19

- Il est donc en train de monter une armée afin de venger Voldemort ? Demanda Harry les sourcils froncés.

Elle répondit d'un simple geste de tête. Minerva McGonagall en face d'elle restait bouche-bée face à ce qu'il venait de se passer. Elle ne disait plus un mot, pensive.

- Je peux vous concocter une potion qui vous aidera à vous rétablir rapidement Miss Granger...

- Je pense qu'elle devrait plutôt aller voir l'infirmière, fit remarquer Ginny.

Hermione secoua la tête :

- Nous n'avons pas de temps à perdre. Ces blessures ne sont pas graves.

- Tu devrais quand même prendre des soins.

Elle sourit tendrement à Harry qui paraissait inquiet.

- Il y a cependant une chose que je ne comprends pas Miss Granger...

La brune posa son regard dans celui de la femme en face d'elle. L'air perplexe, la professeure ajouta :

- Comment avez-vous fait pour sortir du manoir Malefoy, alors occupé par de nombreux mangemorts ?

Elle écarquilla les yeux. Tous les regards se posèrent sur elle, alors qu'elle se frottait le crâne. Que faire ? Dire la vérité ? Elle soupira. Allaient-ils vraiment comprendre ?

- Elle est déjà assez traumatisée pour répondre encore, il faut qu'elle aille dormir.

Elle sourit au brun.

- J'ai réussi à récupérer ma baguette et à partir, mentit-elle.

La professeure fronça les sourcils.

Dis-leur.

Elle jeta un coup d'œil vers Drago. Il lui sourit, tentant de la rassurer. Il avait l'air calme ; appuyé sur la cheminée, il observait la scène avec attention.

Ce n'est pas un hasard si tu as un ange gardien, si je suis ton ange gardien, si Harry n'en a pas. Hermione, dis-lui.

Tout le monde la fixait, attendant patiemment une réponse. Elle ne fit que se racler la gorge, grimaçant timidement. Elle ne savait comment aborder le sujet. Elle frotta sa jupe noir tâchée de poussière.

- Hum... Marmonna-t-elle.

- Nous sommes des personnes de confiances, nous saurons t'aider.

Elle plongea son regard dans celui d'Harry.

- Je... Ange-gardien, parvint-elle à peine à dire gênée.

- Hein ? Se pencha Ginny.

Seuls les professeurs semblèrent comprendre ce qu'elle venait de dire. La femme, assise dans un fauteuil sombre, écarquilla les yeux. Les traits de son visage devinrent durs, sérieux.

- Est-ce quelqu'un pourrait m'expliquer ? Demanda Harry.

- Miss Granger a reçu l'aide d'un ange-gardien.

Ils froncèrent les sourcils. Hésitante, Hermione ajouta, d'une voix faible :

- Il est arrivé à la rentrée.

- Quel lien avez-vous ?

- Le plus fort, répondit Hermione en pensant au livre qu'elle avait lu.

Un long silence s'installa. Préférant ne pas continuer, Hermione leur dit qu'elle était fatiguée. La professeure fit mine de comprendre. Elle quitta la pièce, laissant les quatre personnes derrière-elle. Minerva McGonagall allait leur expliquer. Elle traversa rapidement le château. Arrivée dans le dortoir, elle se coucha directement.

La lumière qui passait à travers les carreaux la réveilla. Elle se redressa lentement. Il était samedi. Dehors, une couche épaisse de neige blanche recouvrait le sol, colorant le paysage de son magnifique blanc. Elle se frotta les yeux. Le dortoir était alors vide. Elle s'attacha les cheveux en une queue de cheval haute, enfila un col-roulé noir et sa jupe. Ce n'est qu'après quelques minutes qu'elle descendit enfin les escaliers. Elle ne fut pas surprise de trouver Harry et Ginny dans la salle commune, près du feu, en train de se chamailler. Quand ils croisèrent son regard, tout redevint sérieux. Elle les salua d'un geste de main et s'assit.

- Comment te sens-tu ?

