Fauves et faucons partie 2

Chapitre 15 - Fauves et fausons partie 2

Saint-Pétersbourg, appartement Altin-Plisetsky

« _Äke, on en met encore ?

_ Encore un petit peu. Attends Kolia, je vais t'aider. »

Otabek prit la petite main entre ses doigts et la guida de sorte à ne pas faire tomber de miel en dehors du pot. Il approcha la tasse fumante et le petit garçon y plongea la cuillère. Il mélangea un moment le miel et la tisane en souriant, fier de bien accomplir la tâche que son père lui avait confié.

« _ Il est encore malade papa ?

_ Ca ira mieux demain mon petit chat. Tu viens, on va aller lui apporter sa tisane.

_ Oui !

_ Doucement Kolia. Papa a besoin de calme. »

Tout en posant un doigt sur ses lèvres, Nikolaï hocha affirmativement la tête. Il ouvrit la marche à Otabek et toqua à la porte doucement. Quand son père lui répondit, il poussa la porte et s'avança vers le lit. Il attendit sagement que Yuri lui dise de monter à côté de lui pour ensuite se blottir contre lui.

« _ Tu es mal papa ?

_ Un peu, Kolia. Et, papa est fatigué. Tu sais, je t'ai expliqué que tous les mois papa avait un peu mal au ventre. C'est pour ça que tu vas quelques jours chez tes oncles et tantes.

_ Ou. C'était bien avec baboulya1 Lilia.

_ Ah oui ? Tu me raconteras demain ?

_ Oui.

_ Kolia, fais un bisou à papa maintenant et va dans ta chambre. J'arrive tout de suite pour te lire une histoire. »

Nikolaï hocha la tête avant d'embrasser son père et de lui faire un câlin. Yuri embrassa également son fils à de multiple reprise tout en le serrant le plus fort possible contre son cœur. Puis, après cette brève séance de câlins, le petit garçon se faufila hors de la chambre de ses parents. Un vague sentiment de culpabilité commençait à envahir Yuri quand la main d'Otabek se posa sur sa joue le forçant à lever les yeux.

« _ Ne culpabilise pas Yura. Tu dois te reposer un peu. Tu pourras t'occuper de Kolia demain quand tu iras mieux. Ca ne fait pas de toi un mauvais papa.

_ Ouais... Mes chaleurs m'ont encore mis KO. J'ai mal au ventre bon sang.

_ C'est toujours douloureux ?

_ Ca passe doucement mais ça me fait ch.... »

Un doigt se posa sur ses lèvres l'interrompant. Otabek se pencha et embrassa son front avant de se lever.

« _ Je vais coucher Kolia. Profite-en pour boire ta tisane. Ca te fera du bien. Je m'occuperai de toi après.

_ Ca marche. A tout de suite. »

Alors qu'Otabek sortait pour aller s'occuper de leur fils, Yuri saisit sa tasse et souffla légèrement sur le liquide brûlant pour le refroidir. Cette tisane à base de camomille lui ferait le plus grand bien. Ca l'aidait toujours après ses chaleurs à se remettre des douleurs qu'il ressentait au bas-ventre. Un des effets secondaires désagréables chez lui était de petites crampes et des tiraillements au niveau de son utérus. Ce n'était pas grave, juste extrêmement désagréable. Un rappel de sa condition d'Oméga. Par chance, Yulia lui avait donné son petit secret pour faire passer en douceur les douleurs et il était vrai que cela fonctionnait bien sur lui. Le matelas qui s'affaissait à sa gauche lui indiqua qu'Otabek venait de s'assoir à son côté.

« _ Comment te sens-tu, mon ange ?

_ Ca va, t'inquiète. C'est normal ces petites douleurs après ce qu'on a fait pendant quatre jours. Kolia dort ?

_ Oui, il est tombé comme une masse. Je crois que Lilia le fait se défouler un maximum quand il est chez elle.

_ C'est possible. Elle sait que j'ai un peu de mal juste après mes chaleurs.

_ Ah oui ?

_ Je vois ton petit air soupçonneux. Elle est tombée par accident sur un de mes carnets une fois. Mais c'est pas important. »

Otabek n'insista pas. Il prit des mains de son compagnon la tasse vide qu'il posa sur le chevet. Il enlaça ensuite tendrement son bien-aimé tout en se couchant contre lui. Yuri se lova avec délice dans les bras de son Alpha. Abri chaud et douillet dans lequel il ne tarda pas à s'endormir.

Saint-Pétersbourg, hôpital international, service gynécologie, section Oméga

Sezim et Yuri jouaient aux dames dans le plus grand calme depuis une heure quand Nikolaï pénétra dans la chambre de son petit-fils. Sezim en le voyant arrêta le jeu, le mit de côté et se leva. Elle salua Nikolaï avant de prendre congé des deux hommes. Nikolaï après son départ s'approcha du grand lit et étreignit son petit-fils avec tendresse. Le vieil homme était heureux de pouvoir rendre visite à Yuri sans devoir se soucier de savoir si son compagnon était présent. Si, au départ il avait fait des efforts, il ne cachait plus que difficilement son ressentiment à l'égard du Kazakh. Sans lui, son Yuratchka irait bien et ne serait pas cloué dans un lit d'hôpital à attendre un enfant. Il ne serait tout simplement pas enceint. Il aurait mené une vie tranquille d'adolescent qui se partageait entre sa passion, sa carrière et ses cours.

