11
Drago s'avançait dans le château calmement, scrutant les professeurs dans l'obscurité. Les traits inquiets qui marquaient leurs visages n'avaient rien de bon. Quelqu'un venait de s'introduire dans le château quelques minutes auparavant.
- Le garçon est mort l'année dernière, que viendrait faire son père à Poudlard ?
Il fronça les sourcils. Le père d'un élève mort venait de s'introduire dans le château ? Mais de qui pouvait-il s'agir ? Il continua de les suivre, n'entendant que quelques mots de leurs messes basses. Minerva McGonagall marchait rapidement, accompagnée de quelques courageux professeurs qui avaient accepté de se lancer à la recherche de l'intrus. Elle jouait avec une de ses mèches grisonnantes nerveusement, l'enroulant autour de son doigt tremblant. Les rides marquaient son visage sévère. Drago ne l'avait jamais vraiment appréciée ; il fallait dire qu'elle gérait la maison adverse à la sienne, c'est-à-dire Gryffondor. Une femme très intelligente qui ne portait pas vraiment les Serpentards dans son cœur. Drago s'était toujours demandé l'âge qu'elle avait.
- Il était le partisan de Vous-savez-qui, dit une femme inquiète.
Personne ne répondit. Le groupe d'adulte continua sa marche alors que Drago fronçait de nouveau les sourcils. Le portrait que dressait les professeurs devant lui ressemblait énormément à celui de son père ; mangemort, un fils mort... Beaucoup de coïncidences. Mais pourquoi serait-il venu à Poudlard ? Soudain, alors qu'il tentait de se remémorer des souvenirs aux côtés de son père, une douleur immense lui prit. Tout son corps semblait se raidir. Comment était-ce possible ? Lui qui était supposé ne ressentir que ce que ressentait la Gryffondor.
Malefoy ?
Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda-t-il vainement en se tordant de nouveau de douleur.
C'est à moi de te demander ? Qu'est-ce que tu fais ?
Rien !
La douleur s'apaisa. Hermione savait ce qu'il se passait ;
Et elle n'eut pas besoin de réfléchir, elle savait à qui il pensait. Mais une question se posait ; pourquoi pensait-il à son père ? Était-ce lié à l'intrusion ? Elle frissonna.
As-tu appris des choses ?
Pas grand-chose, on sait que c'est un homme, son fils est mort pendant la guerre... On ne sait pas s'il est seul. Et...
Le blond marqua une pause, hésitant.
Et ? Insista-t-elle.
Il était mangemort.
Drago...
Oui je sais, mon père...
N'y penses pas, dit-elle en tentant de le rassurer.
Il l'écouta et continua à suivre les professeurs désormais silencieux. De l'autre côté du château, Hermione, allongée, n'arrivait pas à croire en ce qu'elle venait de faire. Elle venait de rassurer Drago Malefoy.
Il faut que je m'y habitue, se dit-elle intérieurement.
T'habituer à quoi ? Demanda-t-il.
Si tu voulais bien arrêter d'entrer dans ma tête, dit-elle gênée.
Tu as peur que je sache que tu penses à moi mon ange ? Dit-il d'un ton railleur.
Elle se figea. Drago venait de lui donner un surnom ? Venait-il réellement de l'appeler "mon ange" ? Elle passa la main dans ses cheveux en respirant calmement. Son cœur commençait à battre rapidement. Pourquoi une telle sottise lui faisait-elle un tel effet ? Avait-elle aimé ce surnom ? Elle n'en savait rien ; ne savait plus où donner de la tête. Drago, sentant le malaise qu'il venait de causer, reprit :
Ça va, je rigole Granger.
Je n'ai rien dis, répliqua-t-elle doucement.
Il sourit :
Oh je vois...
Tu ne vois rien du tout, dit-elle gênée.
Il se mit à rire.
Tu as oublié le fait que je ressens tout ce que tu ressens ?
Elle ne répondit pas, encore plus gênée. Drago avait-il vraiment ressenti ce qu'elle venait de ressentir ?
Ça va, je te taquine Granger.
Tu ferais mieux de te concentrer sur ta mission, dit-elle sèchement.
Hermione fut elle-même surprise de ce qu'elle venait de dire. Venait-elle ouvertement de remballer Drago alors qu'il tentait de plaisanter avec elle ? Le surnom résonnait encore dans sa tête alors qu'elle tentait de s'endormir, en fermant les yeux. Il fallait qu'elle s'habitue à cette cohabitation. Peut-être était-ce une porte de sortie de sa dépression que lui avaient offert les personnes d'en haut. Elle secoua la tête : idiot, tout cela était totalement idiot.
