Et en effet, à sa suite entrèrent dans le salon Mila, Sara, Viktor et Yuuri.
« _ Salut les vieux ! » Les salua Yuri.
« _ Bonjour Gattino* ! Comment vas-tu ? » Sara s'approcha de Yuri un sourire lumineux aux lèvres visiblement heureuse de le voir.
Elle s'assit près de lui avec Mila à ses côtés. La patineuse russe salua à son tour son petit frère de cœur sincèrement heureuse de le voir. Viktor et Yuuri quant à eux prirent place sur des chaises gardant leurs vêtements d'extérieur sur eux.
« _ Vous pouvez les enlever on va pas vous les voler !
_ Toujours aussi aimable Yuratchka. On ne peut pas rester longtemps en fait. On passait juste te rendre une rapide visite avant d'aller à l'aéroport.
_ Vous partez pour le Japon ?
_ Oui Yurio. Nous rentrons à Hasetsu. Je vais m'entraîner là-bas. »
Yuri le dévisagea un instant sans rien dire. Il était surpris par l'annonce du Japonais. Il pensait que celui-ci allait mettre fin à sa carrière étant donné ses envie de paternité.
« _ Vous partez quand ?
_ Aujourd'hui. Comme l'a dit Viktor nous passions avant d'aller prendre notre vol.
_ Et nous n'allons pas traîner sinon il va décoller sans nous. Prends bien soin de toi Yuratchka et on se reverra bientôt. »
Otabek se tendit immédiatement à l'annonce de Viktor. Il savait que Yuri allait s'énerver. Il ne le connaissait que trop bien et il savait que jamais il ne se satisferait de cette simple explication. Si on pouvait parler d'explication. Il posa une main protectrice sur l'épaule de son compagnon et la serra doucement. Pourtant, à l'étonnement de tous, Yuri ne réagit pas. Il se contenta de dévisager Yuuri puis Viktor avant de bouger précautionneusement pour être plus à son aise en silence. Devant son manque de réaction, Viktor soupira.
« _ Bon et bien, au revoir Yuratchka.
_ Au revoir Yurio. Prends bien soin de toi. »
Le couple russo-japonais se dirigeait vers la porte raccompagné par Otabek quand finalement l'Oméga les interpella.
« _ Allez vous faire voir les vieux ! Si vous partez c'est parce que vous pouvez plus mettre votre nez dans mes affaires ! Allez vraiment bien vous faire voir et revenez pas ! On n'a pas besoin de vous. »
Noursoultan, Kazakhstan, demeure d'Andreï Andreïevitch Kourkov
Yulia finissait les valises de ses fils. Elle pliait, triait, pliait de nouveau avant de finalement écarter un nouvel habit qu'elle ne considérait pas comme indispensable. Si elle était tout à fait honnête avec elle-même, elle ne savait que prendre et que laisser. Elle avait voulu ce départ rapide mais dans la précipitation, elle perdait une partie de ses moyens et de son pragmatisme. Elle aurait pu demander à Serik de finalement repousser leur départ de quelques jours mais elle avait un mauvais pressentiment. Elle ne savait que trop bien que Bolat devait soupçonner son fils aîné de le trahir depuis la mascarade qu'avait été la vente de Sezim.
« _ Maman ? »
La voix d'Aybek fit sursauter l'Oméga. Elle pensait son fils en train de jouer avec son frère ou avec son arrière-grand-père. L'adolescent s'approcha de sa mère et la dévisagea un petit moment avant de lâcher à brûle-pourpoint ce qui le contrariait.
« _ Je ne veux pas partir. On est bien ici. »
Yulia soupira. Elle savait que ses fils ne voulaient pas quitter Noursoultan et leur famille. Serik et elle avaient tenté de leur expliquer la situation tout en tentant de leur dissimuler au maximum le danger qu'ils couraient tous.
« _ Je sais que ton frère et toi voulez rester ici mais ce n'est pas possible. Il faut que nous partions.
_ Pourquoi ?
_ Avec ton père nous vous l'avons expliqué. C'est pour les affaires de papa.
_ Mais avant on n'était pas obligé de partir avec lui. Et puis si on peut pas rester ici on pourrait aller chez grand-père Bolat.
_ Non, ce n'est pas possible. Nous allons partir ce soir avec votre père.
_ Mais et pour l'école ? Et nos amis ? »
Yulia soupira d'agacement. Elle et Serik avaient déjà eu cette conversation mais son fils ne désarmait pas. Il avait argumenté pendant presque une heure contre eux la veille et ne s'était tut que lorsque son père avait élevé le ton et réclamé le silence. L'adolescent s'était alors réfugié dans un silence frondeur.
« _ Nous ferons au mieux quand nous serons arrivés à destination.
_ Et on va où ?
_ Tu verras bien assez tôt. Maintenant aide-moi à terminer ta valise et celle de ton frère.
_ Non !
_ Aybek ! Je sais que tu es en colère contre nous mais pour l'amour du ciel obéis. Et si tu penses que ne pas faire tes bagages nous empêchera de partir tu te trompes.
_ Je ne veux pas partir !
_ Et pourtant tu vas nous suivre sans discuter. Obéis à ta mère maintenant. »
L'ordre asséné de la voix ferme paternelle le fit frémir. Il pouvait affronter sa mère, ou tout du moins essayer, mais pas son père. L'Alpha l'impressionnait trop et il était son père. Il renifla bruyamment et en grommelant se dirigea vers sa chambre. Une fois seuls, Serik vint prendre son épouse dans ses bras. Il la serra tendrement contre lui en silence ne souhaitant qu'une minute de répit. Yulia pourtant bien consciente de son désir le contraria dans es plans.
« _ Il est en colère.
_ Je sais. » Lui répondit-il avec un soupir. « Mais il faut partir. Nous n'avons plus le choix.
_ Pourquoi ? Tu sembles plus inquiet qu'hier quand nous avons parlé aux enfants.
_ J'ai parlé à Erasyl. Il y a un petit problème qui pourrait devenir important. Je t'en parlerai plus tard. Nous devons nous presser maintenant. Nous n'avons pas beaucoup de temps. »
Il l'embrassa doucement avant de se détacher de son étreinte à contrecœur. Il se détourna et attrapa une pile de vêtements dans le but de l'aider. Il lui semblait que depuis des mois il ne cessait de faire et défaire des valises. Ses incessants voyages l'obligeant à ne jamais se reposer plus de quelques jours à un endroit quand il en avait le temps. Ses épaules s'affaissèrent à la réalisation qu'il ne s'était en fait pas reposé depuis des mois si ce n'était des années. Il avait passé sa vie à se plier aux ordres de son père tentant au mieux de protéger ceux qu'il aimait.
