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Pourquoi maintenant ? Pourquoi avait-il fallu qu'elle disparaisse aussi vite, après tant d'aveux ?

De nombreuses questions hantaient Drago alors qu'il transplanait et criait le nom de la jeune fille dans tout le château.

Elle s'était volatilisée en une fraction de seconde.

Il avait perdu tout contact avec elle ; le lien qui les unissait avait été détruit si rapidement. Comment était-ce possible ?

Il ne sentait plus la vie. Il ne ressentait plus rien. Finalement, la chose qui faisait le plus mal était de ne rien ressentir : d'être l'incarnation du vide lui-même.

Il soupira, lasse.

La sonnerie d'alerte retentit alors dans le château, réveillant la peur et le désespoir.

Alors que des élèves apeurés se dirigeaient vers la grande salle rapidement dans un brouhaha inquiétant, il s'assit sur les marches et soupira de nouveau. Il prit sa tête entre ses mains tremblantes.

Le néant l'animait.

Lui aussi aurait aimé avoir peur, lui aussi aurait aimé pleurer, crier et faire sortir son désespoir.

Le chaos.

Très vite les couloirs se vidèrent et redevinrent silencieux. La cloche cessa son bruit strident, les élèves s'engouffrèrent dans la salle devant les professeurs qui restaient immobiles.

Et il resta là, se balançant d'avant en arrière comme un enfant, tenant toujours sa tête, serrant les dents et fermant les yeux douloureusement.

Pourquoi l'ai-je laissée seule ?

Il s'en voulait terriblement. Maintenant, il ne savait pas où la trouver. En fait, il ne savait rien : était-elle en vie ? Allait-elle bien ?

Beaucoup de questions pour si peu de temps ; il devait agir, et vite. Chaque seconde de plus était un danger pour elle.

- J'ai besoin de votre aide professeur, dit-il en s'adressant à Dumbledore.

Le vieil homme qui venait d'apparaître fixait l'horizon à travers les carreaux colorés. Il se retourna lentement, posant un regard qui mêlait pitié et peine sur le garçon paniqué.

- Tu te poses trop de question mon garçon. Va là où tu penses la trouver.

- Je ne peux pas réussir cette mission seul professeure ! Elle m'a échappé en deux secondes. Je...

- Arrête, le coupa l'homme. Un homme, un vrai, ne vit pas dans le regret ni dans le remord. Cesse de penser à ce que tu aurais dû faire ou ne pas faire, mais au contraire, agis. Drago, tu dois apprendre de ce qu'il vient de se passer.

Le garçon fronça les sourcils :

- Je n'ai pas le temps professeur, elle est en danger !

- Alors agis.

Il disparut, laissant le blond nerveux.

Il se redressa et frotta sa cape noire. Il regarda vaguement autour de lui alors que les paroles de l'homme résonnaient encore dans son esprit.

Si je veux la retrouver, je ne devrais par rester là.

Il pensa alors à ce qu'elle lui avait demandé, à la tâche qu'elle lui avait confiée : espionner son père.

Il était peut-être temps d'y aller.

Il soupira. Le voir provoquait en lui amertume et haine. Du moins, dans ses pensées, de ce qu'il pouvait imaginer.

Inspire, expire.

Puis il quitta le château.

La pièce dans laquelle il se trouvait lui était familière, simplement, certaines choses avaient changé. Beaucoup. Il se trouvait dans son ancienne chambre, au Manoir Malefoy. Il contempla la petite pièce avec nostalgie. Il se voyait, en deuxième année, en train de réciter ses cours à sa mère pendant qu'elle jouait avec ses cheveux en lui souriant. Il adorait quand elle faisait ça, lui toucher les cheveux.

Il sourit, seul. Bien qu'il ne le laissât pas voir, Drago était un garçon passionné par ses cours. Jamais il n'avait manqué d'heure depuis son arrivée à Poudlard. Il avait d'excellentes notes, qu'il cachait à ses camarades pour garder sa réputation. Une réputation qu'il tentait vainement de fuir aujourd'hui.

Il rit :

Qu'est-ce que je pouvais être bête.

Sa chambre avait bien changé. Elle servait visiblement de bureau ; des bibliothèques cachaient les murs auparavant gris, un tapis rouge sang recouvrait le carrelage blanc et des rideaux d'un noir profond cachaient la lumière extérieure. Cette chambre était devenue bien sombre depuis son départ, depuis sa mort.