❄
Hermione se réveilla douloureusement. Son corps était courbaturé. Sans doute avait-elle dormi dans une mauvaise position. Quand elle ouvrit les yeux, elle se trouvait encore dans la grande salle, entourée de tous les élèves, dont la grande majorité dormais encore. Elle se redressa, assise en tailleur, et observa autour d'elle. Les professeurs avaient regagné la salle, l'air cette fois plus soulagés. Ginny à côté d'elle lui sourit :
- Il paraît que nous somme hors de danger, que l'intrus a quitté le château.
- Manquait-il quelque chose ? Demanda Hermione en fronçant les sourcils.
Ginny haussa les épaules en grimaçant, signe qu'elle ne savait pas. Hermione fut malgré tout soulagée d'entendre que l'homme avait quitté les lieux. Bien que personne ne sache véritablement l'identité de cet homme, Hermione soupçonnait Lucius Malefoy d'être l'intrus. Le portrait que lui avait dressé Drago la veille lui ressemblait énormément ; un fils mort, mangemort... Elle soupira.
- Ils savent qui c'est ? Demanda-t-elle alors.
Ginny secoua la tête :
- Ils n'ont pas donné plus de précisions pour l'instant. Peut-être tout à l'heure au repas.
- J'en doute, répondit Hermione.
La grande salle fut vidée rapidement. Hermione suivait la troupe d'élèves rassurés, observant autour d'elle. La vie à Poudlard reprit rapidement son cours, alors que la brune, méfiante, ne pouvait s'empêcher de penser à la menace qui la suivait. Cette intrusion, Drago qui devient son ange gardien... Tout était lié. Elle soupira, lassée et fatiguée.
Des nouvelles ? Demanda-t-elle à Drago qui venait d'apparaître à côté d'elle sur le siège sombre.
Le blond, affalé, lui jeta un regard surpris :
Bonjour, sourit-il d'un air moqueur.
Elle leva les yeux au ciel. Il se moqua un peu plus.
J'ai l'air de rire ? Dit-elle froidement.
Tu n'as jamais l'air de rire, toujours plongée dans tes bouquins... Dit-il d'un ton piquant, en imitant un air sérieux.
Elle soupira, agacée par le comportement du blond.
Tu vois, haussa-t-il les épaules.
Ils se regardèrent et rirent en chœur. Certaines personnes qui passaient dans la salle commune lancèrent des regards étranges dans la direction d'Hermione. Le Serpendard grimaça en se moquant de nouveau de la brune face à lui, qui se gratta le front.
Non, rien de nouveau... Dit-il désespérément.
Hermione, de nouveau perdue dans ses pensées, n'écoutait plus le garçon à côté d'elle. Ce dernier, qui semblait remarquer l'absence de la brune se pencha devant elle, le regard interrogateur.
Tu me caches quelque chose ? L'interrogea-t-il.
Qu'est-ce qui te fais dire ça ?
Tu es pensive, dit-il.
Elle secoua la tête, puis, empoignant sa sacoche de cuir sombre et ses livres, elle dit :
Je vais en cours, on se voit plus tard.
C'est une proposition de rendez-vous ? Sourit-il amusé.
Elle leva les yeux au ciel et quitta la salle commune.
❄
C'est seulement le lendemain, au petit-déjeuner, que Minerva McGonagall fit une annonce dans la grande salle. La femme aux cheveux grisonnants et à la robe d'un vert sapin c'était levée et avait annoncé que la menace n'était pas totalement effacée. Hermione pensa alors qu'ils étaient inquiets car personne ne savait comment l'homme avait pénétré dans le château. Une chose était sûre : il cherchait quelque chose, et elle ignorait s'il l'avait trouvée.
Pensive, Hermione regardait par la fenêtre, contemplant les feuilles orangées qui recouvraient le sol. Assise sur un tabouret en bois peu confortable, elle griffonnait dans son cahier quelques sortilèges et autres choses qu'elle avait appris ces derniers temps, ne prêtant pas attention au cours qui était en train de se dérouler. Mais, lorsque le professeur de défense contre les forces du mal l'interrogea, elle sut répondre instantanément, même sans avoir suivi le cours. L'heure passa rapidement.
- Miss Granger, avez-vous une minute s'il vous plaît ?
Elle regarda le professeur étonné et répondit d'un simple geste de tête. Après avoir rangé ses affaires, elle s'avança vers l'homme et attendit ce qu'il avait à lui dire. Il avait une cinquantaine d'années ; ses cours cheveux poivres et sels, sa barbe mal taillée et son regard sombre lui faisaient une mauvaise mine.