« _ Mon amour, qu'est-ce qu'il y a ? Tu... Serik... Parle-moi. »
Yulia se rapprocha doucement de son époux et lui prit des mains les vêtements qu'il tenait. Il ne l'en empêcha pas. Il n'en avait pas la force soudain. Il aurait voulu tout arrêter et emmener sa famille sous des cieux plus cléments, loin, très loin de tous les tourments, de toute cette folie. Elle le prit par la main et le guida jusqu'à leur lit où ils s'assirent en silence. Comme il aurait été bon de s'y étendre et de ne plus bouger.
«_ Que se passe-t'il ?
_ Erasyl, Mère, Olga, vous... » Il marqua une pause et articula difficilement la suite de la liste. « Yuri, Otabek, Sezim, Saltanat, Zora, Aslan.... Je voudrais tous vous protéger, tu sais.
_ Tu ne peux pas tous nous protéger et tu fais déjà beaucoup. Certains d'entre nous vont devoir se débrouiller seuls. Tu n'as pas à prendre soin de tout le monde.
_ Je le dois, je n'ai pas le choix. J'ai déjà pu mettre Yuri et Otabek à l'abri mais pour combien de temps ? J'ai cédé à Sezim et Erasyl mais je n'ai pas pensé au reste. Vous... Je vous sacrifie.
_ Tu ne nous sacrifies pas. C'est moi qui ai voulu ce départ. Yuri et Otabek pour le moment sont en sécurité comme tu le dis. On verra une fois là-bas que faire pour continuer à les protéger. Sezim et Erasyl sont des adultes et ils ont fait un choix. C'est à eux maintenant d'en assumer les conséquences. Tu ne peux rien y faire. Olga est rentrée chez elle. C'est à elle maintenant de faire ses choix. Tu lui as offert une porte de sortie à elle de décider de la franchir ou pas. Quant à ta mère et Saltanat, nous ne pouvons rien pour elles pour le moment. Ton père te tuera si tu faisais quoique ce soit....
_ Tu oublies Zora et Aslan.
_ C'est à Erasyl de se charger d'eux. C'est son épouse et son fils. S'il décide de les abandonner c'est lui que ça regarde. Je sais que ça t'horrifie mais on ne peut pas voler au secours de tout le monde et je doute que nous leur rendions service en tentant quelque chose.
_ Mais...
_ Non ! Ca suffit ! Je veux bien aider Yuri et Otabek, ta mère et d'autres mais pas eux. Et puis Bolat ne s'en prendra pas à eux. Il ne fera rien car il sait qu'il a trop à perdre. Zora n'est pas une idiote et elle a elle aussi des appuis sûrs dans notre petit microcosme.
_ J'espère que tu as raison. Espérons que personne ne pose de questions.
_ Et qui poserait des questions ? Otabek ? Yuri ? Sezim ?
_ Sezim, non. Elle n'est pas prête à regarder de ce côté de la vie de son Alpha. Yuri ignore tout, je crois. Otabek ? Peut-être. Mais s'il s'en pose il les garde pour lui. Il a déjà accepté le mensonge d'Erasyl sans ciller.
_ Le mensonge d'Erasyl ?
_ Erasyl lui a affirmé avoir toujours été fidèle à son épouse. Mais je suis persuadé qu'Otabek sait la vérité et à préféré se taire comme toujours. C'est ce qu'il fait en tout. Impassibilité et stoïcisme.
_ Erasyl fidèle... » Yulia fit la moue. « Il lui a été fidèle au début mais ça n'a pas duré longtemps. Tout le monde le sait y compris Otabek. Erasyl est naïf s'il croit amadouer votre frère si facilement mais bon je suppose que si Otabek ferme les yeux c'est qu'il pense, à juste tire, que ce ne sont pas ses affaires. » Elle fit une courte pause puis serra la main de son Alpha. « Il faut s'y remettre. Nous n'avons plus beaucoup de temps. »
Saint-Pétersbourg, Belmond Grand Hôtel Europe
Otabek se retourna dans le lit tendant un bras pour enlacer son époux mais celui-ci saisit un oreiller plutôt qu'un corps. Il ouvrit un œil et maugréa en constatant qu'il était seul. Il se redressa pour saisir le petit réveil posé sur la table de chevet qu'il reposa en soupirant une nouvelle fois après avoir avisé l'heure matinale. Il ferma les yeux prêt à se rendormir mais son esprit se mit en branle et il ne put arrêter ses pensées. Où était donc passé Yuri ? Il savait que son Oméga souffrait ces derniers temps d'insomnies à cause de la grossesse mais en général il restait dans leur lit attendant patiemment qu'il fût l'heure de se lever ou qu'enfin le sommeil vint. Peut-être s'était-il levé juste quelques minutes pour aller à la salle de bain et serait bientôt de retour. Otabek roula sur le côté ramenant les couvertures sur lui souhaitant se rendormir. Il devait cesser de paniquer à chaque fois que son Oméga n'était pas sous son regard vigilant. Comme il le lui avait fait remarquer lors de leur dernière dispute qui remontait à plusieurs semaines maintenant, il était en bonne santé, se portait comme un charme et n'avait pas besoin d'une nourrice. Il devait arrêter de le couver comme un objet précieux pouvant se casser à tout moment. Il se retourna dans le lit pour trouver une meilleure position mais sitôt celle-ci trouvée il bougea de nouveau. Finalement, il s'assit dans le vaste lit et tendit l'oreille. Tout était calme. Il se morigéna et se recoucha. Yuri n'allait sans doute pas tarder à revenir. Il ne pouvait être bien loin. Néanmoins, pour s'apaiser, il se concentra et tenta de connaître les sentiments de son lié via leur lien. Si celui-ci était inquiet il le sentirait et il n'aurait alors qu'à se lever pour aller le retrouver. Mais alors qu'il allait le faire, il entendit le bruit d'un objet tombant dans l'eau suivi d'un juron sonore. Il soupira et se leva précipitamment. Il ne savait ce qu'il se passait mais il sentait la colère de son époux.
