9

Du sang, des corps, des débris : voilà ce qui l'entourait. Hermione, les cheveux plaqués sur le visage, essoufflée, tentait de se frayer un chemin parmi les horreurs que faisait la guerre. Du sang coulait de sa joue ; des plaies à la pommette rendait sa vision douloureuse, à tel point qu'elle fermait à moitié l'œil. Elle boitillait, cherchant un endroit calme ou se poser quelques secondes. Seule, elle se baladait dans la cour de Poudlard. C'est là qu'elle le vit : Drago, recroquevillé dans les débris du château. Le blond tremblotait. Avait-il froid ? Elle ne réussit à le savoir. Elle l'observa quelques secondes. Il avait peur, son regard cherchait comme un prédateur. Était-il en danger ? Elle ne bougea pas. Son visage recouvert de poussière lui faisait un teint de mort. Des cernes noirs s'ajoutaient à son regard éteint. Ses vêtements déchirés étaient d'un noir intense.

Qu'est-ce que tu fais là Malefoy? Tu ne devrais pas être avec les autres ?

Puis, comme un bébé qui sort de son terrier, Drago Malefoy se redressa, sortant de sa cachette.

- Drago ! S'exclama quelqu'un.

Hermione sursauta. Puis, comme par réflexe, elle se cacha derrière un des murs, observant de loin la scène. Lucius Malefoy venait d'arriver, furieux, le regard froid. Il s'approcha de son fils qui semblait alors apeuré à la vue de son père.

- Comment oses-tu déshonorer ta famille ? Comment oses-tu, Drago Malefoy, fuir comme un lâche ? Est-ce comme ça que je t'ai élevé ?

- Non, père... Répondit-il la voix éteinte.

Lucius tendit sa baguette vers Drago qui recula d'un pas, effrayé. Hermione sentit les battements son cœur s'accélérer. Ainsi le blond avait fui la guerre ? Pourquoi ?

- Tu me fais honte, comment as-tu pu fuir la guerre, comment as-tu pu nous abandonner, nous tous ? Comment as-tu pu abandonner le maître ?

Le blond baissa les yeux, silencieux.

- Réponds moi ! Cria son père en agitant sa baguette.

Hermione contemplait la scène impuissante, immobile. Elle en venait même à avoir de la peine pour le garçon qui semblait totalement perdu.

- Je... Je ne sais pas père.

- Ne me mens pas !

Drago trembla et se recroquevilla sur lui-même. Il avait peur.

- J'avais peur...

Son père ricana, un rire noir qui fit frissonner Hermione. Elle se pencha un peu plus, cherchant un possible issu pour le blond. Il était pris au piège. L'homme rit de nouveau :

- Tu es un lâche Drago.

Il tendit une nouvelle fois sa baguette vers son fils, le menaçant de nouveau.

- Et tu sais comment les lâches doivent finir.

- Non s'il vous plaît... Je ne recommencerai pas.

Hermione sentit son pouls s'accélérer. Drago Malefoy allait mourir sous ses yeux, sans qu'elle ne puisse rien faire. Troublée de la peine qui l'affligeait pour son ennemi, elle observait la querelle entre le père et le fils.

- Tu me dégoûtes, tu n'es plus mon fils... Tu as sali la famille Malefoy, tu dois en payer le prix.

- Non...

- AVADA KEDAVRA.

Et à cet instant Hermione se redressa et étouffa un cri dans ses mains qui se posèrent sur sa bouche ; un cri d'horreur, de peur et de peine. Son regard croisa celui de Lucius Malefoy, dans lequel elle ressenti la haine qui l'avait poussé à tuer son fils. Le corps de Drago tomba au sol, les membres raidis, le visage pâle. Avant de partir en courant, Hermione pu lire dans ses yeux les remords, la peine et l'appel à l'aide, comme si son corps lui demandait de l'aider. Mais il était trop tard : étendu sur le sol, son corps devait être froid comme le marbre. Elle prit la fuite, impuissante. Une larme coula sur sa joue. Elle se sentait coupable : même si Drago était son ennemi, même s'il l'avait faite souffrir depuis tant d'années, personne ne méritait une telle mort. Il avait voulu se racheter, avoir le choix en prenant la fuite, et le voilà mort. Hermione se sentait coupable d'avoir regardé sans ne rien faire. Quand elle revint sur les scènes du crime quelques minutes plus tard, il ne restait plus que le corps inerte du garçon, qu'elle tint une fraction de secondes contre elle en s'excusant de n'avoir rien fait.

Elle se rappelait alors ; assise sur son lit, elle savait. Drago ne se souvenait pas de sa mort, c'est ce qu'il lui avait dit lors de leur première discussion : elle s'en souvenait. Il cherchait des réponses, elle les avait. Un certain lien les liait alors, tout ça autour de la mort du blond. Étaient-ils liés parce qu'elle se sentait coupable ? Était-ce un message pour qu'elle se rachète, pour qu'elle passe à autre chose ? Cette guerre ne cessait de la hanter. La mort de Ron, de Drago, de tous les autres la hantait jour et nuit. Sortie d'une dépression, Hermione avait choisi de retourner à Poudlard pour reprendre une vie normale, pour tenter de finir sa scolarité. Pour oublier. Et la voilà face à ce garçon dont elle se sentait coupable de la mort. Tout ça n'était pas un hasard. Et si tout était lié ? Drago, Hermione, Poudlard... Mais qui pouvait lui vouloir du mal ? Cette question sans réponse occupait son esprit depuis des jours. Les faits inexplicables qui se déroulaient dans le château l'inquiétaient particulièrement. Elle soupira. Dans le dortoir éteint, elle était seule, assise sur son duvet, à observer la lune illuminer le ciel. Elle empoigna le livre et se mit à lire.

Elle coupa sa lecture. Quelle était la récompense promise à Drago ? Quelle était précisément sa mission ?

Elle soupira.

Hermione arrêta de respirer. Son lien au blond réunissait tous les critères décrits par le manuel qu'elle tenait dans ses mains. Elle frissonna en repensant au contact froid de la peau de Drago contre la sienne. L'empoigne qu'il avait était presque réelle. Mais comment leurs vies pouvaient-elles être aussi liées, alors qu'ils étaient de parfaits opposés ? Comment leurs vies pouvaient reposer l'une sur l'autre alors qu'ils avaient toujours été ennemis ?

- Tout va bien ? Demanda Drago.

Elle sursauta. Dans la pénombre, le blond venait d'apparaître. Elle se glissa sous la couette timidement, vêtue d'un débardeur assez léger. Ses joues s'empourprèrent.

Tu pourrais prévenir avant d'arriver ?

Il leva les yeux au ciel :

- Si tu penses que c'est un décolleté qui va me transformer en bête affamée, tu te trompes.

Je n'ai jamais dit ça ! Simplement arrête de venir dans mon intimité veux-tu ?

- Compris chef, répondit-il d'un air amusé.

Qu'est-ce que tu fais là ?

- J'ai senti que quelque chose n'allait pas. Enfin, tu avais l'air troublée et inquiète, mais aussi triste. Je venais seulement m'assurer que tout va bien.

Hermione écarquilla les yeux. Jamais elle n'aurait pensé entendre ces paroles sortir de la bouche de Drago Malefoy.

- Bah ne fais pas cette tête !

Elle soupira. Il fallait qu'elle s'y habitue. Elle sourit timidement.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top