5
La semaine passa vite. Drago ne s'était pas présenté au cours de Métamorphoses. Il fallait croire qu'elle l'attendait : dès qu'une de ses classes rentrait, elle le cherchait éperdument du regard. A chaque fois, elle ne rencontra que la déception. Qu'est-ce qu'il lui prenait ? Tant mieux s'il ne revenait pas, cela lui éviterait d'être perturbée. Pourtant quand elle ne le vit pas entrer dans la salle ce lundi matin, des milliers de questions vinrent la perturber. Elle ne l'avait jamais vraiment oublié.
Il marchait encore dans le château quand il la croisa. Tel un fantôme, il passa à côté d'elle sans ne lui prêter attention. C'est ce qu'elle aurait voulu, il le savait.
- Vous ne venez plus en cours, monsieur Malefoy ?
Il se stoppa net, surpris d'entendre la voix de la femme. Il frissonna légèrement avant de se retourner.
- Vous avez loupé trois cours en une semaine.
Il fronça les sourcils. L'air amusé d'Hermione le fit sourire.
- Je serai de retour demain.
- Vous feriez mieux de rattraper le retard.
Il fit oui de la tête, scrutant quelques élèves qui passaient en chuchotant. Hermione les salua, puis fronça les sourcils à son tour. Avait-elle entendu ce qu'ils disaient sur lui ? Savait-elle au moins qu'il était seul ?
- A demain alors, dit-elle en brisant le silence.
Il la reteint. Il ne pouvait la toucher. Pourtant, il aurait aimé la prendre dans ses bras, et il savait qu'elle aussi. La lueur dans ses yeux, vive, qui l'appelait faisait battre son cœur à trois mille.
- Attendez, dit-il perturbé par le vouvoiement.
Elle lui sourit timidement.
- Pouvez-vous me donner les cours que j'ai loupé, je n'ai personne à qui les demander.
- C'est sûrement la pire demande de rendez-vous possible Malefoy...
Il rit.
- J'étais très sérieux.
- Dans une heure dans mon bureau.
Elle le quitta. Il souriait comme un enfant, les yeux remplis d'étoiles.
❄
Cette heure d'attente fut sûrement la plus longue de toute leur vie. Drago était assis dans le couloir, devant la salle, attendant patiemment de revoir celle qu'il aimait. Hermione était assise dans sa salle de cours, contre la porte, respirant rapidement. Leurs cœurs battaient à chamade.
Drago jouait nerveusement avec ses doigts, les serrant les uns contre les autres. Hermione entremêlait ses cheveux entre ses doigts.
Quand le moment des retrouvailles fut arrivé, il ne sut que faire, tout comme elle qui attendait derrière la porte. Des réponses, c'est ce qu'ils voulaient tous les deux. Elle attendait derrière la porte, lui aussi. Mais personne ne bougea, attendant le premier pas de l'autre. Et, comme si elle savait qu'il était là derrière ce bois épais, elle tira sur la poignée métallique et soupira. Leurs regards se croisèrent. Il entra puis ferma la porte derrière lui, la serrant dans ses bras au même instant. Elle lui avait la porte en même temps qu'elle s'ouvrait à lui, puisqu'en une fraction de seconde elle se mit à pleurer et à le tenir contre lui. Elle agrippa à sa chemise, glissant son visage contre son cou.
Il sentait son souffle chaud et frissonna. Il lui caressait délicatement les cheveux d'une main tremblante. Elle continuait de pleurer contre lui et de faire sortir les trois ans de douleur.
Il avait grandi. Elle lui arrivait au menton, si bien que, quand elle se recula pour le regarder, elle du lever la tête.
Ses yeux étaient rougis par la peine et la douleur. Il prit son visage dans ses mains :
- Je sais que tu m'en veux, finit-il par dire. Mais je t'avais promis de revenir, et aussi longtemps que cela m'a pris, je suis là, maintenant.
Elle secoua la tête en essuyant ses larmes à l'aide de sa manche. Cette image lui déchira le cœur. Elle se dirigea vers le bureau, il s'assit à une des tables.
Il la fixait, gêné.
- Je sais que tu as beaucoup de questions...
- Où étais-tu ?
Il sourit :
- En France, avec ma mère, dans une branche lointaine de sa famille.
Elle haussa les sourcils. Il reprit :
- Nous étions à Paris. Nous sommes rentrés à Londres il y a un an.
- Il t'a fallu un an pour m'envoyer une lettre ?
Il secoua la tête :
- Hermione tu sais combien je suis désolé. J'avais besoin de temps.
- Mais besoin de temps pour quoi ? Cria-t-elle.
De nouveau sanglots éclatèrent.
- Tu m'as laissée seule sur ce quai... Pourquoi ?
Il resta muet, ne sachant que répondre. Même lui ne savait pas.
- J'avais besoin d'être avec moi, de trouver qui j'étais et qui je voulais être. C'est pour ça que je suis ici.
Elle ouvrit le manuel de métamorphoses et le feuilleta nerveusement. Il la connaissait, et il savait qu'elle mourrait d'envie de lui poser des milliards de questions.
- Demande-moi.
Elle leva les yeux du livre et les posa dans les siens. Un nouveau courant de frissons.
- Pourquoi ? C'est la seule et unique question que je me suis posée pendant trois longues années.
Il se redressa et se rapprocha du bureau sur lequel il s'assit. Elle levait la tête vers lui, les larmes aux yeux, jouant avec une des pages.
- Je ne sais pas, j'avais besoin de temps... Vraiment je ne sais pas.
- Tu n'as aucune réponse à me fournir sur le fait que tu m'as laissée seule du jour au lendemain ?
Elle serrait les dents sous le regard désolé du blond. Il était si beau.
- Tu sais ce que ça m'a fais-moi ? Est-ce qu'à un moment tu as cessé de penser à toi et tu as pensé à moi ? Aux conséquences ? A la peine ?
Il ne répondit pas. Elle reprit rapidement :
- Je t'ai détesté. Tu sais, j'en suis venue à penser que tu t'étais servi de moi pour retrouver ta vie. Tu es revenu parmi nous, et quelques semaines plus tard, tu disparaissais de ma vie. Dis-moi que ce n'est pas la vérité Drago.
Elle avait soufflé son prénom dans le désespoir et la douleur. Il prenait conscience du mal qu'il lui avait fait. Son cœur se tordait en une boule douloureuse.
- Jamais je ne me serais servi de toi, dit-il.
Elle baissa la tête.
- Hermione, je suis sincèrement désolé.
- Où est ta mère, maintenant ?
- Partie avec son mari.
Lucius ?
- Avec Lucius, ajouta-t-il.
- Tu n'es pas parti avec eux ?
Il secoua la tête :
- Elle m'a laissé le choix, je n'ai pas voulu le pardonner. Je vis désormais seul. J'ai décidé de revenir étudier pour pouvoir postuler au Ministère.
- Pour ?
- Auror, sûrement.
Elle arqua ses sourcils parfaitement épilés tout en jetant un regard surpris à son élève.
- Harry pourrait t'aider à y entrer, une fois que tu auras fini tes études, finit-elle par dire.
Il lui sourit, heureux qu'elle puisse lui fournir de l'aide.
Elle prit une grande inspiration et dit :
- Bon, rattrapons ton retard.
Ils se plongèrent dans leurs livres.
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