« _ Ca va pas Deda ?

_ Tout va bien mon Yuratchka. Comment vas-tu aujourd'hui ?

_ Suis fatigué. Je dors pas bien sans Beka. Il me manque.

_ Ne pense pas à son absence. Il faut prendre soin de toi et reprendre des forces.

_ Diedouchka... C'est mon Alpha. C'est normal qu'il me manque.

_ Yuratchka, il faut que tu penses un peu à toi. Sa présence ne t'aide en rien à aller mieux. Il est inutile à tes côtés.

_ Stop ! Ca suffit ! J'en ai marre! Arrête de toujours t'en prendre à lui ! Il y peut rien si je suis faible ! Il y peut rien si je risque de perdre le bébé ! C'est pas de sa faute tout ça !

_ Yuratchka calme-toi et parle-moi autrement.

_ Nan ! Tu peux pas... »

Les différents appareils chargés de la surveillance de Yuri et de son enfant se mirent à sonner alors qu'un masque de douleur se plaquait sur les traits du jeune homme. Paniqué, Nikolaï appela les infirmières qui ayant vu les alarmes se déclencher en salle de garde arrivaient déjà. Elles allongèrent Yuri et lui mirent un masque à oxygène alors que déjà l'une d'elle faisait appeler le gynécologue de garde en urgence. Une autre faisait signe à un brancardier de venir avec un lit simple sur lequel Yuri fut transféré. Tout alla ensuite très vite et le jeune Oméga fut conduit sans attendre aux urgences gynécologiques.

Plusieurs heures plus tard, Sezim discutait à voix basse avec Erasyl dans la chambre de Yuri. Celui-ci n'était toujours pas revenu de la salle d'examen où il avait été transféré. Lilia et Yakov tentaient de remonter le moral de Nikolaï tout en se relayant auprès des infirmières pour prendre des nouvelles du jeune homme.

« _ Pourquoi lui ? Il n'avait rien demandé alors pourquoi lui ? Mon petit Yuratchka.

_ Son état était instable depuis plusieurs jours malheureusement. Le fait de ne pas être prêt de son Alpha a dû...

_ C'est à cause de votre frère qu'il est dans cet état ! Pourquoi est-ce qu'il n'est pas resté loin de mon petit-fils ?

_ Ca suffit ! Ca suffit tout ça !

_ Je ne vous permets pas !»

Sezim foudroya Nikolaï de ses yeux gris où l'orage grondait. Elle lui fit face et repoussa Erasyl quand celui-ci voulut intervenir. Elle ne laisserait pas cet homme continuer à accuser Otabek de tous les maux sans rien dire. Elle ignora royalement Erasyl et les phéromones qu'il relâchait et osa dire ce que l'Alpha pensait tout bas.

« _ Je vais pourtant me permettre. Vous n'avez pas le droit de parler d'Otabek comme ça ! Vous n'avez pas le droit de tout rejeter sur lui ! Yuri était concentrant, non ? Otabek ne l'a pas forcé, ne l'a pas violé ou marqué de force. Alors oui Yuri est très jeune et Otabek aurait dû attendre un peu mais ce qui est fait est fait. Et Otabek aime profondément Yuri. Ils s'aiment plus que tout tous les deux. Il le respecte et fera tout pour son bonheur et celui de leur bébé. Pourquoi ne pouvez-vous pas voir ça ?! Vous... »

Sezim s'étrangla un instant, un sanglot au bord des lèvres. Lilia et Erasyl intervinrent à ce moment pour calmer la jeune femme dont les cris avaient alertés les infirmières. Avec précaution, Lilia lui entoura la taille d'un bras et la guida vers le couloir. Elle relâcha à son tour des phéromones dans le but d'apaiser la jeune femme qui semblait au bord de la crise larmes. Erasyl se contint du mieux qu'il put mais ne parvint pas à masquer la froideur de son ton quand il annonça qu'il devait prévenir ses frères de la situation.

« _ Et espérons que ça ne dérange pas les plans que nous tentons de mettre en place justement dans le but de protéger votre petit-fils. »

Moscou, quartier de l'université d'État Lomonossov de Moscou

Andreï observait du coin de l'œil Anara. Celle-ci depuis des heures épluchait les réseaux sociaux et les différentes pages consacrés à Yuri. De là où il était, il pouvait aisément suivre les recherches menées par la jeune fille. Il n'aimait pas beaucoup cette jeune fille qu'il trouvait quelque peu perturbée mais il devait lui reconnaître une qualité, la persévérance. C'était dans ce combat qu'elle ignorait mener contre ses frères, l'une de ses meilleures armes. Le temps jouait également en sa faveur. Serik serait bientôt obligé de retourner à Almaty auprès de son épouse enceinte. Quant à Erasyl, il était lui-même englué dans divers problèmes personnels. Restait Otabek, Andreï l'appréciait mais il doutait que le jeune homme soit de taille face à sa sœur. Il avait un sens moral qui le desservait contre sa sœur qui n'en avait que peu voire aucun. Jamais lorsqu'il était entré au service de la famille Altin, il se serait imaginé se retrouver au centre d'une tragédie familiale. Selon lui, c'était une tragédie qui se jouait et bien malin celui qui serait capable de prédire qui remporterait la victoire.

« _ Je sors ! »

Andreï fut tiré de ses réflexions par cette petite phrase lancée par Anara par-dessus son épaule. Il attendit un moment, puis il prit son téléphone et son trousseau de clé. Il ne devait pas trop tarder s'il ne voulait pas se faire distancer.

