29

Ils ne bougèrent pas tout de suite. Leurs regards étaient bloqués, ils restaient immobiles. Il était comme paralysé quand Hermione s'approcha enfin de lui. Il ressentait de nouveau des choses : des émotions, les battements de cœur, les frissons. Et cela lui faisait du bien. Elle le prit tendrement dans ses bras, lui chuchotant qu'elle était désolée. Il lui souffla qu'elle ne dût pas l'être, que rien n'était de sa faute. Sous les yeux rougis de sa mère, ils se séparèrent. Et, bien qu'elle ne le vît pas, elle savait maintenant où il se trouvait.

- Pourquoi ne m'as-tu rien dis ? Demanda-t-elle à Hermione. Par rapport à Drago.

- Je pensais que vous souffriez assez comme ça pour savoir que votre fils était bloqué là, avec moi.

Elle sourit délicatement :

- Je méritais de savoir.

- Je l'ai vu mourir.

Un blanc s'installa. Quand Hermione écarquilla les yeux, Drago ne put s'empêcher de se retourner. Derrière-lui, dans la pénombre, Lucius Malefoy venait de faire son apparition, seul. Il ne le voyait pas, mais il fixait Hermione, haineux.

- Lucius, fit Narcissa. Nous t'attendions.

Comment ça, nous l'attendions ? Tu savais qu'il allait venir ?

Elle ignora la question de son fils et s'approcha de l'homme, alors désorienté.

- A qui parlais-tu il y a quelques secondes ? Demanda-t-il à Hermione. Où le caches-tu ?

Elles reculèrent devant la violence et la haine de l'homme qui s'approchait, cherchant autour de lui.

- Il n'est pas là, dit Narcissa.

- Cette sang-de-bourbe lui a parlé.

Drago serra les dents.

Ne l'appelle plus comme ça.

- Où es-tu ?

En face de toi.

- Arrête de me mentir et sort de ta cachette espèce de lâche !

Narcissa, d'un coup de baguette, éjecta l'homme de l'autre côté de la grotte. Il tapa le mur opposé dans un bruit sourd. Ses gémissements retentirent dans tous les souterrains. Hermione s'approcha de Drago, ne sachant que faire. La peur s'était emparée d'elle, il le sentait. Son cœur produisait des battements irréguliers, sa chaleur corporelle la faisait transpirer et ses muscles tremblaient. Elle se cacha derrière-lui, comme en sécurité. Mais pour les autres, il était transparent.

- Tu n'appelleras plus cette fille par sa race, et tu n'appelleras plus ton fils de la sorte.

Il se redressa douloureusement, dessinant une grimace effrayante sur son visage.

- Les choses doivent et vont changer Lucius, je t'ai prévenu.

Il haussa les sourcils :

- Que fais-tu ici Narcissa ? Pourquoi caches-tu cette fille ? Apporte la moi, et tout redeviendra comme avant.

- Tu ne crois pas un mot de ce que tu dis, ricana-t-elle.

Il s'avança fièrement, aveuglé par la magie noire qui occupait tout son être. Elle s'approcha d'Hermione.

- Pourquoi la protèges-tu autant ?

- La protéger ? Moi ? Sourit-il. Je veux la tuer.

Narcissa tendit sa baguette sur Hermione qui ne semblait rien comprendre aux événements qui se déroulaient. Même Drago ne comprit pas, figé.

- Alors tu ne verras aucun inconvénient à ce que je la tue ?

- NON ! Cria l'homme en s'avançant d'autant plus.

Narcissa sourit tandis que les deux adolescents restaient immobiles, bloqués par la peur et l'incompréhension. La femme attrapa le bras d'Hermione et lui chuchota que tout allait bien se passer.

- Qu'est-ce que vous faites ?

Elle attrapa enfin le bras de l'homme et colla ce dernier à une des nombreuses cicatrices qui recouvrait le bras de la jeune fille. Ces derniers se tordirent de douleur, reculant brutalement pour se séparer. Hermione entrechoqua Drago qui se tenait derrière-elle, toujours choqué. Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ?

Hermione s'empressa de baisser sa manche, complexée par les traces que la guerre avait faite sur son corps.

- C'est pour cette raison que tu ne veux pas que je la touche ? Que tu cherches désespérément à la protéger, à la kidnapper et à l'enfermer dans ton manoir ? Tu as peur qu'elle meure ?

Il fronça les sourcils.

- Ce n'est pas ce que tu penses.