Il passa la porte en serrant les dents. Il reconnut le couloir et le traversa. Au loin, des voix rauques résonnaient entre quelques rires et bruits de couverts. Drago se rapprocha d'eux, passant devant la chambre de ses parents la boule au ventre. Du moins, la boule à l'esprit.

Il était incapable de regarder cette pièce vide et froide ; cette pièce sans la présence de sa mère. Il serra les dents en repensant à elle. Comment avait-elle pu rester avec un homme comme son père, comment avait-elle pu survivre aux si nombreux coups de son mari ? Elle était forte, la femme la plus forte et la plus merveilleuse qu'il n'avait jamais connu. Elle lui manquait terriblement.

Il arriva en haut des escaliers, d'où il pouvait observer les invités qui siégeaient dans son salon.

Des squatteurs plutôt.

Les mangemorts allaient et venaient dans le manoir Malefoy comme s'ils étaient dans leur propre maison. Ça l'était, en quelque sorte. Drago avait l'habitude de les voir vivre sous le même toit que lui. Dès son plus jeune âge.

L'un d'eux était le meilleur ami de son père. Assit sur le fauteuil noir, il fixait un tableau vide en face de lui, l'air perdu.

- Comment la retrouver ?

- Si tu n'avais pas échoué, elle serait attachée dans cette cave.

Lucius Malefoy venait d'apparaître. Vêtu d'une longue cape noire, il traversa le salon vers un homme brun au teint mat. Il se pavanait fièrement, malgré son air coléreux.

- Qui l'a emmenée ?

- Nous n'en savons rien, maître.

Drago grimaça en entendant le surnom de son père.

Maître, assez risible.

Mais autre chose retenait son attention : ils parlaient d'Hermione, et visiblement, ce n'était pas eux qui la détenaient.

- C'était quelqu'un de très puissant.

- Continuez à chercher, je ne comprends toujours pas que vous ayez été aussi incompétents.

Ils se dispersèrent alors que Drago reprit sa traversée du manoir, analysant les moindres détails.

Il passa par la cuisine, puis par la seconde bibliothèque qui appartenait à sa mère. Auparavant, personne n'avait le droit d'y entrer à part Drago. C'était, disait-elle, le seul endroit de paix qu'elle pouvait trouver dans sa maison. Simplement, la pièce n'était pas vide. Drago les observa un moment, s'embrasser, se caresser. Il les observa jusqu'au dégoût.

Comment son père pouvait-il faire ça dans cette pièce ?

Bellatrix Lestrange et Lucius Malefoy. Les deux adultes, à moitié nus, s'enlaçaient violemment dans la bibliothèque de sa mère. Drago laissa des larmes de haines couler avant de taper brutalement dans la bibliothèque à sa droite. Il n'eut pas mal. De nombreux livres tombèrent au sol, si bien que le dernier mangemort dans le salon s'alarma.

- Tout va bien ?

Il n'ouvra pas la porte, mais la pièce passa rapidement dans une atmosphère de panique générale. Bellatrix rattacha ses cheveux à l'aide de sa pince en argent tandis que Lucius Malefoy remettait sa cape noire.

- Oui.

Elle sourit ridiculement. Cette vision le dégoûtait, si bien qu'il pensait ressentir des nausées.

- Je veux que personne ne sache.

- Bien maître, dit-elle en lui tirant la langue.

Un clin d'œil suivit ses paroles tandis que Lucius quittait la pièce. Drago serra les points et les envoya droit sur son visage. Son père s'arrêta, regarda autour de lui, et passa à travers lui. Il se recroquevilla contre la bibliothèque.

Il aurait aimé l'étriper, lui trancher la gorge, le torturer jusqu'à la mort. Cet homme qui l'avait conçu et qui lui avait ruiné la vie. Il serrait de nouveau la mâchoire en se redressant, observant Bellatrix assise sur le siège de sa mère. Comment osait-elle se tenir là ?

Cette femme l'avait toujours dégoûté. Son sourire noir, ses dents jaunes, son regard malsain et ses cheveux emmêlés dans son dos. Elle provoquait en lui des vagues de frissons.

Il quitta la bibliothèque en passant à travers la porte fermée, songeant qu'il avait assez fait de dégât comme ça.

La seule pensée qui le hantait désormais était de tuer son père.

Oui, dès qu'il aurait sauvé Hermione et qu'il aurait retrouvé la vie, il le tuerait. Quitte à mourir dans ce combat.

Tout ce qu'il voulait, c'était s'endormir la conscience tranquille.

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