Il la vit prendre à gauche puis remonter Lomonosovsky Prospekt avant de s'engouffrer dans la station de métro. Il ralentit le pas quand il vit Anara s'arrêter au guichet pour semblait-il demander son chemin. Connaissant la capitale russe, Andreï savait que depuis cette station, et si elle se rendait bien dans le quartier de Lefortovo, le trajet était presque direct par la ligne 1. Il fallait aller jusqu'à la station Krasnosel'skaya puis changer pour prendre un bus. Le trajet était long depuis leur point de départ mais Anara ne reculerait pas. Ce n'était pas un trajet en métro qui allait lui faire peur alors qu'elle avait déjà fait presque quatre milles kilomètres pour rejoindre l'objet de son désir. Elle se remit en marche et Andreï avec elle. Le métro entrait en station quand ils atteignirent le quai. Il prit soin d'entrer deux portes plus loin et de se faire discret. Il profita qu'Anara se plongeai dans un livre pour un instant la quitter des yeux et envoyer un message à Serik. Le jeu ne faisait que commencer.

Saint-Pétersbourg, hôpital international, service gynécologie, section Oméga

Georgi et Mila étaient restés au chevet de Yuri. Après l'éclat de Sezim, Erasyl avait décidé de remmener la jeune femme chez eux. Quant au grand-père de Yuri, Yakov et Lilia l'avait raccompagné à l'appartement qu'Otabek et Yuri habitaient. Le calme revenu, le seul homme pourrait ainsi récupérer et dormir tout son soûl. Il était remonté depuis quelques heures et n'avait pas ouvert les yeux depuis. Ses amis supposaient, avec raison, qu'il devait être épuisé par cette nouvelle épreuve.

« _ Tu crois que ça va aller ?

_ Je ne sais pas Georgi. Il est tellement faible. A chaque fois que l'on croit qu'il va mieux son état se dégrade brutalement.

_ Tu penses que ça vient de ses blessures suite à son agression ou bien c'est parce qu'il est trop jeune pour avoir un enfant ?

_ Je ne sais pas... En tant qu'Oméga son corps est fait pour mais c'est vrai que dix-sept ans c'est jeune pour tomber enceint. C'est encore lui-même un enfant.

_ Pas faux pourtant...

_ Pourtant ?

_ Il a quand même pas mal mûri depuis sa rencontre avec Otabek. »

Un petit grognement attira leur attention. Yuri bâtait des paupières et remuait péniblement. Lorsqu'il parvint à faire un mouvement un peu plus rapide que les autres un petit miaulement de douleur lui échappa.

« _ Attends Yuratchka. On va t'aider. »

Plusieurs jours s'écoulèrent sans que Yuri ne veuille revoir son grand-père. Le jeune homme profondément blessé ruminait dans son coin. Il n'adressait pas plus la parole à ses visiteurs qui soit désespéraient soit s'agaçaient devant son attitude. Seule Lilia parvenait à lui faire desserrer les dents ou quitter son téléphone des yeux. La situation en était là lorsque Sezim et Erasyl entrèrent dans la chambre. Ils n'étaient pas revenus voir Yuri depuis l'incident de peur de perturber le jeune homme mais aujourd'hui il avait une bonne nouvelle à lui annoncer.

« _ Bonjour, Yuri. Comment te sens-tu ?

_ Salut. Ca va. »

Le jeune homme replongea dans la lecture de son fil d'actualité qui ne lui apprenait pas grand-chose de nouveau puisqu'il l'avait déjà actualisé une bonne dizaine de fois en l'espace d'une vingtaine de minutes. Il n'avait pas envie d'avoir de la visite. Il n'avait en fait qu'une envie, que son Alpha revienne enfin de Moscou.

« _ Otabek rentre dans deux jours.

_ Hein ?! C'est vrai ? Mais pourquoi il m'a pas envoyé de message ?

_ Je l'ai su par Serik. Je vois que tu es content.

_ Ouais ! Mais... »

Son visage s'assombrit soudain à la soudaine réalisation qu'il n'avait pas dit à son Alpha qu'il y avait eu une nouvelle alerte. Il avait dit à Otabek être fatigué mais il ne lui avait rien dit sur son passage aux urgences gynécologiques. Il ne lui avait rien dit non plus sur les causes de cet incident. Otabek n'en avait pas parlé lors de leurs appels, il semblait donc tout ignorer. Nerveusement, Yuri se mordit la lèvre inférieure avant de s'attaquer à l'ongle de son puce. Une main douce et dorée se posa sur la sienne lui faisant arrêter son geste et lever les yeux.

« _ Puis-je faire quelque chose pour toi Yuri ? Peut-être voudrais-tu manger quelque chose ou que j'aille t'acheter un autre livre ou magazine.

_ Je... Non... Je...Beka... »

Sezim cueillit du bout des doigts les larmes du jeune homme et s'assit sur le bord de son lit. Elle le prit délicatement dans ses bras et le berça pendant qu'il déversait ses larmes contre sa poitrine. Inquiets, Lilia et Erasyl s'approchèrent mais d'un geste Sezim leur indiqua la porte. Yuri n'avait pas besoin d'eux. Il avait besoin d'une oreille compatissante et dénuée de jugement. Il lui fallait une oreille d'Oméga capable d'écouter et de comprendre sa peine.