Il franchit le seuil de la salle de bain et découvrit Yuri dans la baignoire en train de secouer ce qui semblait être un livre au dessus de l'eau. Il pouffa un instant avant de s'approcher de lui. L'Oméga était confortablement installé dans la baignoire remplie d'eau et de bain moussant. Il jurait et tenait du bout des doigts ce qui semblait être sa dernière lecture. L'Alpha s'assit sur le rebord attirant son attention.
« _ Tu sais que les livres résistent mal à l'eau ? » Le taquina-t'il.
« _ Ouais je sais ! Il m'a échappé. Il est fichu maintenant.
_ Donne-le moi. Je vais l'éponger. Peut-être qu'on pourra le récupérer. »
Yuri lui tendit le livre et se renfonça dans l'eau chaude tandis qu'Otabek épongea de son mieux l'ouvrage. Même en le séchant il doutait qu'il fut possible de le sauver. Les feuilles fragilisées par l'eau se déchiraient sous ses doigts.
« _ Je crois mon amour que tu vas devoir le racheter.
_ Merde ! Fais chier !
_ Ce n'est pas si grave. Ce n'est pas le premier que tu tues par noyade. Heureusement que j'ai renoncé à t'offrir une liseuse. Tu me coûterais une fortune.
_ Très drôle ! Si c'est pour être méchant tu peux retourner te coucher !
_ Allons ! Je te taquine. »
Yuri lui fit une moue vexée et croisa le bras sur sa poitrine. Amusé par l'attitude de son mari Otabek se rapprocha de lui. Il s'agenouilla près de la baignoire avant de passer tendrement ses doigts sur la joue à la peau aussi douce que du satin.
« _ Une insomnie ?
_ Non. J'ai plutôt bien dormi cette nuit. Enfin jusqu'à ce que bébé commence à s'agiter dans tous les sens vers cinq heures. J'avais mal au dos aussi alors je me suis levé pour prendre un bain chaud. Ca détend les muscles.
_ Je vois. Ca fait combien temps que tu patauges dans l'eau ?
_ Je sais pas. J'ai lu deux ou trois chapitres donc au moins une heure. J'ai fait tomber le livre en voulant remettre de l'eau chaude. Je t'ai réveillé ?
_ Non. J'ai senti le lit vide et... » Otabek se retint pour ne pas dire qu'il s'était inquiété.
« _ Et tu t'es inquiété comme d'hab'. » Conclut Yuri qui savait parfaitement ce qu'il allait dire.
Otabek secoua la tête d'amusement. Il savait que Yuri le découvrirait aussi se jugea-t'il sot d'avoir voulut le lui cacher.
« _ Tu me fais une petite place ou tu préfères venir te recoucher ?
_ Viens. Ca va te faire du bien de te laver après notre nuit de noces torride. » Lui lança Yuri avec un sourire taquin qui arracha un rire à l'Alpha.
L'Oméga bougea dans la baignoire pour permettre à l'Alpha de se glisser derrière lui. Otabek s'appuya contre la paroi tandis que Yuri reposait son dos contre son torse. Il fourra son nez dans les mèches blondes pour en respirer l'odeur citronnée et sucrée tandis que ses bras se refermaient doucement sur le corps de sa moitié. Il caressa le ventre arrondi sentant sous ses doigts de légers mouvements comme des vaguelettes.
« _ La sieste est terminée on dirait.
_ Ca va, petit chat est calme.
_ Ca me rappelle ta première grossesse. J'adorais prendre mon bain avec toi.
_ Ouais... C'est mieux maintenant qu'à l'époque. Je pouvais rien faire tout seul et j'étais tout le temps couché et fatigué.
_ Je sais mon cœur. Ce que je voulais dire c'est...
_ Je sais, j'ai compris. C'est vrai que c'est des bons moments. » Yuri changea rapidement de sujet pour ne pas repenser à de mauvais moments. Pas aujourd'hui, pas en ce premier matin d'époux Altin. « On rentre aujourd'hui à la maison ?
_ Pressé de rentrer ?
_ Ouais. J'aime pas trop être longtemps loin de chez nous.
_ On rentrera cet après-midi. Kolia va être content de rentrer à la maison aussi.
_ Beka, tu crois que je le couve trop ?
_ Tu es très protecteur, c'est normal. Pourquoi cette question ?
_ Oh pour rien. C'est rien, t'inquiète pas. »
Yuri se tut et se lova plus étroitement dans l'étreinte de son époux. Il posa sa main sur celle de celui-ci qui reposait sur son ventre. Otabek savoura en silence ce moment de tendresse avant que la dernière question de Yuri ne tourna en boucle dans sa tête. D'où pouvait bien lui venir cette question ? Bien sûr son Oméga couvait leur enfant, parfois un peu trop, mais il le comprenait. Lui-même avait tendance à être surprotecteur avec les deux, bientôt trois, personnes les plus importantes de sa vie. Les épreuves qu'ils avaient traversées avaient laissé des traces.
« _ J'entends tes neurones s'agiter, mon amour.
_ Je me demandais juste pourquoi tu te poses cette question par rapport à Kolia.
_ J'ai discuté avec ta mère hier. Elle est gentille. Elle m'a parlé de toi quand tu étais petit et de tes frères. Bon de ta sœur aussi mais... Bref ! Elle m'a dit que je couvais peut-être un peu trop Kolia. Elle m'a fait remarquer que ses cousins et cousines n'étaient pas étouffés par leurs parents. Tu crois que j'étouffe Kolia ?
_ Non, tu ne l'étouffes pas et nous élevons notre fils comme nous l'entendons. Ma mère... Oublie ce qu'elle t'a dit. Tu es un super papa avec Kolia, tu le seras avec notre autre bébé. » Trancha Otabek mécontent de ce qu'il avait appris. Il allait devoir intervenir.
« _ Nos autres bébés, Beka. » Rectifia tranquillement Yuri.
« _ Nos autres bébés ? Tu n'attends pas... On l'aurait vu à l'échographie. »
Yuri se détacha des bras de son Alpha, se tourna vers lui et lui donna une petite pichenette. Il aimait déstabiliser celui qu'il aimait de toute son âme.
« _ Je te rassure il y a qu'un bébé pour cette fois. Mais je veux une grande famille. Et j'adore être enceint. Ado je croyais que je détesterais ça mais en fait c'est... Je sais pas comment te l'expliquer mais je me sens bien.
