2

Hermione contemplait son reflet dans le miroir. Cela faisait des jours, peut-être même des mois qu'elle ne l'avait pas affronté. Le changement ne la surprit pas, ne la dégoûta pas. L'image devant elle était tout ce à quoi elle s'attendait. En face d'elle, une Hermione maigre, les joues creuses et les cernes noirs. Pâle, elle ressemblait à quelqu'un sur le point de mourir. Elle n'aimait pas se voir comme ça, aussi fine, cachée dans les pulls trop grands. Ce que la guerre avait fait d'elle l'attristait. Elle s'était laissé ronger par la dépression et la douleur qui l'accablaient depuis la mort de ses proches. Le souvenir de ces événements sanglants la fit frissonner. Derrière-elle, la silhouette du fantôme apparut de nouveau.

Il ne fallait pas y penser, songea-t-elle en ignorant Drago qui s'appuya de nouveau dans l'encadrement de la porte, croisant les bras contre son torse.

Elle passa la main dans ses cheveux longs et emmêlés. Il fallait qu'elle retrouve la force, qu'elle se reprenne en main. Elle inspira, puis expira. Elle sourit bêtement en fixant son reflet dans le miroir sali par quelques taches.

C'est ta dernière année à Poudlard, ne la gâche pas. Profites-en.

Le blond s'approcha, regardant autour de lui, comme en pleine découverte des lieux. Hermione se retourna, le dévisagea, puis commença à quitter la pièce.

- Arrête de faire comme si tu ne m'avais pas vu, dit-il soudainement. Ce n'est pas très gentil d'accueillir de vieux camarades comme ça.

Elle l'ignora. Mais les paroles du garçon lui glacèrent le sang.
Il n'est pas réel Hermione, ce sont tes souvenirs qui te jouent de mauvais tours. Ce n'est qu'un fantôme.

Elle passa droit devant lui, ne lui adressant ni un regard, ni une parole. Il lui attrapa le bras. La peau de Drago était glaciale. Elle frissonna. Comment un fantôme pouvait-il avoir un contact avec elle ? Elle serait passée à travers. Son cœur se stoppa net, son sang se glaça un peu plus, ses membres se mirent à trembler. Elle ne parlait pas, ne bougeait plus. Son bras dans la main de Drago retomba le long de son corps alors qu'il se dressait devant elle.

Il n'est pas réel.

- Il faut qu'on parle, dit-il.

Sa voix résonnait dans sa tête. Prise de vertige, Hermione s'appuya contre une des portes, plongeant son regard dans celui du garçon. Ce n'était pas possible, il était mort, sous ses yeux. Son père l'avait tué alors qu'il tentait de fuir la guerre. Elle était restée impuissante face au corps inerte du garçon. Quand son père avait vu qu'il y avait un témoin, il avait aussitôt pris la fuite. Hermione s'était penchée au-dessus de son corps, avait senti sa peau froide lorsqu'elle cherchait la vie en lui. Drago Malefoy était mort. Elle l'avait tenu, l'avait touché, il était mort dans ses bras.

- Ce n'est pas possible... Chuchota-t-elle. Tu es mort.

- Hermione, à qui parles-tu ? Demande Ginny qui passait devant les toilettes.

Son cœur loupa un battement. Drago la regarda froidement avant de quitter la pièce, passant à travers Ginny comme si ne rien était.

- Tu vas me dire ce qu'il se passe à la fin ?

Hermione reprit sa respiration, troublée. Pourquoi était-elle la seule à le voir ? Et comment avait-il pu la toucher s'il n'était qu'un fantôme, un fruit de son imagination ?

- Je crois que... Commença-t-elle à dire.

Elle tomba, puis tout devint noir.

Quand elle ouvrit les yeux, Hermione se trouvait à l'infirmerie. Madame Pomfresh se pencha au-dessus d'elle, un large sourire aux lèvres :

- Bonjour Miss Granger, je vois que vous êtes de nouveau parmi nous.

Hermione se frotta les yeux. Son corps était courbaturé.

- Tenez, prenez ceci, vous vous sentirez mieux.

Elle avala le liquide orange sans demander ce que cela pouvait être. L'amertume la fit grimacer, ce qui amusa l'infirmière.