« _ Laisse tes larmes couler. Ca va te faire du bien de relâcher un peu toute cette pression.

_ Beka me manque.

_ Je sais. C'est très dur pour toi en ce moment. Tu as besoin de sa présence. Vous avez besoin de sa présence.

_ J'ai eu tellement peur de perdre le bébé. Je m'en serai pas remis. Et j'aurai jamais pu lui dire.

_ Mais ce petit bonhomme est encore en toi. Il s'accroche de toutes ses forces. Comme toi.

_ C'est tellement compliqué et je peux même pas parler avec papy.

_ Tu le peux Yuri. Tu peux lui parler et tu peux lui faire comprendre que ça te fait du mal de l'entendre critiquer ton Alpha.

_ Mais, je...

_ Tu n'es plus ce petit garçon de trois ans abandonné par sa mère. Tu as dix-sept ans et tu es un adulte maintenant. Je sais que beaucoup dans ton entourage te voit comme un enfant mais pas moi, ni Otabek, ni Erasyl, ni Lilia... Pour nous tu es un courageux jeune homme qui fait face du mieux qu'il peut à la situation. Pour que les gens te comprennent, il faut leur parler Yuri. Personne ne peut deviner ce que tu as au fond de ton cœur.

_ Beka, il y arrive toujours, lui.

_ Mais nous ne sommes pas tous aussi doués que ton super Alpha. J'ai bien compris que tu as le meilleur, le plus beau, le plus grand, le plus fort et qu'aucun autre ne lui arrive à la cheville ! »

Yuri gloussa et un faible sourire étira ses lèvres. Sezim balaya en douceur la dernière larme qui s'échappait des yeux émeraude.

« _ Est-ce que je peux faire quelque chose d'autre pour toi ?

_ Oui... Je voudrais parler à mon grand-père.

_ Très bien. Je vais demander à Erasyl d'aller le chercher. Autre chose en attendant ?

_ J'ai terminé mon livre hier. Il y a un tome deux. Tu pourrais aller l'acheter ?

_ Bien sûr. Je vais y aller. »

Sezim se leva et au moment où elle allait sortir de la chambre, elle entendit un simple « merci » murmuré depuis le lit.

Moscou, quartier de Lefortovo

Anara remontait la rue vers l'Institut d'ingénierie énergétique de Moscou à pas pressé. Elle était agacée de ne rien trouver. Elle tournait en rond depuis plus de deux heures cherchant les différentes cliniques pour Omégas du quartier. Elle avait d'abord cru que ce serait simple, une formalité, mais il s'avérait que l'endroit regorgeait de cliniques aussi bien privées que publiques. Elle avait été sotte de penser qu'elle trouverait la bonne d'un claquement de doigts. Et puis, chercher les cliniques était une chose mais comment savoir si Yuri y était suivi ? Elle se mit à crier au milieu de la rue attirant sur elle les regards des passants. Elle n'y prêta pas attention et au bout d'une poignée de minutes elle se remit en marche tout en continuant à se parler à elle-même à voix haute.

« Otabek, si je te trouve avant de trouver mon Yuri, je te promets que je t'écorche vif ! Tu n'avais pas le droit de me le prendre. Il est à moi ! A moi toute seule ! Bordel, je veux ma fée ! »

Andreï qui la suivait fut choqué par un tel comportement. Il savait la jeune fille instable mais là ça dépassait son entendement. Il décida de continuer à la suivre en prenant le risque de se rapprocher un peu. Il sortit son téléphone et commença à filmer. S'il voulait convaincre Serik de la folie et de la dangerosité de sa sœur, il lui faudrait des preuves.

Saint-Pétersbourg, appartement Altin-Plisetsky

Otabek finissait de boucler sa valise sous le regard inquiet de son fils. Quand ses yeux rencontrèrent ceux de son père, le petit garçon se leva, se balança d'un pied sur l'autre puis commença à tourner en rond dans la chambre. Inquiet du comportement de son fils, le jeune homme le prit dans ses bras et relâcha des phéromones pour le calmer.

« _ Ca ne va pas mon Kolia ?

_ Pourquoi vous partez ?

_ Nous te l'avons expliqué mon trésor. Nous allons à Barcelone pour une compétition. Tu vas rester avec tonton Serik et tata Yulia pendant quelques jours.

_ Pourquoi je peux pas venir ?

_ C'est une compétition et les enfants ne peuvent pas venir. On reviendra très vite avec papa, promis mon petit cœur.

_ Mais je veux pas aller chez tata et tonton. Je veux rester avec vous. »

Le petit garçon se mit à sangloter et Otabek resserra son étreinte. Il le câlina un long moment seul avant d'être rejoint par Yuri qui rentrait tout juste de la patinoire.

« _ Papa, veux aller avec vous.

_ Non mon amour. Ce n'est pas possible. Mais avec äke on va rentrer tout de suite après la compétition. Et on te rapportera un gros cadeau. Tu veux un autre jouet en bois ?

_ Non... Un livre avec des images.

_ D'accord. »

Il embrassa son fils tendrement et le prit dans ses bras sous le regard désapprobateur de son compagnon. Après un moment, Yuri reposa son fils sur le sol et celui-ci partit jouer avec Potya et Finist, leur second chat.

« _ Tu ne devrais pas porter Kolia. Si tu es enceint...

_ Ce n'est pas le cas. J'ai fait un test.

_ Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

_ Pour dire quoi ? Désolé Beka on a encore baisé comme des lapins mais ça a rien donné ! »

Le ton cassant de Yuri ne surprit pas son compagnon. Otabek prit doucement son Oméga dans ses bras. Il le serra contre lui et embrassa sa tempe.

« _ Excuse-moi Yura. Je ne voulais pas te faire de peine.

_ Nan c'est rien. Désolé de m'être fâché. C'est pas de ta faute.

_ Après cette compétition la saison sera terminée. Ca ira peut-être mieux. Tu pourras te reposer et tu auras l'esprit plus libre. Et puis, tu auras tes chaleurs quand nous serons à Barcelone... Etre là-bas nous portera peut-être chance.

_ Beka... Ouais. J'ai terminé de préparer les affaires de Kolia avant d'aller à la patinoire. Il faudra juste penser à prendre son livre de contes demain quand on partira.

_ Tu as encore besoin du livre ? Tu ne connais pas La Plume de Finist-Clair-Faucon ou Vassilissa la très belle par cœur ?!

_ Bla bla bla cher Alpha ! »

Un éclat de rire lui répondit puis des lèvres se posèrent sur sa marque dans sa nuque le faisant frissonner. Otabek lui embrassa le cou et fit descendre l'une de ses mains le long de son dos avant qu'une petite voix ne les fasse s'éloigner l'un de l'autre. Kolia arrivait en tenant tant bien que mal un petit chat noir dans ses bras. Il n'était pas temps pour eux de s'aimer. Ils devaient finir leurs préparatifs pour leur voyage et s'occuper de leur fils bien-aimé. Alors que Yuri partait en direction du salon, Otabek profita de ce moment de solitude pour aller prendre un petit paquet dans son tiroir de la commode. Il sourit et se hâta d'aller cacher le paquet parmi ses vêtements.

Saint-Pétersbourg, hôpital international, service gynécologie, section Oméga

Nikolaï entra dans la chambre de son petit-fils avec prudence et le plus silencieusement possible. Il ne voulait pas le réveiller ou troubler sa tranquillité. Quand Erasyl était venu le chercher pour le conduire à l'hôpital, il avait d'abord craint le pire puis il lui avait été expliqué que Yuri le réclamait. Il avait été heureux de pouvoir venir rendre visite à Yuri qui n'avait pas voulut le recevoir pendant plusieurs jours après leur dispute. Le vieil homme avait alors pris le temps de réfléchir à ses paroles et à ses actes. La culpabilité et la honte l'avaient alors envahi. Il avait promis de faire des efforts pour Yuri et d'accepter son compagnon mais il n'avait pas tenu parole. Il avait provoqué une dispute qui aurait pu avoir de funestes conséquences.

« _ Bonjour Deda.

_ Bonjour mon petit Yuratchka. Comment te sens-tu aujourd'hui ?

_ Ca va. Le bébé va bien aussi.

_ Je suis content que vous alliez bien tous les deux. »

Nikolaï s'approcha du lit et s'assit sur le fauteuil que Yuri lui désignait. Ils gardèrent tous deux le silence ne sachant comment se parler après leur dispute. Yuri caressait nerveusement son ventre, sentant son enfant bouger, tandis que Nikolaï tripotait nerveusement le sachet qu'il tenait en main.

« _ Tiens, je t'ai fait des pirojkis. Ceux au chou.

_ Merci, c'est gentil. Ca va à l'appartement ? Tu as ce qu'il te faut ?

_ Oui tout se passe bien. Tu manques à Potya. Elle dort sur ton oreiller.

_ Ouaïs, elle fait toujours ça quand je suis pas là. Elle est pas prête de me revoir. Ca ira mieux quand Beka passera à l'appartement. Elle fait partie des Plisetsky qui aiment bien Otabek.

_ Yuri, je...

_ Laisse-moi parler, grand-père. »

Yuri tourna les yeux vers le vieil homme qu'il aimait de tout son cœur. Il planta ses émeraudes dans les émeraudes voilées, usées par le temps. Il devait se jeter à l'eau tant qu'il en avait le courage. Il ne devait pas reculer et dire à son grand-père, au risque de le blesser, ce qu'il avait sur le cœur. Il prit une grande inspiration et commença d'abord d'une vois mal assurée puis plus ferme.

« _ Je sais que tu n'aimes pas beaucoup Otabek. Enfin, avant tu l'aimais bien mais c'était avant qu'on soit lié, les Mondiaux et tout ça. Je suis désolé que tu n'apprécies pas celui avec qui j'ai décidé de passer ma vie mais je ne vais pas quitter mon Alpha, mon âme-sœur, le papa de mon bébé. Il va falloir que tu l'acceptes. J'ai dit à Otabek que je ne pouvais pas couper mon cœur en deux et que je ne voulais pas choisir entre vous deux. Il fait des efforts pour bien s'entendre avec toi. Il le fait pour moi mais... Papy, je t'aime plus que tout mais si je dois finalement faire un choix.... Ne m'oblige pas à choisir. Parce que j'ai besoin de toi et le bébé aussi va avoir besoin de toi. Je sais que pour toi, je suis trop jeune pour tout ça mais c'est arrivé alors...Maintenant, tu dois me faire un peu confiance. Je peux y arriver. Et je sais que Beka sera toujours là pour moi et notre enfant. Il n'est pas comme mon père Alpha et je ne suis pas ma mère Oméga. Nous, nous sommes plus forts qu'eux. Nous allons y arriver. »

Yuri se tut après cette longue tirade. Il avait essayé d'être le plus clair et le moins décousu possible. Il avait essayé de dire tout ce qu'il voulait dire à son grand-père. Il n'était pas certain d'y être parvenu mais il avait fait de son mieux. Il attendait maintenant la réaction du vieil homme qui l'avait écouté sans l'interrompre.