- Alors, comment as-tu fait pour entrer dans sa tête, pour lui faire voir des visions, pour l'amener jusqu'à toi, chez elle ? Comment fais-tu ça Lucius ?

Un long silence s'installa. Et Drago vit à la tête d'Hermione qu'elle avait compris quelque chose. Son visage semblait se décomposer et se pâlir, alors que son corps se ramollissait d'un seul coup.

Hermione, qu'est-ce qu'il se passe ?

- Dis-moi, Lucius, comment fais-tu pour toujours trouver l'endroit précis où cette jeune fille se trouve. Comment fais-tu pour ne jamais mourir, après ce qu'il s'est passé ce soir-là ?

- Ce soir-là ? Demanda Hermione.

Drago s'était posé la même question intérieurement.

- Hermione, n'as-tu pas ressenti de douleur le soir de la fin de la guerre. N'as-tu pas fini à l'infirmerie ? N'as-tu pas fini paralysée pendant de nombreuses minutes, des minutes interminables de martyres ? A prier pour que tout cela cesse ? A prier pour rejoindre tes amis défunts ?

Elle marqua une pause.

- Si, souffla légèrement Hermione les larmes aux yeux.

- N'as-tu jamais réussi à mourir ?

Elle leva les yeux vers la femme.

- Comment savez-vous ?

Drago n'en pouvait plus d'être invisible.

- Tu n'as jamais réussi, n'est-ce pas ?

- Cela n'a rien à voir avec ce que vous insinuez. Je suis sortie de ma dépression et de... Je m'en suis sortie, et je suis là, je fais des études. Pourquoi ressortez-vous ces choses passées ? Comment savez-vous tout ça ?

- Lucius, ne l'as-tu pas empêchée de le faire ?

Il baissa les yeux. Tout semblait prendre sens pour tout le monde. Simplement, Drago, toujours debout derrière la jeune fille, ne comprenait rien. Tous ces sous-entendus lui tordaient le cœur.

- Le soir où tu as tenté de mettre fin à tes jours, Hermione, sais-tu qui t'as emmenée à Sainte-Mangouste ?

La jeune fille posa son regard dans celui de l'homme qui semblait lui aussi se décomposer :

- C'était vous ?

Il ne répondit pas.

- Oui, c'était lui. Il se sentait mourant. Quand il est arrivé dans ta chambre, il t'a trouvé à moitié morte. C'est lui qui t'a livrée aux médecins.

Tout prenait sens peu à peu.

- Pourquoi m'avoir torturée ? Demanda-t-elle en faisant référence aux nombreuses attaques à Poudlard.

- Tu n'étais pas volontaire. Je te déteste toujours autant... Les sangs...

Il se stoppa.

- Ta race ne doit pas étudier la magie. Seuls les sorciers de sang pur devraient avoir ce mérite.

- Les choses évoluent, dit Narcissa.

Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer ?

Drago avait pensé tellement fort que tous l'entendirent. Un long silence s'installa.

- Il est temps que les choses changent. Lucius, je sais que celui que je connaissais est toujours là, au fond de toi, dit-elle en touchant son cœur.

- Je dois terminer la bataille du maître.

Elle secoua la tête en souriant tendrement :

- Nous te laissons une chance de te racheter, de revenir, de montrer qui tu es.

- Non, je ne peux pas.

- A l'heure qu'il est, les mangemorts sont pris en otage par l'armée de Dumbledore. Ils sont peut-être déjà tous morts.

Il cria :

- NON !

Elle s'approcha de lui :

- Mon chéri, reviens-moi, je t'en prie. Retrouvons notre vie normale, sans eux, sans lui, dit-elle en désignant Voldemort. Je ne veux plus revivre ça, plus jamais. Nous étions tellement bien tous les deux, avant que tout ça ne commence...

- Je suis recherché dans tout l'état.

- Tu purgeras ta peine, Lucius. Tu retrouveras celui que tu es. Et, dès que tu seras de retour...

- Je vais faire de la prison à vie.

- Dès que tu seras de retour, nous viendrons te chercher, et nous partirons loin.

Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer ?

Narcissa se retourna vers Hermione qui se retourna vers Drago.

- Maintenant, tu dois choisir.

- Je suis un horcruxe, le horcruxe de ton père, dit-elle à Drago.

Et avant même qu'elle ne puisse ajouter quoi que ce soit, Narcissa prononça des paroles impardonnables. La main dans celle de son mari, tenant sa baguette, elle dit :

- AVADA KEDAVRA.

Hermione s'effondra au sol, sans vie.

- NON ! Hurla Drago en se jetant sur elle.

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