- Comment vous sentez-vous ?

- Fatiguée, soupira Hermione. Je suis ici depuis combien de temps ?

Madame Pomfresh, qui se tenait à côté d'elle, haussa les sourcils :

- Et bien ma chère, cela fait une journée entière que vous dormez ici... Il faut croire que vous manquiez énormément de sommeil, de ce que m'a dit Miss Weasley. Vous êtes très mince, votre corps ne supportait sûrement plus la fatigue. Je vais vous donner des vitamines, mais il va falloir donner du votre Miss Granger. Il faut que vous repreniez un peu de poids, et que vous dormiez ! La santé aide aux bonnes études.

Hermione fit oui de la tête, sans questionner la femme aux cheveux gris. Elle avait raison, elle devait reprendre du poids et dormir. Des bruits de pas résonnèrent ; Harry, accompagné de Ginny, apparut devant elle, le regard inquiet. Madame Pomfresh les salua et laissa Hermione seule avec ses amis. Ils s'approchèrent lentement.

- Comment tu te sens ? Demanda Ginny avec douceur. Tu as besoin de quelque chose ?

La brune secoua la tête, lui adressant un sourire. Harry s'approcha :

- Je suis venu dès que Ginny m'a prévenu, le professeur McGonagall a accepté ma visite... Je suis désolé de ne pas être venu plus tôt...

- Ne t'excuse pas, ça me fait plaisir de te voir.

Et c'était vrai, cela faisait près d'un mois qu'Hermione n'avait pas vu son meilleur ami, prise par les cours. Seulement quelques lettres, pas plus. Ils s'assirent, alors qu'elle se redressait dans son lit.

- Je suis désolée de vous avoir inquiétés, mais tout va bien.

- Ne mens pas, répondit Harry. Tu ne serais pas là si tu allais bien.

Elle baissa les yeux, fixant ses mains qui s'entremêlaient nerveusement. Ses muscles tremblaient encore. Devait-elle dire à Harry ce qu'il se passait ? Qu'elle voyait les fantômes ? Du moins, un seul ; Drago Malefoy.

Non, ne les inquiète pas d'avantage...

- Je sais que je vous ai beaucoup inquiétés, mais tout va bien maintenant. Je vais me reprendre, tu sais Ginny, comme tu m'as dit.

La rousse lui sourit alors qu'Harry haussait les sourcils.

- Je vais au cours de potion, je te donnerai le cours. Harry, tu restes avec elle ?

Hermione n'eut pas le temps de parler qu'il acceptait et que Ginny disparaissait. Un long silence s'installa entre eux. Ils ne s'étaient pas vu depuis la rentrée.

- Désolé, de ne pas être revenu à Poudlard... Cet endroit veut dire tellement de choses pour moi.. Je...

- Je sais, la coupa-t-elle. Je comprends.

Il se tut. Ses yeux verts croisèrent ceux d'Hermione et un sourire se dessina sur ses lèvres :

- Je suis désolée de m'être laissée aller comme ça, je t'avais fait une promesse et je...

- Chut. Je ne veux plus entendre ça. Tu as pris conscience de ton erreur, maintenant, fait en sorte que les choses changent Hermione. Les excuses ne veulent rien dire sans actions.

Elle le prit dans ses bras, le serrant fort contre elle.

- J'aimerai tellement que tu sois là tu sais, qu'il soit là.

- Je sais, moi aussi.

Un long silence s'installa. Au loin, on entendait les élèves marcher dans le couloir dans un brouhaha incessant.

- Tu m'avais manqué.

- Toi aussi, dit-elle en le serrant plus fort encore.

Il toussota :

- Hermione, tu m'étouffes.

Elle rigola, alors qu'il lui adressait un nouveau sourire.

- La prochaine fois que je te vois, je veux voir des joues bien joufflues. Et dors, les cernes ne te vont pas...

- Promis.

Elle sourit, croisant le regard du blond qui apparut à côté d'elle. Harry ne le vit pas. Moins paniquée, mais perplexe, elle tourna la tête pour le laisser disparaître à nouveau. Elle n'avait plus peur, et comptait bien découvrir ce qu'il faisait ici, déterminée à le faire disparaître. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top