22
- Il y a un traitre dans ce château.
- Que voulez-vous dire professeure ?
Minerva McGonagall ne répondit pas, trop occupée à faire les cent pas au fond du couloir sombre et froid.
- Cet endroit n'est pas sûr Miss Granger. Du moins, il ne l'est plus.
La brune ne dit rien et se contenta de baisser les yeux, continuant à suivre la femme. Le château n'avait jamais été aussi calme. Ce sommeil en était inquiétant. Elle frissonna.
- Rassemblez les élèves dans la grande salle et verrouillez toutes les entrées. J'ai bien peur que Poudlard soit menacé, à nouveau...
Les professeurs qui la suivaient se dispersèrent peu à peu, laissant la jeune fille seule avec la directrice. Tout redevint silencieux. Au loin, on pouvait entendre le léger fracas que produisaient les portes qui se fermaient, un petit bourdonnement dû au brouhaha des élèves qui quittaient leurs dortoirs dans l'incompréhension. Un sentiment de déjà-vu.
- Allons dans mon bureau, nous pourrons parler loin des oreilles indiscrètes, dit-elle en scrutant l'obscurité qui les entourait.
Hermione la suivit sans dire un mot. Le trajet jusqu'au bureau principal, qui était l'ancien bureau de Dumbledore, n'avait jamais paru aussi long et triste. L'humidité la faisait frissonner, malgré ce pull épais aux couleurs de Gryffondor. Elle se frotta les mains en les frictionnant rapidement, comme si cela allait la réchauffer. Peut-être faisait-elle ça pour se rassurer. Elles montèrent rapidement les escaliers. Là, Minerva McGonagall ferma la porte derrière elles a clé, après s'être assurée que personne n'était caché dans le bureau. Toujours silencieusement, elle fit signe à Hermione de s'asseoir sur le fauteuil en face du bureau où elle s'installa à son tour. Elles s'échangèrent des regards tristes, des sourires désolés.
- Ils n'ont pas pu pénétrer dans le château sans l'aide de quelqu'un, annonça la femme en brisant le silence.
Un courant de frissons parcourut sa peau alors qu'elle écarquillait les yeux. Après réflexion, ce que venait de dire la professeure paraissait plutôt logique.
- La question que nous devons nous poser est...
Elle marqua un temps.
- Qui, continua Hermione en croisant les jambes.
La femme en face d'elle répondit par un simple geste de tête.
- Il y a donc quelqu'un dans ce château qui est... Mangemort? Demanda la brune en fronçant les sourcils.
- Pas forcément, fit la professeure en secouant la tête. Cette personne peut être de leur côté sans avoir prêter allégeance au Seigneur des Ténèbres. Vous avez beaucoup d'ennemi, vous et monsieur Potter. Ou encore une personne faible...
Un long silence s'installa dans la pièce majestueuse.
- Restez sur vos gardes Miss Granger.
- Qu'allez-vous faire professeure ? Allez-vous nous renvoyer chez nous ?
Minerva McGonagall hésita un instant avant de répondre :
- Certains parents voudront voir leurs enfants rentrer s'ils apprennent que Poudlard a été envahi deux fois depuis le début de l'année par des serviteurs de Lord Voldemort, si ce n'est pas la plupart. Ce qui est compréhensible... Pour ma part, je ne souhaite en aucun cas renvoyer les élèves chez eux ; resteront ceux qui voudront. Faire cela reviendrait à leur donner raison, et je ne veux pas me rabaisser devant de telles personnes. Nous devons nous tenir prêts et être très vigilants.
Elle fit un signe de tête. La femme reprit :
- Je préfère vous savoir là plutôt que chez vous. J'ignore ce qu'ils vous veulent... Vous garder sous pas protection est ma priorité ; vous et tous ces élèves courageux qui resteront à Poudlard.
Hermione croisa les bras, souriant timidement à la déclaration de la sorcière.
- Il faut nous tenir prêt. Nous allons mettre en place des cours de duels obligatoires, et laisser une salle d'entrainement ouverte.
- Et si le traître s'y entraînait aussi ?
- Nous devons le démasquer...
Un nouveau silence. Le bruit du vent qui entrait par la petite fenêtre dans son dos la fit frissonner. Il faisait froid. La neige valsait dans le ciel alors que la jeune fille regardait la lune. Une pleine lune éclatante.
- Avez-vous parlé avec votre ange de sa mission ?
La brune sortit rapidement de ses pensées.
- Oui madame. Il est d'accord.
- Bien, nous prendrons un peu d'avance j'espère. Rejoignons les autres dans la grande salle.
La traversée du château fut rapide. Sur leur garde, elles n'avaient cessé de regarder autour d'elles, comme suivies.
Le brouhaha dans la grande salle se stoppa à l'instant même où la directrice pénétra dans la pièce. Tous les regards étaient tournés sur elles, passant de l'une à l'autre, dans l'incompréhension et la peur. Ils la regardaient à la recherche de réponses. Mais elle ne les avait pas. Elle aussi vivait dans l'incompréhension et la peur.
La femme traversa rapidement la pièce, se dirigeant vers son fauteuil, alors qu'Hermione rejoignait Ginny et la serrait dans ses bras.
- Merci, lui avait-elle chuchoté en la tenant contre elle.
- Bonsoir à tous, commença la femme qui se tenait droite sur l'estrade.
Personne ne répondit.
- Nous vous avons convoqués pour une raison bien particulière, vous vous en doutez bien.
