« What if I'm down ?
What if I'm out ?
What if I'm someone you won't talk about ?
I'm falling again,
I'm falling again,
I'm fallin' »
Falling — Harry Styles

Jake

La main de Line est si douce dans la mienne, j'ai envie de lui faire mille baisers, de sentir sa peau contre la mienne. C'est bête mais quand je suis avec elle, j'ai l'impression que mon ciel sombre est tout d'un coup plus lumineux et pétant de beauté.

Ses jolis cheveux mauves volent avec le vent, elle ne cesse de les remettre en place. Sa jupe aussi, décorées de centaines de fleurs jaunes, vole doucement au gré du vent sans dévoiler ses jambes parfaites à cause de la doublure blanche. Elle est magnifique, là, maintenant, à mes côtés, mais je sais qu'elle sera magnifique encore tous les jours avec moi et sans moi.

—    Comment tu as connu mon site ? demande-t-elle.

—    Oh, ça. C'est Emma qui m'en a parlé, elle est totalement accro à ton blog pour être honnête. On n'a pas eu l'occasion d'en reparler, mais je sais qu'elle aimait vraiment tes publications. Je ne sais pas trop pourquoi d'ailleurs... Sa relation avec Gabriel est loin d'être rose, mais il pense à la demander en mariage donc je me dis que toute cette haine... ce n'était pas quelque chose qu'elle pouvait ressentir, quelque chose dans lequel se réconforter.

—    Tu sais, j'avais souvent des messages de gens qui allaient mal pour telle ou telle raison, parfois il y avait ce genre de messages en public, sur des forums. Ceux qui vont le mieux aidaient les autres, elle faisait sûrement cette partie-là. Tu sais, c'est plus facile d'aider virtuellement quelqu'un que dans la vraie vie, elle devait se sentir utile.

—    Peut-être...

On en n'a jamais vraiment parlé avec Emma, mais je pense que l'arrêt de ce blog n'a pas aidé sa situation. Si son couple battait déjà de l'aile depuis un moment, perdre cette occupation lui faisait sûrement remarquer ce trou dans son couple, ce vide causé par Gabriel et elle sans qu'ils ne s'en rendent réellement compte. De toute façon, c'est quand les pires choses arrivent qu'on se rende compte de la vraie valeur des relations. S'ils s'aiment vraiment, ils surmonteront tout ça. Bien que je sois profondément persuadé que parfois, malgré tout l'amour qu'on peut avoir pour quelqu'un, ça ne suffit pas.

—    Je pense que tu as quand même bien fait de tout fermer, ou plutôt d'arrêter d'attiser cette flamme qui perturbait les gens, avoué-je en serrant sa main plus fortement.

—    Ah oui ? Parfois, j'ai l'impression que c'était une erreur et d'autres fois, je me dis que c'était la meilleure décision de ma vie.

—    La meilleure, carrément ?

—    Bah oui, maintenant je ne sens plus ce poids sur mes épaules, et je sais que je peux parler à mon inconnu sans aucun problème.

Je l'attire à moi, nous arrêtant momentanément dans notre marche. Line me sourit de toutes ses dents en enroulant mon cou de ses bras, puis je me penche pour poser mes lèvres sur les siennes. Elles sont aussi douces que ses mains, aussi chaudes et enivrantes.

Le bruit de l'eau rend ce moment suspendu dans le temps, comme si nous étions seuls, et ça me plait. Ça me plait parce qu'à chaque fois que je suis en sa compagnie, j'ai l'impression que le monde s'arrête de tourner pour nous observer nous aimer. Et ça me rend un peu plus amoureux à chaque fois.

Mais alors que ce moment unique et intime perdure, le téléphone de Line se met à sonner dans sa poche. Elle s'écarte doucement, un peu haletante et ailleurs avant de reprendre ses esprits et décrocher l'appel. En général, elle a son téléphone en silencieux ce qui vaut un petit désolé articulé silencieusement, puis je la vois hocher la tête à son interlocuteur.

Avec la lumière des réverbères, de petites paillettes brillent sous ses pommettes. C'est magnifique.

—    Non...

Son expression change drastiquement, elle relève la tête pour m'observer. Ses beaux yeux d'un bleu si foncé qu'ils me font penser au fond de l'océan sont embués de larmes. Ses pommettes brillantes deviennent rouges et son bras retombe sans même raccrocher.

—    Line ? Tout va bien ?

Ma copine secoue la tête, bouche toujours ouverte. Quand une larme tente de dévaler sa joue, je l'essuie rapidement et pose mes mains sur sa taille. Le temps qu'elle revienne à elle, plusieurs minutes s'écoulent.

Je sens mon cœur qui s'emballe dans ma poitrine, imaginant tous les pires scénarios qui rendraient cette soirée catastrophique, et rien ne me convient. Tout est parfait, je ne veux pas que ça s'arrête comme ça.

—    Tu veux qu'on marche un peu ? lui demandé-je à voix basse.

Mollement, elle secoue la tête sans s'arrêter, puis ses grands yeux s'arrondissent et elle me repousse à deux mains, manquant de trébucher sur un plot qui se trouvait derrière elle. Son élan de panique me gagne et elle observe le monde autour de nous comme si tout était fou, comme si elle ne savait plus où elle était.

Malgré mon cœur qui cogne de douleur et son rejet d'il y a quelques secondes, je me précipite sur elle, la forçant à se calmer en posant mes mains sur ses joues. Au début, elle se débat mais son regard s'ancre au mien et elle fond en larmes.

—    Il faut qu'on retourne à la maison Jake, il faut qu'on y retourne maintenant...

—    Line, calme toi... Qu'est-ce qu'il se passe ?

Un sanglot déchirant lui échappe. Son visage n'est que larmes et morve.

—    L'immeuble prend feu, Jake. Mon chez moi, nos amis, ma famille...