« _ Je suis désolé Yuratchka. Je suis désolé de t'avoir fait de la peine. Je voulais te protéger et je n'ai pas vu que je te faisais du mal. Tu as raison quand tu dis que j'ai du mal à accepter ton lien avec Otabek et que je te pense trop jeune pour tout ça. Mais on ne peut pas revenir en arrière, n'est-ce pas ? En vérité, j'aurai aimé que tu restes ce petit garçon que j'ai recueilli et dont j'ai pris soin. Je suis un vieil idiot et j'aurai aimé pouvoir te garder encore un peu pour moi. Et, il est arrivé dans ta vie et en une année je t'ai vu grandir d'un coup. Je t'ai vu te jeter à corps perdu dans cette relation au risque de te bruler les ailes. Je ne voulais pas que tu vives ce que ta mère à vécu. Et puis, il y a eu les Mondiaux et... J'ai cru te perdre pour toujours. Je n'ai que toi Yuratchka. Ta grand-mère est morte, ta mère s'est volatilisée. Pardonne-moi, mon enfant.

_ Papy... »

Des larmes dévalèrent les joues du jeune Oméga qui tendit les bras vers son aïeul. Ce dernier se leva et le serra très fort contre lui.

« _ Je te promets Yuratchka de bien me comporter. Je vais faire des efforts pour toi et pour ton bébé.

_ Merci papy. »

Almaty, Kazakhstan, résidence Altin

Nurasyl avait pris l'habitude de venir voir son père puis de passer un moment avec Olga. Pour apaiser les soupçons de l'Oméga et ceux de sa mère, il avait prétexté vouloir apaiser les esprits et les tensions. En permettant à Olga de sortir quelques heures ou de fréquenter d'autres parties de la maison normalement lui étant interdites, il l'éloignait de Yulia. Ainsi, les jeunes gens passaient quelques heures quotidiennement ensemble. Ils bavardaient autour d'une tasse de thé, se promenaient quand la chaleur n'était pas trop étouffante dans les jardins ou se rendaient au petit lac artificiel aménagé dans le parc. Petit à petit la jeune femme apprenait à connaître ce jeune homme qu'elle n'avait rencontré qu'en de rares occasions.

« _ Je croyais que vous étiez marié.

_ Je l'étais mais mon Oméga a fait annuler notre mariage sous prétexte que mes phéromones l'indisposaient. En fait, elle voulait épouser un autre homme qu'elle fréquentait avant moi.

_ Je vous prie de me pardonner, Alpha. Je n'aurai jamais dû aborder le sujet de votre vie intime. »

Olga baissa les yeux vers le sol et émit des phéromones alors que la culpabilité l'envahissait. Nurasyl les sentit et se retourna pour regarder la jeune femme. Il s'approcha lentement d'elle et d'un doigt sous son menton lui fit relever les yeux.

« _ Ce n'est rien, Olga.

_ Je n'ai pas à vous poser de telles questions, Alpha.

_ Olga, tout va bien. Regarde-moi. »

Docilement, la femme releva les yeux. Une pointe de crainte au fond d'elle commençait à lui serrer le ventre. Il allait la punir pour son audace. Mais à son plus grand étonnement, les lèvres de Nurasyl se posèrent doucement sur sa joue.

« _ Je sais que tu es promise à un autre mais pourrais-tu réfléchir à ceci ?

_ Je...

_ S'il te plaît. »

Au ton suppliant employé, Olga n'eut pas le cœur d'opposer un refus sans appel. Elle hocha la tête en rougissant et saisit le bras que Nurasyl lui tendait. Ils continuèrent leur petite promenade en silence, plongés dans leurs pensées respectives.

Barcelone, Espagne

Le couple déambulait dans les rues étroites du Barri Gòtic main dan dans la main. Profitant de la fin d'après-midi pour se détendre avant de reprendre l'entraînement d'arrache pied avant leur dernière compétition de la saison, Otabek et Yuri savouraient une promenade en amoureux. Otabek attira son compagnon prêt de lui et lâcha sa main pour venir enlacer sa fine taille de son bras, faisant rougir le concerné.

« _ Beka... On nous regarde !

_ Oui, et c'est bien le problème. On te regarde un peu trop mon divin Oméga. »

Yuri ne put s'empêcher de glousser devant la réaction de son Alpha. Il avait effectivement senti les regards glisser sur lui d'autres Alphas mais il les avait royalement ignorés. Il n'avait d'yeux que pour l'homme qui partageait sa vie et la rendait belle. Un sourire béat se colla à ses lèvres alors qu'un souffle tiède vint lui chatouiller le creux de l'oreille.

« _ A quoi tu penses mon ange ?

_ A rien de précis. Juste que je suis heureux d'être là avec toi. »

Les lèvres chaudes se posèrent sur la marque de Yuri le faisant frissonner de bonheur. A contrecœur pourtant il s'éloigna légèrement de son compagnon. Ignorant le regard que lui lançait Otabek, Yuri l'obligea à la suivre avant de s'arrêter devant une petite boutique.