_ Et tu en veux combien au juste ? Histoire que je me prépare psychologiquement et financièrement ! Cinq ? Sept ? Deux équipes de hockey avec remplaçants et arbitres ?
_ T'es bête ! Disons que quatre ça serait déjà bien ou plus. »
Yuri explosa littéralement de rire suivi dans son fou rire par son mari qui l'enlaça. Otabek n'était même pas surpris par les déclarations de son Oméga. Il savait déjà que Yuri voulait une grande famille et rassuré par cette grossesse qui se passait merveilleusement bien l'idée le tentait lui-aussi.
Taldykorgan, Kazakhstan, demeure de Vassili Oulitsky
Nurasyl se présenta quelques jours après le départ d'Olga à la demeure de son père. Il avait réussi à faire plier son père et obtenu de pouvoir faire la cour à la jeune femme. Elle ne l'attirait pas le moins du monde mais la fortune qu'elle apporterait avec elle lors de son mariage, elle l'était. Il était aussi très heureux de pouvoir damer le point à son petit frère et remonter dans les bonnes grâces de son père. Il avait toujours été le mouton noir de la fratrie même Erasyl était mieux considéré par leur père. Pourtant, il avait fait de brillantes études, il avait toujours adhéré aux théories paternelles et s'y était plié. Son seul faux pas avait été son divorce catastrophique. Il n'aurait pourtant pas cru que son père s'émeuve de ceci. Avec la vente de l'Oméga, il avait gagné une coquette somme d'argent en plus d'avoir gardé la dot. Mais non, il avait fallu que Serik appuie là où ça faisait mal en soulignant que le moment avait été mal choisi alors que la législation évoluait. Selon lui, par son inconséquence il avait attiré trop l'attention sur leur famille alors qu'ils avaient besoin de discrétion pour régler certaines affaires plus importantes et urgentes.
Le bruit d'une porte qui s'ouvrait le fit se détourner de la fenêtre devant laquelle il était posté. Il se retourna affichant son sourire le plus charmeur se concentrant pour ne pas que celui-ci se fanât déçu de ne pas faire face à Olga. Vassili Vassilievitch Oulitsky s'avançait au milieu du salon le regard froid et la mine peu avenante.
« _ Bonjour Vassili Vassilievitch, je vous remercie de me recevoir.
_ Bonjour Nurasyl Bolatevitch. Ne me remerciez pas. Si je vous reçois c'est uniquement sous l'instance de votre père. Nous avons fréquenté la même université et étions membre du même parti pour la domination Alpha.
_ Il m'en a parlé. Vous êtes des amis de longue date.
_ Nous étions amis maintenant nous sommes uniquement des partenaires d'affaires.
_ Pourtant nos familles ont bien failli être liées. Le mariage d'Otabek et d'Olga nous aurait rapprochés.
_ Il l'aurait mais ce n'est plus à l'ordre du jour. Olga m'a dit que votre frère était désormais lié à un autre Oméga. Votre père n'a pas dû apprécier. Dans mon souvenir il est plutôt traditionnel. » Vassili appuya délibérément sur le dernier mot voulant faire comprendre à son interlocuteur qu'il ne partageait plus les mêmes idées.
« _ Plus autant qu'avant. Le monde change et lui aussi.
_ Vraiment ? Il a donc rendu leur liberté à ses Omégas ?
_ Sezim est partie et s'est liée à un Alpha quant à Saltanat elle a voulu rester auprès de Mère. Sa santé est fragile et elles sont très amies.
_ Je vois. Et votre frère doit bientôt avoir un nouvel enfant.
_ Ils ont eu une petite fille. Elle est adorable. » Nurasyl n'en savait rien. Il n'avait pas vu sa nièce et n'en avait pas la moindre envie. « Ca donne envie. J'aime beaucoup les enfants.
_ J'espère que vous connaîtrez ce bonheur.
_ Je l'espère. Ce serait un grand bonheur.
_ Si je ne m'abuse vous êtes marié ce ne n'est donc plus qu'une question de temps.
_ je suis divorcé depuis peu.
_ C'est bien dommage. »
Nurasyl hésita ne sachant comment répondre. Il ne s'attendait pas à ce que la conversation prit cette tournure. Il était venu dans le simple but de voir Olga et tenter de la conquérir ou tout du moins réussir à lui faire suffisamment oublier Otabek pour la convainque de l'épouser. Cette entrevue avec son père contrariait ses plans et il sentait que l'Alpha n'était pas enclin à le laisser approcher de sa fille. Mal à l'aise, il changea de position dans son fauteuil ne sachant comment se tirer de cette situation.
« _ J'ai... J'ai rencontré votre fille chez mes parents.
_ Olga m'en a parlé. Vous avez été très gentil avec elle de ce qu'elle m'a dit.
_ Je n'ai fait qu'essayer de lui remonter le moral. Mon frère s'est très mal comporté à son égard.
_ C'est vrai mais elle semble lui avoir pardonné. Ma petite Olga a toujours été trop bonne avec les autres. J'espère qu'à l'avenir aucun Alpha ne jouera avec ses sentiments.
_ C'est pour m'assurer qu'elle va bien que je suis ici. Je voulais prendre de ses nouvelles. Peut-être pourrai-je la voir.
_ Nurasyl Bolatevitch je vous remercie de vous être occupé de ma fille quand elle était chez vos parents mais vous devez comprendre que la manière d'agir de votre frère me pousse à la protéger. Elle doit se remettre de sa déception et je crains que vous ne fassiez que lui rappeler de mauvais souvenirs.
_ Mais...
_ Laissez-moi finir jeune homme. Vous venez de divorcer, Olga a connu une cruelle déception, il est pour moi évident que vous devez chacun de votre côté vous relever de ses épreuves. Il est donc prématuré que vous veniez ici pour la courtiser. C'est bien dans ce but que vous êtes là ?
_ Oui, je l'avoue. J'ai passé du temps avec elle et j'ai découvert combien sa compagnie m'était précieuse. J'ose espérer qu'il en est de même pour elle. »
Vassili dévisagea tranquillement le jeune Alpha qui lui faisait face. Il ne l'avait jamais réellement apprécié, lui comme tous les autres membres de sa famille. S'il avait cédé à Olga par le passé c'était uniquement parce qu'elle l'avait supplié pendant des semaines d'accepter la demande en mariage formulée par Bolat Azamatevitch. Maintenant que sa fille ainée était de retour chez lui, il était bien décidé à ne plus laisser la famille Altin l'approcher. Aussi préféra t'il opposer une fin de no recevoir au jeune médecin.