Un blanc.
- Poudlard a été envahi une seconde fois.
Le brouhaha. Un bourdonnement de voix prit la pièce.
- Silence !
Un nouveau blanc. Hermione passa sa main tremblante dans ses cheveux emmêlés.
- Nous allons mettre en place une haute sécurité. De plus, des cours de défense en duel seront désormais obligatoires.
- Mes parents ne me laisseront pas ici, lâcha un brun Poufsouffle.
La femme sourit tendrement :
- Je m'attendais à cette réaction. Nous sommes garants de votre sécurité. Nous devons nous tenir prêt.
- Quelle sécurité ? Deux intrusions en seulement un mois professeure.
Hermione grimaça. Il avait raison. Quelle sécurité ? Un traître se trouvait dans cette foule.
- Nous sommes et vous êtes la sécurité. Cette intrusion était la dernière. Et, si une troisième se prépare, nous devons être prêts. Tous prêts. C'est pourquoi, en dehors de ces cours de duels, une salle sera à votre service pour que vous puissiez vous entraîner et vous entraider. Nous sommes plus forts qu'eux.
- Eux ? Demanda une Serpentard en fronçant les sourcils.
Un blanc. Minerva McGonagall soupira. Elle bomba son torse, prit une grande inspiration.
- Des mangemorts, des partisans de Lord Voldemort.
Des bruits d'étonnements, des chuchotements et quelques cris brouillèrent le silence. On pouvait entendre "Il est de retour ?" ou encore "Je croyais que cette armée avait été détruite".
- Il est bel est bien mort. Mais il semblerait que son armée veuille une vengeance.
Elle marqua une pause et prit une grande inspiration. Là, elle passa la main dans ses cheveux qui viraient vers un argenté blanc et dit :
- Que ceux qui veulent rentrer chez eux se lève.
Tous les élèves restèrent assis, leurs regards tous dirigés vers elle. Elle haussa les sourcils de surprise. Le Poufsouffle se leva alors et s'exclama en se tournant vers ses camarades :
- Nous n'allons pas leur donner raison. Nous allons finir ce qui a été commencé, où tout a commencé. Nous allons les attendre et nous tenir prêts.
La femme sourit et se mit à applaudir, rapidement suivie par la foule d'élève. Hermione applaudit à son tour, souriant au garçon courageux qui venait de se rasseoir.
- N'oubliez pas qui a gagné cette guerre, reprit la femme. Retournez dormir, toutes les issues ont été fermées. Demain, la vie reprendra son cours, nous l'espérons... Mais restez sur vos gardes.
❄
Le lendemain, dans les couloirs, on pouvait entendre toutes sortes de choses : des élèves apeurés mais trop froussards pour oser quitter le château, d'autres se désignant comme nouveaux héros de la guerre qui n'avait pas encore éclater. Hermione quant à elle ne pensait à rien. Assise dans la cour, elle griffonnait les pages de son cahier. Elle avait envoyé un hibou à Harry pour qu'ils puissant parler le plus vite possible, mais ce dernier lui avait alors répondu qu'il ne pourrait pas être là avant une semaine. Il pouvait se passer beaucoup de choses en une semaine.
Le vent soufflait dans les cheveux, les emmêlant légèrement.
Et elle pensa à Drago. Ce qu'il lui avait dit.
Elle ne le fuyait pas. En fait, elle ne savait pas ce qui lui arrivait. Elle tourna la page et se remit à dessiner sur le blanc. Elle ressentait quelque chose au fond d'elle d'indescriptible ; un mélange de beaucoup de choses.
C'est sans surprise que le garçon apparut à côté d'elle, les bras croisés sur les genoux, la fixant. Il faisait souvent ça quand elle pensait à lui, comme s'il entendait son appel.
- Salut, dit-elle tout bas.
- Comment tu vas ?
Et c'est également sans surprise qu'elle pleura pour relâcher tout le stress de la nuit passée.
- Rejoins-moi dans la forêt, dit-il.
Il disparut. Elle se leva douloureusement, reniflant. Des larmes froides perlaient sur ses joues alors qu'elle traversait le chemin enneigé en direction de la forêt où elle le voyait. Il n'y avait jamais personne à cet endroit ; ils pourraient parler en paix. Quand elle arriva, elle n'eut pas le temps de dire un mot : il la prit dans ses bras et la serra si fort qu'elle faillit s'étouffer dans ses vêtements.
Elle passa délicatement ses bras autour de lui, rapprochant un peu plus leurs corps. Elle se sentait bien dans ses bras.
Le vent se calma, et dans ce silence absolu et inquiétant de la forêt, elle entendit son cœur battre. La tête contre le torse de Drago Malefoy, elle écoutait les battements de cœur rapides.
- Ton cœur... Dit-elle bouche-bée.
- C'est le tien, répondit-il en chuchotant. Je suis un fantôme Hermione. Je ressens tout ce que tu ressens, n'oublie pas.
Elle releva la tête et se dégagea légèrement de son étreinte.
- Mais, j'entends un cœur.
- Ton cœur bas en moi.
Elle écarquilla les yeux.
- Tu... Tu ressens les battements de mon cœur ?
Il répondit d'un signe de tête.
- Tout. Tout ce qui se passe en toi.
Elle resta muette, laissant son regard planté dans le sien.
- Tout...
- Tout, même ça.
Il combla alors le vide qui les séparait. Ce vide insupportable. Drago venait de poser ses lèvres sur les siennes.
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