« _ Qu'est-ce que tu fais ?

_ J'ai loué une moto.

_ Comment ? Avec quel permis ? Tu ne conduis pas.

_ Ben... Je t'ai emprunté le tien pour réserver. J'ai payé avec mon compte pour pas que tu vois.

_ Yura, c'est gentil mais je ne sais pas si c'est une bonne idée.

_ Ca te fait pas plaisir ? »

Devant la mine visiblement déçue de son amoureux, Otabek fondit. Yuri avait visiblement voulu lui faire plaisir et lui se comportait comme un grincheux. Son Oméga et lui ne faisaient plus beaucoup de sorties à moto depuis la naissance de Nikolaï, peut-être était-ce l'occasion. Et puis, quel meilleur endroit que cette ville ?

« _ Ca me fait très plaisir mon ange.

_ Vrai ?

_ Oui, bien sur ! Et pour te le prouver nous allons faire une longue promenade ensemble.

_ Tu m'emmènerais au parc Güell ?

_ Tout ce que tu veux mon amour. »

Saint-Pétersbourg, hôpital international, service gynécologie, section Oméga

« _ Beka ! »

Yuri hurla quand il vit entrer Otabek dans sa chambre d'hôpital. Le jeune Alpha quant à lui ne prit pas la peine de saluer les autres occupants de la pièce et se rua sur son Oméga. Il l'enlaça le plus doucement possible et fourra son nez dans ses cheveux pour mieux s'abreuver de l'odeur des phéromones tant aimées. Il ne relâcha pas son étreinte pendant un long moment savourant de sentir toutes les tensions quitter son corps et celui de son bien-aimé. Lorsqu'enfin ils se séparèrent ce ne fut que pour mieux s'embrasser, se dévorer, se nourrir du souffle de l'être aimé.

« _ Un peu de tenue vous deux. Vous n'êtes pas seuls. »

Brusquement ramenés à la réalité, ils cessèrent leur intense baiser sans pour autant se séparer. Bien décidé à ne pas laisser son Alpha repartir, Yuri, se redressa plus que ce qu'il lui était permis obligeant par là Otabek à passer derrière lui pour réajuster les oreillers. La vue ainsi libérée, Yuri put fixer intensément l'importun qui avait osé interrompre ses retrouvailles avec son Alpha bien-aimé.

« _ Yura, recouche-toi un peu. Voilà, comme ça.

_ Merci Beka. »

Son attention de nouveau rapportée sur Otabek, un regard aguicheur et un ronronnement de plaisir accompagnèrent sa réponse. Yuri était ravi d'avoir de nouveau son Alpha auprès de lui et il était déterminé à la garder. Toutefois, un raclement de gorge impatient lui fit pourtant détourner les yeux et il ne put empêcher un grognement de lui échapper.

« _ T'es qui toi ?

_ La phrase correcte est ...

_ Je t'ai demandé qui tu es !

_ Yura, du calme. C'est Serik, mon frère aîné.

_ Oui, je suis le frère aîné d'Erasyl et d'Otabek. Et je....

_ C'est toi qui me prends mon Beka ! »

Serik ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel à cette remarque. Il ne prenait pas « son Beka » à ce jeune insolent, il faisait en sorte que leur plan fonctionne. Il se retint cependant de relever la pique lancée par le jeune Oméga. Contrairement à Otabek, il était au courant des dernières péripéties médicales et il ne voulait pas en causer d'autre. Aussi, il reprit avec le plus grand calme.

« _ Je fais en sorte de déjouer les plans de ma famille contre vous. Ce qui m'oblige à...

_ Me prendre mon Alpha alors que j'ai besoin de lui !

_ Yuri marque un point !

_ Sezim ! Erasyl te laisse intervenir comme tu l'entends mais j'aimerai...

_ Je peux parler à Yulia si tu préfères. Je peux luidire que tu contraries un jeune Oméga enceint...

_ C'est qui Yulia ? »

Yuri se redressa immédiatement, très intéressé par les propos de Sezim. Il commençait ç beaucoup l'apprécier l'Oméga d'Erasyl, car pour lui, elle était bien l'Oméga du jeune homme.

« _ Son épouse, son Oméga et sa liée.

_ Et il s'écrase devant elle ?

_ Je pourrais avoir votre attention et terminer mes phrases ?

_ Je suis fatigué et je veux être seul avec mon Beka, mon Alpha, mon lié. »

Un soupir d'exaspération franchit la barrière des lèvres de Serik qui bouillait intérieurement. Lorsqu'il voulut prendre la parole, un feulement se fit entendre et Otabek lui fit signe de battre en retraite. Yuri n'était visiblement pas d'humeur à l'écouter et pour être franc lui non plus. Il n'avait qu'une envie, être avec son amoureux à la câliner et caresser son ventre en espérant sentir bouger leur enfant. Ainsi, écoutant la voix de la sagesse, tous prirent congés du couple rapidement les laissant savourer leurs retrouvailles.

« _ Tu aurais pu être un peu plus aimable avec Serik, mon amour.

_ Pas envie. J'ai juste envie d'être avec toi.