« _ Je vais être franc avec vous. Je ne souhaite pas que vous et ma fille vous fréquentiez. » Il leva une main pour interrompre le jeune homme qui allait le couper. « Olga a suffisamment souffert et je connais assez votre père pour douter de la sincérité de vos actes. Je vous demanderai donc de ne pas revenir importuner Olga et la laisser tranquille. Je vais vous demander de partir maintenant. Mes affaires m'appellent et je dois vous laisser. Mon secrétaire va vous raccompagner à la porte. »
Vassili se leva imité par Nurasyl furieux d'être ainsi congédié. Il n'avait pas pu plaider sa cause et parvenir à ses fins. Il aurait voulu reprendre la parole et se défendre mais il ne savait que dire. Il n'était pas comme Serik ou Erasyl capable de manier le verbe et déployer un brillant argumentaire. Il s'inclina donc très légèrement en une sorte de salut avant d'être reconduit hors de la maison. Une boule d'acidité lui remontait de l'estomac à la simple idée d'avoir échoué. A moins que ce ne fût l'idée de devoir tout avouer à son père. Celui-ci ne se priverait pas de le noyer sous les reproches. Il le comparerait certainement aussi à ses frères ainés lui rappelant encore une fois combien ceux-ci pouvait exceller dans l'art du mensonge et de la stratégie. Lui n'avait joué qu'une seule carte persuadé de son succès sans prévoir de plan de secours. Quand il s'assit au volant de sa voiture il dut prendre un instant pour se calmer et ne pas hurler de frustration.
Saint-Pétersbourg, appartement Altin-Plisetsky
« _ Qurmetti anam ! »**
Le cri ravi de Maria fit violemment sursauter Yuri qui somnolait sur le canapé. Il avait piqué du nez alors que la fillette, Sezim et lui visionnaient pour la cinquième fois en deux jours La reine des neiges. A présent, il connaissait les chansons par cœur et avait même l'impression de les entendre la nuit alors que la télévision était éteinte et que tout le monde dormait. Sezim l'aida à se repositionner confortablement avant de d'aller voir pourquoi la petite fille avait appelé sa mère. Mais alors qu'elle se redressait elle sentit les phéromones lilas de l'Oméga kazakhe et sourit.
« _ Tu vas rencontrer Yulia.
_ C'est l'Oméga de Serik c'est ça ? » Demanda Yuri vivement excité à cette perspective. Il avait tellement entendu parler de l'Oméga au tempérament de feu.
« _ Je suis son épouse avant tout. » Une voix douce mais qui dissimulait mal sa fermeté le corrigea.
Une femme d'une bonne trentaine d'années s'avança vers Yuri et le regarda longuement. Ce fut Sezim qui mit fin au silence et au minutieux examen auquel se livrait Yulia.
« _ Reseyge qoş keldiñiz
_ Raqmet sizge.
_ Qalaysız?
_ Men jaqsımın.
_ Hey ! Y'a moyen que vous parliez en russe ? Je comprends rien à ce que vous dites !
_ Sezim a dit bienvenue à maman et tata Sezim a dit qu'elle va bien ! C'est facile tonton Yuratchka ! Je vais t'apprendre le kazakh comme ça tu pourras parler avec Kolia ! »
Yulia sourit tendrement à sa fille avant de la prendre sur ses genoux et l'embrasser doucement. Comme sa fille lui avait manqué. Il lui semblait qu'une éternité s'était écoulée depuis qu'elle l'avait vue pour la dernière fois à Noursoultan.
« _ Il est né le bébé maman ?
_ Oui ma chérie. Il s'est changé en petite sœur pour toi. Elle s'appelle Kadia.
_ Ah c'est trop beau ! Je vais la voir bientôt ?
_ Tout à l'heure mon trésor. Elle est restée avec tes frères à la maison. Elle est toute petite tu sais.
_ D'ailleurs nous n'allons pas nous attarder. Tu dois être fatigué Yuri. »
L'interpelé remarqua à cet instant sa beau-frère qui s'était tenu en retrait jusqu'à présent pour laisser son épouse profiter de ses retrouvailles avec sa fille.
« _ Non ça va. J'ai fait la sieste. » Lui répondit ce dernier soudain morose.
« _ Tonton il a encore dormi pendant la reine des neiges !
_ Ben on l'a déjà vu plein de fois, c'est pas grave. »
La petite fille ne releva pas trop heureuse de revoir enfin sa mère. Elle sauta de ses genoux pour aller attraper Potya qui était blottie contre Yuri toute excitée. La chatte ne se débattit pas lorsque l'enfant l'entoura de ses minces bras et la tira sans ménagement vers elle la faisant tomber.
« _ Doucement Masha. Laisse ce pauvre chat tranquille.
_ Regarde maman c'est Potya ! Elle est trop douce et elle fait que dormir sur le ventre de tonton et elle aime pas qu'on lui touche. Elle feule. C'est tonton qui m'a appris ce mot et il dit qu'elle protège le bébé. Tu sais c'est un garçon il va s'appeler Nikolaï comme Deda Kolia mais mes tontons ils l'appellent Kolia parce que c'est son diminutif.
_ Doucement ma chérie ! Calme-toi mon trésor ! Et Lâche le chat. Il doit être contre tonton.
_ Ah oui c'est vrai. »
Maria relâcha la pauvre bête qui fila sans demander son reste dans la chambre de Yuri et d'Otabek. Bien que patiente avec l'enfant Potya semblait avoir son compte d'émotions fortes pour la journée.
«_ Mais pourquoi elle est partie ?
_ Elle n'aime pas trop quand il y a trop de monde.
_ Mais... Et Kolia ? »
Les traits de Yuri se tendirent immédiatement sous le coup d'une étrange émotion. Il avait essayé de ne pas se laisser envahir depuis le début de la journée par la morosité mais cette remarque toute innocente qu'elle fût lui donnait envie de pleurer. Il avait encore passé une mauvaise nuit et le manque de sommeil ne l'aidait pas à garder le moral au beau fixe. Il se sentait las, inutile pour son Alpha et incapable de mener à bien sa grossesse. Sezim posa doucement sa main sur la sienne en un geste de réconfort.