- Beaucoup mieux, sourit-elle.

Ils sourirent à leur tour.

- Désolée de ne rien avoir dit, finit-elle par dire. J'avais peur que vous ne compreniez pas.

Ils haussèrent les épaules, silencieux. Elle se frotta les mains.

- Tu le connais, ton ange-gardien ?

Hermione sourit timidement. Bien-sûr qu'elle le connaissait.

- Oui, dit-elle.

- Et ça se passe comment ?

Elle haussa les sourcils.

- Je veux dire, vous vous entendez bien ?

- Au début, c'était assez difficile. Puis on s'est habitués à vivre ensemble, et aujourd'hui, ça va mieux.

Elle avait décrit la relation sans dire le nom. Et elle ne voulait pas le dire. Elle savait qu'ils ne comprendraient pas. Il leur fallait du temps, et, quand ils seraient près, alors elle leur dirait.

Le feu dans la cheminée dansait. Le bois craquait. La pièce était chaleureuse. L'odeur de cheminée, en ce mois de décembre, était agréable. La journée était propice pour lire, manger, rire. Cependant, Hermione n'arrivait à se sortir de la tête tout ce qu'elle avait vécu.

Après le déjeuner, Hermione parti prendre une douche. Là, elle se mit à pleurer. Les cicatrices sur ses bras venaient lui rappeler à quel point elle avait souffert, mais aussi à quel point elle était en danger. Plus un jour de repos. L'impression d'être replongée dans la guerre la hantait. Elle revoyait le sang, les ruines, les corps, les morts. Elle revoyait Ron. Elle revoyait Lupin. Elle revoyait Drago.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Elle sursauta. Enroulée dans une serviette et enfermée dans une douche, elle fit volte-face. En face d'elle, Drago la fixait, l'air grave. Elle secoua la tête en rougissant, se cachant d'autant plus dans le linge de coton blanc.

- Tu ne pourrais pas attendre derrière la porte la prochaine fois ?

- Je viens d'arriver, tu n'es pas nue, tu es dans une serviette.

Elle renifla légèrement :

- Une serviette oui.

Il leva les yeux au ciel :

- J'en ai vu d'autres tu sais.

Elle serra les dents. La remarque du garçon ne lui avait pas plu. Elle le dévisagea.

- Sors.

Il fronça les sourcils, ne comprenant pas ce qu'il était en train de se passer.

- Je t'ai demandé de sortir.

Il traversa la porte. Pourquoi avait-elle réagi ainsi ? Son cœur battait à chamade. Sa mâchoire contractée lui faisait mal, ses poings serrés transpiraient. Qu'est-ce que cela signifiait ? Pourquoi lui en voulait-elle d'avoir fait cette remarque ?

- Je pars, appelle-moi si tu as besoin d'aide.

Elle le sentit partir. Elle se remit à pleurer, recroquevillée sur le carrelage gris.

Le week-end était passé rapidement. Le lundi, à l'heure la plus tôt, Hermione avait été convoquée par la directrice. Sans surprise, cette dernière aborda le sujet de l'ange-gardien, de Lucius Malefoy, des mangemorts et d'autres choses qui ne firent qu'enfoncer la jeune fille dans sa peine. Elle ne dormait plus, n'avait plus faim. Elle revivait la guerre jour et nuit alors que la peine et la douleur l'accablaient.

Elle en avait mis du temps à s'en sortir ; elle en avait mis du temps à stopper cette boucle infinie de douleur. Mais finalement, tout cet espoir d'être heureuse n'était-il pas une illusion ? Son état ne s'était-il jamais amélioré ? Elle soupira. Assise dans la cour, elle fixait la fontaine, les oiseaux, mais elle ne les voyait pas. Comme si tout autour d'elle n'était que fiction.

Les flocons tombaient rapidement, se déposant dans ses doux cheveux ondulés et sur son écharpe d'un noir intense. Elle avait des cernes bleus, et quelques cicatrices couvraient son visage. Son teint était pâle. Et une seule question la hantait :

Pourquoi ?

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