- J'ai cru voir que vous ne suiviez pas... Dit-il déçu. Vous ennuyez-vous ?
Elle secoua la tête en rougissant :
- Non, monsieur, mes excuses...
- Vous êtes ailleurs ces temps-ci, je me trompe ? Le professeur McGonagall m'a fait part de votre situation, mais ceci n'est pas une excuse pour ne pas suivre, ne pensez-vous donc pas ?
- Ma situation ?
Il haussa les sourcils :
- Oui, face aux événements de l'année passée.
Elle écarquilla les yeux. Minerva McGonagall avait-elle vraiment demandé aux professeurs de faire attention à l'état d'Hermione ? L'homme, qui ne semblait pas remarquer sa surprise, reprit :
- A moins que vous ne jugiez les cours inutiles, il est de votre devoir d'élève de suivre.
- Oui monsieur.
Il lui dit de partir. Elle le salua poliment et quitta la salle, retrouvant Ginny qui l'attendait. Elle soupira :
- Tu en as mis du temps ! Qu'est-ce que tu faisais ?
- Le professeur m'avait demandé de rester, haussa-t-elle les épaules. Désolée de t'avoir fait attendre.
La rousse fronça les sourcils :
- De toute façon, il est chiant lui... Toujours là à faire des remarques à tout le monde, dit-elle en l'imitant agacée. Bon, ce n'est pas tout, mais nous mangeons avec Harry à Pré-au-Lard, et nous avions rendez-vous à midi.
Hermione jeta un coup d'œil à sa montre moldue et remarqua qu'il était midi passé. Elle s'excusa et elles partirent rapidement rejoindre le brun. Dehors, les feuilles colorées recouvraient l'herbe verte. Un vent frais emmêla les cheveux des Gryffondor qui s'avançait dans la cour. La brune aimait l'automne ; cette saison qui annonçait l'arrivée des lectures sous sa couette, près du feu, les repas copieux et les fêtes où elle allait retrouver ses parents. Elle sourit alors que leurs visages souriants s'affichaient dans son esprit. Quelques minutes après avoir quitté le château, les deux filles arrivèrent enfin à destination. Au loin, Harry était assis sur un petit banc de pierre, lisant un bouquin tout en grelottant. Quand il vit les deux filles arriver, il se redressa en leur adressant un sourire.
- Salut, dit-il en embrassant Ginny. Vous en avez mis du temps... Il fait super froid.
- Oh, si Hermione arrêtait d'être convoquée à la fin des cours, on arriverait peut-être plus rapidement.
Harry fronça les sourcils :
- C'est nouveau ça ?
Hermione haussa les épaules :
- C'est la première fois, dit-elle.
Ginny secoua la tête fatiguée.
- Bon, si cela ne vous dérange pas, on pourrait aller parler à l'intérieur... Il fait froid et ça fait un moment que je suis ici.
Ils rirent et pénétrèrent dans le petit pub. Après avoir commandé le plat du jour, les trois Gryffondors allèrent s'installer à une petite table ronde dans un coin. Le pub était vide, ce qui était surprenant. La serveuse, qui semblait lire dans les pensées d'Hermione, dit :
- Il n'y a pas beaucoup de monde depuis quelques jours... Je soupçonne l'intrusion à Poudlard d'avoir effrayé les clients... Quelle surprise de vous voir ici, surtout vous monsieur Potter.
Harry la salua d'un geste de tête. Elle les quitta et ils commencèrent à manger. Le brun, tout en mâchant, reprit :
- Ça va à Poudlard ?
- Ça pourrait aller mieux... C'est très tendu, les profs sont sur le qui-vive. Et vous, au ministère ?
Il secoua la tête :
- On en parle très peu, je passerai voir McGonagall tout à l'heure, je vous tiendrai au courant.
Hermione, perdue dans ses pensées, pensait à Drago. Tout avait changé si vite, mais cela lui faisait tellement de bien. Ce lien indescriptible, qui l'avait laissée perplexe pendant de longues journées, lui faisait énormément de bien. Aussi étonnant que cela puisse paraître, elle commençait à apprécier le temps passé avec le blond ; oubliant presque les années de problèmes. Évidemment, il lui devait des excuses, mais sentir sa présence suffisait à la rassurer. Un sentiment étrange mais pourtant si réconfortant.
- Hermione ? Dit Harry en se penchant, le regard interrogateur.
Elle sortit de ses pensées.
- Oui pardon, dit-elle. Tu disais ?
Ils froncèrent les sourcils :
- Est-ce que tu sais quelque chose par rapport à l'intrusion ?
- Non, absolument rien... Mentit-elle en souriant.
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