« _ Ca va Yuratchka ? Est-ce que tu veux que je te fasse de la tisane.
_ Non. » Le son de sa voix lui parut étrange tant elle contenait de sanglots refoulés.
« _ Peut-être une petite tasse de thé. Je ne dirais rien à Otabek, promis. »
Un sourire fugace apparut sur le pâle visage mais Yuri fit non de la tête ne voulant risquer d'être surpris et d'ainsi déclencher une nouvelle dispute. Il n'en avait pas la force aujourd'hui.
« _ Vous devriez peut-être y aller. Je suis fatigué en fin de compte. Je vais dormir.
_ On ne va pas te laisser seul.
_ Deda est là. Il est dans sa chambre.
_ Il pourrait se joindre à nous.
_ Nan ça ne sert à rien de le déranger. Je vais bien et il a besoin de se reposer il est plus tout jeune.
_ Tu sais qu'il doit toujours y avoir quelqu'un avec toi.au cas où...
_ Ou je ferai une connerie ou un truc débile, je sais !
_ Plutôt au cas où tu aurais besoin de te lever pour aller aux toilettes par exemple ou que tu voudrais manger quelque chose. »
Yuri garda obstinément le silence et se renfonça dans les couvertures. Il aurait dû être heureux de rencontrer Yulia, il le savait, mais étrangement la venue soudaine de l'Oméga le rendait triste lui rappelant cruellement combien les trois frères Altin faisaient leur possible pour le protéger au détriment de leur propre famille. Elle soulignait aussi cruellement combien il était inutile dans son état laissant à d'autre le soin de gérer ses problèmes. Il n'était qu'un poids mort pour eux. Un fardeau.
« _ J'espérais que vous seriez un peu plus heureux de faire ma connaissance.
_ Tu sais Yulia à beaucoup aidé ses derniers mois. C'est grâce à elle que j'ai pu me lier à Erasyl.
_ Ah ?
_ Oui ! Tu sais je t'ai déjà tout raconté !
_ Au moins elle sert à quelques chose pas comme moi. « Lui répondit-il de plus en plus morose.
« _ Vous attendez un enfant. C'est déjà une grande responsabilité.
_ Vous avez fait plein de truc alors que vous attendiez un bébé. Moi je ne sers à rien.
_ Ne minimisez pas votre rôle dans toute cette histoire ! Depuis Barcelone vous avez fait souffler un vent de changement dans la maison Altin ! Bolat en a même failli en casser sa pipe ! Ca aurait été d'ailleurs un grand soulagement !
_ Yulia !
_ Quoi Serik ? » Riposta t'elle immédiatement. « Ca n'aurait pas été une grande perte ! Bon débarras !
_ C'est mon père tout de même.
_ Comme si tu tenais à lui ! Ne fais pas l'hypocrite, je te connais par cœur ! Tu joues les offensés mais tu n'en penses pas moins !
_ Je... On ne va pas débatte de ça ici. Tu as rencontré Yuri et maintenant on rentre.
_ Pas question ! Je n'ai pas eu l'occasion de discuter avec mon jeune beau-frère ! J'ai tellement de questions à lui poser et je veux voir la chambre de mon neveu, saluer Otabek et rencontrer Nikolaï. De toute façon Masha n'a pas terminé de regarder son dessin animé. Tu ne veux pas enlever ce plaisir à ta fille ? »
Serik la fusilla du regard mais s'abstint de répondre. Il savait qu'elle ne lui laisserait pas avoir le dernier mot et qu'il ne servait à rien de poursuivre cette discussion. Sans compter qu'elle avait parlé russe permettant à Yuri de pouvoir parfaitement suivre la joute verbale. D'ailleurs celui-ci semblait tout d'un coup être sorti de sa morosité et ne perdait pas une miette de leur échange houleux.
« _ Alors comme ça c'est vrai...
_ Qu'est ce qui est vrai ? » Demanda Yulia très intéressée par cette remarque.
« _ Le grand Maître Renard s'écrase devant son Oméga !
_ Le grand Maître Renard ?
_ Ouais avec Sezim on a décidé que Serik est un renard parce qu'il est super rusé. Par contre il a pas de répartie devant toi !
_ Disons que j'ai su le dresser !
_ Yulia !
_ Je veux bien ton secret !
_ Mais je ne pense pas que tu en aies besoin petit tigre de toutes les Russie. De ce que je sais notre cher Otabek te mange dans la main.
_ Non... » Mais le petit sourire ravi qu'il afficha le trahit.
Yulia se pencha vers lui et lui saisit la main pour la presser gentiment dans la sienne. Elle était heureuse d'enfin le rencontrer après tout ce temps à imaginer leurs futures discussions. Pour le moment il était exactement comme elle se l'imaginait. Tout du moins physiquement. Elle brûlait de mieux découvrir sa personnalité à présent bien qu'elle en eut déjà une bonne idée par les récits qu'elle avait d'ores et déjà entendus.
« _ Je voulais te remercier d'avoir veillé sur ma petite Masha. Elle a l'air de t'adorer.
_ Elle est cool comme gamine. Bon faudrait juste qu'elle change de dessin animé préféré par contre ! Jen peux plus d'entendre l'autre chanter ! »
Comme en écho la chanson à succès reprise en chœur par l'enfant se fit entendre à sa remarque lui faisant lever les yeux au ciel. Yulia ne put s'empêcher de pouffer mais compatit avec le jeune Oméga.
« _ Les enfants sont parfois un peu monomaniaques ! Mes aînés nous ont fait tous les Toys sotry en boucle. Je voulais étrangler ces idiots de Buzz l'éclair et Woody de mes propres mains.
_ Bon ben je sais ce qui m'attend avec Kolia.
_ Dis-moi comment tu vas. Je veux tout savoir !
_ Ben aujourd'hui ça va. Voilà tu sais tout. »
Yulia fit claquer sa langue avant de se tourner vers Serik puis Sezim.
« _ Vous nous ferez bien du thé tous les deux ?
_ Oui bien sûr. » S'empressa de répondre Sezim qui était demeurée silencieuse jusque là. « Yuratchka, quelle tisane ?
_ Il va prendre du thé comme nous.
_ Nan j'ai pas le droit. Bah y a celle avec de l'hibiscus qui est bonne. Je veux bien celle-là. »
Yulia attendit que Sezim et Serik aient quitté la pièce avant de rependre la parole.
« _ Pas le droit au thé ?