_ Tu me fais une place ? »

Yuri hocha la tête alors qu'Otabek l'aidait à se mouvoir dans le lit double. Depuis que le jeune Oméga était hospitalisé dans ce service, il bénéficiait de quelques avantages liés à son second genre. Ainsi, un lit double était à sa disposition et son Alpha pouvait rester dormir avec lui toutes les nuits sans restrictions. Otabek se calla confortablement contre les oreillers et le corps de son bien-aimé vint se lover contre le sien. Il embrassa les cheveux d'or alors que ses mains caressaient la rondeur de son ventre.

« _ Je suis tellement heureux d'être auprès de toi mon ange.

_ Je suis heureux que tu sois là mon Beka. »

Barcelone, Espagne, Parc Güell

Ils arrivèrent au parc Güell alors que le soleil amorçait sa descente vers l'horizon. Otabek gara la moto puis attrapa la main de Yuri avant de se diriger vers l'entrée du parc. Des souvenirs plein la tête, le couple dépassa le portail et les deux petites maisons en forme de champignon. Ils gravirent les marches et passèrent devant la célèbre salamandre en mosaïque. Ils ne se pressèrent pas, savourant ce petit moment qui les ramenait des années en arrière. A cette époque, Yuri avait quinze ans et Otabek dix-huit. L'un débutait tout juste sa carrière senior alors que l'autre patinait dans cette catégorie depuis quelques années. L'un ignorait tout de l'Alpha à ses côtés alors que l'autre savait tout de l'Oméga qui l'accompagnait. Arrivés en haut de l'escalier, Yuri tira doucement sur la main de son compagnon et le guida sur un petit balcon.

« _ Tu te souviens ?

_ Oui Yura. Comment l'oublier ? Je t'ai amené ici après t'avoir sauvé de tes fans. Je t'ai dit la vérité et proposé mon amitié.

_ Oui. Et quand j'ai serré ta main... J'ai senti notre lien. Enfin, je n'avais pas compris encore que c'était ça. Mais toi tu savais déjà.

_ Oui. Je le savais. Je l'ai toujours su. »

Otabek se rapprocha de celui qu'il aimait depuis tant d'années et l'embrassa tendrement. Enfin, il l'embrassait dans ce parc alors qu'il s'y était refusé lors de leur première visite.

« _ Beka, je voudrais qu'on ajoute une date sur la plaquede nos dates importantes de mon collier.

_ Laquelle mon ange ? Je croyais que tu n'étais pas...

_ Je ne le suis pas c'est vrai. Pas encore. Peut-être qu'avec de la chance ça marchera à mes prochaines chaleurs.

_ Alors tu veux ajouter quelle date mon ange ? »

Yuri prit un instant pour rassembler tout son courage et mobiliser toute sa volonté pour ne pas fuir. Il prit une grande inspiration puis lâcha dans un murmure.

« _ Est-ce que tu veux bien m'épouser ? »

Le silence lui répondit et il sentit les larmes lui piquer les yeux. Il s'était trompé. Otabek voulait bien de lui pour porter sa progéniture mais pas pour époux. Il s'écarta de son compagnon tentant de refouler ses larmes et la tempête enflait en lui. Mais, deux bras le saisirent et le plaquèrent contre un torse puissant. La voix brisée par l'émotion, Otabek délivra par sa réponse Yuri.

« _ Oui mon amour. Bien sûr que je veux t'épouser. Je le veux plus que tout au monde. Mon merveilleux amour. Je t'aime tellement mon Yura.

_ C'est vrai ?! Tu veux bien ?!

_ Bien sûr ! N'en doute pas un seul instant. Ne le sais-tu donc toujours pas après toutes ces années ? Tu possèdes mon corps, mon cœur et mon âme, mon Yura.

_ Tu possèdes aussi mon corps, mon cœur et mon âme, mon Beka. Je t'aime. »

Yuri se hissa sur la pointe des pieds alors qu'Otabek se penchait légèrement pour venir cueillir ses lèvres. Ils échangèrent un long baiser. Un baiser où ils laissèrent s'exprimer tout l'amour qu'ils ressentaient l'un pour l'autre.

« _ Yura, moi aussi j'avais une surprise pour toi.

_ Une surprise ? »

Un petit hochement de tête, une main qui se glissa dans une poche intérieure de la veste en cuir du Kazakh et au bout d'un instant une petite boîte fit son apparition.

« _ En attendant que nous fassions graver la plaque, me ferais-tu le bonheur de porter ceci ? »

Yuri, la gorge trop nouée pour parler, acquiesça vivement. Tout sourire, Otabek glissa à son annulaire droit2 un anneau d'or blanc dans lequel étaient serties deux petites pierres. Se faisant, il capta les yeux émeraude et murmura.

« _ Les deux pierres nous représentent. Pour toi, une aigue-marine et pour moi une tourmaline.

_ C'est magnifique. Tu avais prévu...

_ Je voulais te demander ta main ce soir après une promenade en bord de mer. Tu m'as devancé de quelques heures. »


1. Baboulya signifie mamie. Pour dire grand-mère en russe on utilise le mot babouchka.

2. En Russie, la bague de fiançailles et l'alliance se portent toujours à l'annulaire droit. La bague de fiançailles est un phénomène assez récent en Russie et vient de l'influence de l'Occident.

Les pierres sur la bague de fiançailles de Yuri correspondent à leur mois de naissance.

L'aigue-marine pour le mois de mars. Elle symbolise le calme et la sérénité. (Tout Yuri...)

La tourmaline pour le mois d'octobre. Elle symbolise l'immortalité.

@Narumeinuzuka10 ma demade après la tienne et petit clin d'oeil avec la camomille!

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top