_ Ouais c'est pas bon pour moi en ce moment. J'ai le droit qu'à une tasse le matin. Si Beka capte que j'en ai bu il va encore s'énerver.
_ Je vois... Bon ben on se fera des goûters au thé quand tu auras accouché. En attendant raconte-moi tout depuis le début !
_ Depuis le début ?
_ Depuis Barcelone. Je suis au courant d'une petite partie de l'histoire mais Otabek ne lâche jamais grand-chose aussi je suis curieuse. Je veux tout savoir ! »
Almaty, Kazakhstan, résidence Altin
Saltanat sortit du lit du patriarche Altin après une nuit agitée, soulagée de pouvoir retourner à l'abri des murs du gynécée dans peu de temps. Elle remit ses vêtements le plus rapidement possible et une fois cela fait, elle se glissa le plus discrètement possible dans le couloir retenant son souffle jusqu'à ce que la porte se fut refermer. Elle patienta un instant et tendit l'oreille. Bolat n'était pas dans la chambre à son réveil mais il n'était jamais bien loin. Son bureau se trouvait au bout du couloir et elle devait passer devant. Anxieuse, elle avança à pas de loups espérant qu'il ne s'apercevrait pas de sa présence. Comme une ombre, elle glissa sentant son cœur tambouriner contre ses côtes. Malgré les années, elle n'avait jamais cessé d'avoir peur de l'Alpha. Elle connaissait sa cruauté qu'il retournait contre elle ou un autre à tout moment.
« Comme ça a été le cas cette nuit. » Pensa-t-elle amèrement. « Il est de plus en plus violent depuis quelques temps. Depuis le départ de Sezim. »
Elle pinça les lèvres en songeant à amie. Elle ne l'avait pas revue depuis son départ pour la Russie en compagnie de Serik. Elle savait qu'elle ne la reverrait jamais. Bolat avait hurlé en apprenant sa vente à un certain Kourkov et avait passé ses nerfs sur Aliya et elle. Ca avait été l'une des nuits les plus longues qu'elles aient vécues. Ce n'était qu'au matin lorsqu'enfin il avait été vaincu par la fatigue qu'il les avait renvoyées au gynécée percluses de douleur et terrifiées. Aliya n'avait pas semblé en vouloir à Sezim d'avoir été la source de la colère de son époux mais pour sa part elle était plus mitigée. Elle savait le désir de liberté de son amie mais était-ce une raison pour les abandonner elle et Aliya ?
Quand elle parvint au gynécée elle y trouva Aliya qui l'attendait. Son aînée avait disposé sur une petite table un service à thé et des pâtisseries qu'elle affectionnait particulièrement.
« _ Bonjour Saltanat. Je te sers du thé ? »
La concernée hocha simplement la tête en venant s'asseoir sur le sofa confortable garni de coussins moelleux. Au retour d'une nuit avec Bolat, la règle tacite était de ne jamais demander comment elle se portait. Elle détestait voir la pitié dans les grands yeux dorés d'Aliya. Elle était toujours si douce et compatissante mais elle trouvait des excuses à son époux et ça Saltanat ne le supportait pas.
« _ Aliya, tu sais qui est ce Kourkov ? »
Aliya suspendit son geste mais ne se retourna pas vers elle. Elles n'avaient jamais parlé de ce que Bolat avait vociféré entre deux coups.
« _ Non je ne sais pas. Tu sais bien que Bolat ne me dit rien.
_ Il ne te dit rien depuis quelques mois. Avant tu pouvais l'accompagner quand il avait besoin de te montrer à des réceptions.
_ Certes mais je n'ai jamais été autorisée à converser avec les autres invités Bêta ou Alpha. Je pouvais parler avec les Omégas mais toujours sous contrôle de Bolat. Pourquoi cette question ?
_ Pour rien... Je me demandais juste qui pouvait bien acheté Sezim.
_ Je ne sais pas. Une de ses connaissances.
_ Il ne doit pas l'aimer vu sa réaction. Peut-être que tu pourrais poser la question à Serik quand il viendra te voir ?
_ Si j'y pense je lui poserai la question. Mais pourquoi veux-tu savoir ?
_ Elle me manque. J'aurai aimé avoir de ses nouvelles. Il pourra nous en donner ?
_ Tu poses beaucoup de questions ce matin. Prends plutôt ton petit-déjeuner avant d'aller faire ta toilette. »
Saltanat se redressa et prit sa tasse de thé entre ses mains. Son agréable chaleur lui fit le plus grand bien. Elle la fit tourner entre ses doigts un instant tout en fixant le fond. Elle était persuadée qu'Aliya lui mentait. De toutes les Omégas de Bolat, elle avait joui d'un peu de liberté étant sa liée et son épouse. Elle savait forcément quelque chose d'intéressant, une toute petite information qui lui permettrait de pouvoir elle aussi gagner sa liberté. Les mots que Bolat la nuit dernière avait prononcés revinrent la hanter.
«_ Si tu me dis où se trouve mon fils, tu seras libre.
_ Mais comment pourrais-je savoir.
_ Ne fais pas l'innocente. Je suis persuadé que vous avez vos petits secrets au gynécée. Donne-moi ce que je veux et tu auras ce que tu voudras. »
Saint-Pétersbourg, appartement Altin-Plisetsky
Aliya préparait avec son fils et ses belles-filles le repas du soir. L'ambiance était tendue. Depuis que l'Oméga était arrivée en Russie, elle passait le plus de temps possible avec sa famille mais suite à une remarque malheureuse de sa part, Otabek s'assurait que jamais elle ne fut seule avec son petit-fils et son époux. La conversation actuelle bien que chaleureuse au début avait bien vite tournée à l'orage.
« _ Mère, je dis juste que je n'aime pas quand vous dites à Yura qu'il couve trop Kolia ou qu'il doit mieux se concentrer sur les tâches domestiques.
_ Otabek, c'est pourtant son rôle en tant qu'Oméga.
_ C'est peut-être votre vision des choses mais pas la mienne. Nous partageons tout à part égale.
_ Mais tu travailles déjà beaucoup et pour le moment il est toute la journée chez vous.
_ Il est fatigué et très enceint. Il doit faire attention à lui.
_ Tu sais Aliya, Otabek et Yuri s'en sortent très bien avec cette organisation. » Intervint doucement Sezim.
« _ Et je travaille bien ce qui ne m'empêche pas de m'occuper de ma maison. Et Serik m'aide lui aussi. » Trancha plus catégoriquement Yulia.
« _ Je sais mais.... Enfin si Yuri poursuit sa carrière....
_ Comment ça si ? Bien sûr qu'il va rependre la saison prochaine. C'est un grand patineur et il a encore de belles années de carrière devant lui. Nous nous organiserons pour les enfants. Nous nous en sommes toujours sortis.
_ Tu ne veux pas qu'il reste à la maison ?
_ Yura à la maison ?! Non ! Je...
_ Äke ! »
Le cri de Nikolaï qui se précipitait dans la cuisine ses quatre cousines sur les talons interrompit la vive conversation des adultes.
« _ Kolia, les filles dehors ! On ne joue pas dans la cuisine. » Les réprimanda t'il un peu plus sèchement qu'à son habitude.
« _ Mais c'est papa qui a dit que je devais venir te chercher ! »
A ces mots Otabek se tendit, reposa les légumes qu'il lavait dans l'évier et s'essuya les mains. Il se baissa pour être au niveau de son fils et mieux le voir. Le petit garçon avait parlé d'un ton pressé presque paniqué.
« _ Qu'est-ce qu'il y a Kolia ? Pourquoi papa t'a dit de venir me chercher ?
_ Il a dit qu'il avait perdu les eaux et il y avait une flaque de pipi par terre.
_ Tonton s'est fait pipi dessus ! » Gloussa Kadia.
A ces mots Otabek se redressa immédiatement et sans se retourner fila vers la salle de bain du couple. Yuri y était entré une vingtaine de minutes plus tôt pour se rafraîchir. Otabek se reprocha de ne pas avoir gardé un œil plus vigilent su son Oméga. Celui-ci n'était pas très en forme depuis quelques jours et il tournait dans leur chambre autour de son nid en proie aux tensions. Il n'avait jamais agi ainsi avant se contentant seulement de porter les vieilles vestes de survêtement de son Alpha. Arrivé dans la pièce, il vit Yuri penché en avant agrippant le bord du lavabo de ses mains crispées par la douleur et l'effort. A ses pieds, une flaque indiquait qu'il venait de perdre les eaux.
« _ Yura ! Mon amour, ça va ?
_ Je suis au top de ma forme Beka ! Je suis couvert de liquide amitotique et j'ai des contractions mais sinon c'est le pied ! Je pensais aller à la patinoire pour fêter ça !
_ Excuse-moi c'était une question idiote. Je vais t'essuyer et t'aider à t'habiller.
_ Beka ?
_ Oui amour de ma vie ?
_ Faut qu'on se grouille. J'ai déjà envie de pousser.
_ Mais tu viens juste de perdre...
_ Beka bouge ! Sinon j'accouche sur le carrelage de la salle de bain ! Je te promets que je vais le faire si tu te secoues pas ! »
Les mots de Yuri agirent comme un coup de fouet et Otabek attrapa une serviette éponge sur le bord de la baignoire. Il essuya rapidement les jambes de son Oméga avant de l'aider à enfiler un pantalon de grossesse. Puis, précautionneusement, il le guida jusqu'à leur entrée où Yulia les attenait avec Serik.
« _ Je vais t'aider à mettre tes chaussures et Serik va vous conduire à la maternité. Otabek pourra rester avec toi à l'arrière de la voiture.
_ Otabek tes clés ?
_ Sur l'étagère derrière toi. Ca va mon cœur ? Tu tiens le coup ?
_ Faut qu'on se grouille Beka ! Je te dis que ça va pas tarder.
_ C'est bon tes lacets sont faits. Courage à toi !
_ Ouais c'est ça ! Tu fais gaffe à mon Kolia.
_ Oui je sais. Filez maintenant ! »
Sans plus attendre, Yuri soutenu par Otabek quitta l'appartement suivi par Serik clé de voiture et valise pour la maternité en main. Ils descendirent aussi rapidement que possible au parking avant de sans tarder prendre le chemin de la clinique. Yuri installé sur la banquette arrière du véhicule gémissait serré étroitement par les bras d'Otabek. Doucement l'Alpha lui mordillait la nuque en un geste de réconfort et de soutien. Il était inquiet mais tentait de repousser son angoisse pour ne pas que son Oméga s'agita.
« _ Tout va bien se passer mon amour. Tu vas y arriver.
_ J'ai mal Beka. Ca fait tellement mal ! Je me rappelais plus à quel point ça faisait douiller !
_ Dès qu'on sera arrivé tu auras la péridurale. Ca ira mieux. »
Yuri ne lui répondit que par un long gémissement de douleur. Il bloqua son souffle avant de le relâcher doucement et se concentra sur les contractions qui se faisaient de plus en plus rapprochées à mesure que le temps passait. Serik jeta un coup d'œil inquiet dans le rétroviseur central et vit le beau visage de l'Oméga tordu par la douleur.
« _ Nous y sommes presque Yuri. Dans deux petites minutes. Otabek je vous dépose au dépose-minute. Vous filez et je vous apporte les affaires après avoir garé la voiture. Ca te va ?
_ Oui. Tu entends Yura, on arrive. »
Un grognement lui répondit accompagné d'un regard noir. Yuri se moquait bien des détails pratiques. Il ne voulait qu'une chose que cette douleur prit fin et que son enfant fut entre ses bras. Mais avant qu'il ne puisse lancer une remarque acerbe la voiture s'arrêta et Otabek en sortit rapidement. Puis, l'Alpha aida l'Oméga à s'en extraire et le froid de cette nuit de janvier le mordit impitoyablement. Il fut entraîner à l'intérieur de la clinique et mené sans délai au service de néonatologie.
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* malá kočka : petit chaton en tchèque / Gattino : chaton en italien.
** Qurmetti anam : maman chérie en kazakh / Reseyge qoş keldiñiz: bienvenue en Russie / Raqmet sizge : merci / Qalaysız? Comment vas-tu ? / Men jaqsımın : je vais bien
Helloooooooo !!!!!!!!
Vous ne l'attendiez plus mais si le voici enfin le nouveau chapitre ! Il m'aura fallu un long moment pour l'écrire mais enfin tadam !
J'espère que cette histoire vous plaît toujours et que vous appréciez votre lecture.
Merci beaucoup à celles et ceux qui me suivent et pour vos votes et vos messages. Ca me fait toujours plaisir.
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